83. Chapitre 17 : Le 23 Février, Un rêve qui devient réalité (Seiha)
— On va aller boire un coup le temps d'attendre le rendez-vous ? proposa Tama.
Seiha hocha la tête. Tama l'avait emmené à la périphérie de Séoul, elle se demandait réellement ce qu'il avait en tête. Il n'avait pas voulu lui donner le lieu de rendez-vous en avance et était venu la chercher à même chez elle. Ils avaient fait le trajet en métro et Seiha ne connaissait pas ce coin de Séoul, elle n'avait aucune idée d'où il l'avait emmené ... en tout cas, elle était très intriguée ! Et commencer par aller boire un coup, était une très bonne idée.
Ils s'installèrent dans un bar très soft, hormis les différents posters à l'effigie de nombreux groupes de rock, le reste de la pièce était tout à fait banal. Tama commanda un whisky et Seiha un cocktail sans alcool. Une fois les boissons servies, Seiha fit la grimace quand elle prit sa première gorgée.
— Qu'est-ce qui ne va pas ? demanda Tama, amusé.
— Ils n'ont pas mis assez de jus d'orange et ont eu la main lourde sur le sirop de fraise.
Tama savait que Seiha aimait aller boire un verre au bar pour aller comparer les différents cocktails ou différentes boissons. Elle n'était pas grosse buveuse mais prenait son boulot très à cœur, elle était prête à visiter d'autres bars pour donner des idées pour le Bottom's Up.
En tout cas, ce cocktail n'allait pas l'inspirer pour son travail, ça c'était sûr.
— Et ton whisky, ça va ? s'intéressa-t-elle en louchant sur le verre.
— Tu veux goûter ? demanda-t-il mais Seiha secoua la tête. Il n'est pas meilleur que celui de ton bar, répondit-il en souriant.
Seiha esquissa un sourire idiot. Peut-être qu'il était en train de mentir ... Mais le compliment était le bienvenu, Seiha aimait mettre en avant ses compétences artistiques et manuelles.
La barmaid avait essayé de poser de nombreuses questions concernant le rendez-vous mais Tama n'avait donné aucun indice. Dommage, elle devrait attendre le moment fatidique ... Et même si elle n'arrêtait pas de regarder sa montre, elle ne savait pas à quelle heure ils devraient quitter le bar, Tama n'avait vraiment voulu donner aucune info.
— Au fait, c'est OK pour venir me voir danser ! Après je n'ai pas trop laissé le choix aux garçons ... précisa Seiha pour répondre à la demande de Tama qu'il avait faite hier, durant la patinoire.
— Très bien, dit Tama, qui aurait été très déçu si elle aurait déclaré le contraire.
— Je pense que ... JongIn s'est adouci. Avec l'arrivée de JiMin, je crois, qu'il devient amoureux ...
Tama paraissait perplexe. Seiha essayait de le rassurer, en espérant que la prochaine fois, JongIn se montrerait plus sympa avec le Japonais. Elle en profita pour dériver sur le sujet de TaeMin.
— Puis TaeMin aussi, il est fou amoureux de Lin Yao, une Chinoise. Je crois que cette année va changer un peu pour notre petit groupe.
— Et c'est mauvais ? demanda Tama avec un air fermé.
— Non, pas du tout. Je pense que nous grandissons, et c'est quelque chose de très bien, affirma Seiha d'une voix douce.
Tama sembla se détendre. Il n'avait posé aucune question pour TaeMin ... En tout cas, maintenant il était au courant que le chauffeur de taxi était en couple. Depuis peu, Seiha espérait elle aussi toucher un peu à l'amour ... C'était assez étrange comme situation, car, quelques semaines plus tôt, elle voulait rester célibataire le plus longtemps possible, ne pas s'accrocher et vivre par ses propres principes, puis commencer à chercher l'amour, après avoir trouvé un boulot stable. Mais voir les garçons trouver l'amour, en être heureux et désirer continuer et vivre plus de sensations avec leurs nouvelles « moitiés », cela donnait de nouvelles envies à Seiha ... Elle le savait, qu'elle était influencée par la vie de ses deux amis, mais, elle devait avouer, qu'elle était plutôt heureuse, de pouvoir « vieillir » à leurs côtés.
