89. Chapitre 18 : Le 8 Mars, La magie du cosmétique Coréen (Seiha)

La musique s'évacuait d'enceintes derniers cris, les jeunes avaient le rythme dans la peau, une façon de se libérer de tous ses soucis durant quelques instants : c'était la danse.

La jeune blonde bougeait son corps avec gracieuseté, essayant d'imiter le style de TaeMin, quelques instants, quelques secondes ... Puis elle reprit sa danse un peu plus hachée comme l'était celle de JongIn. C'était avec cette façon de bouger qu'elle était le plus à l'aise. Ce dernier remarqua son changement de style et accompagna Seiha sur du Hip Hop, il posa sa main au sol pour lever ses jambes vers le plafond du garage, histoire de faire le malin. Seiha releva le défi et posa son dos au sol pour tourner avec rapidité. TaeMin tenta à son tour une petite pirouette : main au sol, il essaya de toucher son pied mais il dérapa et tomba en douceur – il avait appris à savoir se rattraper dans une chute -, ils explosèrent de rire et Seiha tendit sa main pour aider le brun à se relever.

— À toi Tama ! Lança JongIn.

Seiha donna un coup de coude peu discret à son ami. Tama était venu pour regarder Seiha danser avec ses amis, pas pour se taper l'affiche et JongIn le savait très bien. Parfois le châtain tentait une danse en duo avec Seiha mais à la vue du regard noire de son amie féminine, il se ravisait bien vite. Il essayait de faire des danses très masculines, sexy et presque provocatrice pour essayer de choquer Tama, bien heureusement, le Japonais était plus intelligent que le Coréen et ne le regardait même pas quand il essayait d'attirer l'attention.

Hormis ce comportement toujours jaloux de JongIn, la séance s'était plutôt bien passée. TaeMin avait passé de longues minutes avec Tama pour lui expliquer les bases de la danse, sans pour autant lui demander de faire quelques exercices pratiques – Tama avait probablement bien trop de fierté pour danser devant JongIn -, Seiha avait réussi à passer au-dessus de sa timidité soudaine devant le Japonais pour montrer des mouvements très précis de sa danse, puis, malgré tout, JongIn avait tenté quelques sujets de discussion avec Tama ... En jetant de nombreux coups d'œil à Seiha pour montrer qu'il essayait de faire des efforts.

La fin de la séance arriva et les trois danseurs se couvrirent pour retrouver l'air extérieur. JongIn sortit de son sac à dos quatre barres céréales et en tendit une à Seiha, TaeMin puis Tama. Ce dernier accepta sans pour autant la manger tout de suite, comme les trois autres qui la dévorèrent sans attendre. Tandis que Tama et TaeMin prenaient de l'avance sur la marche, JongIn envoya un grand sourire à Seiha.

— Alors Saysay, j'ai été mignon ? demanda-t-il en clignant des yeux, pour adoucir son regard.

— On peut dire ça, dit-elle avec un léger rire, tout en secouant doucement la tête de droite à gauche, pour montrer qu'elle hésitait.

— Mieux que la dernière fois ? insista-t-il pour recevoir un compliment.

— En même temps, je ne vois pas comment ça aurait pu être pire.

Au lieu de bouder, JongIn frotta le haut de la tête de Seiha et retrouva les garçons. Il alla toper TaeMin pour qu'ils rentrent chez eux puis laisser Seiha finir la route seule, accompagnée de son nouvel ami Japonais.

La blonde ne put que sourire quand elle vit du coin de l'œil, Tama faire un léger signe de main aux garçons pour les saluer. Cette situation l'amusait au fond d'elle, elle voyait bien qu'il y avait un malaise entre eux, ses amis et le Japonais, mais qu'ils faisaient tout pour le surmonter, juste pour Seiha.

La barmaid et le stagiaire floral prirent le métro pour se rendre à l'appartement du garçon, c'était la première fois que Seiha s'y rendait.

Ça n'était pas vraiment comment elle l'avait imaginé. L'intérieur de son appartement était très simple. C'était un studio où le lit servait de canapé, puis il possédait une cuisine des plus minime. Il était vrai que le garçon venait du Japon et avait opté pour la facilité : prendre un appartement standard, meublé. Seiha n'eut pas de coup de cœur pour son chez lui, mais par contre elle trouva Tama très séduisant quand il accueillit Seiha : il lui retira le manteau avec douceur et le posa délicatement sur une table de chevet.

