9- Harry
HAPPY BIRTHDAY
Ou comment entretenir une discussion philosophique avec soit-même en pleine gueule de bois.
Je fronce les sourcils quand une immense migraine résonne dans ma tête. Wow, putain. J'avais oublié à quel point ça pouvait faire mal. Je savais à quoi m'attendre, pourtant. Trop d'alcool, tue l'alcool. Et tue ma tête aussi.
J'ouvre peu à peu les yeux, aveuglé par la blancheur des murs sur laquelle se reflète la lumière du jour. Sur mon matelas, les yeux vers le plafond, je laisse échapper un soupire : c'est partie pour une matinée de merde.
Enfin bref... Excusez mon absolue enthousiasme de début de chapitre, mais comprenez qu'avec une gueule de bois, c'est pas facile-facile de faire son boulot correctement. Je suis sûr que c'est déjà arrivé au plus âgés d'entres vous, de toute façon, alors je ne m'inquiète pas.
Je souffle, et, dans une infime lenteur, me redresse pour m'assoir dans mon lit. Déjà, je sens un fond de nausée narguer ma gorge, mais c'est surtout ma migraine qui accapare mon attention. Je me rejoue quelques souvenirs d'hier, sans grande concentration, avant d'arrêter quand je sens ma tête tourner.
Je gémis quand mes pieds se mettent à supporter mon poids, et que le sang afflue peu à peu, faisant picoter mes orteils. Je me dirige vers les toilettes, mes doigts engourdis s'appuyant sur tout ce qu'ils trouvent.
Dans un coin de ma tête, je note que je suis chez Louis, alors que je me remémore un éclat de son rire gras suant d'alcool, au milieu de la rame vide et agitée du métro de nuit.
L'appartement est déjà lumineux, et les ombres fuient les fenêtres en rayant le parquet. Je tangue dans le couloir, puis bascule contre une porte en abaissant la poignée. J'entre dans les toilettes et m'agenouille en face de la cuvette, attendant la vague de regret acide et nauséabonde.
Quand, enfin, épuisé, je pose ma tête contre le mur, je me souviens avec un goût amer combien -putain- je déteste vomir.
J'arrive dans la cuisine, où un bruit de cafetière gronde. Rien que de penser à avaler quelque chose me donne l'envie de courir ré-offrir mes tripes à l'eau des toilettes ; mais, à la place, je m'effondre dans un soupire sur le petit coussin d'une chaise de la cuisine.
Je fais la gueule. Pas à Louis, qui me regarde tranquillement en sirotant son café. Pas à vous, voyons, on ne se connaît pas encore assez ; et puis vous n'êtes que spectateurs, mes pauvres. Pas à... l'Auteure non plus, quoique j'aurai tout un stock de bonnes raisons -tout est subjectif- pour ça.
Je crois que j'en veux juste au monde. Au putain de monde, à la putain de vie, ouais, à ces deux petits connards qui ont inventés, dans un rire diabolique échappé de leurs lèvres sadiques, la putain de gueule de bois.
Ouais, enfin... Tu ne crois pas que y a pire dans la vie, Harry ?
Si, si. Bien sûr que si. Wow, quelle phrase de merde, ça. "Y a pire dans la vie." Évidemment que y a pire. On trouvera toujours pire que soit, et sans chercher bien loin. Mais putain, on trouvera toujours mieux aussi, pas vrai ? Ça veut dire quoi ça, au juste ? Que, parce que y a putain de pire, on a pas le droit de se plaindre ? De se lamenter ? De, soyons fous, se dire, quand l'envie nous prend, qu'on a une vie de merde ? Qu'on doit accepter tout, parce qu'évidemment "y a pire, en fin de compte". Moi j'en dis que c'est une putain de connerie de se comparer aux autres, que y ai largement pire ou beaucoup mieux sur le palier du voisin.
Et, s'il vous plaît, ne venez pas me dire que "c'est pour relativiser" et toutes vos conneries que vous ne savez que dire. Mon cul d'enculé, ouais, que c'est pour relativiser ! Que "ça fait du bien de se rendre compte de la chance qu'on a". Parce que des fois c'est pas de la chance qu'on a, des fois ce "y a pire que nous" il ne fait que nous aveugler ! Hein ?! Vous avez pensé à ça, dans votre petite vie minable avec sûrement vos putains de problèmes "moins pire que d'autres" ?! Ça vous...
-Mon amour, qu'est ce qu'il t'arrive ?..