— Ça ne devrait pas tarder ... déclara Tama en regardant sa montre.
Seiha fini son verre d'une traite et se leva de la table, prête à faire feu, vraiment intriguée par le rendez-vous proposé par Tama. Qu'est-ce que le garçon pouvait bien cacher ?
Seiha était d'autant plus excitée quand le Japonais posa ses mains sur ses yeux pour l'emmener là où il le voulait. Il était agréable de se tenir près de lui, et sentir son souffle stressé, c'était d'autant plus palpitant ! Quand il allait enlever ses mains, Seiha découvrirait-elle un pique-nique avec un arbre éclairé par des dizaines de lumières ? Feraient-ils un lancer de lanternes ? Non, tout ça n'était pas possible, le soleil était encore bien haut dans le ciel ... Un tour de bateau sur le fleuve Han ? Une activité de sensation forte ? Seiha espérait qu'il enlèverait bientôt ses mains ...
Et c'est ce qu'il fit.
Elle aperçut un vieux bâtiment carré, planté au bord de la ville, des champs s'étalaient derrière le bâtiment. Seiha chercha des yeux ce qu'il pouvait bien contenir, mais aucun écriteau ne le précisait.
— Euh ... On va dedans ? demanda-t-elle en se tournant vers Tama.
— Oui, suis-moi.
Tama passa une main dans le dos de Seiha et l'emmena vers le bâtiment puis ils entrèrent ensemble.
Une grande pièce s'offrait à eux, les murs couverts d'une peinture blanche éclatante, des petites et grandes représentations de la lune étaient accrochées au plafond. Seiha laissa échapper un « Waouh » et se demanda réellement quel était cet endroit. Tama la dirigea vers l'accueil.
— Nous avons rendez-vous au nom de Tamamori, dit-il d'un ton suave, maitrisant au mieux son accent, Seiha le trouva très masculin à ce moment précis.
— Oui, pour la simulation de « Marche sur la Lune » ? demanda la secrétaire.
Tama hocha la tête. Seiha regarda Tama, puis la secrétaire, puis Tama ... Depuis quand existait-il un simulateur d'apesanteur sur Terre ? Ce n'était pas possible ... Seiha posa toutes les possibilités inimaginables dans son esprit, essayant de comprendre le système, tandis qu'elle se faisait emmener par Tama et la secrétaire dans les longs couloirs de ce bâtiment qui ne payait pas de mine, d'extérieur.
Ils arrivèrent dans un SAS, de l'autre côté se trouvait une salle ronde, d'une blancheur incroyable.
Le secrétaire leur demanda d'attendre, elle allait chercher le moniteur.
— Attends, c'est quoi ça ? demanda Seiha, ne comprenant pas tout.
— C'est un simulateur pour vivre l'apesanteur, répondit-il, mais ça, Seiha l'avait déjà compris.
— Ce n'est pas possible ... dit-elle, certaine.
— Ils ne sont pas encore très connus car en phase de test. Et l'apesanteur n'y est pas aussi forte que sur la lune, c'est impossible. Mais ça te donnera les premières sensations ... déclara Tama en posant une main sur l'épaule de Seiha.
— Comment tu as trouvé ça ? Et cette idée ... ?
— Elle m'est venue quand tu m'as dit que ton rêve était de danser sur la lune. Tu pourras ... en quelque sorte, le réaliser.
Il l'avait écouté, il l'avait compris, il la désirait, il lui donnait ce qu'elle voulait ... Seiha envie de le prendre dans ses bras, de passer ses mains autour de son cou, de le remercier, de fondre en larmes, mais le moniteur passa le pas de la porte.
