Chapter 12 : First Insticts

La vie est une pute.

J'avais accepté ! Bon sang, je m'étais résigné à laisser tout le désespoir derrière moi et d'aller de l'avant ! Et voilà que la source de mon désespoir venait de débarquer sur mon porche en implorant mon aide avant de s'évanouir ! La vie est une pute.

Je me lançai tout de suite vers Yuuri, inquiet de ce qui venait de lui arriver. Je me calmai cependant quand je senti son souffle rauque sur le dos de ma main. Je relâchais ma respiration, un peu moins inquiet : il dormait.

Je me rapprochais encore un peu vers lui, m'accroupissant à son niveau. Alors que je tendais les bars pour tenter le relever, j'eu une hésitation. Et s'il n'était qu'une illusion ? J'étais soudainement épris d'une grande peur qu'au moindre contact il s'envole en fumée.

Pourtant quand ma main se posa sur sa peau douce et chaude, j'eu presque envie de pleurer. Mon moment d'émotions fut de courte durée quand je commençais à remarquer une multitude de petits détails qui me paraissait étranges.

La première chose dont je m'aperçu fut la tenue que portait le jeune japonais. Un pantalon noir slim, une chemise très stylisée, un peu trop ouverte au niveau du col, les cheveux relevés en arrières à la « Eros » et ce très fin très d'eye liner que j'aurais juré être tracé par la main d'un certain jeune Thaï. Etait-il... en soirée ? En y repensant, cela avait peut-être un rapport avec la fameuse soirée dont parlait Phichit dans ses publications Instagram...

Après avoir observé pendant quelques instants la façon dont il était habillé, ce fut l'odeur atroce qui se dégageait de lui qui me monta au nez. Une sorte d'horrible brouillard de vodka, de rhum et de bière mélangé à des relents d'ordures tournait autour de lui et me fit froncer le nez. Combien de cocktails différents avait-il ingéré pour en arriver à s'écrouler ainsi devant ma porte ?

Et comment avait-il trouvé mon appartement ? Si cela se trouve, il avait juste choisi une porte au hasard mais dans ce-cas pourquoi avoir choisi celle se trouvant au 6e étage ? De plus, lorsque j'avais ouvert ma porte, j'étais quasiment certain qu'il savait que je serais derrière. Il connaissait donc mon adresse...

Chris... S'était encore un coup de ce satané Suisse... Nous allons avoir une sacrée conversation quand mon meilleur décidera enfin de me répondre...

Sortant de mes pensées, je me décidais à sortir le jeune homme de mon porche avant qu'un de mes voisins se demande ce qu'un homme soûl et inconscient faisait devant chez moi. Quittant la place confortable de ma main sur sa joue, je le soulevai délicatement et une fois en sécurité dans mes bras, fermai la porte d'un coup de pied. Marquant une pause dans mon entrée, je me demandai ce que j'étais désormais censé faire.

La santé de Yuuri n'était pas en danger, celui-ci dormait tout bonnement, donc pas besoin de l'emmener à l'hôpital. Il avait besoin de repos, voilà tout. Alors que je me dirigeais vers ma chambre pour l'installer un peu plus confortablement, mon regard accrocha la salle de bain. L'eau dans la baignoire était encore fumante et j'avais beau aimer Yuuri quel que soit son état et son physique, son odeur actuelle était vraiment... déplaisante.

Je changeai alors ma direction pour aller vers la salle de bain.

Une fois dans la salle où une douce et brume s'était élevée, j'installai le jeune japonais sur le bord de la baignoire pour me poser une question cruciale : fallait-il que je dévêtisse Yuuri ? M'autorisait-il seulement à le déshabiller ? Je me voyais mal faire quelque chose dans ce genre sans son accord mais je ne me voyais pas non plus le réveiller alors qu'il semblait si paisible désormais. Les dernières fois que j'avais eu l'occasion de le voir d'aussi près, il avait été soit extrêmement en colère soit extrêmement paniqué. C'était peut-être une mauvaise chose, mais j'étais heureux de pouvoir l'avoir auprès de moi et de moi seulement pendant quelques minutes au moins...

Finalement, je décidai de ne le déshabiller à moitié, ce qui se releva être une tâche plutôt laborieuse, et d'utiliser une éponge laissée sur le bord de la baignoire pour le nettoyer de cette horrible odeur qui lui collait à la peau.

L'opération se révéla être, ardue... Non seulement parce que plonger l'éponge dans l'eau parfumée d'une main, tout en tenant Yuuri de l'autre demandait une certaine dextérité mais aussi parce que, pour le bien être de ma santé mentale, je devais me répéter sans arrêt « ne regarde pas en bas, ne regarde pas en bas, ne regarde pas en bas ! ».

                J'avais beau me qualifier de gentleman, je n'en restais pas moins humain. Et la vue de cet homme devant moi qui renversait mon univers chaque fois que je le voyais, avait sans aucun doutes son effet. Qui pourrait réagir normalement en se trouvant face à une peau si pâle et si douce qu'elle pourrait être comparée à la plus fine des porcelaines, lorsqu'à chaque fois que je passais l'éponge sur cette peau si cruellement attirante, je pouvais sentir la délicatesse des muscles en dessous ? Comme quoi, la pole dance lui permettait vraiment de garder la forme...

