07. Rien putain.

K R I S S

- Brooke est-ce que t'es sûre que ça va ?

Elle est tellement bizarre depuis la fin de la soirée. À ma demande, elle m'a ramené chez elle parce que j'étais franchement pas d'humeur à voir ma mère, et je suis exténuée à cause de cette fête et à cause de l'alcool.

J'ai beau être complètement crevée j'arrive quand même à savoir quand quelque chose cloche chez Brooke. Et je m'inquiète un peu...

- Oui ne t'inquiète pas je suis juste fatiguée, elle répond à ma question.

Ouais c'est ça, et si elle arrêtait de me prendre pour une conne ?

Je suis sur son lit et elle se trouve face à son armoire, elle cherche un pyjama depuis une demi heure. Qui cherche un pyjama pendant une demi heure ? Surtout quand on a une armoire aussi bien ordonnée que celle de Brooke. Elle refuse juste de me faire face.
Elle est triste... Très triste.
Elle renifle silencieusement et ramène une main rapidement devant son visage.
C'est la troisième fois qu'elle fait ça.

Elle pleure putain.

- Brooke... Est-ce que... Est-ce que Logan t'as dit quelque chose ce soir ? je demande prudemment.

Je l'ai sentie se crisper au moment même où j'ai prononcé son prénom. C'est donc lui.

- Non, elle répond rapidement en séchant encore son visage avec sa main, lâches l'affaire Kriss essaies de dormir d'accord ?

- Très bien, je soupire vaincue.

Je sais très bien comment réagir avec Brooke pendant ce genre de situation. Elle ne veut pas de câlin, elle ne veut pas que je creuse davantage, elle ne veut pas craquer.

Pas pour lui.

Plus jamais.

Si seulement elle essayait de s'ouvrir complètement à moi... Elle ne parle pas assez de ses sentiments. Elle garde tout pour elle. Mais ce soir je n'insisterai pas davantage.

Je m'engouffre donc sous la couverture en espérant ne pas avoir une grosse gueule de bois demain matin et dans l'espoir de discuter avec une Brooke plus ouverte...

L O G A N

Heureusement qu'on est samedi aujourd'hui, j'aurais pas pu assumer ne serait-ce qu'une heure de cours. Mais j'aurais quand même voulu y aller juste pour pouvoir parler à Cavalli.

Cette putain de situation.

J'y ai pensé avant de dormir, en dormant et maintenant en me réveillant.
Ce que j'ai dit hier. C'était vraiment stupide. Immature. Méchant.

Je me déteste pour lui avoir dit de telles choses. J'ai toujours ce besoin irrépressible de la casser à longueur de temps. Parce que je la hais. Je la déteste. Alors pourquoi je me soucie de ce qui peut lui faire du mal ? Je suis censé la détester. Je dois la détester.

Il ne faut pas que j'oublie ce qu'elle m'a fait.

La haine que j'ai pour elle revient instantanément lorsque je repense à ce jour. Mais je ne peux pas rester les bras croisés alors que j'ai été manipulé, je veux bien que les choses soient pire que tendus entre Cavalli et moi mais seulement si je l'ai décidé. Moi et moi seul. Je vais essayer d'en parler avec l'une des rares femmes que je respecte vraiment...

Une dizaine de minutes plus tard, je déjeune donc avec ma mère et on parle de tout et de rien.

- J'ai pas eu le temps de te demander comment s'était passée ta rentrée, alors ta classe spéciale art ? Demande ma génitrice.
- Ça va, c'était bien.
- Hm, Brooklyn est dedans aussi non ?
- Maman, et si tu évitais de poser la question lorsque tu connais déjà la réponse, ce serait cool.

Je le sais parce qu'elle a passé une après midi à en parler avec Mme Cavalli et à faire des suppositions supers bizarres.

