|Chapitre 43|
Le clan Olangi faisait partit des peuples des plaines dont Leyra avait entendu parlé sans pour autant en avoir déjà rencontré dans le passé. Il s'agissait de peuples nomades qui voyageaient en fonction des migrations du gibier, et qui établissaient principalement leurs camps dans les larges plaines. Habitués à voyager et à faire face à l'inconnu, ils étaient connu pour être de redoutables guerrier et des excellents cavaliers, ne se liant qu'à des pa'lis et en prenant soin comme un chasseur prendrait soin de son ikran.
Mais parmi tous les peuples des plaines, le clan Olangi était le plus reconnu. De ce fait, si Akwey avait demandé aux autres Olo'eyktans de se joindre à eux, ils répondraient forcément.
Au petit matin, les nouveaux venus s'étaient déjà installés. Des huttes en osier avaient été installées à diverses endroits et de nouveaux feux de camp avaient été allumés. Les cavaliers avaient également apporté de nombreuses vivres et les Omaticayas les aidèrent à faire sécher leur viande et partagèrent un petit festin avec eux, fêtant l'arrivée du premier clan.
Et c'est avec une grande émotion que Mo'ät était venu accueillir Akwey et les siens, les remerciant au nom de Eywa pour leur aide. La Tsahik avait ensuite retrouvé l'arbre des âmes afin de prononcer des prières pour tous ces nouveaux guerriers et ceux qui étaient en chemin, sentant enfin l'espoir renaître en elle.
Digérant toutes ces nouveautés et aidant les Olangis à construire leurs huttes, Leyra n'avait pas fermé l'œil de la nuit. Et pourtant, elle était particulièrement en forme, ne songeant plus qu'à la guerre qui se concrétisait peu à peu et à ses proches qui n'étaient toujours pas revenu.
Dans la matinée, elle se retrouva donc accroupit, fabriquant quelques flèches tout en observant Nekawn qui jouait avec d'autres enfants un peu plus loin. Et alors qu'elle se perdait dans ses pensées, elle vit du coin de l'œil que quelqu'un s'abaissait à ses côtés:
-C'est ta fille? La petite avec la plume verte?
Leyra tourna la tête vers Omleki qui souriait doucement et secoua la tête.
-Non, c'est ma petite sœur.
Elle porta le cordon qu'elle venait d'enrouler autour de sa flèche à ses lèvres et le coupa à l'aide de ses canines tandis que le guerrier Olangi reportait son regard sur elle.
-Tu la surveilles de près. Poursuivit-il. Tu ne l'as pas lâché du regard depuis le petit matin.
-Il faut bien que quelqu'un veille sur elle.
Omleki haussa les épaules:
-Vos parents ont suivit Toruk Makto?
Les oreilles de la chasseuse se baissèrent légèrement, embêtée qu'il parle de ses parents.
-Nos parents sont avec Eywa. Répondit-elle cependant, ne s'attardant pas sur les raisons de leur disparition.
Le guerrier perdit un peu son sourire, coupable d'avoir commencé leur conversation par un sujet aussi sensible. S'en suivit alors un instant de silence avant que le garçon ne reprenne:
-Les miens doivent certainement être avec Eywa aussi. Il eut un léger rire, baissant les yeux vers les flèches de la chasseuse. Je n'en ai aucune idée.
Leyra tourna une fois de plus la tête vers lui, surprise et intriguée. Chez les na'vis, la famille était plus importante que tout... Comment pouvait-il ne pas savoir où étaient ses parents?
Sentant la curiosité silencieuse de la jeune femme, il lui sourit de nouveau sous ses dreadlocks:
-J'ai été trouvé enfant par le clan Olangi. C'est Akwey qui m'a vu le premier et il m'a prit sous son aile. Mais je n'ai aucun souvenirs de ce qu'il s'est passé avant ce jour là. Il montra ses bras parsemés de cicatrices. Ces marques sont les seuls vestiges de mon passé et pourtant, je ne sais même pas ce qui les a causé. Il releva ses yeux jaunes vers Leyra.
La jeune femme observait les cicatrices de plus près, réfléchissant, touchée et intriguée par cette étrange histoire. Le guerrier avait son passé inscrit sur sa peau, comme elle avait l'attaque du palulukan gravée sur sa côte. Elle esquissa enfin un sourire et acquiesça:
-Peu importe ce qui t'es arrivé dans le passé, ta place est celle que tu as aujourd'hui.
Elle releva les yeux vers lui, convaincue par ce qu'elle disait. Chez les Omaticayas, elle avait grandit en apprenant que ce qui était important était ce qu'elle faisait dans le présent et le futur. Et même si parfois c'était difficile, elle savait que le passé n'était pas important. Aussi étrange soit-il. C'est pour cela que le peuple avait aussi vite accepté le retour de Jake. Il avait fait ses preuves en devenant Toruk Makto.
Omleki acquiesça à son tour, le sourire aux lèvres, appréciant la pureté de la chasseuse.
-Et la tienne? D'où vient-elle? Demanda-t-il tout de même en désignant d'un geste du menton la cicatrice de la jeune femme.
