|Chapitre 47|
Le peuple Omaticaya et les humains se vouaient à une guerre depuis de nombreuses années. Et pourtant, il n'y avait jamais eut de réelle bataille entre les deux. Ou en tout cas, aucune bataille à l'ampleur de celle qui se déroulerait dans quelques heures sur Pandora.
De ce fait, lorsque la nuit tomba, les différents clans na'vis qui s'étaient mélangés près de l'arbre des âmes se lancèrent dans des festivités si grande et si enivrante que le temps sembla s'arrêter. Et pourtant, ces festivités durèrent toute la nuit.
Les instruments qui avaient été emmené par les différents clans furent utilisés jusqu'à en être pratiquement usés et des feux furent allumés pour illuminer le camp comme si il faisait jour.
Habillées de plumes, des femmes poussaient des piaillements glaçant tout en bougeant leurs bras de bas en haut dans une effrayante danse hypnotique tandis que des hommes, accroupit autour des feux, laissaient échapper des cris de guerre.
Alors que le bruit des tambours résonnaient jusqu'au coeur de la jungle, les quelques Tsahiks présente -dont Mo'ät-, se vouaient à un rituel de purification, parcourant le camp tout en chantant des prières et en brûlant des bouquets d'herbes. La vapeur procurée par celles-ci enveloppait les corps des guerriers pour leur apporter chance et protection pour la bataille.
Leyra se tenait près d'un feux, aux côtés de Neytiri et de Maru. Elle avait glissé ses bras dans des bracelets aux nombreuses plumes qu'elle secouait au rythme de la musique qui retentissait autour d'elle. Des chants de guerre s'échappaient de ses lèvres et elle tournait sur elle même avec lenteur, tapant le sol de ses pieds en suivant les tambours.
Ce genre de festivités n'avaient rien de réellement joyeux. Elles avaient surtout pour but de motiver les troupes, de les exciter et de faire monter l'adrénaline en eux. Les enfants et tous ceux qui ne participeraient pas au combat n'étaient d'ailleurs pas conviés à danser. C'est pour cela que Nekawn s'était installée sur un arbre avec d'autres na'vis de son âge pour observer les guerriers. La scène était très impressionnante pour eux et si la petite mourrait d'envie de rejoindre sa sœur près du feu, elle était aussi terriblement inquiète. Ce genre de festivités, jusque là elle n'en avait entendu parler que dans les histoires.
Les histoires parlant des grandes guerres.
Mais aujourd'hui, cela se passait devant elle, et sa sœur y participait.
-Vous pensez que Eywa va les aider? Demanda un enfant assit sur une branche au-dessus d'elle.
-Eywa ne participe pas aux guerres. Répondit Nekawn, attirant l'attention de ses camarades. C'est ce que ma sœur m'a dit.
-Oui mais elle les accueillera quand même si ils meurent. Acquiesça une autre petite fille. C'est pour ça que avant de partir, tous les guerriers vont à l'arbre des âmes pour se lier à Eywa. Pour être sûr de la rejoindre si on les tue.
-Mais on ne les tuera pas. La coupa Nekawn, les larmes aux yeux.
Aucun enfant ne rajouta quoi que ce soit. Et pourtant, la tristesse et la peur envahissaient leurs cœurs.
La guerre n'avait jamais été aussi proche.
Et ce que les enfants ne réalisaient pas, c'était que personne ne savait si cette nuit était la dernière qu'ils passeraient en vie ou non.
Du côté des festivités, les danses commencèrent à cesser au crépuscule. Et même si les tambours continuaient de faire vibrer le sol, les guerriers se faisaient plus silencieux, se concentrant pour ce qui arrivait.
C'est ce moment là que choisit Leyra pour descendre d'un pas lent et grave jusqu'à l'arbre des âmes. Celui-ci se dressait immobile devant elle, tel un sanctuaire prêt à l'accueillir si la guerre lui était tragique.