— Tu la veux ? demanda-t-il en sortant la barre céréales de sa poche.

— Tu ne veux pas d'un cadeau de JongIn ? dit-elle avec un léger sourire.

— Ce n'est pas trop mon délire les barres, répondit-il simplement.

Seiha accepta l'en-cas et le déposa dans son sac d'affaire. Elle demanda à prendre sa douche et, là encore, Tama prouva une hospitalité sans faille : il lui offrit serviette, des choix de gel douche aux goûts du jour puis alluma un petit radiateur d'appoint pour qu'elle n'attrape pas froid en se déshabillant.

Seiha mit à peine cinq minutes à prendre sa douche et dura une bonne dizaine de minutes devant la glace pour tenter de se coiffer correctement et choisir parmi les quelques robes qu'elle avait emmenée, laquelle conviendrait le mieux pour la soirée. Elle choisit finalement une robe épaisse à col rond, rayée orange et blanche.

Elle retrouva Tama dans la cuisine, il semblait très concentré. Seiha s'approcha de lui et posa une main dans son dos.

— Tu réfléchis à quoi ?

— Ce qu'on va pouvoir manger ce soir.

— Et si on mangeait Coréen pour changer ? proposa la blonde.

Tama hocha la tête. Seiha ne se rendait presque plus compte quand ils passaient de la langue Japonaise à la langue Coréenne au cours de leurs dialogues. Ils leur arrivaient, quelques fois, que certains mots Coréens sortent dans un dialogue parfaitement Japonais, trop habitué à la langue qu'ils utilisaient si souvent dans ce pays qui n'était pas le leur.

Seiha et Tama passèrent une petite demi-heure à cuisiner un plat simple, ils s'échangèrent quelques caresses sur le visage et quelques bisous légers. Ils restaient pour le moment dans la découverte de l'un et l'autre, comme des enfants de seize ans, ne souhaitant pas brusquer leur relation que l'un et l'autre préservait avec la plus grande attention.

Ils passèrent un bon moment autour de cette petite table en bois qu'avait Tama, ils rigolaient de bons cœurs, imitaient JongIn ou TaeMin, Tama parlait de sa collègue des plus folles. En fait, ce soir, la conversation tournait autour de leur vie d'aujourd'hui, celle qu'ils vivaient actuellement en Corée du Sud. Leurs habitudes, leurs folies, leurs joies ... Seiha était bien, finalement, chez lui. C'était cocooning. Elle avait l'impression d'être plus proche de lui, dans ce petit espace. Ces quelques fois où elle ne comprenait pas les pensées de Tama, avaient disparus. Ce soir elle partageait les mêmes avis que lui, les mêmes fous rires, les mêmes sourires, les mêmes souvenirs.

Ce fut le ventre plein que Seiha souffla un bon coup. Tama n'avait pas rigolé sur la quantité et Seiha avait refusé catégoriquement quand il lui avait proposé un dessert.

— Repose-toi un peu, je vais faire la vaisselle.

Seiha admira Tama rejoindre la cuisine pour plonger ses mains dans l'évier. Ce qu'il était avenant ... Elle n'avait jamais rien imaginé dans le futur avec Tama, même maintenant. Elle vivait le moment présent avec lui et cela lui allait très bien.

Seiha se leva malgré tout, pour digérer. Elle s'arrêta au niveau de la fenêtre pour regarder les étoiles. Depuis le salon, la constellation du Triangle d'Eté était bien visible, Seiha s'arrêta un instant pour la regarder dans toute sa splendeur. Cette lueur si brillante qu'elle renvoyait dans un environnement si sombre, avait toujours fasciné la jeune blonde. Autrefois très créative et rêveuse, elle avait beaucoup imaginé grâce aux étoiles. C'était peut-être pour elle, une façon de garder son innocence d'enfance, qui s'était envolé depuis un moment maintenant.

Elle sentit les bras de Tama passer autour d'elle et sa tête se poser sur son épaule. Seiha posa, à son tour, sa tête contre la sienne et souffla d'apaisement.