- Très bien, très bien. Ton père m'a appelé, il t'embrasse.
- Oh vraiment ! dis-je sarcastiquement, tu sais j'ai 18 ans, j'ai un téléphone portable depuis plusieurs années alors il aurait pu m'appeler dessus. D'ailleurs, il est où cette fois ?

Je sers ma fourchette trop fort. Parler de lui ça me met dans des états pas possibles.

- Tu sais qu'il fait tout ça pour nous, elle me répond sur un ton qui se veut rassurant.
- Ouais bien sûr je crois qu'il a accumulé assez d'argent il peut s'accorder une pause. Tu sais quoi ? J'ai même pas envie de parler de lui, c'est bon.

Je mets un terme à ce sujet qui fini toujours de la même façon. J'ai pas envie de me disputer avec ma mère à cause de mon père alors que cet incapable n'est même pas présent.

- D'accord, réplique ma mère tristement.

Je change donc de sujet en posant LA question qui me trotte dans la tête depuis un moment.

- Maman, c'est quoi pour toi la pire chose qu'on puisse dire à une fille ?

Elle parait assez surprise, car j'évite ce sujet avec elle la plupart du temps. Mais elle répond quand même instantanément.

- Si tu lui dis qu'elle est grosse ou qu'elle a pris du poids. Si tu lui dis qu'elle est moche. C'est ce qui me vient à l'esprit là tout de suite, réplique-t-elle en haussant les épaules.
- Ah. Donc si je dis à une fille qu'elle est repoussante et deg....
- A qui t'as dit ça ? s'affole t-elle.
- Personne c'est pour un ami !

Elle me lance un regard accusateur et s'essuie avec une serviette avant de poursuivre.

- Tu mens très mal, réplique-t-elle en agitant son index devant mon visage, mais je vais quand même te répondre. Aucune fille ne mérite d'entendre ce genre de choses crois-moi. Même si tu n'apprécies pas cette fille tu dois t'excuser. Elle a sûrement dû se sentir très mal. C'est très dur comme mots. Mon trésor, qu'est-ce qu'elle a bien pu te faire pour que tu lui dise une chose pareil ? C'est pas comme ça que je t'ai appris à parler aux filles.

J'entends clairement la déception dans sa voix. Maintenant c'est moi qui me sens mal. J'en avais déjà l'intention, mais là je me sens carrément obligé de m'excuser.

- Et crois-moi si elle te dit qu'elle va bien ou qu'elle n'a pas était touchée c'est faux.
- Quoi ? Non, mais n'importe quoi. Pourquoi elle dirait qu'elle va bien alors que c'est faux ?
- Parce que c'est une fille !
- Les filles toujours aussi gonflantes, je marmonne avant de finir mon assiette.
- Peut-être que quand tu seras amoureux, tu comprendras.

Elle me fait un clin d'œil et ramasse nos deux assiettes avant de se diriger vers la cuisine.

Je ne serai jamais amoureux. Pourquoi faire déjà ? C'est que des problèmes.

- Je voulais te dire, s'écrie t-elle depuis la cuisine, Trina nous a invités à dîner ce soir. Donc, voilà ne prévois pas de sortie.

Notre chère voisine. C'est Catharina Cavalli alias Trina Cavalli alias Maman Brooke.

Oui. Les Cavalli sont mes voisins. Petit détail. Nos chambres se font face et je peux la voir tous les matins lorsqu'elle ouvre ses rideaux. Ce matin je ne l'ai pas vu.

- Oh non sérieusement c'est... je m'apprête à râler mais je viens de réaliser un truc. Si je dîne chez eux j'aurai l'occasion de parler à Cavalli.
- .... c'est une bonne idée, je serai à l'heure.

B R O O K L Y N

Kriss et moi sommes sur mon lit, on écoute de la musique, fait du shopping sur internet et on mange de la glace depuis deux heures d'affilée déjà. Oui, un samedi super sexy comme vous pouvez le constater.

