Lorsque le soleil se leva, nombreux étaient les na'vi déjà debout. Leyra, arc en main, traversait l'arbre-maison pour rejoindre la partie consacrée aux Pa'lis. L'herbe y était plus abondante que dans le reste de l'arbre et les racines, formant des arches plus basses, assuraient une bonne température pour les animaux ainsi qu'une protection contre les prédateurs de la nuit.

Certains na'vi s'y trouvaient aussi, prenant soin de leur montures ou examinant les jeunes Pa'lis. Les enclos étaient assez large, délimités par des barrières simples constituées de quelques branches attachées avec de fines cordes.

Leyra s'approcha de l'un des enclos. 3 Pa'lis y broutaient paisiblement. L'un d'eux leva cependant la tête quand elle s'approcha et se dirigea vers elle. Les oreilles en avant, elle capta le doux bruits que l'animal laissa échapper, comme pour lui dire bonjour. La chasseuse caressa la tête de sa monture en lui parlant doucement, vérifiant au passage si il ne s'était pas blessé durant la nuit ou si son cavalier de la veille n'avait rien fait de mal. Même si les Pa'lis pouvaient supporter n'importe quels cavaliers sur leur dos, ils n'accordaient leur entière confiance que au premier na'vi qui savait les dompter. Et pour lui, c'était Leyra qui, il y avait plusieurs mois maintenant, l'avait attiré jusqu'à elle avec des fruits juteux dont il raffolait.

Sur le dos de l'animal était posé une selle légère faite dans un cuir fin et renforcé avec de l'écorce, épousant la forme du corps du na'vi qui s'installerait dessus.

La chasseuse attrapa un objet long en os, courbé et dont les extrémités se finissaient en crochets. Elle le plaça autour de la tète de l'animal, le faisant passer derrière sa nuque, puis accrocha une corde soigneusement tressée aux deux crochets.

Tenant le pa'li par le reste de corde qui pendait, elle entraîna l'animal à l'extérieur de l'arbre, non loin de deux enfants qui jouaient près de leur mère qui était occupée à tisser un panier.

Elle approcha le pa'li d'un parterre de fleurs jaunes et à la vue des plantes, l'animal accéléra le pas, ravi.

Leyra sourit doucement et, lui laissant plus de longueur de corde, le laissa s'approcher à sa guise. Une longue langue fine sortit alors de la bouche de la monture et, comme un papillon, il entra celle-ci dans le cœur d'une première fleur pour se nourrir de son nectar.

De temps en temps, le Pa'li secoua la tête pour faire partir les insectes qui s'approchaient trop près de son repas. De ses antennes, il attrapait délicatement certaines tiges trop éloignées pour diriger la fleur vers sa langue et Leyra ria doucement. C'était une fierté pour les na'vis de dompter des pa'lis et des Ikrans. Et ayant réussit les deux liens, elle était respecté par beaucoup. Rien que ces deux réussites rassemblées faisaient d'elle une chasseuse très douée.

Elle examinait la selle quand elle entendit un pa'li hennir non loin. Et ce bruit, elle le connaissait. C'était le hennissement d'un pa'li qui venait de faire son premier lien avec un cavalier. La chasseuse se retourna donc pour voir la scène et ses oreilles se couchèrent en arrière lorsqu'elle vit Jake, l'humain, sur le dos de Pale, une vieille pa'li tenue en main par Neytiri. La princesse des Omaticayas avait offert à cet homme un pa'li qui aurait pu servir à un vrais na'vi.

Leyra grogna légèrement. Elle les observa, impatiente de voir la première chute de Jake, et cela ne manqua pas. Sur le dos de sa monture, l'humain regarda droit devant lui et prononça à voix haute:

-Tout droit!

La pa'li, brusquée par ces informations peu précises, se mit donc à galoper. Jake ne tarda pas à tomber au sol, le visage dans la boue, tandis que Neytiri éclatait de rire en allant récupérer l'animal qui s'était arrêté un peu plus loin.

Alors que Leyra esquissait un petit sourire à cette vue, elle fut surprise par l'arrivée de Tsu'tey et de Atan, chacun à dos de pa'li. Les deux chasseurs galopèrent jusqu'à l'humain et s'arrêtèrent pour le regarder, un sourire narquois sur les lèvres.

Leyra soupira. Atan était un na'vi encore plus moqueur que Tsu'tey, il parlait rarement mais quand c'était le cas, il n'hésitait pas à rabaisser les plus jeunes ou ceux qui étaient le plus en difficultés comme Ka'ani ou Saeyla. Elle même avait déjà été la cible de ses moqueries. Mais le jour où elle avait abattue une proie que Atan avait loupé, les remarques étaient devenues plus rare.