Seiha se concentra sur les explications de l'homme, comment se tenir pendant l'expérience, le fonctionnement de celle-ci : Aucune apesanteur possible sur Terre, il essayait de faire ressentir cette sensation avec leur combinaison bourrée de capteurs, elle permettait d'envoyer une charge d'air sous les pieds, les mains, le dos, le ventre, les jambes, sur l'ensemble de la combinaison en fait. De plus, la plateforme – la pièce blanche de l'autre côté du SAS - envoyait aussi de l'air presque imperceptible, une fois munie de cette combinaison ... C'était une façon encore inhabituelle de tester l'apesanteur, et quelques astronautes avaient confirmés cette sensation, encore en phase de développement. La combinaison permettait à la personne qui la portait, de voler tout simplement, grâce aux micro-mécanismes qu'elle possédait. Selon l'utilisation des micro-ventilateurs, la sensation pouvait être ressentit comme de l'apesanteur. De plus, le casque d'astronaute, qui était en fait un casque de réalité virtuelle, donnait davantage l'impression de se trouver sur la Lune.
Le moniteur finit enfin ses explications puis d'autres hommes entrèrent dans le SAS. Ils enfilèrent la tenue à Seiha, celle-ci lui semblait si lourde ... Le moniteur ouvrit les différentes portes du SAS pour la faire entrer dans la pièce ronde, éclatante. Plusieurs employés tinrent la combinaison de Seiha à bout de bras pour l'emmener au milieu de la plateforme. Tama pouvait rester dans le SAS pour regarder, mais le moniteur irait aux commandes pour contrôler les processeurs de la combinaison de Seiha.
Le cœur de la barmaid battait la chamade. Elle se trouvait dans un endroit totalement inconnu pour elle, à tester un mécanisme carrément incroyable ... Elle n'en croyait pas ses yeux, elle admirait la pièce qui se trouvait autour d'elle, la blancheur lui faisait presque mal aux yeux ... Elle entendit dans l'oreillette le moniteur lui demandant de se tenir prête. Seiha eut presque l'impression de se trouver dans une navette spatiale, mais elle savait malgré tout qu'une combinaison spatiale était bien différente que cette tenue qui étaient composés de milliards de micro-mécanismes. Seiha était d'autant plus excitée quand elle vit les lumières éclatantes disparaître ... Le ciel noir, illuminés de milliards de lumières apparurent, dans le casque. La lune était sous ses pieds. De la réalité virtuelle ... C'était incroyable, elle n'en avait encore jamais fait.
« Je vais lancer l'air dans la salle, et ensuite sur votre combinaison ».
Seiha acquiesça, même si le moniteur ne le voyait probablement pas.
Elle commença à sentir la combinaison bouger légèrement ... Puis, ses pieds quittèrent le sol. Seiha était impressionnée, la voici dans une réalité virtuelle où la Lune était représentée ... Déjà qu'elle avait envie de l'examiner de tout son long, s'accroupir pour toucher le sol de ce satellite ... alors, avoir l'impression de se déplacer dessus ... C'était tout bonnement excitant. Seiha sentit les moteurs se mettre en route, son corps bouger. C'était bon ... Elle y était ... Le sol s'éloigna de ses pieds ... Les aspérités de la lune étaient visibles sous son corps puis, une musique ... D'un chanteur Japonais qu'elle adorait, et que Tama aimait aussi. Elle allait pouvoir danser ... Elle allait pouvoir réaliser son rêve ... Ces étoiles, cette lune éblouissante, ce calme astronomique derrière cette musique qui lui rappelait son enfance ... Seiha aimerait profiter de cet instant, s'asseoir en apesanteur et admirer tout autour d'elle, l'espace. C'était si incroyable ... La technologie faisait des miracles. Puis elle entendit le premier refrain de la musique, elle se mit à chanter et voulut lever son bras droit ... elle le monta avec difficulté et lenteur ... Seiha tenta de reproduire la chorégraphie qu'elle connaissait, mais il était impossible, ses mouvements étaient bien trop lent. Elle décida d'improviser. Et créer une nouvelle danse qui ne pourrait se reproduire que sur la lune, avec cette musique totalement magnifique ... Seiha observa les étoiles, tout en écoutant la mélodie dans ses oreilles et laissant son corps bouger au rythme de la musique, avec grâce et lenteur. Elle était admirative ... La voici, dans un environnement qu'elle avait rêvé d'aller ... elle fit de grands pas, toujours au rythme de la chanson - qu'elle connaissait par cœur -, rigolant dans le casque, s'excitant de cette sensation ... C'était incroyable ... Elle dansait sur la lune ... ELLE DANSAIT SUR LA LUNE ! Ce n'était peut-être pas la sensation parfaite, mais cela lui donnait une vision proche de ce qu'elle s'imaginait ... Elle était si bien ... tellement dans son élément ... En ce moment, elle était vraiment heureuse ... Sa mère l'aurait été, son père serait admiratif ...