- Oh, j'adore ce pull il est adorable. Il irait super bien avec ta jupe taille haute Kriss tu devrais la commander.

Je tourne la tête vers elle et elle se penche vers l'écran.

- OU tu pourrais la commander et mettre ma jupe.
- Nah, répliqué-je en prenant une cuillerée de ma glace.

Elle roule des yeux et je souris.

- Bon, t'accouches ou pas ?
- Je suis pas encore à terme, mais merci de ta sollicitude, je réplique en plissant des yeux.

Elle m'envoie une tape sur l'épaule que j'évite en riant.

- Brooke s'il te plaît.

Oui, je sais ce qu'elle veut. Elle veut que je lui dise pour hier,et vu que je sais qu'elle ne lâchera pas le morceau, je finis par capituler.

- Ok, je soupire. Il a dit des choses méchantes.
- Précises, elle insiste.

Je lève les yeux aux ciel et souffle, très mécontente de devoir parler de lui.

- Il m'a complètement descendu, devant Amanda. "Repoussante et deg" c'est ses termes, je lâche ironiquement. Ah et aussi qu'il était plus attiré par la mort que par moi. Bah il a qu'à mourir qu'est-ce que j'en ai à foutre sérieux.

Elle reste silencieuse pendant un instant et secoue la tête excédée.

- Quel connard.
- N'est-ce pas ? approuvé-je amèrement. Tu sais ce qui m'énerve le plus ? je poursuis en levant le ton, Qu'il parvienne encore à me faire réagir, c'est rageant, dis-je en massant mon front avec une main.
- Surtout que Amanda a dit la même chose et tu l'as royalement envoyé chier, quelle est la différence ?

Je soupire et relâche ma main sur mon clavier avant de la regarder.

- C'est lui Kriss, il fait toute la différence.

L O G A N

- Bonsoir Mme Cavalli.
- Bonsoir Logan comment vas-tu ! Et appelle-moi Trina pour la énième fois j'ai l'impression de prendre 10 ans à chaque fois que tu m'appelles « Madame Cavalli. », elle me dit en m'envoyant un pincement taquin.
- Bonsoir, Laurel, ça va ? elle salue ma mère en lui faisant la bise.
- Oui très bien et toi ? J'adore ta robe !
- Oh moi aussi, j'adore ta tenue, ça vient d'où ?

Et blablabla avec vos vêtements, faites comme si j'étais pas là.

- Logan, Brooke est dans sa chambre tu peux l'appeler pour lui dire de descendre s'il te plait ?

Mais oui bien sûr, comme si elle est moi étions les meilleurs amis du monde évidemment.

- Oui, pas de problème... j'accepte sans broncher.

Je peux même pas faire semblant de ne pas savoir où est sa chambre vu que j'y passais le plus clair de mon temps.

Avant.

Je monte les immenses escalier en marbre se trouvant dans le salon pour arriver au premier étage.

La demeure des Cavalli est gigantesque, mais chaleureuse, contrairement à la mienne qui ressemble trait pour trait au constructeur, j'ai nommé mon père.
J'arrive devant sa porte. Toujours la même, une grande porte en bois avec des détails dorée.

Je toque. Aucune réponse.

Bon très bien... J'entre dans la chambre et Lully se précipite immédiatement vers moi. Un adorable berger allemand.

- Coucou Lully, ça va ? Dis-je en m'agenouillant et en jouant un peu vec lui. Je viens réveiller ta maîtresse. Pourquoi ? Parce que je n'ai pas de chance !

Je me relève et prend quelques minutes pour regarder sa chambre.

Elle a changé.

Ses murs son blancs et violets foncée, et évidemment il n'y a plus de photos de nous dessus.
Il y a juste un truc que je sais qui n'a pas changé.

Lorsque l'on éteint la lumière, des étoiles phosphorescentes surgissent sur le plafond et les parties violettes de ses murs. C'est vraiment magnifique. Je tourne la tête pour tomber sur elle.