Je me rends compte que j'halète, les poings tremblants et prêt à frapper dans n'importe quoi. Louis, qui a placé sa main chaude sur mon bras, qui a son corps penché vers le mien, sur la chaise d'à côté -il s'est rapproché ?- , et dont les sourcils sont surpris et inquiets. Ce même Louis, que je regarde avec mon âme d'enfant, désemparé, perdu et, et, et. Wow. Qu'est ce qu'il m'arrive ? C'est la question qu'il m'a posé n'est ce pas ?
Attendez, il fait quelques chose... Il, il... Presse sa paume contre ma joue, tendrement... Mais, sa main est mouillée ? Non, c'est... C'est moi. Il essuie les larmes avec son pouce, et son affection me sert la gorge. Je plisse la bouche, et, à son expression de tendresse, je sais qu'il a compris que c'est parti pour un tour. Au premier sanglot, je me réfugie dans mes propres bras, pleurant pour la table. Il soupire.
-Oh, mon bébé... Qu'est ce qu'il se passe pour que tu te mettes dans un état comme ça, hein, dis moi ?..
Il me frictionne gentiment le dos. Je voit bien qu'il ne sait pas comment réagir. C'est la première fois que je suis à ce point comme ça devant lui. Il finit par poser sa joue entre mes omoplates, alors que sa tête se met à subir les mêmes sursauts qui parcourent mon corps.
Bah didons, les cuites me rendent sensible apparemment.
Soudain, à travers les tremblements de tristesse, je suis surpris par un énième haut-le-cœur. Pressé et maladroit, je cours pour retrouver la cuvette. Je crois que j'ai dégagé Louis un peu brusquement, mais tant pis, il compren-
Putain. Je crois que le plus insupportable, c'est le bruit. Je déteste vomir, vraiment. J'l'ai déjà dit ? J'm'en fou.
J'entends le parquet craquer, et l'instant d'après, les doigts de Louis s'emprisonnent dans mes boucles pour les rassembler sur le haut de mon crâne. Je crois que ça sert à rien, parce qu'elles sont déjà sales. M'enfin.
Ça a l'air d'être passé. Bien sûr, je sais que ça va revenir dans deux minutes, mais je profite de la détente qu'offre l'état post-vomitif. Hum, glamour.
Les coudes sur le plastique blanc, et un soupire de contentement au bord des lèvres, je marmonne :
-Comment tu fais pour être aussi... Normal ? Je régurgite mes tripes et toi t'es tranquille avec ton déca.
Je l'entends se racler la gorge dans mon dos.
-J'ai... J'ai pas bu beaucoup hier.
Je fronce les sourcils. Louis n'est pas du genre à se retenir sur la boisson. Puis il avait l'air autant torché que moi, et, en sachant combien il tient l'alcool, c'est assez impressionnant. C'est bi-
Oh putain. Un autre haut-le-cœur. Je replace immédiatement mon visage en face de l'eau.
Louis fait des cercles dans mon dos.
-Quand t'auras fini, je te donnerai un grand verre d'eau. Ton foi est en suractivité, et tu es carence d'eau et de sucre. Faut que tu boives un maximum.
Euh... Il est connecté à Wikipédia ou ça se passe comment ?
J'acquiesce avant de me remettre à vomir.
Putain, juste.. Laissez-moi subir ma gueule de bois tranquille. Auteure, lance l'ellipse.
[...]
-Bon. Bah je crois qu'on a finit.
Je pose mes mains sur mes hanches en admirant notre œuvre.
-Nan ? Qu'est ce que vous en pensez ?
Je me retourne vers Liam, Niall, Lynn et Mauve, qui sont encore entrain de disposer le "mini bar". Un "mini bar" version mini, composé de six petits gobelets en plastique, et du même nombre de bouteilles - que du jus de fruit ou des sodas, malheureusement.
-J'en dis que c'est pas mal. On a autre chose à faire ?
-Je crois que non, je réponds à Mauve.
-Super ! Tu peux nous envoyer le paquet, Harry !
Je souris en sortant mon portable de ma poche arrière.
[Moi]
Bébé ? J'ai envie de te voir avant de repartir chez ma mère... Tu peux venir chez moi ?
-C'est fait.
-Ok, on va se cacher ?
-Ouais. Il sera là dans une vingtaine de minutes je suppose, je leur souris.
Liam s'approche de moi pendant que les autres s'éparpillent dans l'appartement.
-Et... Dis... T'aurais des cachettes efficaces ?
-Hum... Dans le placard. Tu pousses tous les vêtements sur un côté et tu te mets en position fœtale dans le coin. Et plis les orteils, sinon ca rentre pas. T'es un peu plus grand que Louis.