-Une attaque de palulukan lorsque j'étais enfant. Tsu'tey, notre Olo'eyktan, m'a sauvé à l'époque alors qu'il était très jeune. C'est ce jour là que Eywa l'a choisit pour être notre futur chef.
Encore une fois, Omleki l'écouta avec attention, examinant ses grandes iris vertes et ses tresses décorées de plumes. Les Olangis étant réputés pour agir toujours par instinct, c'est donc tout naturellement qu'il annonça:
-Et c'est ce jour là où vous avez su que vous ne pourrez jamais fonder de famille tous les deux?
La queue de Leyra s'agita et elle baissa les oreilles, gênée, le regardant en se demandant comment il pouvait être aussi juste alors qu'il ne les connaissait pas. Sa réaction fit rire le cavalier qui haussa les épaules:
-Il y a beaucoup d'amour entre vous. Ça se sent à des kilomètres à la ronde. Aujourd'hui c'est peut être de l'amitié, mais je ne peux pas croire que cet amour n'a jamais été autre chose que ça.
Encore une fois, si les na'vis pouvaient rougir, Leyra serait certainement toute rouge. Lançant un coup d'œil à Nekawn, elle secoua la tête:
-Nous sommes amis. Et nous seront toujours liés. Mais nous n'étions pas fait pour fonder une famille ensemble. Elle porta une main sur son coeur. Ce n'était pas la volonté de Eywa c'est tout ce qu'il faut retenir.
Même si c'était encore un peu dur à avouer, elle savait qu'elle avait raison. Leur relation fusionnelle n'était pas dans les plans de la Grande mère et elle devait donc s'arrêter à leur amitié, aussi sincère soit-elle.
Omleki haussa légèrement un sourcil, impressionné par le fait que Leyra accepte aussi simplement son destin. Pour sa part, ne rien connaitre de son passé avait été terriblement difficile pour lui et malgré toute sa bonne volonté, il avait mit des années à accepter que c'était ce que Eywa voulait pour lui.
Un nouvel instant de silence s'imposa, puis il reprit une seconde fois:
-Et aujourd'hui? Vers qui notre Grande mère va pousser ton coeur?
Leyra ne répondit pas tout de suite, songeuse. Et pourtant, malgré elle, un seul nom lui venait en tête...
-Seul le futur me le dira. Répondit-elle, à la fois pudique et solennel.
Omleki rit, amusé par le mystère qui entourait la chasseuse, et ne poursuivit pas sur ce sujet. Cependant, près de lui, la queue de Leyra battait l'air avec nervosité. Dans un monde en paix, elle aurait certainement acquiescé et raconté comment était Ka'ani. Mais avec la bataille qui arrivait, les choses étaient différentes...
Seulement il lui fallait attendre le retour du chasseur pour pouvoir en parler.
-Et toi? Fit-elle alors pour retourner la conversation contre lui.
Ce retournement de situation fit sourire le na'vi et il secoua la tête:
-Pour l'instant mon esprit est totalement libre. Mais j'attend de trouver une femme qui me correspondra. Une femme aussi belle que peuvent l'être les étoiles lorsque la nuit tombe sur les plaines et aussi vaillante et courageuse qu'un Toruk. Dans mon clan il y a un tas de femmes fortes et très bonnes à la chasse. Mais là bas je n'y ai pas encore trouvé la perle rare.
Il lança un coup d'œil amusé vers Leyra et lança, une nouvelle fois avec sa franchise de Olangi:
-J'aurais aimé que Eywa te fasse naître dans mon clan Leyra.
La jeune femme roula des yeux en riant légèrement pour cacher sa soudaine timidité. Si les Omaticayas étaient francs, ils étaient nettement plus pudique que les Olangis sur leurs pensées et leurs sentiments...
Et voyant que ses paroles gênaient la guerrière, Omleki fut encore plus amusé mais changea totalement de sujet:
-D'aussi loin que je me souvienne, je n'avais jamais quitté les plaines jusqu'à aujourd'hui. Tu penses que tu pourrais me faire découvrir la jungle? En plus si on doit combattre au milieu des arbres il vaut mieux que je connaisse le terrain.
A cette demande, Leyra acquiesça rapidement. Ses raisons étaient bonnes: elle voulait mettre toutes les chances de leur côté lorsqu'ils feraient face aux humains alors si elle devait arpenter la jungle avec les Olangis jusqu'à ce qu'ils la connaissent par coeur, elle le ferait.
-Nous ferons un tour demain matin au levé du soleil. Répondit-elle en rassemblant ses nouvelles flèches. Sois prêt, en forme et armé. Elle tourna la tête vers lui. La jungle n'a pas de pitié pour les imprudents.
Omleki rit de nouveau et acquiesça vivement alors que la chasseuse se relevait:
-Je t'attendrais près des pa'lis.
Leyra hocha la tête et lui lança un dernier bref sourire avant de se diriger vers Nekawn qui lui sauta dessus dès qu'elle la vit. Puis, les deux sœurs prirent le chemin de l'arbre des âmes pour aller chanter des prières mains dans la mains.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top