36. Chapitre 8 : Le 20 et 21 décembre, le pouvoir des étoiles (Shanai)

— Eh Shanai, Shanai, il faut que je te dise un truc ! s'excita San.

Jamais le garçon ne l'avait salué avec autant d'entrain, sa collègue se demandait ce qui pouvait le mettre d'aussi bonne humeur. San était du genre joyeux, un peu comme BaekHyun, mais là, elle le voyait, il était bien plus qu'heureux.

— Oui ? dit Shanai en gonflant ses joues, n'arrivant pas à exprimer autant d'entrain que son collègue.

— Euh ... je, fit-il soudainement en touchant ses doigts. J'ai piqué l'idée de ton inconnu.

Inconnu ? Shanai pivota son visage comme si cela allait l'aider à réfléchir. Son inconnu ? De qui pouvait-il parler ? Shanai ne connaissait pas d'inconnu, enfin elle ne comprenait pas le principe ... Si elle ne connaissait pas la personne, comment pouvait-elle savoir de qui il parlait ? Shanai ne reliait pas les wagons entre eux et incita San à continuer.

— J'ai écrit une lettre, souffla-t-il à moitié honteux, essayant de cacher sa joie.

Ah ! Ce genre d'inconnu ! C'est bon, Shanai comprenait ! Il parlait de ce fameux étudiant qui lui écrivait des lettres ! En fait, la Chinoise ne le voyait pas vraiment comme un inconnu ... Il l'était en quelque sorte, mais elle connaissait des choses sur lui, ils commençaient à se connaître petit à petit, il ne lui était plus si anonyme.

— Ah ? Et alors ? s'intéressa Shanai en plongeant ses prunelles dans celles de San.

Le garçon commença à devenir très expressif.

— J'ai vu une fille, trop mignonne, avec des yeux tout brillants, des cheveux tout volumineux, un petit sourire trop craquant, et je l'ai suivi.

— Tu l'as suivi ? répéta Shanai.

— Oui, enfin, dans le magasin, fit San légèrement gêné.

— Le magasin ?

— Oui de peluches ! Tu sais celui que j'adore, qui est super grand, je t'en avais déjà parlé !

Maintenant qu'il lui rappelait, Shanai s'était toujours dit qu'elle irait y faire un tour mais jamais elle n'avait trouvé le courage d'aller si loin dans la capitale de Séoul pour aller voir un unique magasin.

— C'est aussi une fan de peluche ? commença à s'amuser Shanai.

— Oui ! Enfin je pense ... En tout cas elle n'arrêtait pas de s'arrêter devant ce petit chat noir ... Il était si doux ! J'avais trop envie de lui acheter ! Mais elle a regardé son porte-monnaie et je crois qu'elle a décidé de ne pas l'acheter ... Alors je l'ai regardé un peu de loin ... J'ai essayé de trouver le courage d'aller l'aborder mais ... Ma timidité a pris le dessus.

— Timidité ? répéta Shanai comme si ce mot était inconnu pour San.

— Oui, tu sais, quand quelqu'un te plaît, tu deviens toute ... chose, tu n'es plus toi-même, tu as peur.

Alors même les garçons pouvaient ressentir ce sentiment ... ou alors seulement San, qui était unique en son genre.

— Et tu l'as suivi jusque chez elle ? demanda Shanai ne sachant pas si ça aurait été une bonne idée ou non.

— Ah non ! Je ne suis pas un psychopathe. J'ai ... Euh ... J'ai pensé à toi.

Shanai sentit ses joues rougirent. Il avait pensé à elle ? Ce garçon qui était plus jeune de dix ans ? Dans quel sens avait-il pensé à sa collègue ? Était-ce positif ? Voyait-il en ce coup de foudre une part de Shanai ? Pourquoi la Chinoise était en train de se mettre dans tous ses états ! C'était son collègue bon sang, bien trop jeune pour elle. Décidemment Shanai était une femme seule et célibataire depuis bien trop longtemps ... Elle commençait à se transformer en cougar, ça n'allait pas du tout, ses hormones étaient bien trop bouillonnantes ces derniers temps.

— J'ai repensé à cette lettre dont tu m'avais parlé et ... continua San. J'ai pris l'idée, j'ai écrit un petit message.

Shanai leva des yeux ronds vers San.

— J'ai demandé un papier à la caissière et un crayon, j'ai écrit aussi vite que possible mon adresse, un petit mot plein de compliments et d'admiration. Tout en restant respectueux et en essayant de la rassurer comme quoi je n'étais pas un violeur ! J'y ai glissé une photo d'identité de moi qui me restait dans mon portefeuille, et ... je l'ai mis dans la poche de son manteau.

Il avait mis une photo. Pourquoi Shanai était-elle jalouse ? Elle aussi aimerait savoir à quoi ressemblait son expéditeur ! Puis San ... Il avait du charme, la jeune femme avait de la chance de tomber sur un gars au physique comme lui. Shanai espérait que l'homme qui lui écrivait des lettres était tout aussi beau que ce jeune collègue.

— Tu attends la réponse maintenant ? interrogea Shanai en essayant de cacher son timbre envieux.

— Elle m'a répondu ! S'extasia-t-il, puis il se calma la seconde suivante. J'avais un peu honte d'avoir piqué ta relation avec ce garçon ... Donc je ne te l'ai pas dit tout de suite ... Mais maintenant que j'ai eu une réponse, je suis trop content ! Il fallait que le dise !

San était tout heureux, et en même temps il essayait de contenir cette joie pour ne pas décevoir Shanai qui avait bien moins avancé avec l'étudiant.

— Et qu'a-t-elle répondu ?

