19. On a été vaincus. [2]
L'heure du déjeuner, j'attendais, encore et encore car il était toujours en retard.
On mangeait ensemble habituellement et ça nous convenait très bien.
Et puis il est arrivé, avec beaucoup d'assurance, est passé devant moi et ne m'a même pas accordé un regard. Inutile de préciser à quelle point ma confusion était forte.
- Hey ! criai-je en me précipitant vers lui avant de lui taper sur l'épaule, Tu fais quoi là Logan ça fait une demi heure que je t'attends ! Tu déjeunes pas avec moi ?
Il se retourna vers moi et répliqua sans sourciller.
- Non.
Je reculai ma tête, choquée. Et haussai un sourcil en voyant le grand roi du lycée debout derrière Logan, il était rentré en même temps que lui.
- Tu manges avec ton nouvel ami ? dis-je en faisant un mouvement de menton vers lui, le grand Jason Sharp ? Tu sais quoi, je m'en fous. Mais t'aurais pu me prévenir, à plus tard, lachai-je en empoignant mon sac à dos assez énervé.
Je comprenais qu'il veuille passer du temps avec d'autres personnes, et il passait de plus en plus de temps avec Jason, donc c'était compréhensible qu'il veuille manger avec lui et son élite. Mais je me disais qu'il aurait pu me prévenir, qu'il n'avait pas à être aussi froid. Mais en fait toutes mes pensées et excuses pour son comportement ont été démontés la seconde suivante.
- Non, plus tard Logan sera avec moi, et toutes les autres fois aussi d'ailleurs. Il a accepté de rejoindre mon élite, lâcha-t-il beaucoup trop satisfait.
Alors que quelques minutes auparavant j'avais une discussion privée avec Logan couverte par le brouhaha de la cafét", à présent tout le monde était attentif à cette discussion et l'immense pièce était plongée dans un silence inhabituel, couvert de messes-basses. Jason avait prononcé sa dernière phrase à haute voix. Quelqu'un allait rejoindre son élite. Un gars de troisième. C'était improbable.
- Tu m'expliques Logan ? Je penchai légèrement la tête et fronçai mes sourcils, je n'arrivais pas à assimiler ce que Jason avait dit, je voulais une explication, de Logan. Je ne m'attendais sûrement pas à sa réponse.
- Je ne peux plus être ton ami, lâcha-t-il d'un trait.
J'ai arrêté de respirer pendant quelques secondes. J'ai ouvert la bouche puis je l'ai refermée. Non, il y avait un problème. Je ne pouvais pas envisager que Logan soit sérieux.
- Quoi ? Tu penses pas ce que tu dis.
Pendant un instant j'ai cru voir de la tristesse dans son regard, mais il s'est vite changé en un regard que je ne l'avais jamais vu porter sur moi. Un regard noir et méprisant.
- T'as raison. Je ne veux plus être ton ami.
J'ai presque cru entendre mon cœur se briser dans ma poitrine. Et j'avais l'impression que les débris écorchaient profondément mon intérieur.
- Lo'... je jetai un rapide coup d'œil autour de nous. On était l'attraction d'aujourd'hui. Certains se marraient, d'autres étaient peinés, et d'autres ne comprenaient pas ce qu'il se passait.
Je portai à nouveau mon attention sur Logan. Je ne pouvais pas abandonner, je ne pouvais pas le croire.
- Est-ce qu'on peut s'isoler ? Demandai-je calmement. Je voulais qu'il m'éclaire, qu'il me dise que tout ça n'était qu'une énorme blague. Je voulais être seule à seul avec lui. Mais il me le refusa.
- Non. répliqua-t-il froidement.
J'eus un hoquet de stupeur, c'était comme si sa froideur m'avait violemment fouetté le visage. J'allais essayer de le calmer, mais il m'en empêcha immédiatement.
- C'est dingue ce que t'es têtue, tu peux pas croire qu'on ne veuille plus de toi ! Beh c'est le cas. J'ai plus besoin de toi. T'es un boulet, tu m'empêches d'accéder à la popularité. Je te gardais parce que j'avais peur de pas pouvoir me faire des amis mieux que toi, mais finalement j'ai trouvé donc casses-toi. Oublies tout ce que je t'ai dit, j'en pensais pas un mot, lâcha-t-il avec une méchanceté inexplicable.
J'essayais tant bien que mal de respirer. Impossible l'air semblait manquer, j'eus la sensation que j'allais étouffer d'un instant à l'autre. Mes yeux me piquaient atrocement, je parvins à ravaler un sanglot, mais ça n'empêcha pas les larmes de se former aux bords de mes yeux. Je me mordais l'intérieur de ma joue jusqu'au sang pour essayer de garder le contrôle. J'allais craquer, je le savais.
Et il n'avait même pas le courage de me regarder dans les yeux.
