|Chapitre 44|
Comme l'avait dit Akwey, plusieurs autres clans des plaines arrivèrent à l'arbre des âmes les jours suivant. Et à chaque fois, les Omaticayas voyaient leur victoire se rapprocher et la paix pointer le bout de son nez. De 115, les renforts passèrent bientôt à 1006 guerriers.
Tous avaient répondu à l'appel de Toruk Makto et tous étaient prêt à risquer leur vie pour combattre ceux qui viennent du ciel. Une pensée qui traversait l'esprit de Leyra et qui faisait danser son coeur à chaque fois qu'elle posait les yeux sur les nouveaux guerriers montant des huttes ou soignant leurs armes.
La chasseuse avait, comme promis, fait visiter une grande partie du territoire Omaticaya à Omleki sans pour autant s'approcher des zones sensibles comme les parties occupées ou surveillées par les humains. Elle n'était pas non plus retournée vers l'arbre-maison, la douleur brûlant encore ses entrailles.
Si ils étaient souvent parti visiter la jungle à pied, ils avaient également traversé les montagnes flottantes à dos de pa'li et Omleki avait montré ses prouesses de cavaliers, impressionnant parfois Leyra qui était pourtant une cavalière de talent. Le jeune homme avait parfois encore évoqué son attirance et sa fascination pour la vision qu'avait Leyra sur le monde et ses sentiments n'avaient fait que grandir lorsqu'ils étaient allé chasser et que la jeune Omaticaya avait montré son don sur le terrain. Cependant, cette dernière lui avait bien fait comprendre que son coeur était principalement prit par la guerre et le conflit contre les humains et que si ils gagnaient la bataille, il serait prit par quelqu'un d'autre. Omleki restait donc respectueux et se contentait d'explorer cette nouvelle région en écoutant toujours Leyra avec beaucoup d'attention. Parfois, les rôles s'inversaient et c'était lui qui parlait de son univers à la jeune femme. Mais à chaque fois, même si elle était très intéressée par tous ces récits, ses pensées se tournaient inévitablement vers Ka'ani, Neytiri et Jake...
Et ce qu'elle attendait tant finit par arriver dans l'après-midi du 12 ème jour...
Assise à même le sol, la na'vi était en train d'écailler du poisson que Maru, Omleki et elle avaient pêché au matin, jetant les morceaux propre dans un panier en oseille et laissant les écailles tomber dans l'herbe. Elle mit également de côté quelques morceaux dans le but de les donner à Ozo lorsqu'elle le retrouverait.
Ses fines tresses parsemées de perles et de plumes lui retombaient sur la poitrine et sa queue chassait tranquillement les insectes qui venaient l'embêter de derrière. Grattant la peau des proies avec un couteau, elle marmonnait son chant de vie.
Comme déjà expliqué, chaque Omaticaya avait un bijou auquel on ajoutait une perle à chaque moment marquant de la vie. Et la plus part du temps, les na'vis créaient un chant de prière correspondant à ce bijou et évoluant avec lui.
Le bijou de Leyra, n'étant pas assez fourni pour former un collier, était attaché sur le côté de son pagne et était accompagné d'une longue plume blanche. Et après y avoir rajouté deux nouvelles perles suite à la destruction de l'arbre maison et la perte de nombreux Omaticayas, la chasseuse avait également ajouté des paroles à sa chanson, se contentant cependant de la marmonner en public pour qu'elle reste précieuse et personnelle.
Mais alors qu'elle se perdait dans son chant et dans son travail, elle fut sortie de ses esprits par Arvok qui, une fois de plus, s'approcha précipitamment, le souffle court:
-Leyra..!
Il la salua en portant sa main à son front puis lui fit signe de le suivre:
-Viens!
Elle fronça les sourcils et n'eut le temps de rien dire que l'apprenti était déjà reparti en courant. Se relevant d'un mouvement, abandonnant son poisson sur le sol, elle le suivit sans attendre, sentant que le garçon avait quelque chose d'important à lui montrer. Alors qu'ils traversaient la partie nord du camp, Leyra nota que celui-ci était pratiquement vide et un tas de questions traversèrent son esprit. Où étaient tout le monde? Qu'avait-elle loupé?
Arvok l'entraîna jusqu'à la partie sud, de l'autre côté de l'arbre des âmes où de gigantesques racines formaient des arches sur lesquels les ikrans avaient l'habitude de se poser. Tout le monde était là. Même le dernier clan des plaines qui venait d'arriver, toujours à dos de pa'lis, s'y trouvaient, immobile, regardant vers le ciel. Leyra fronça d'avantage les sourcils, ne voyant rien de spécial au dessus d'eux.
Arvok lui désigna l'une des plus grande racine et émit un petit cri, lui indiquant qu'il fallait monter pour comprendre. Sans se faire prier, la jeune femme escalada donc l'arche avec l'agilité d'un singe et retrouva en haut de celui-ci Mo'ät, Tsu'tey, Norm, Maru, Akwey, Omleki et d'autres, tous tournés vers le sud.
Voyant son air perdu, Mo'ät lui prit tendrement le bras et lui fit un signe du menton pour qu'elle regarde l'horizon.
La chasseuse s'exécuta, levant ses grands yeux vert en direction du ciel. Et à cet instant, sa bouche s'entrouvrit et son pouls s'emballa violement...
Là bas au sud, au milieu des montagnes flottantes, un nuage de monteurs d'ikrans approchait.