Shanai était très curieuse, elle voulait en savoir plus, mais en même temps elle avait peur d'en connaître un peu trop, de savoir qu'ils allaient se voir, faire des sorties ensemble ... La plus âgée ne savait pas comment réagir, elle était contente pour lui, mais triste pour elle, cela faisait un mois et demi qu'elle écrivait à cet architecte et il n'y avait rien eu de plus ... Puis elle avait peur que leurs écrits se perdent avec le temps ... Sans que cette relation naissante ne donne quelque chose au final.

— Oui, elle veut qu'on se rencontre, elle a été très touchée par ma lettre et est si contente que je collectionne les peluches aussi.

Shanai laissa échapper un rire. Au moins, San avait trouvé quelqu'un qui lui convenait. Au final, la jeune femme avait peut-être aidé son collègue à rencontrer la femme de sa vie ? Elle l'espérait malgré tout, il méritait de connaître un bel amour, ce garçon était vraiment gentil. Shanai était désolée de ne pas être à l'aise avec lui, autant qu'elle l'espérait. Elle possédait une coquille qu'elle avait du mal à percer, malgré le caractère très extravagant de San, peut-être trop pour elle. C'était peut-être pour cette raison qu'elle n'arrivait pas à exprimer exactement son caractère avec lui ... Il prenait, en soit, beaucoup de place, mais jamais Shanai ne désirerait un autre collègue que lui, ses journées étaient tellement enjouées grâce à sa bonne humeur qu'elle était très heureuse de travailler avec ce jeune garçon.

Shanai ne parla pas de sa soirée avec les amis de BaekHyun, le fait que certains d'entre eux étaient étudiants en architecture et connaissaient donc ce fameux garçon qui écrivait à Shanai ... Cette dernière échangea avec San quelques phrases pour savoir quel cadeau de Noël ferait le plus plaisir à son cadet – elle avait besoin d'un avis masculin -, elle avait plusieurs idées mais aucune concrète, et il était temps qu'elle se décide pour aller acheter son présent ! San essaya de l'aider du mieux qu'il pouvait, étant très bon pour donner son avis sur toute sorte de chose. Pour ce qui était de BaekBeom, Shanai avait déjà acheté son cadeau, un manuel : « Meilleur papa du monde ! », il attendait un enfant, Shanai allait avoir sa première nièce ou son premier neveu ! La jeune femme était si fière.

— Au fait ... Elle s'appelle YonSae.

Shanai eut du mal à comprendre pourquoi San parlait d'une YonSae après avoir parlé d'un cadeau pour BaekHyun. Était-ce une marque de vêtement qui s'appelait comme ça ? Puis, à son air hébété, Shanai comprit : il parlait de la jeune fille au magasin de peluches. La restauratrice de livre chuchota un « C'est joli », puis elle se reconcentra sur son travail, quelques secondes ... Puis elle s'absenta ensuite pour « aller aux toilettes », elle sortit un papier de sa poche. La dernière lettre de Bao Zi, elle promenait ses lettres partout, et dès qu'elle avait besoin d'un peu réconfort, elle la lisait.

« Bonjour Sha,

Je suis vraiment content que tu te sentes bien à Séoul malgré tout ! Vivre dans une ville que l'on ne supporte pas ... Ça doit être dur à vivre ...

C'est vraiment super que ton frère soit venu te rendre visite dans la capitale ! Vous avez l'air de très bien vous entendre. »

Shanai ne comprenait pas cette dernière phrase. Comment pouvait-il savoir qu'elle s'entendait bien avec son frère ? Peut-être avait-elle écrit qu'elle adorait son frère dans sa précédente lettre ? Mais elle ne s'en rappelait pas ... À partir de maintenant elle scannerait ses lettres pour se rappeler ce qu'elle avait dit ou pas à Bao Zi, et ainsi ne pas se répéter d'innombrables fois ... Quand elle trouverait la bonne inspiration pour répondre à cette dernière lettre qu'elle venait de recevoir.

« C'est vraiment très agréable d'être bien dans sa famille. Mon grand-frère m'a donné ce surnom « Bao Zi », durant un voyage en Chine, j'étais tout petit ... Bébé. Et quand une vendeuse criait pour vendre ses brioches à la vapeur, j'étais tout heureux ... Depuis, JunSu m'appelle comme ça. Il a sept ans de plus que moi, alors ses souvenirs sont bien plus nombreux que les miens. Il me raconte pleins d'anecdotes sympas ! Ça te fait pareil avec tes frères ? »

Tes frères ... Avait-elle parlé de BaekBeom ? Elle ne s'en rappelait pas non plus, peut-être que Shanai donnait bien plus d'infos sur elle qu'elle ne le pensait à travers son écrit et que Bao Zi était un parfait analyste pour comprendre le moindre mot que Shanai écrivait avec toute la naïveté et l'innocence du monde. En tout cas ce garçon s'intéressait à elle, et cela faisait vraiment plaisir à la Chinoise de parler un peu de sa vie ... de sa famille qu'elle appréciait tant.

« Dans l'attente impatiente de ta réponse,

Bao Zi, la brioche vapeur Coréenne. »

Shanai rigola toute seule, assise sur la cuvette des toilettes. Bao Zi semblait bien plus à l'aise dans cette lettre. Peut-être que parler informellement le libérait d'un poids ? En tout cas Shanai était contente, ce garçon semblait prendre beaucoup de plaisir à lui écrire ... Elle espérait, qu'elle aussi, tout comme San, rencontrerait l'homme de sa vie. Même si cette pensée était utopique, mais Shanai savait rêver, c'était ce qu'elle faisait de mieux après tout.


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