55. Chapitre 11 : En étudiant le passé, on comprend le présent (Seiha)
Deux ans plus tôt
Seiha faisait les cents pas dans la maison, elle attendait ses parents avec impatience, ils allaient revenir de Chine et aurait énormément de choses à lui raconter, beaucoup de photos à lui montrer. Seiha avait eu la maison pour elle toute seule pendant une semaine, ça avait été très cool de mettre la musique à fond et d'inviter quelques amis, mais elle devait l'avouer, la vie près de ses parents étaient de loin la meilleure. Elle dansa dans le salon, elle regarda une nouvelle fois les messages que ses parents lui avaient envoyés il y avait quelques heures, elle tenta de patienter de mille et une façon. Elle prépara ensuite des dangos, rien de mieux que les accueillir autour d'un bon petit goûter. Ils devaient être partit de l'aéroport Japonais à présent, et pourtant, Seiha n'avait eu aucun message, ils devaient probablement se dépêcher pour rentrer. Elle alluma quelques bougies, fit les poussières qu'elle avait déjà fait quelques jours auparavant, pour être sûre qu'ils soient heureux de rentrer, qu'ils n'aient rien à lui redire sur l'état de la maison. Elle alluma la télévision ... Cela commençait à devenir long ... Y avait-il tant de bouchons sur Tokyo ? Pourquoi sa mère ne l'appelait pas pendant que son père conduisait ? À ce rythme-là, elle allait aussi préparer le repas du soir.
Le soleil baissa à vue d'œil dans le ciel, Seiha sortit dans le jardin et sentit la fraîcheur extérieure s'intensifier, la lune était déjà visible dans le ciel. La jeune brune sortit son smartphone pour regarder les évènements astronomiques de la soirée, pas d'étoiles filantes en prévision ... Juste des avions qui passaient encore dans le ciel ... Bon dieu mais qu'est-ce que faisaient ses parents ?! S'étaient-ils arrêtés à Tokyo lui acheter quelque chose ? Cela était vraiment étonnant ... Seiha se leva du banc extérieur pour faire les cent pas. Ce n'était plus de l'impatience comme quelques heures plus tôt, mais de l'inquiétude. Elle tenta d'appeler sa mère : messagerie, son père : pareil. Ils n'avaient donc pas rallumé leur portable.
Seiha commença à trouver le temps très long ... Finalement elle n'avait plus envie de faire grand-chose ... Et si elle commandait à manger pour eux ce soir ? Ça pourrait l'occuper quelques instants, le temps que ses parents arrivent enfin à la maison ... Elle essaya de regarder les différents restaurants du coin, et essaya d'en sélectionner quelques-uns sans grande conviction. Un numéro inconnu s'afficha sur son téléphone, son cœur se mit à battre très fort dans sa poitrine, qu'était-ce donc cet appel ? Pourquoi la contactait-on à cette heure-là ? Elle décrocha, la boule au ventre et sortit avec difficulté un « Allô ? », quand elle entendit « Vous êtes bien Seiha Onishi, fille de Hiroyuki Onishi et Yumeko Onishi ? », Seiha entendit à peine son « Oui » automatique sortir de sa gorge. L'homme demanda quelques informations supplémentaires, afin de confirmer la présence de ses parents dans le vol Shanghai-Tokyo.
Le pilote a perdu le contrôle de l'avion ...
Ce fut tout simplement les seules paroles que Seiha entendit clairement. L'homme baragouina quelques petites phrases du genre : « L'avion est tombé dans la mer du Japon », « possibilité de survivants non envisageable », « enquête sur l'incident commencé », mais le portable de la fille était tombé à terre, Seiha avait les yeux dans le vague, les genoux sur le sol, l'esprit brouillé. Accident d'avion ? Un accident d'avion ? Quelle probabilité était-il possible qu'ils se retrouvent dans celui-ci ? Seiha tenta de contrôler les battements de son cœur, la rapidité de sa respiration. Elle reprit le téléphone et essaya d'en finir vite avec l'homme, à l'autre bout du fil. Quand il raccrocha enfin, Seiha sentit toutes ses forces lui lâcher, son esprit totalement déconnecté, elle n'arrivait pas à le croire ... Était-ce un cauchemar ? Pouvait-elle se réveiller de ce mauvais rêve ? Elle tenta d'imaginer toutes les solutions possibles à ce problème, une simple erreur ... Mais cela revenait toujours au même : Elle n'avait toujours pas de nouvelles de ses parents.