Peu importe où le regard de Leyra se posait, il y avait des ikrans. De toutes les couleurs, de différents clans, les créatures hurlaient pour communiquer entre elles et sur leurs dos, leurs cavaliers piaillaient ou criaient pour manifester leur présence et leur soutient.
Même sur les territoires ikrans de la région il n'y avait pas autant d'animaux...
Leyra fit un pas en avant, ayant l'impression de rêver. Il devait y avoir plus de 1000 nouveaux guerriers arrivant par les airs pour les aider. Venu pour les libérer. Venu pour les sauver. Et au milieu de cette masse effrayante, Toruk Makto.
Gigantesque, flamboyant, le prédateur guidait son armée avec courage et détermination.
L'émotion était si grande que Leyra sentait son coeur battre jusque dans ses tempes et que sa queue ne cessait de battre l'air, ayant du mal à gérer tous ces sentiments.
Bientôt, les ikrans atteignirent le camp et ce fut une nuée de prédateurs qui traversèrent les arches de pierres au dessus d'eux. Comme les autres, la chasseuse leva la tête pour les observer tandis que les nouveaux venus piaillaient pour les saluer sur leur passage. Les hurlements des ikrans résonnèrent dans la vallée et leurs battements d'ailes firent même trembler les feuilles tant ils étaient nombreux.
Puis doucement, Toruk se posa sur la racine à quelques mètres des Omaticayas. Ses ailes étant encore plus puissantes que celles des ikrans, Leyra dû s'accroupir pour ne pas tomber sous les rafales de vent. Mais elle se releva vite pour observer l'animal et surtout, la silhouette qui descendait de son dos.
-Jake... Souffla la na'vi avec un sourire, soulagée de le revoir.
Au même moment, trois ikrans se posèrent aux côtés de Toruk, laissant leurs cavaliers descendre avant de s'envoler pour aller se reposer plus loin -et surtout loin de Toruk qui restait malgré tout leur prédateur numéro un-.
La première silhouette que vit Leyra, et la plus proche, fut pour son plus grand bonheur Neytiri. La princesse semblait un peu fatiguée par son voyage mais elle était visiblement plus déterminée que jamais et très heureuse de ce qu'ils venaient d'accomplir.
Tout naturellement, elle alla saluer sa mère, se prenant mutuellement dans les bras. Jamais les Omaticayas ne se séparaient autant de temps et ces 12 jours avaient mine de rien été une épreuve pour tous. Puis, Neytiri s'approcha de Leyra. Les deux amies se prirent alors les mains avec affection, de larges sourires barrant leurs visages.
-Je te vois. La salua Leyra.
-Je te vois.
Elles prirent toutes deux de grandes inspirations, apaisées par ce retour tant attendu.
Jake s'approcha ensuite à son tour, récoltant le respect de tous. Maru, Akwey, Omleki et tous ceux qui l'aperçurent baissèrent la tête, tendant leurs mains vers lui en signe d'amitié et de loyauté. L'avatar fut impressionné par tant de reconnaissance d'un coup même si durant son voyage il avait bien vu l'admiration que portaient les na'vis pour Toruk Makto.
Celui-ci avait d'ailleurs changé de coupe, abandonnant la tresse en désordre de l'avatar pour une coiffure plus guerrière...plus commandant de guerre. En effet, les côtés de son crâne avaient été rasé à blanc tandis que les mèches restantes avaient toutes été tressées et tombaient dans son dos, ornées d'une multitude de plumes jaunes, noires, violettes et rouges et de guirlandes de perles.
Aux yeux de Leyra, cette coiffure lui allait bien mieux. Il n'avait plus rien à voir avec l'humain maladroit qui était arrivé chez les Omaticayas quelques mois plus tôt.
A son tour, Jake salua respectueusement Tsu'tey et Mo'ät avant de venir poser une main sur le bras de Leyra pour la saluer joyeusement.
Lui aussi était content d'être rentré.
La chasseuse était si contente de les revoir qu'elle mit un moment avant d'apercevoir les deux autres cavaliers d'ikrans qui s'étaient posés avec Neytiri...
Ka'ani et Takuk.
S'approchant d'eux, elle salua le dernier d'une accolade amicale avant de faire face à Ka'ani.
Le guerrier avait lui aussi orné sa chevelure de quelques plumes, le rendant plus impressionnant.
Les deux chasseurs s'examinèrent ainsi un instant, le sourire aux lèvres. Ces derniers jours, chacun de leurs côtés, ils avaient souvent pensé à leurs retrouvailles. Et surtout, à leur séparation. Aux mots qui avaient été échangé.
Leyra allait-elle devenir sa femme? Elle ne le savait pas encore.
Allaient-ils fonder une famille? Pour le moment rien n'était sûr.
Et malgré toutes les incertitudes qui les berçaient, le moment n'était pas aux questionnements.
Le moment était aux retrouvailles.
Alors finalement, Ka'ani fit le premier pas et s'approcha de la jeune femme, posant sa main libre sur sa nuque avec douceur -sa main gauche tenant son arc-. Leyra posa elle ses mains sur les épaules de l'homme et leurs fronts se collèrent tendrement.
Ka'ani prit une grande inspiration, comme instinctivement apaisé.
-Je te vois... Murmura-t-il.
Leyra sourit, les paupières fermées, profitant de ce contacte:
-Je te vois...
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