-Ouais, mais je m'attendais plutôt à un truc, du genre, derrière le canapé ? Ou, dans un des deux compartiment du grille pain ? Mais laisse moi deviner... Visite surprise de la mère ?
-Pire. De ma sœur.
-Ouch.
-Comme tu dis, je pince les lèvres, dramatique.
Une fois que tout est en place, les autres sont partis se cacher derrière les meubles, pendant j'attends Louis devant la porte.
Finalement, l'interphone sonne, et le bruit insupportable résonne dans tout l'appartement. Sans un mot, j'appuie sur le bouton et déverrouille la porte de l'immeuble.
-Il arrive, vous êtes bon ?
Les quatre me répondent par l'affirmative.
Quelques secondes plus tard, Louis toque à la porte. Je ferme les yeux, respire, compte jusqu'à cinq, puis ouvre la porte avec un sourire.
-Lou !
Je n'ai le temps de rien dire de plus qu'il me saute dessus. Surpris, j'ai un mouvement de recule, mais ça n'empêche pas à ses lèvres d'atterrir sur les miennes. Il m'embrasse, et je tiens ses hanches en lui rendant son baiser, perplexe.
-Tu m'as manqué...
Il me pousse dans le couloir et ferme la porte d'un coup de pied.
-Moi aussi, mais-
-J'ai envie de toi... il me coupe.
Hein ? Mais qu'est ce qu'il fou ? Il a oublié qu'on lui fêtait son anniversaire ? Je l'avais mis au courant !
-Bébé, pas maintenant..
-Si si, justement, maintenant.
Il caresse mon entre jambe en revenant m'embrasser. Je pense aux autres dans le salon qui peuvent tout entendre... Les pauvres...
-SURPRIIISE !
En parlant d'eux...
Louis sursaute, et regarde nos quatre amis derrière moi. Il cligne des yeux, retire sa main, et fait :
-Oh merde... Salut vous ! Qu'est ce que vous faites là ?
-Je.. euh... on... anniversaire... et... toi...
Très perspicace, Harry.
Rho ta gueule toi.
-Vous m'avez fait un anniversaire surprise ! Mais c'est trop mignon ! Merci !
Il prend les quatre à tour de rôle dans les bras, absolument pas gêné par la situation précédente.
-Bah didons, Lou... C'est plutôt chaud entre vous deux... Vous voulez qu'on vous laisse ?
-Hein ? je réponds.
Bon, cerveau, t'es gentil, mais il serait temps de te reconnecter maintenant.
Louis vient me faire un câlin à mon tour. Pour m'emmerder encore plus, il glisse sa cuisse contre mon entre jambe de manière faussement innocente. Quand il se recule, il me fait un clin d'œil. Et là, putain, c'est le déclic. Il savait très bien qu'on fêtait son anniversaire. Le salop... Il a fait ça uniquement pour me faire chier. Il sait quel effet il a sur moi.
Je fais des gros yeux et pince les lèvres, lui jurant explicitement qu'il va le regretter.
-Harry ?! Tu bandes ?! s'exclame Niall, mort de rire.
Je baisse les yeux vers mon entre jambe, et ça ne me rend que plus fou de rage. Il m'a mit l'eau à la bouche ce con. Évidemment que j'ai la gaule.
-Putain.. Ouais, bon ça va, hein, je dis, de mauvaise humeur.
-Ooh, il bouuude...
-Niall, putain.
-Ouais, bon, pour mettre tout le monde d'accord, rien de mieux qu'un ice tea ! intervient Mauve.
-Merci, je dis quand elle me tend un verre.
-Aux vingts-et-un ? Nan, vingt-deux ans ! de notre cher Louis ici présent ! dis Mauve en levant son verre.
On trinque ensemble, avant que Niall intervienne :
-Attends, Louis ? Bouge pas.
On l'observe tous pendant que, les yeux froncés, il touche la peau mon petit-ami avec son pouce.
-Nah, c'est bon. J'ai cru voir une ride l'espace deux secondes, mais en faite fausse alerte. T'es bien conservé pour ton âge..
Louis pouffe et je lève les yeux au ciel avec un sourire.
-Mais ferme là...
Liam, Mauve et moi nous installons sur le canapé, Louis sur mes genoux, tandis que Lynn et Niall s'assoie sur des chaises en face de nous.
-Bon, alors... Qu'est ce que vous faites pour le réveillon ? je demande.
-Contraint à rester avec mes paternels, dis Lynn, fatiguée d'avance.
-Ouais... Faudrait qu'on se réserve un Noël entre potes un jour... rajoute Liam.
Remarque qui est approuvée par tout le monde.