-Tu ferais mieux de partir. Fit Tsu'tey à l'intention de Jake.

-Non, je vous manquerais. Sourit l'humain, déterminé à ne pas se laisser faire. J'étais sûr que tu parlais notre langue.

La chasseuse haussa un sourcil, surprise. Rare étaient les gens à oser se moquer de Tsu'tey. Même parmi les humains.

-Cet étranger n'apprendra rien. Poursuivit le chef des chasseurs à l'intention de sa fiancée qui revenait avec le pa'li. Un rocher voit mieux que lui.

Cette remarque fit ricaner Atan.

Leyra enleva alors la corde de la tête de son pa'li et monta sur son dos, faisant le lien avec lui. Il était l'heure d'y aller. Elle s'approcha du petit groupe et les regards se posèrent sur elle. Elle porta sa main à son front pour saluer Tsu'tey mais se contenta de lancer un bref regard vers Atan.

Puis, ses yeux verts de posèrent sur Jake. L'humain essayait d'enlever la boue de son visage en grimaçant. Assise sur sa monture, elle tendit le bras pour attraper les hautes feuilles d'un arbre. Elle en arracha une à une branche et la tendit en silence vers l'humain pour qu'il se nettoie.

Jake lui adressa un regard de remerciement, quoi que surprit que la na'vi qui l'avait capturée dans la forêt ne l'aide suite aux moqueries Tsu'tey. Ce dernier regardait d'ailleurs sa chasseuse avec les sourcils froncés. Ignorant ce qu'il pouvait bien penser, elle planta ses yeux dans ceux du guerrier.

-On y va.

La chasseuse s'en alla alors au galop sans attendre leur réponse, s'enfonçant dans la forêt, arc en main. A contre cœur, Tsu'tey et Atan la suivirent. Si Leyra avait une profonde rancœur envers les humains, Eywa avait insisté pour que celui-ci reste. Et c'était bien la première fois. Alors elle devait attendre et surtout, faire confiance. Elle savait que ce serait compliqué car elle avait beaucoup de rancœur envers ces étrangers. Mais peut être étais-ce une façon pour Eywa de tester leur foi? Peu importe. Elle devait la rendre fière.

Les trois na'vis galopèrent en direction de la rivière où ils avaient l'habitude de pêcher. Leur équilibre était maintenue par la position de leur queue et par leur dos constamment droit. Leur bassins, collés à la selle, accompagnaient les mouvements de leurs montures et leurs mollets restaient collés aux flancs des pa'lis. Ils portaient tous de légères protections en cuirs fin pour éviter les frottements irritants contre la peau épaisse des animaux.

Avec la position de leurs bras, l'un tenant leur arc et l'autre, légèrement écarté sur le côté, ils ne semblaient faire qu'un avec leur monture.

Leyra regardait droit devant elle. Elle guidait avec précision son pa'li en lui donnant les indications dans sa tête. Grâce à leur lien, elle sentait la force des jambes de l'animal. Elle sentait si la montée était trop dure ou si le terrain était compliqué. Elle pouvait ajuster son souffle sur la respiration de sa monture et ressentir ses émotions, voir si un élément l'inquiétait ou si il était fatigué.

En peu de temps, ils atteignirent la rivière. Un groupe de na'vis les y attendaient. En les voyant approcher, ceux qui s'étaient accroupit se relevèrent.

Les 3 arrivants arrêtèrent leurs montures à quelques mètres de l'eau avant d'en descendre. Leyra suivit alors Tsu'tey et Atan jusqu'à eux. 7 na'vis, arc et lances en mains, les regardaient approcher.

La chasseuse sourit doucement en voyant Ka'ani qui la salua respectueusement. Près de lui se tenait Saeyla, une future chasseuse du même niveau que Ka'ani, Takuk, Maru, Arvok et Vokan.

(NDA: Voir chapitre |Les chasseurs Omaticaya|)

Quand elle passa devant ce dernier, elle porta sa main à son front en signe de respect, sans pourtant y mettre du sien.

Vokan était un redoutable guerrier. Une vraie brute grossière et négligé. Sa tenue était principalement composée de cuir marron et de plumes tout aussi sombre. Il avait un visage dur, avide de combat et de sang. Il lui manquait son œil droit, résultat d'une rencontre avec un essaim de ritis quand il était adolescent.(NDA: Voir chapitre |Les animaux|) Même si il avait des talents sûr en chasse et en combat, il réfléchissait peu et faisait beaucoup de choses à son seul avantage. Leyra le comparait souvent à un Palulukan enragé.

Tsu'tey s'arrêta face à eux après avoir posé une main aimante sur le bras de Arvok, son petit frère. Leyra le salua également d'un signe de la main. Elle le connaissait depuis sa naissance. Et bien qu'il ressemblait beaucoup à Tsu'tey, il était plus calme et plus craintif que son aîné.