De chaque côtés de l'arbre, quelques guerriers étaient déjà installés, à genoux au milieux des branchages bioluminescent, leur coda liée à Eywa et les yeux fermés. A son tour, Leyra s'avança donc jusqu'au tronc, enjambant avec la souplesse d'un félin les nombreuses racines. Elle s'agenouilla ensuite avec délicatesse, observant de ses grands yeux verts les graines de l'arbre sacré qui flottaient dans les airs autour d'eux comme de petites méduses.
Toujours avec des mouvements lents et gracieux, elle attrapa sa coda qui tombait dans son dos, en dévoilant les petites tentacules rose qui s'agitèrent aussitôt.
-Grande mère... Murmura-t-elle en se liant à l'arbre des âmes. Conserves ma mémoire et mon âme, pour que je puisse vivre à tes côtés si je tombe au combat...
Un frisson glissa le long de son corps, partant de son crâne jusqu'au bout de sa queue. Des rires envahirent son esprit et son souffle ralentit peu à peu...
Ces rires, c'était ceux de tous leurs ancêtres vivant en Eywa. Tous les défunts qui étaient désormais en paix dans un monde pur et loin de toute peine.
Bientôt, les visages de ses parents se dessinèrent, souriant et débordant d'amour. Cette vision détendit aussitôt la na'vi. Si elle mourrait, elle rejoindrait sa famille. Comme l'avait dit Omleki, la mort n'était pas la fin.
Mais il y avait Nekawn...
-Je ne dois peut être pas participer à la bataille...? Souffla-t-elle. Pour continuer de veiller sur Nekawn comme je l'ai promis.
Le visage de ses parents se firent plus souriant et sa mère posa une main sur son épaule. Un contacte que Leyra sentit comme un souffle d'air chaud.
"Le seul moyen de protéger Nekawn est de suivre Toruk Makto et de faire revenir la paix." Résonna la voix de son père.
"Suis Toruk Makto." Répéta sa mère. "Et peu importe le destin, vous ne serez jamais seules. Suis Toruk Makto."
***
Lorsque le soleil commença à illuminer le ciel d'une couleur orangée, chacun rejoignit sa monture pour finir de la préparer. Les pa'lis avaient été apprêtés de plumes et de marques représentatives du clans d'où ils venaient et étaient assorti avec leurs cavaliers. Le chef des Olangis, Akwey, avait confectionné des rênes couvertes de larges plumes vertes et blanches afin de montrer son rang de Olo'eyktan et de redoutable guerrier ayant survécu à de nombreuses batailles dans le passé.
Son second, Omleki, avait installé sur le crane de sa monture une protection en cuir qu'il avait peint en blanc pour rappeler les marques de guerre dessinées sur son propre corps. De longues plumes vertes décoraient également sa selle, assorties avec celles qu'il avait glissé dans sa chevelure enroulée.
Du côté des Ikrans, ces derniers n'avaient pas eut l'honneur d'être peint, leur robe naturelle étant déjà variée en therme de couleurs. Cependant, les cavaliers s'étaient eux vêtu pour l'occasion.
Actuellement occupée à vérifier l'harnachement de Ozo, Leyra, avec l'aide de Ka'ani, avait dessiné des traits de guerre sur ses joues, ses épaules et son ventre, utilisant des peintures jaunes, noire et blanche. De nombreuses petites plumes avaient été mêlées à ses tresses et son masque de cavalière avait été ajusté et était relevé sur son crâne.
Marmonnant quelques dernières prières, elle accrocha à sa selle les nombreuses flèches qu'elle s'était confectionnée pour pouvoir y accéder facilement, puis tenta de rassurer Ozo qui sentait la pression flottant dans l'air.
-Nous sommes ensemble. Lui murmura-t-elle. Nous ne faisons qu'un aujourd'hui et nous veillons l'un sur l'autre.
Elle vint lui caresser le cou tandis que le prédateur frottait sa tête contre elle. En réalité, elle était encore plus anxieuse que lui. Elle avait peur de faire les choses mal. Peur de mettre la vie de Ozo en danger.