On continue de discuter encore plusieurs minutes avant que la sonnerie de mon téléphone nous interrompe. Je m'excuse en le sortant de ma poche arrière. J'y jette un coup d'œil et y vois l'inscription "Maman" entre deux vibrations. Tiens, c'est bizarre, elle ne m'appelle que rarement. Surtout que je la vois ce soir, pour le réveillon. Je tapote la cuisse de Louis pour qu'il se lève, et décroche en allant m'isoler dans ma chambre.
-Allo ? Maman ?
-Oui, Harry... Ça va ?
-Oui oui, tout va bien... Il se passe quelque chose ?
-Hum... Ecoute, c'est un peu délicat... Ton père m'a appelé.
Je perds tout de suite mon sourire.
-Quoi ?! Mon père ?!
Je suis sans voix, mais je me reprends bien vite, inquiet.
-Qu'est ce qu'il voulait ?!
-C'est, euh... C'est peut-être pas une bonne idée de te le dire par téléphone, elle soupire. Il voulait... Il voulait de l'argent.
-Nan mais c'est une blague... Il a quand même pas osé ? J'y crois pas...
-J'ai... J'ai halluciné, moi aussi. T'inquiète pas, je l'ai bien recalé comme il faut.
-La moindre des choses. Tu sais où il est ?
-Harry... S'il te plaît... Ne commence pas.
-Non mais tu rigoles ! C'est moi qui doit rester calme ?! On était sensé plus jamais entendre parler de lui ! Surtout maintenant ! Je... je comprends pas...
-Je sais, Harry...
-Alors ? Tu sais où il est ?
-Non, comment veux tu que je le sache ?
-Je sais pas, il aurait pu te le dire...
-J'ai raccroché le plus vite possible. J'allais pas commencer à discuter non plus...
-Bébé ? Tu viens, on va manger le gâteau ?
Je lève la tête vers mon petit-ami. D'un signe de tête, je lui assure que j'arrive.
-Ecoute, maman, je suis avec Louis, là... On en parle tout à l'heure, d'accord ?
-Bien sûr, mon chéri. À ce soir. Je t'embrasse.
-Bisous.
Je raccroche et retourne à la fête. Faut que j'oublie ça, pendant quelques heures. Je ne serai pas celui qui gâchera l'anniversaire de Louis.
[...]
Je m'étire sur le pas de la porte en attendant que ma mère vienne m'ouvrir. Il faut croire que ces deux heures de routes ont été éprouvantes.
-Salut maman, je lui fais la bise quand elle ouvre la porte.
-Bonjour mon chéri. Tu en as mis du temps.. Tout va bien ?
Je rentre dans la maison de ma mère.
-Y avait des bouchons.
Elle hoche la tête et j'enlève mes chaussures.
-Comment tu gères ? je dis en enlevant mon manteau.
-Je suis un peu... secouée.
Je fais un signe de tête compréhensif.
-Gemma est arrivée ?
-Oui, ce matin. Elle est en haut.
-Elle dort ?
-Je sais pas...
-Gemmaaa ?! je gueule, pour voir si j'obtiens une réponse.
J'hausse les épaules en regardant ma mère, et nous finissons par nous asseoir sur le canapé. Confortable, calé dans les coussins, je tapote l'accoudoir.
-Bah didons, t'es bien installé ici. Y a quasiment plus de cartons, dis-je en observant les alentours, où traîne encore quelques paquets.
-Oui, j'ai défait les derniers trucs ce week-end.
Ma mère vient d'emménager dans un quatre-pièces à Nanterre. Je suis content qu'elle soit partie de l'ancienne maison. Elle persistait à croire qu'elle avait vécu beaucoup de souvenirs incroyables là bas - l'enfance de ses deux enfants, entre autre - qui l'attachait trop à cet endroit. Mais un jour, elle est partie. Parce que, même si elle ne l'admettraient jamais, les "souvenirs incroyables" ont fini par ne plus suffire.
-Harry !
Une voix féminine nous parvient des escaliers, et je souris quand je reconnais l'élégant éléphant qui descend. Gemma s'approche et me fait la bise depuis derrière le canapé.
-Ouh. Ah oui, maman m'avait dit que tu t'étais fais tabassé, dit-elle en prenant mon menton. C'est pas jolie-jolie.
J'acquiesce d'un mouvement de tête, d'accord avec elle.
-Sinon, ça va toi ? je lui demande.
-Ouais, on peut dire ça, elle répond en se mettant à côté de moi.
Un léger silence s'ensuit, rythmé par le tic tac de l'horloge, avant d'être coupé par Gemma.