-Nous allons pêcher aujourd'hui. Expliqua alors Tsu'tey.

La chasseuse à ses côtés observait les 6 apprentis chasseurs qui ne quittaient pas des yeux leur supérieur.

-Arvok veillera sur Takuk et Maru. Poursuivit le chef.

Leyra était bien contente de ne pas être avec ces deux élèves. Les deux na'vis étaient parfois insupportable, se moquant régulièrement de Saeyla et Ka'ani qui avaient plus de difficultés. Bien qu'il lui arrivait cependant de plaisanter agréablement avec Takuk, elle n'avait jamais trouvé d'avantage à discuter avec Maru.

-Moi je me chargerais de Arvok et Atan pendant que Leyra restera au près de Saeyla et Ka'ani. Termina le futur chef du clan.

Alors que ce dernier affichait un sourire ravi à l'idée d'être au près de Leyra, sa camarade afficha un regard déçu et s'avança légèrement à l'intention de Tsu'tey:

-Leyra? Elle n'obéit jamais aux ordres. Nous serions mieux à tes côtés Tsu'tey...

La na'vi aux yeux verts agita sa queue avec agacement. Saeyla avait le béguin pour Tsu'tey et son comportement en était parfois ridicule.

Tsu'tey lança d'ailleurs un regard sombre à son élève:

-Tu discutes mes ordres?

Aussitôt, l'élève baissa les oreilles et regarda le sol en reculant, honteuse.

-De plus, Leyra est une excellente chasseuse. Elle a beaucoup de talent et saura aussi bien que moi vous apprendre des choses.

Il accompagna ses paroles avec un doux regard en direction de Leyra. Celle-ci sourit, reconnaissante puis posa ses yeux sur ses élèves du jour:

-On y va.

Elle fit un geste du bout de son arc pour leur montrer la direction à prendre puis s'éloigna du point de rendez vous pour atteindre une petite cascade. On pouvait déjà voir dans l'eau les écailles argentées des poissons briller au soleil.

-Montrez moi comment vous pêchez.

Les deux na'vis s'exécutèrent, mettant les pieds dans l'eau. Ka'ani prit son arc tandis que Saeyla avait emportée une lance avec elle.

Leyra, debout, les regardait faire, analysant chacun de leurs mouvements et de leurs regards.

Au bout de quelques minutes, Ka'ani tira l'une de ses flèches mais glissa en même temps et termina assit dans l'eau. Sa flèche ricocha sur une pierre et Saeyla sursauta, se laissant aussi tomber dans la rivière pour l'esquiver.

Leyra grogna légèrement, roulant des yeux.

-Debout.

Elle ramassa la flèche et s'approcha de la futur chasseuse.

-Concentres toi. Lèves plus le bras.

Elle parlait avec autorité, relevant avec force le coude de son élève. Ses mouvements étaient vif, comme devaient l'être ceux des chasseurs.

Puis elle s'approcha de Ka'ani. Celui-ci, bien que plus grand que Leyra, osait à peine la regarder. Lui qui aurait voulu l'impressionner s'était ridiculisé et son espoir de la choisir pour femme quand le jour sera venu semblait s'éloigner un peu plus à chaque instant.

Leyra poussa légèrement l'une de ses jambes.

-Places ta force dans tes jambes. Sens le sol sous tes pieds. Tu ne glissera jamais. Sers toi de ta queue pour maintenir ton équilibre.

Elle lui rendit la flèche en lui disant ces mots et releva son bras en tapant doucement son coude. En parlant elle le regarda dans les yeux puis, voulant se concentrer sur la leçon, se recula de nouveau pour le laisser faire.

Observant l'eau, elle ne tarda pas à repérer un gros poisson qui passait près d'eux. Celui-ci nageait en direction de Saeyla et la chasseuse s'attendait donc que son élève l'attrape. Mais celle-ci ne sembla même pas remarquer le poisson et celui-ci poursuivit tranquillement sa route.

Leyra grogna et leva les yeux vers son élève, les oreilles basses. Elle s'approcha d'elle et pour la mettre en garde, lui tapa le coude:

-Concentres toi!

Saeyla, qui était entrain de fixer Tsu'tey au loin, sursauta et baissa les yeux en signe d'excuses avant de se reconcentrer.

La professeur souffla, perdant patience, et se remit derrière eux pour les laisser faire. Cependant, elle ne put s'empêcher de poser à son tour les yeux sur Tsu'tey qui, comme elle, regardait ses deux élèves exercer un peu plus loin. Celui ci releva alors la tête et leurs regards se croisèrent.