Shanai buvait ses paroles. Sa copine avait tellement de belles choses à raconter et la restauratrice de livres était tellement contente de la voir. Ses cheveux violets étaient éclatants, sa chevelure semblait si soyeuse. Shanai en était sûr, son physique si rayonnant reflétait la vie actuelle de la jeune femme : MinJi était heureuse, elle vivait un bonheur que Shanai n'avait jamais pu connaître – ou peut-être quand elle vivait encore chez sa mère avec ses deux frères. La Chinoise était si joyeuse de revoir son amie de Séoul, cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas pu discuter avec une amie. Elle n'avait jamais pu tisser de liens aussi forts avec quelqu'un d'autre depuis MinJi, cela la comblait vraiment, de pouvoir la revoir, et écouter toutes ses histoires.

— Les paysages sont vraiment magnifiques, je suis si triste d'être partie des Philippines, il faudrait qu'on y retourne, toutes les deux ensemble, lança MinJi avec un sourire serein.

— Ce serait avec plaisir, répondit Shanai. Mais il faudra attendre un peu que je mette de l'argent de côté ... souffla-t-elle.

— Ça ne coûte pas cher là-bas, je te jure, tu manges pour même pas 6000 won.

— C'est plutôt l'avion qui me bloque ... Oh ! Regarde ! Nos ramens !

Shanai salivait, c'était très rare qu'elle sorte au restaurant, elle n'avait personne avec qui y aller, enfin son frère mais ... il était plutôt du genre à préférer se faire livrer à la maison. Puis la Chinoise se rendait compte qu'elle ne mangeait pas souvent des ramens, alors que pourtant, c'était si bon !

— Ça tu vois, par contre, c'est quelque chose qui m'a énormément manqué là-bas ! fit remarquer MinJi en montrant son bol avec ses baguettes.

— Parce que tu mangeais quoi aux Philippines ?

— Beaucoup de sauces, de coco et de poissons frits.

— Et tu n'as pas pris un gramme, se désola Shanai.

MinJi rigola en guise de réponse et souhaita « Bon appétit » à sa copine. Shanai ne se fit pas prier et pris une bouchée de son repas, les nouilles étaient cuites à point, les crevettes étaient délicieuses, jamais la brune n'avait goûté des petits légumes cuits à la vapeur avec tant de saveur. MinJi avait définitivement les bonnes adresses. Quand Shanai souffla de plaisir, sa copine se mit à rire.

— Je savais que c'était une bonne idée qu'on aille ici.

— Mais comment tu fais pour connaître de si bons restaurants alors que tu n'es jamais en Corée du Sud ? s'indigna Shanai, tout en dégustant ses ramens.

— Ah celui-là, c'est WooYoung qui me l'a montré.

— Rah, vous allez tellement bien ensemble.

Shanai n'avait jamais eu l'occasion de voir le récent petit-ami de MinJi. Elle savait qu'ils s'étaient rencontrés en Mongolie, lui aussi était partie pour découvrir le dépaysement total. Shanai les enviait tellement. L'influenceuse mettait de plus en plus de photos d'eux deux sur les réseaux sociaux et Shanai ne cessait de rêver en voyant leurs clichés ... Ce qu'elle aimerait trouver un gars aussi charmant que WooYoung, être sur la même longueur d'onde que sa moitié ... Oui, Shanai aimerait aussi vivre la même vie que MinJi, depuis toujours, depuis qu'elle la connaissait. Mais jamais elle n'avait trouvé le courage de faire comme elle, il fallait qu'elle l'avoue, elle était contradictoire. Elle voulait du nouveau, de l'aventure, mais jamais elle ne bougeait de chez elle, jamais elle n'avait cherché un travail moins routinier, jamais elle n'avait proposé à San de sortir avec elle ... Shanai aimait son chez-elle, elle s'y sentait bien, elle aimait se plonger dans ses livres, se perdre dans ses pensées quand elle vivait quelques insomnies. La vie de MinJi avait quelques désavantages, elle ne se posait jamais, elle n'avait pas vraiment son « chez-elle », son endroit cocooning ... Et la femme aux cheveux violets l'avait avoué, elle avait dit à plusieurs reprises à Shanai qu'elle regrettait par moment sa vie tranquille en Corée du Sud. Mais toutes les autres aventures qu'elle vivait lui faisait vite oublier une vie « tranquille » et routinière dans son pays d'origine.

— Tu devrais peut-être rencontrer WooYoung un jour ! proposa MinJi.

L'image du garçon revint dans les pensées de Shanai, son doux visage, son grain de beauté sous son œil, ses yeux charmeurs, son corps fin et musclé. Oui, Shanai serait contente de constater que MinJi et le garçon étaient fait pour être ensemble, deux jeunes d'une beauté incomparable.

— Et toi ? Ton Bao Zi, comment ça se passe ? demanda MinJi avec un ton plus calme, tendant l'oreille pour écouter attentivement son amie.

— Euh, je ...

Shanai était perturbée que l'on parle tout d'un coup de lui. Bien-sûr qu'elle y pensait à chaque fois, mais elle ne savait pas quoi raconter à MinJi, la jeune femme serait sûrement déçue de voir que rien n'avait avancé entre eux. La Chinoise répondit simplement d'un geste : elle sortit la plus récente lettre de sa poche pour la tendre à MinJi.