-Ne t'inquiète pas pour lui. Intervint alors Tsu'tey en s'approchant, devinant les pensées de son amie. Ozo sait ce qu'il se passe et il fera tout pour te sortir de là, lui y comprit.
Leyra tourna la tête en direction de son Olo'eyktan, portant sa main à son front pour le saluer. Et malgré le calme qu'elle tentait de garder, sa queue s'agitait nerveusement.
-Tu es une excellente guerrière. Sourit Tsu'tey en posant une main sur son bras, ancrant son regard dans le sien. Tu survivra à cette guerre. Et je garderai un œil sur toi.
Un faible sourire se dessina sur le visage de la chasseuse:
-Et toi? Qui veillera sur toi?
A cette question, un voile d'inquiétude passa dans le regard du chef Omaticaya. Pourtant, il continua de sourire:
-Je suis Olo'eyktan. Mon devoir est de veiller sur mon peuple.
-Et mon devoir est de veiller sur mes amis. Répondit aussitôt Leyra.
Elle posa à son tour une main sur l'épaule de Tsu'tey, voulant lui montrer qu'elle était là comme il était là pour elle.
-Je veillerai sur toi. Annonça-t-elle. Nous veillerons l'un sur l'autre.
Tout en parlant, elle porta sa main au kit de communication qu'elle portait toujours autour du cou, indiquant que si besoin, ils pouvaient se parler et s'appeler à tout moment.
Tsu'tey hocha la tête.
Ils seraient là l'un pour l'autre.
Comme ils se l'étaient toujours promis.
-Et ce soir lorsque nous fêterons notre victoire, j'officialiserai ton union avec Ka'ani! S'exclama le na'vi pour alléger l'ambiance et taquiner son amie.
En l'entendant, Leyra fit de grands yeux et lui donna une gentille tape sur l'épaule en riant. Cependant, son estomac restait noué.
Seraient-ils encore tous là ce soir?
-Leyra?
Les deux guerriers firent volte face pour voir Nekawn approcher timidement. Aussitôt le coeur de la chasseuse se serra violement et ses oreilles se baissèrent. Comprenant que les deux sœurs avaient besoin d'un moment, Tsu'tey sourit:
-On se voit aux côtés de Toruk Makto.
Puis, il s'en alla. Nekawn en profita pour se blottir contre son aînée qui l'entoura de ses bras.
-Tu vas revenir? Demanda l'enfant d'une voix étouffée par la tristesse.
-Ozo et moi allons tout faire pour revenir. Promit la na'vi.
En effet, elle ne pouvait promettre leur survie. Mais elle pouvait promettre qu'elle essaierait de survivre.
-Toi tu restes au près de Mo'ät d'accord? Tu ne la quitte sous aucun prétexte.
-Oui Leyra. Acquiesça l'enfant.
Elles se sourirent puis le regard de Nekawn fut attiré par une silhouette qui s'était postée derrière la chasseuse.
-Bonjour Ka'ani... Murmura-t-elle, comprenant que l'heure de partir était arrivée.
-Bonjour Nekawn. Sourit le concerné en portant sa main à son front.
Le coeur lourd, Leyra se redressa alors. Ils devaient y aller. Toruk Makto les attendait.
Elle embrassa le crâne de sa petite sœur puis échangea un long regard plein de promesses avec Ka'ani. Eux aussi veilleraient l'un sur l'autre. Et si ils survivaient, ils fonderaient une famille dans l'amour et la paix.
C'était une promesse silencieuse.
Mais une promesse qui ferait battre leurs cœurs durant le combat.
Tout d'eux se tournèrent alors vers leurs ikrans et firent le lien. Leyra sauta sur le dos de Ozo qui poussa un hurlement, indiquant que lui aussi était prêt à y aller. Perché au bord de la montagne, il se dressa sur ses membres arrières et Leyra, debout sur son dos, lança un dernier regard à Nekawn.
-Je te vois petite sœur!
Puis, abaissant son masque de cavalière sur son front, elle s'envola à la suite de Ka'ani pour rejoindre le reste de l'armée.
Le jour fatal était arrivé.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top