1. Chapitre 1 : Le 5 Novembre, 20 Sejong daero 16-gil (EunJin)

Le bâtiment marron clair de la rue daesagwan-ro 8-gil ressemblait ni plus ni moins qu'à une grande maison de l'extérieur. Mais une fois à l'intérieur, on se croyait en pleine jungle ou bien dans une serre très garnie. Diverses pièces stockaient des dizaines voire des centaines de plantes, toutes étaient contrôlées par des thermomètres et humidificateurs pour faire vivre les végétaux dans des conditions optimales. Chaque type de plantes possédait un groupe de chercheurs qui travaillaient avec acharnement pour les rendre plus jolies, plus parfumée...

Les scientifiques étaient principalement masculins, seule l'une d'entre eux se démarquait de ses collègues, EunJin. Une grande Coréenne de trente ans, au corps élancé, aux longs cheveux châtain foncé, attachés couramment en chignon - pendant ses recherches -, très appréciée par ses collègues. Elle avait un visage qui en faisant rêver plus d'un, avec ses lèvres généreuses, son petit nez et ses yeux rieurs, la nature avait été généreuse avec elle.

De plus, elle avait une connaissance grandiloquente sur l'ADN des plantes, c'était une passion et elle avait réussi à en faire son métier.

Elle était très heureuse de partir chaque matin pour aller travailler avec ses co-équipiers :

Son collègue JunSu était un sacré phénomène, mais elle appréciait travailler avec lui. Il était perpétuellement de bonne humeur, et son rire tonitruant faisait souvent trembler les quatre coins du mur. Elle lui disait tellement de fois.

EunJin avait sous son aile un Japonais depuis quelques mois maintenant. C'était une personne motivée, qui posait des questions toutes aussi pertinentes les autres que les autres et s'acharnait à travailler le soir chez lui, dans sa location à Séoul. Elle était enchantée d'avoir un stagiaire comme lui. Elle s'amusait à l'appeler le « Ténébreux » à cause de ses cheveux noirs qui lui tombait dans les yeux et ses prunelles toutes aussi sombres.

— Eh, Jin ! Viens voir un peu, hurla JunSu de sa voix criarde.

Il se trouvait dans la pièce spécialisée en plantes Asparagacées et Liliacées, où travaillaient les deux scientifiques et le stagiaire.

— Pourquoi cries-tu toujours autant alors que je suis juste de l'autre côté du mur, souffla EunJin.

La scientifique passa devant des orchidées de toutes les couleurs, de tailles hétérogènes et aux motifs variés, puis elle vit du coin de l'œil quelques asparagus de couleurs vives, certaines touffus, d'autres imitant un ciel nuageux avec leurs feuilles éparses, c'était un croisé de jacinthe des bois et d'orient.

Avec toutes ces plantes, la pièce semblait minuscule, trois allées différentes étaient garnies de centaines de fleurs, leur parfum enivrait leur lieu de travail.

Ça avait dû être une habitude à prendre : différentes odeurs de floraison mélangées en un endroit si condensé n'était pas tant idyllique.

La vue, elle, elle l'était.

Les fleurs étaient disposées sur deux niveaux, les chercheurs devaient presque se tordre pour les atteindre et ne pas brusquer les plantes dans leur environnement, elles étaient cajolées. Une grande baie vitrée tournée vers l'ouest permettait à l'astre d'y faire entrer ses rayons pour une durée de quelques heures, parfait pour ces êtres sensibles à la lumière vive.

Les ordinateurs se trouvaient dans une pièce juste à côté, avec les microscopes, il n'y avait pas d'ondes négatives directes avec les végétaux.

EunJin aurait aimé qu'on prenne soin d'elle, comme elle le faisait avec ses plantes, mais c'était probablement impossible, elle les aimait trop pour ça, c'étaient comme ses enfants.

Chaque jour elle leur parlait, leur donnait tous les soins nécessaires, une personne lambda la trouverait folle ! Heureusement, elle travaillait avec JunSu et il était bien pire qu'elle – un jour il s'était disputé avec une tulipe perroquet blanche, EunJin avait hésité à intervenir.

Elle rejoignit son collègue et prit soin de fermer la porte derrière elle pour ne pas déranger les eucaryotes d'à côté.

— Tu as fait une découverte exceptionnelle ? Comme toujours ? souligna EunJin en levant les yeux au ciel.

— Regarde-donc !

La jeune femme se pencha pour regarder à travers l'oculaire du microscope, elle toucha quelques réglages pour voir plus clairement les cellules.

Elle distingua les noyaux, ils étaient tous monosulqués, d'une couleur habituelle. Puis elle déplaça la plaque d'échantillon à l'aide des molettes, et direct, elle l'aperçut. Le grain de pollen trichotomosulqués au milieu des autres, elle se leva et plongea ses yeux dans ceux de JunSu.

— On a encore réussi ?! Mais comment ça se fait ? On ne sait toujours pas à quoi c'est dû ! s'excita EunJin, surprise de la synthétisation du pollen trichotomosulqués parmi les monosulqués.