— Bonjour Sha', j'espère que tu te portes bien, commença MinJi en lisant à voix haute. Il y a quelques jours je suis allé à Bukhansan, as-tu déjà eu l'occasion de t'y rendre ? J'y suis allé avec quelques amis et j'ai marché toute la journée, il faisait si beau, c'était tellement agréable ! Tu aimes marcher ? Moi j'adore ça ! Ça me déconnecte du monde envahissant de Séoul. Si tu veux y aller un jour, je te donnerai les bonnes adresses à visiter (à moins que tu y sois déjà allée), MinJi s'arrêta et reprit sa lecture : J'ai passé des examens la semaine dernière, ça s'est plutôt bien passé ... Rah, que je t'envie d'avoir fini tes études ! Fini les révisions après ta journée de travail. Tu es contente de travailler ? Ou tu préfères les études ? Peut-être que toi aussi tu m'envies après tout ... Mais ton boulot est si original qu'il est encore mieux que les études ! J'espère que tu partages mon avis. Bon courage à toi, prends soin de toi, Bao Zi.

MinJi releva la tête avec un sourire.

— Il est mignon et il a une jolie écriture, conclut-elle.

— Oui mais ... c'est bizarre, dit Shanai un ton grave dans la voix.

— Hum ... C'est vrai.

La Chinoise releva directement son visage pour ancrer ses yeux dans ceux de son amie. Elle avait capté son attention, elle aussi trouvait que quelque chose n'allait pas.

— Ah oui ? Dis-moi pourquoi ! se pressa la brune.

— Bah ... Euh, réfléchit MinJi pour ne pas la blesser. Pour Bukhansan il veut ... te donner des infos ... Ça aurait été mieux de te proposer d'y aller ensemble.

— Exactement ! s'écria Shanai dans le restaurant.

— Mais après peut-être que c'est quelqu'un de très maladroit et timide ! dit rapidement MinJi pour ne pas faire perdre d'espoirs à sa copine.

— Mais pourtant il parle tellement bien dans ses lettres ... Il n'a pas l'air si timide.

— Tu sais, l'influenceuse leva un doigt vers le plafond, certaines personnes ne sont pas pareilles par message qu'en vrai, peut-être que c'est son cas.

— Je ne sais pas ... Mais ce que je sais, c'est que ça n'avance pas ... souffla Shanai en touillant sa soupe de ramen, l'envie de manger s'était envolée.

— Il va falloir passer à la vitesse supérieure, acta MinJi.

— Mais comment ? Shanai releva ses yeux vers son amie, l'air dépitée.

— Tu vas envoyer une photo.

— Quoi ?! s'exclama la Chinoise.

MinJi hocha sa tête. Elle expliqua à Shanai qu'elle devait prendre les choses en main si elle voulait faire avancer les choses, la brune râla, elle n'était pas aussi belle que MinJi, elle lui ferait peut-être peur quand il verra son visage. Mais l'idée était trop ancrée dans le cerveau de l'influenceuse. Elle goba le reste de ses ramens et prit la main de sa copine pour sortir du restaurant, direction les magasins.

MinJi avait insisté pour offrir une robe à Shanai, cette dernière avait essayé de refuser, mais sans grands résultats. La jolie femme avait très envie de lui offrir ce beau vêtement, elle lui disait qu'elle serait la plus heureuse du monde quand Shanai imiterait Bao Zi à l'avenir « Cette robe t'allait si bien ». Il fallait qu'elle aide son amie, Shanai ne pouvait pas vivre éternellement cette situation, il fallait qu'elle la prenne à pleine main et tente le tout pour le tout.

Au fur et à mesure de la journée, Shanai arrivait à se motiver, les compliments de MinJi lors des essayages donnaient confiance à la petite Chinoise. Elle commençait à avoir très envie de prendre une belle photo pour envoyer à ce Bao Zi, elle savait que MinJi allait gérer cet objectif récent.

Elles trouvèrent leur bonheur : Robe quadrillée à la couleur jaune pâle et grise, MinJi avait également pris une pince en forme de fleur à accrocher dans les cheveux de Shanai. Quelques heures plus tard et elles étaient rentrés chez la Chinoise, pour passer à la séance de maquillage : un petit peu de gloss, de crème sur le visage, un léger coup de mascara et ce fut au tour de la séance photo.

Shanai n'était vraiment pas à l'aise à poser devant MinJi, surtout quand elle savait que ça allait être envoyer à Bao Zi. Elle était d'autant plus stressée quand elle savait que BaekHyun allait bientôt rentrer et qu'il se demanderait pourquoi elles prenaient des photos.

— Tu es sûre que ça va le faire ? Je ne porte jamais de robes, il serait déçu en me voyant.

— Ne t'inquiète pas pour ça, tu es belle dans tous les cas, Sha'. Allez, admire la vue par la fenêtre.

MinJi la mettait à l'aise, lui lançant un compliment toutes les cinq secondes et lui dictant les positions à adopter.

Après une bonne trentaine de minutes à être du côté des projecteurs, Shanai demanda d'arrêter ce carnage, elle commençait à fatiguer et trouvait les photos de moins en moins bien réussie.

— Maintenant tu m'écris la lettre, ordonna MinJi.

— Pardon ? fit Shanai, surprise.

— Oui, sinon tu n'enverras jamais cette photo. Moi je l'imprime via ton PC le temps.

La Chinoise ne broncha pas, elle savait que MinJi avait raison. Elle n'aurait jamais le courage de lui envoyer la lettre.

Ce fut un long moment pour Shanai ... Ne sachant pas quoi dire, n'arrêtant pas de se dire que c'était une mauvaise idée. Et pourtant, MinJi n'arrêtait pas de lui donner des idées, de l'encourager, ce fut grâce à elle que la Chinoise put enfin mettre le point final à la lettre et sélectionner l'une des photos que MinJi avait imprimé pour elle. Shanai décida de prendre celle où elle avait le visage légèrement tourné, là où son corps et son visage étaient le moins visible possible. MinJi ne refusa pas son choix et referma la lettre avec Shanai. Le verrou de la porte se tourna, son frère rentrait.

— Pile à temps, souffla Shanai.