Elle est là. Endormie.

Elle dort même avec ses lunettes sérieusement ? Elles les lâchent jamais ou quoi ?

Elle a sûrement dû s'endormir devant la télé.

Vous vous attendez à ce que je dise qu'elle est super jolie quand elle dort ? Elle est affalée sur son lit, en mode étoile de mer et ses cheveux sont ébouriffés sur son visage. Mais j'avoue il y a quelque chose de mignon quand même. Je souris inconsciemment.

Ugh voila que je me mets à lui faire des compliments... Des fois j'ai envie de me gifler moi-même, mais j'ai pas envie d'abîmer un si joli visage.
Il serait peut-être temps d'essayer de la réveiller.

- Hum... J'essaye de tousser pour attirer son attention, mais rien n'y fait. Elle a pas le sommeil léger...
- Hum hum. Deuxième essai, échoué.
- Cavalli, je lâche d'un trait.

Woh. Elle se lève instantanément.

- Car-Carson, mais qu'est-ce que tu fais là ? demande t-elle d'une voix encore fatiguée.

Elle a clairement l'impression de halluciner, elle écarquille grand les yeux, et se met en position assise.

- On t'a pas mise au courant ?
- Au courant de quoi ? lâche t-elle sèchement en se levant, elle est bien réveillée tout d'un coup.
- Je passe la nuit avec toi ce soir, félicitations !

Elle me lance un regard noir et se dirige vers son miroir, je la suis.
Elle a pas l'air très enthousiaste. Je connais des tas de filles qui adoreraient pourtant !

- Non sérieusement, elle demande sans même me regarder, en détachant ses cheveux avant de les rattacher rapidement en un chignon négligé.
- Bon très bien, ta mère nous a invités à dîner ce soir. Elle m'a demandé de venir te dire de descendre.
- Génial, je lui demanderai plus d'infos sur les invités la prochaine fois... grince t-elle entre ses dents. Maintenant peut-être qu'on pourrait descendre.

Elle s'apprête à aller vers la porte d'entrée mais je l'en empêche.

- Non. Il faut que je te parle.
- Je n'en ai absolument pas envie, réplique-t-elle fermement tout en s'éloignant un peu de moi.
- Je te demande juste un petit instant s'il te plait je prends sur moi là, dis-je d'une voix presque suppliante.

Elle a hésité, quelques secondes je le sais. Mais finalement elle accepte.

- Bon ok, sois bref.

Je respire un bon coup. Et crache finalement le morceau d'un seul coup.

- Je voulais m'excuser. Pour les paroles que j'ai eues hier je ne... C'était déplacé et je m'en excuse vraiment c'était vraiment con. Je m'excuse si je t'ai blessée et...
- J'en ai rien à foutre, me coupe-t-elle durement.
- Quoi ? Répondis-je incrédule.

Elle me regarde droit dans les yeux. Un air méprisant sur le visage.

- Tout ce que tu dis, tout ce que tu penses. Je n'en ai rien à foutre Carson. Tu n'es rien pour moi.
Je ne vois pas pourquoi je serais touchée par une personne qui n'a absolument aucun intérêt pour moi et pour qui je n'ai aucun intérêt. Je te déteste. Je te hais de tout mon cœur. Et ça ne changera jamais. Tu penses que tu m'as vexée ?
Elle ricane et lève les yeux au ciel de façon dédaigneuse.

- Absolument pas, poursuit-elle, tout ce que tu m'inspires c'est le dégoût. Alors, tu peux m'insulter autant de fois que tu le souhaites. Ça ne change rien pour moi. Puisque tu n'es rien pour moi.

Elle quitte sa chambre et elle me laisse planté là complètement sous le choc. Elle m'a toujours balancé des horreurs en plein visage, mais cette fois c'est différent. Elle a été tellement sèche et dure. Et je ne suis rien pour elle ?

Rien putain.

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