Seiha trouva la force de se poser sur le canapé et serra son portable de toutes ses forces, quelques larmes roulèrent sur ses joues et elle se fit violence pour ne pas craquer. Ils allaient la contacter ... Cet appel avait été un canular, ce n'était pas possible autrement.
Elle ne savait pas combien de temps elle était restée à scruter le mur d'en face et l'horloge de son portable.
Il vibra.
Ses grands-parents.
Seiha trembla, stressa, son corps brûla d'émotions trop intenses. Pourquoi l'appelaient-ils maintenant ? Non ! Le service d'accident n'avait pas pu les contacter eux aussi, cela était totalement faux ! Seiha refusait de croire, elle laissa son portable sonner.
Ils rappelèrent. La danseuse avait envie de briser son portable contre le sol, elle voulait haïr tout le monde, envoyer bouler tout son entourage. Et pourtant, elle garda son téléphone fortement entre ses doigts. Non, ses parents allaient appeler.
Trois appels manqués de ses grands-parents.
Le téléphone de la maison sonna, Seiha fonça pour y répondre, ce fut la voix de sa grand-mère qui se retrouva de l'autre côté.
Seiha fut forcée d'aller vivre chez ses grands-parents quelques jours, elle avait emmené quelques affaires sans vraiment savoir ce qu'elle voulait réellement emmener, et dès le lendemain, elle se retrouvait chez ses aïeux. Elle ne parla pas du repas, ou le strict minimum. Ses parents allaient revenir, cela ne servait à rien de parler, cela ne servait à rien de pleurer comme sa grand-mère, à chaudes larmes. Ils allaient venir sonner à la porte dans quelques jours.
Seiha retourna en cours, bien évidemment, elle n'avait pas dormi de la nuit, retournant dans son cerveau toutes les éventuelles possibilités à l'absence de ses parents, à cette impossibilité d'accident dans le ciel ... Elle n'écoutait absolument rien à ce que le professeur racontait, mais elle était là, sa vie continuait, ses parents veulent ça, elle leur montrerait qu'elle n'avait pas douté d'eux jusqu'à leur retour.
Les repas à la maison furent maigres, Seiha jetait les trois-quarts de son assiette malgré l'insistance de son grand-père. La jeune femme reçue des messages de condoléances de certains amis, elle ne répondit pas. Cela était faux.
Plus les jours passèrent et plus Seiha s'enferma dans sa bulle, ne croyant pas à l'impossible. Ses camarades de classe la scrutaient, eux aussi pensaient que ses parents étaient morts, mais non, ils allaient revenir, ils allaient sonner à la porte. L'étudiante essaya d'éviter au mieux, leurs regards interrogateurs.
Ses camarades de danses l'évitèrent, ne voulant pas échanger quelques pas avec quelqu'un qui n'était pas présente mentalement avec eux.
Tous les soirs, aux côtés de ses grands-parents, Seiha entendait tout le temps parler de Hiroyuki et Yumeko, comme s'ils étaient réellement partis, se rappelant les bons moments avec eux, elle sentait la tristesse envahirent ses aïeux, mais Seiha ne participait pas à la conversation. Elle ne pouvait pas se morfondre comme eux, ses parents lui avaient appris à être forte.