Puis la voix du moniteur retentit dans le casque, signifiant la fin de la simulation. Juste le temps d'une musique ... Puis son corps redescendit au sol ... La combinaison lui sembla plus lourde que jamais, la lune disparut de son champ de vision, pour faire apparaître la salle blanche qui lui explosa les yeux.
Ça avait été si court ...
Les assistants revinrent pour porter Seiha jusqu'au SAS où elle découvrit le visage de Tama, il tenta un sourire puis attendit de savoir si son idée avait été bonne ... Seiha put lancer un pouce une fois la combinaison enlevée, laissant les garçons retirer complètement sa tenue « spatiale ». Quelques questions furent posées par le moniteur auxquelles Seiha répondit avec joie, parler de l'espace était quelque chose qu'elle appréciait vraiment.
Puis ils quittèrent la salle, le bâtiment ... Seiha n'avait pas encore donner son avis à Tama, ils avaient toujours été entourés d'un employé de la société.
Une fois dehors, Seiha le regarda avec douceur et envie. Il avait fait en sorte de réaliser son rêve, il avait été attentif à ses désirs, ses paroles ... Tama était quelqu'un d'incroyable. Jamais Seiha n'aurait fait cette nouvelle simulation sans lui, peut-être, que jamais, elle n'aurait pu réaliser son rêve ...
— Alors ? C'était comment ? demanda Tama, impatient.
Seiha le voyait stresser, il se tenait les mains en espérant lui avoir fait plaisir. Seiha esquissa un sourire. Elle n'avait pas envie de parler, elle ne pourrait jamais lui faire comprendre ce qu'elle avait ressenti ... Mais ce qu'elle pouvait, c'était lui faire comprendre ses sentiments, le remercier comme il se devait, ça, c'était probablement un langage qu'il comprendrait et des sentiments qu'ils partageraient avec elle ...
Seiha se mit sur la pointe des pieds et entoura le cou de Tama, elle lui souffla un « Merci » et posa ses lèvres sur celles du garçon. Elle ne savait pas s'il s'y attendait, mais il passa, sans attendre, les mains autour de la jeune femme. L'air était si bon aujourd'hui ... Le soleil tapait sur leur visage découvert, le vent soufflait doucement leurs cheveux qui chatouillaient leur visage. Le chant des oiseaux devint plus intense, les fleurs du champ d'à côté semblaient danser au rythme de la brise. Ils n'étaient que tous les deux. Seiha se sentait bien. Elle passa une main sur la joue de Tama, elle avait l'impression de ressentir l'air Nippon, de se retrouver dans son pays natal. Tama ne cessait d'observer son visage, de l'embrasser, l'admirer à nouveau, et encore l'embrasser ... Lui non plus n'avait aucun mot à dire. Juste profiter de cet instant, sans personne, au bord de cette ville imposante dans laquelle ils vivaient. Profitant d'un souffle de campagne, à s'embrasser tendrement, sous un soleil des plus rayonnant.
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