- Regardes-moi dans les yeux, soufflai-je d'une voix faible, ma vue était troublée par ces larmes qui menaçaient d'arriver à tout moment et mon cœur cognait douloureusement contre ma poitrine
- Dis-moi la vérité, regarde-moi ! J'avais presque crié, j'étais déboussolée. Il pouvait encore tout changer, me dire qu'il regrettait, que c'était qu'une misérable blague et que tout le monde était de mèche. Mais non, il m'a achevée. Ça lui a pris du temps avant qu'il puisse affronter mon regard. Oui, mais il l'a fait. Et il a tout confirmé. Il a ancré ses yeux gris dans les miens et il a mis un terme à 14 ans d'amitié. Ce n'était pas un cauchemar. C'était bien réel.
- Mais putain, C'EST LA VÉRITÉ. Je ne veux plus de toi. Premier coup de poignard. Tu m'es complètement inutile, je ne veux plus entendre parler de toi, ni traîner avec toi, c'est finit tout ça. Second coup de poignard. Si j'ai passé autant de temps avec toi c'est uniquement à cause de nos mères. Troisième coup de poignard.
Je n'ai aucune attache envers toi, au final, tu n'es rien pour moi. Coup fatal en plein cœur.
J'avais fermé mes yeux laissant par la même occasion les deux premières larmes d'une longue lignée dévaler lentement mes joues. J'appuyai sur mes paupières tremblantes avec insistance. "Ça ne peut pas être vrai. Ce n'est pas possible." me répétai-je intérieurement.
J'ai rouvert mes yeux et lorsque j'ai vu son visage dénué de tout sentiment à mon égard, j'ai compris. C'était réel.
Broyée, il m'avait broyé. Je portai ma main sur ma bouche, et laissai échapper plusieurs sanglots incontrôlables faisant exploser le nœud qui obstruait ma gorge depuis plusieurs minutes. Mes jambes tremblaient, elles ne parvenaient plus à soutenir mon poids. J'allais m'effondrer d'une minute à l'autre. C'était le moment le plus humiliant de ma vie, le plus douloureux.
C'était indescriptible.
Les larmes semblaient ne plus vouloir s'arrêter. Je devais avoir l'air pitoyable, les yeux rouges, les joues mouillées et l'air que j'arborais devait avoir l'air tout aussi ridicule. Les mains tremblantes, j'essayais de sécher mon visage humide, mais cela semblait impossible, elles étaient de retour instantanément. Jason Sharp qui n'avait pas retiré son rictus minable tout le long m'enfonça de plus belle en encourageant sa bande à se moquer de moi.
Ce qu'ils firent tous.
- Allez casses-toi putain.
- Tu viens de te faire jeter meuf, barres-toi.
- Dégages allez, t'es hideuse ! cria une rousse en lançant une bouteille en plastique dans ma direction. Cette Rousse, c'était Amanda.
Tout ceci ne me blessa pas, au point où j'en étais rien ne le pouvait plus. Je me contentais de dévisager Logan que je ne reconnaissais plus. Il était impassible. Je ne distinguais aucune émotion. Pas une seule.
- Et remets tes lunettes, tes yeux sont flippants l'alien, cracha Jason.
Mais là, j'ai été profondément blessée. Les remarques méchantes sur mes yeux j'y avais droit depuis très longtemps, mais Logan était toujours là pour me défendre et pour me redonner confiance en moi. Pas cette fois. Il m'a juste regarder avec une expression indifférente. Il n'a pas bougé.
Il n'a rien dit. L'ancien Logan aurait réagi immédiatement. Ouais mon Logan aurait réagi. Pas lui. Il n'en avait rien à foutre. Comment allais-je faire pour m'en sortir ? D'aussi loin que je me souvenais, on avait toujours été collé l'un à l'autre et aujourd'hui c'était terminé ? Tout ceci n'était en fait qu'un tissu de mensonges ? Imaginez juste avoir à vous faire à l'idée de ne plus avoir la personne que vous chérissez le plus au monde à vos côtés, imaginez vous faire trahir par cette personne de la pire des façons, imaginez que cette personne vous soit arrachée du jour au lendemain sans aucune explication.
Je suis partie en courant, faisant claquer les battants des portes de la cafét' derrière moi, sous les rires de plusieurs élèves, laissant Logan derrière moi. J'ai dit adieu à ma vie ce jour-là. Plus rien n'a été pareil. Plus rien ne sera plus jamais pareil.
Réveilles-toi.
Brooklyn hé-ho...
- Chérie, réveilles-toi.
Au bout de la troisième fois, la voix est enfin clair et audible. La tête sous ma couverture je proteste un petit peu, refusant de quitter mon lit douillet.
- Brooke je vais compter jusqu'à trois. Un, deux...
Je n'ai même pas le temps d'entendre trois qu'il m'attaque en me faisant des chatouilles.
- D'accord !! capitulé-je entre deux rires, Je me lève !
Je retire la couverture de ma tête, me redresse sur mon lit, et vois les deux grands yeux marrons de mon père me détailler. Je dois vraiment avoir une tête horrible.
- T'as mauvaise mine ma chérie, dit-il en pinçant ma joue, t'es malade ?