Un jour, Seiha ne puis plus échapper à la réalité. Une semaine après le drame, Ayumi et Aiba, deux de ses nombreux amis, sonnèrent chez les grands-parents. Seiha ne put pas les éviter, elle dû les inviter dans sa chambre, ce fut une fois la porte close, les larmes profondes d'Aiba et le reniflement d'Ayumi qui fit fondre Seiha. Non, c'était un cauchemar, elle allait se réveiller. Pas eux, ils ne pouvaient pas mourir si jeunes ... Elles avaient encore besoin d'eux, danser tous les soirs, rigoler autour d'un bon steak de bœuf de Kobe, se raconter les souvenirs de leur jeunesse, sourire, regarder les étoiles, les admirer à travers le télescope, partir dans des débats avec son père sur le monde astronomique, parler avec sa mère dans cette langue Coréenne que Seiha appréciait énormément, compter les étoiles filantes tous les trois ... Vivre dans cette maison ... Cette maison que Seiha n'était pas sûre de vouloir revoir. Elle ne voulait pas y vivre toute seule, et elle ne pouvait pas rester chez ses grands-parents, c'étaient ses parents ou personne d'autre. Seiha ne pouvait pas continuer à vivre de cette sorte, elle ne pouvait plus faire semblant. Les bras d'Ayumi et d'Aiba lui firent chaud au cœur mais ses yeux gonflés par les larmes ne s'en remirent pas de sitôt. Ils passèrent la nuit chez elle, dans le silence le plus totale, à regarder quelques films pour changer leurs idées.
Ce fut finalement les seuls amis que Seiha garda, les autres s'étaient écartés pour elle ne savait quelle raison. La Japonaise en avait marre d'être à la merci de ses grands-parents, elle avait besoin de s'évader, d'avoir cette indépendance qu'elle avait tant désirée.
Elle se tint les cheveux en blond, c'était une étape de changement pour elle, fini la jeune fille Onishi, maintenant elle devenait une femme, elle devait rendre fier ses parents, il la regardait, avec beaucoup d'amour, elle le savait, elle allait leur montrer qu'ils pouvaient lui faire confiance, que leur fille unique était la meilleure, qu'elle allait vivre une belle vie, pour eux, pour ceux qui sont partit bien trop tôt.
Seiha planifia un départ pour la Corée du Sud, malgré le désaccord de ses grands-parents. Elle ne pouvait plus voir ses camarades la regarder de travers, voir ses quelques amis lui lancer des regards tristes, de voir tous ces endroits de Kobe où les souvenirs avec ses parents ne cessaient de remonter. Elle ne voulait pas les oublier, mais elle ne voulait pas vivre dans le passé, c'est ce qu'ils auraient espéré, qu'elle avance, toujours et encore, le seul moment où elle s'autorisait à être faible, c'était le jour de leur mort, le 7 Novembre.
La blonde put enfin prendre son envol pour la Corée du Sud quatre mois après la mort de ses parents, elle fit la rentrée dans une école d'astronomie à Séoul. Elle échangea le strict minimum d'information avec ses grands-parents, les quelques objets qu'elle voulait récupérer chez ses parents. Ils vendirent la maison et donnèrent une partie à Seiha. Malgré son argent de côté, la blonde chercha un travail, elle ne pouvait pas rester chez elle à repenser à sa vie Japonaise, elle devait changer, elle devait vivre autrement. Elle trouva un travail de barman. Elle chercha aussi une école de danse, malgré son envie de changer du tout au tout, son pays, ses habitudes culinaires, ces endroits de son enfance, ses amis Japonais, sa famille ... Elle garda, ancré au fond d'elle, les deux passions de ses parents. La danse, qui les avait fait se rencontrer, un jour de bal dans leur village d'adolescent et l'astronomie, travail passionné de son père qu'il partageait avec sa mère après une bonne séance de danse, à regarder le ciel étoilé. Seiha rendra hommage à leur façon de vivre, à leurs envies, elle n'oubliait pas d'où elle venait, qui l'avait conçu, ça non, elle avait juste besoin de vivre autrement, de couper toute origine avec Kobe. C'était comme si elle vivait une nouvelle vie, en Corée du Sud, avec l'esprit de ses parents ancré dans le sien.
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