— On voit bien le Triangle d'Eté d'ici, lui dit-elle.

— Oui. Je suis impatient de fêter Tanabata Masturi, lui confia Tama qui fit référence à la fête des étoiles Japonaises.

— Ça fait un moment que je ne l'ai pas fait ... avoua Seiha, ne quittant pas des yeux les astres célestes.

— Depuis combien de temps n'es-tu pas allée là-bas ?

— Deux ans, dit-elle du tac-au-tac.

— Tu aimerais y retourner ?

Oui, bien évidemment, c'était son pays natal, il fallait bien qu'un jour elle y remette les pieds. Elle ne savait juste pas quand même serait prête.

Elle hocha la tête en guise de réponse.

— J'y vais le mois prochain ... Tu veux venir ?

Seiha s'écarta des bras de Tama pour pouvoir le regarder. Il était sérieux ? Elle avait beau scruter son visage, il ne sillait pas, il était très sérieux. Il souhaitait emmener la barmaid, chez lui, dans son pays, qu'ils se découvrent au sein de leur Terre.

— Ne t'inquiète pas, je vais loger chez mon frère, je ne te demande pas de rencontrer mes parents, dit-il avec un petit sourire sur le côté. Ça pourrait t'intéresser ?

— Oh je ne sais pas ... Je ne m'étais pas imaginée y retourner ... Là.

Son sourire s'effaça, il prit une mèche de cheveux de Seiha pour la déposer derrière son oreille.

— Je ne te demande pas d'aller à Kobe ... Juste à Nagoya, c'est là que vis mon frère, ce serait une bonne entrée en matière, pour retrouver un peu le Japon ?

Il avait envie. Il avait très envie qu'elle accepte. Elle voyait cette lueur dans ces yeux, très intense, lumineuse, ces sourcils légèrement froncés d'inquiétude, priant pour qu'elle accepte. Tama montrait une faille, elle le voyait. Peut-être parce qu'elle se trouvait proche de lui comme jamais ? Qu'elle le comprenait enfin ? Peut-être parce qu'elle avait, elle aussi, envie de partager ce moment avec lui ? Parce qu'à ses côtés, elle se sentait plus forte ? Seiha fuyait depuis quelques années son passé, n'osant pas retourner dans le fin fond de ses peurs. Mais, quelque chose avait changé. Elle avait Tama maintenant. Et le Japonais était toujours prêt à tout pour elle, c'était comme une aura qui la protégeait depuis le début, la rapprochait de son pays en douceur, pour ensuite couvrir son corps de toute cette aura protectrice qu'il possédait. Si elle retournait au Japon, ce ne serait jamais seule. Aujourd'hui, on lui proposait de passer ce cap, on lui suppliait même de venir. Tama passa son pouce sur la joue de Seiha.

Retourner au Japon ... Il avait raison. Cela ne voulait pas forcément dire : Retourner à Kobe. Elle pouvait y aller par étape, poser les pieds sur son pays, et y retourner plus tard, pour se rendre à la maison de ses parents. Elle s'était toujours dit qu'un jour elle y retournerait. Peut-être pour y faire vraiment son deuil. Mais elle n'avait jamais été prête, et elle ne l'était toujours pas. Mais ... Tama lui transmit une motivation mystérieuse qui lui donnait sérieusement envie de remettre les pieds sur le sol Nippon.

Une envie soudainement féroce. Le Japon, ses rues colorées, ses plats typiques, l'air frais de cet île immense, la culture ... Seiha voulait retrouver, durant quelques jours, ces saveurs auparavant oubliées.

— Je pense que ce serait une bonne idée.

Tama afficha un sourire des plus joyeux, il déposa un baiser sur les lèvres de Seiha et passa une main dans son cou. Il était soulagé. Elle passa, elle aussi, une main dans son cou et l'embrassa plus tendrement. Le Japon, tous les deux. À se balader près des canaux, écouter le chant des oiseaux, manger dans des restaurants typiques, acheter quelques souvenirs tout aussi incroyable que ce pays. Seiha voulait le partager avec lui. C'était une belle vision qu'elle s'offrait.

Puis derrière, derrière ces doux baisers qu'ils s'échangeaient devant la fenêtre de l'appartement de Tama, ses parents la regardaient, du haut des étoiles.


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