-Bon. Je vous propose qu'on en parle une bonne fois pour toute, et qu'ensuite on passe un bon réveillon en famille.
Au moins, on est tous d'accord.
-Alors... Hurm, il voulait quoi ? je regarde ma mère.
Elle soupire.
-Je vous l'ai déjà dit. Il voulait de l'argent. Il a dit qu'il traversait une... une mauvaise période, un truc comme ça. Comme c'est étonnant. Il n'a même pas cherché à prendre de mes nouvelles, ou à demander ce que vous deveniez. Rien. Il voulait juste son fric, elle pouffe.
-Quel connard, hallucine Gemma.
Je secoue la tête sous l'incrédulité. C'est dingue. J'arrive pas à croire qu'il ai eu ce culot là. Il pouvait pas rester dans son coin, comme ces dernières années, tiens. Ça aurait été trop facile.
-Alors tu veux faire quoi ? je prends la parole.
-Pff, qu'est ce qui aurait à faire hein ? Je vais... Je vais l'ignorer ? Et s'il me rappelle, il verra ça avec la police.
-Mais tu n'as pas peur qu'il vienne directement à toi ? Il sait où tu habites ? Tu es sûre de n'avoir aucune idée d'où il se trouve ??
Ça y est, je sens que je commence à m'énerver.
-Je... J'en sais rien, Harry... Elle met sa tête dans ses mains. Cette histoire me prend la tête. Elle se reprend, réouvre ses paupières. Mais de tout façon, je veux pas que tu t'en approche. Tu as déjà assez eu affaire à lui, et lui à toi. Je veux pas qu'il t'arrive quelque chose. Je ne réagis pas. Non, non Harry, je te connais. Tu n'essaies pas de le retrouver.
-C'est à moi que tu demandes de rester calme maman ?
Sa langue fait un bruit d'agacement et elle expire brutalement. Elle s'énerve :
-Harry ! J'en ai marre maintenant ! Tu veux vraiment qu'on parle de ce qu'il s'est passé !? De pourquoi je refuse de te laisser le voir ?
-Justement ! Pas question qu'on le laisse encore rentrer dans nos vies !
-Parce qu'aller frontalement le voir ça serait la solution !?
-Parce que l'ignorer et prendre le risque de le voir débarquer sur le paillasson ÇA serait la solution ??
-Tu m'énerve.
-TU M'ENERVE !!
Je me lève, hors de moi. J'essaie de ne pas exploser, je sens mes doigts s'agripper à mon jean et tressaillir sous l'impulsion.
-Je vais prendre l'air.
Le parquet craque sous mes pas énervés pendant que je me dirige vers la porte. Je passe prendre mon mentaux histoire de ne pas crever de froid et sors de l'immeuble.
Une fois en bas, j'allume une cigarette, sortie du paquet qui traînait au fond de ma poche. Je m'adosse à l'immeuble et ferme les yeux en attendant que la cigarette fasse son effet. Depuis tout à l'heure, les souvenirs ne cessent de déferler par vagues dans mon esprit, en rappel amère de mon passé. J'aimerai tellement m'en débarrasser... Peut-être qu'il faudrait que j'en parle. Ouais, je crois que j'ai envie de confier cette partie de moi à quelqu'un. Et si je le disais à Louis ? Non, je ne veux pas qu'il sache ce que j'ai traversé. En parler, oui, mais pas à lui. Il n'a pas besoin de savoir, et puis ça changerai trop de choses. Mais je ne vois pas à qui d'autres je pourrais me confier... Parce que maintenant j'en suis sûr : je ne veux pas connaître la personne, ça posera moins de problème. L'idéal serait... un inconnu. Comme genre... un professionnel ? Je devrai aller voir un psy ? Est ce que j'en ai envie ? Je pense que j'ai réellement des choses à dire. Hum, j'y réfléchirais. Ça peut être une bonne idée.
Je tire une dernière taf de ma cigarette et remonte chez ma mère, beaucoup plus calme. Rester un peu seul avec mes pensées m'a fait du bien.
Quand je me retrouve à nouveau devant ma famille, je suis décidé à passer une bonne soirée.
-Je ne veux plus qu'on en parle, je lance. Pas ce soir.
Elles hochent la tête, dubitatives mais compréhensives.
-Comme tu veux.
On trouve rapidement un autre sujet de conversation. Les sourires reviennent, l'atmosphère se détend. Bientôt, on passe à table et on passe un bon moment.
Finalement, on conclu notre soirée au milieu des épaves des papiers cadeaux. La bonne ambiance me ferait, pour une fois, croire à la magie de Noël.
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