Ouf sauvée par le gong.
- Oui, rien de grave papa. Mais dis-moi qu'est-ce que tu fais là ? Je pensais pas que vous rentreriez aussi tôt.
- Tôt ? Brookie il est déjà 14h30. Ta mère en avait marre d'attendre que tu te réveilles toute seule alors elle m'a dit de venir te lever, Laurel et Logan sont partis il y a une heure.
J'avale de travers, 14h30 ? Je n'arrive pas à le croire. Je n'ai jamais autant dormis je crois. Puis je soupire, soulagée de savoir que Logan n'est plus là.
- Ça doit être parce que tu es malade, atteste-t-il en posant une main sur mon front, tu as un peu de fièvre tiens.
Je ne dis rien et remercie intérieurement mon front de me sauver de cette situation. Je n'ai même pas à inventer une excuse.
- Écoutes ma chérie, il faut que je te dise quelque chose. Ça fait un moment que je dois le faire mais je n'ai jamais trouvé l'occasion ou plutôt le courage...
- Tu repars.
Je ne lui laisse pas le temps de finir, je sais qu'il repart, il a toujours le même regard désolé quand il m'annonce ses départs.
Il ouvre grand ses yeux et hoche la tête avant de la baisser. Il pose une main sur ma cheville qui se trouve encore sous la couverture avec le reste de mon corps.
- Combien de temps ? demandé-je en détournant le regard, fixant les portes de mon armoire.
- Un mois, minimum.
Minimum ? Je mord ma lèvre inférieure, mais ne verse aucune larme. Il est la depuis deux semaines et il repart déjà pour un mois. Ça me tue.
- Je suis désolé Brookie.
- Ça va papa, t'en fais pas, le rassuré-je en me forçant à sourire, je suis habitué à être la fille d'un super-héro.
Il rit doucement en passant une main sur sa mâchoire. Le silence regagne la pièce et je lui pose la question qui me brûle les lèvres mais dont je redoute la réponse.
- Tu pars quand ?
Il me regarde de façon hésitante et crache finalement le morceau.
- Dans deux jours.
Je le regarde en souriant et baisse les yeux, et puis malgré moi, mon sourire finit par fondre. Mais toujours aucune larme. Il me prend dans ses bras et je pose ma tête sur son épaule, on ne dit rien, j'essaie juste de mémoriser la façon dont ses bras m'entoure et l'odeur de son parfum, parce que dans quelques jours tout ça ne sera plus à ma disposition.
[ Ellipse de quatre jours ]
Papa est partie mardi, et non je n'ai toujours pas adresser la parole à Logan, même si il va falloir que je le fasse vu que ce soir il y a le tutorat.
Je soupire rien qu'en y pensant. Je suis d'une humeur particulièrement maussade en ce moment, la seule chose qui semble illuminer mes journées c'est bien Evan, notre relation se bâtit confortablement,et tout se passe naturellement.
Je ferme la porte de mon casier et Kriss me tire une mèche de cheveux.
- Aïe ! C'était pourquoi ça au juste ? me plaigné-je en mettant une main sur mon crâne.
- Pour que t'arrêtes de faire la gueule, réplique-t-elle en tirant la langue.
Je soupire et me retourne pour tomber sur Sean, c'est un de mes camarade de classe, je l'aime beaucoup, il est grand beau et a un sourire ravageur, il est presque aussi grand que Logan et il est juste adorable, gentille et très talentueux.
- Hey Sean ! le salué-je en souriant.
- Salut Brooke, tu vas bien ?
- Oui merci, sourié-je à nouveau, que puis-je faire pour toi ? demandé-je sur un ton faussement supérieur.
Il rit en me poussant gentiment l'épaule et m'annonce la raison de sa venue.
- Il y a mon anniversaire dans deux jours au cas où vous seriez pas au courant, s'adresse-t-il à moi et Kriss, et je venais vous dire que je serais vraiment ravi de vous y voir.
Kriss sautille sur elle-même en disant "qu'on sera la évidemment" de façon beaucoup trop enthousiaste et moi je me contente de sourire poliment. Quelqu'un appelle Sean donc il nous rappelle l'adresse avant de s'en aller vers la personne qui le sollicite.
- Ooooh ça va être tellement bien, s'exclame Kriss, il paraît que sa maison est magnifique.
- Sûrement, en tout cas je serais pas là pour la voir j'y vais pas, annoncé-je en resserrant mes livres contre moi.
Kriss ouvre grand sa bouche, outragée par ce que je viens de lui dire, et on peut clairement voir l'incompréhension sur son visage. Mais bizarrement, cette expression est rapidement remplacé par un sourire machiavélique.
- Si. Tu viens. Parce que la Kristinanisation, c'est pour ce samedi.
- Quoi ??? Kristina Avallan tu peux pas-
- Je te relooke pour son anniversaire B, me coupe t-elle, Brooklyn ne veut pas venir ? Tant pis, ma cousine viendra, et je vais te transformer en cette Avallan.
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