— Malheureusement non, mais il va falloir observer ça de plus près, fit JunSu avec un calme tout à coup olympien.

— Il va falloir fêter ça, souffla une voix au fort accent Japonais.

EunJin se tourna vers le jeune garçon pour lui ébouriffer les cheveux.

— Oh oui tu as raison grand Ténébreux ! Il va falloir qu'on sorte boire un verre !

Le concerné poussa la Coréenne et il se recoiffa sans attendre.

— Pourquoi tu fais toujours ça ?! Tu sais bien que je n'aime pas, râla le garçon.

— Eh Yuta, à ton avis, pourquoi je commence à manquer de cheveux au sommet de mon crâne ? fit remarquer JunSu en montrant sa chevelure.

— Toujours la faute des femmes, je vous jure ! Cria EunJin pour ne pas entendre la réponse de Yuta, le stagiaire. Dans tous les cas, on ira boire un coup pour cette découverte !

— Redécouverte, corrigea JunSu.

— Avec Jin, il y a toujours une occasion pour aller boire, chuchota Yuta d'une voix claire.

EunJin attrapa le premier objet qu'elle avait sous la main - soit une gomme - et l'envoya à côté de la tête du stagiaire. Le jeune Japonais tourna légèrement la tête pour rigoler, il savait qu'elle allait faire ça et il s'en amusait.

La scientifique aimait beaucoup Yuta, il était honnête et sérieux quand il le fallait, mais il ne s'empêchait pas de rire quand les occasions se présentaient. De plus, il ne cessait de taquiner sa supérieure quand il en avait l'occasion.

Ils redevinrent vite sérieux et se penchèrent à trois devant un écran où défilèrent de multiples tableaux et données, pour trouver la cause de cette cellule différente parmi les autres. Ils discutèrent sur le sujet plus d'une heure, sans cause évidente. Impossible de savoir d'où venait ce phénomène scientifique, EunJin commença à saturer, elle décida de rentrer.

— Sexes masculins, à demain ! fit l'unique femme d'une voix puissante.

Les garçons firent un signe de la main et la chercheuse sortit du bâtiment marron clair. Elle aimait sortir de son boulot pour respirer l'environnement alentour.

Son lieu de travail était installé entre de multiples maisonnettes et appartements qui comportaient un charme bien à eux. Chaque habitation avait son authenticité, de plus, la rue était très apaisante, les arbres bordaient les deux côtés de la route à sens unique, des lierres montaient aux murets permettant une immersion presque totale de la vie urbaine.

EunJin prit son vélo pour rejoindre l'arrêt de métro le plus proche. Pour le retour, l'altitude était négative, elle pouvait donc regarder tranquillement les alentours sans prendre la peine de pédaler.

C'était pendant l'aller qu'elle devait forcer sur ses muscles pour se rendre à son travail, « autant galérer dès le début de la journée », s'était-elle dit le premier jour !

Puis finalement, EunJin s'était pris au goût, elle aimait faire sa petite balade en vélo tous les jours, il fallait dire que la jeune femme était de nature sportive.

Les Coréens se firent plus nombreux, les voitures plus bruyantes, la nature moins présente, elle atteignit la route principale la plus proche, celle qui lui permettait de prendre l'un des nombreux métros de Séoul.

Elle plia sa bicyclette et rentra dans le transport en commun.

Une bonne demi-heure à quarante-cinq minutes d'attente et elle atterrit dans le quartier de son immeuble. Elle remonta à la surface pour atteindre « City Hall » : un gros carrefour qui était entouré d'immenses buildings. Juste à côté se trouvait la « Seoul Plaza » avec son gros « I Seoul U » en écriture blanchâtre - bien timide à côté du « Hollywood » américain -, et le temple Deoksugung qu'elle avait visité un nombre incalculable de fois - principalement de nuit.

Elle reprit le chemin en marchant à côté de son vélo, c'était sûrement la partie qu'elle appréciait le moins. Les rues étaient bondées à ces heures, le fast-food devant lequel elle passa commençait déjà à se remplir. Elle traversa le grand carrefour pour se retrouver de l'autre côté puis continua son chemin quelques mètres encore - elle ne prit pas la peine de jeter un coup d'œil aux petits restaurants dans lesquels elle n'était jamais entrée -, et elle tourna une nouvelle fois dans l'angle où se trouvait un second fast-food, placé juste à côté d'un club et d'un bar qu'elle connaissait bien.

Elle finit son chemin en apercevant son immeuble, le bâtiment orange au loin, juste après le bâtiment administratif qui montrait avec fierté pas moins de cinq drapeaux Sud-Coréen accrochés aux lampadaires de la rue.

Elle souffla en voyant les sept étages de cet immeuble qu'elle n'appréciait pas plus que ça. Il était pratique pour sa localisation, la luminosité de son appartement - obligatoire à la survie de ses plantes d'intérieures -, et une accessibilité au toit très agréable quand le soleil pointait le bout de son nez. Puis, évidemment, à son prix plus qu'abordable. Elle fit un petit détour à la boîte aux lettres puis salua la jeune femme qui passa d'un pas pressé à côté d'elle.

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