                La chaleur de sa peau que je ressentais sous chacun de mes doigts enflammait quelque chose au plus profond de moi, le mouvement lent de sa poitrine se levant et s'abaissant avait quelque chose d'apaisant, comme le mouvement de poissons dans un aquarium. Plus que tout j'appréciais pouvoir observer sans limite les traits fins du jeune japonais qui semblaient si calmes, à tel point que je ne remarquais même plus le ralentissement de mes mouvements jusqu'à leur arrêt total. Mon cerveau préférait apparemment se concentrer dans la contemplation de cet homme à la beauté ensorcelante.

                Me résignant à poser l'éponge sur le rebord en marbre, je passais la main dans ses cheveux d'ébène qui était encore prisonniers du gel qui les maintenaient dans leur position ''Eros''. Il y avait quelque chose de délectable, de presque magique à voir les mèches se déloger délicatement pour venir effleurer son front. Maintenant que je prenais le temps d'étudier son visage attentivement, il me semblait plus évident que jamais qu'Eros n'avait beau être qu'une incarnation fictive d'une facette de Yuuri, cette figure de séduction faisait part entière avec lui, peut-être sans même qu'il ne le sache. Mais cette innocence avait cependant quelque chose d'attendrissant, qui réconfortait mon cœur et plaçait un sourire sur mes lèvres.

Ce sourire disparu brusquement lorsque je baissai un peu le regard, alors que mon sang se glaça dans mes veines. Je ne me trompais pas, mes yeux ne pouvaient pas me jouer un tour aussi cruel. Et pourtant lorsque je passais délicatement mes doigts sur la peau de son cou, la couleur violacée ne disparue pas comme s'il s'agissait du mirage que j'espérais tant. Au contraire, sous la pression, la marque sembla rougeoyer comme pour me défier, me narguer du fait que ce n'était pas Moi qui avait fait ce suçon sur la peau de Yuuri, qu'un étranger avait eu un tel accès à sa peau si tendrement précieuse. Une colère sourde gonfla dans ma poitrine, comme le vent hurlant qui se lève sous le ciel sombre d'une tempête prête à éclater.

                J'étais un compétiteur mondialement reconnu, la perfection était ma seule exigence et tout ce que je voulais, je l'obtenais.

Yuuri était à moi.

Les instants suivants, ce n'était plus de mon propre chef que j'agissais. Un instinct bestial avait pris le dessus sur ma personne, me forçant à répondre à la seule envie qui ébranlait mon cœur et mon corps : reprendre ce qui m'appartenait.

Ma raison était partie dans un autre univers alors que je m'approchais du jeune homme encore endormi. Cette marque injurieuse n'avait pas à être là. Si il devait être marqué, ça serait par ma personne.

Sa peau était encore plus délicieuse et voluptueuse que tout ce dont j'avais pu rêvé, son parfum encore plus exquis au contact de ma langue. Réclamant sa peau si tendre sous la pression de mes dents, cette odieuse trace rouge m'appartenait désormais.

Je ne savais pas qui était à l'origine de cette bestialité et de ce sentiment d'appartenance si profond qui m'avais épris ce soir-là, mais il allait regretter d'avoir osé penser qu'il n'était pas de mon devoir de montrer que Yuuri m'appartenait.

Me relevant enfin de ma transe animale, j'observais avec une sorte de fascination fiévreuse la nouvelle empreinte rougeoyante, encore luisante d'une fine couche de salive et comme emprisonnée par le léger relief qu'avait laissé ma morsure, maintenant violacée.

Que cette personne vienne m'affronter de face si elle souhaitait me prendre Yuuri.

***

Ce ne fut qu'à l'aube que le japonais se réveilla, allongé tranquillement dans le lit de ma chambre alors que j'avais dormi sur le canapé du salon. Encore groggy, dans le noir complet de la chambre à coucher il ne savait plus vraiment où il était. Sa tête résonnait des souvenirs de la nuit dernière : Phichit avait voulu aller à une soirée. Il se souvint des spots colorés, de Phichit lui parlant, des basses qui encore semblaient frapper ses tympans, et d'un peu d'alcool, ce qui dans le cas de Yuuri était déjà trop d'alcool. Que s'était-il passé ? Les souvenirs étaient flous, comme compressés derrière une vitre sale. Il se remémora... s'être amusé ? Mais il se rappela aussi être terrifié, et il n'avait ressenti ce genre d'angoisse qu'une seule autre fois dans sa vie. Etait-il possible que... ? Il ne savait pas où il était et ce lit était bien trop confortable pour être celui de la chambre d'hôtel qu'il partageait avec Phichit. Ses vêtements étaient aussi entièrement différents de ceux qu'il portait hier soir et une douce odeur émanait de sa peau, elle était cependant bien différente de celle habituelle.

Alors que son train de pensée était en train de se diriger vers une pente glissante, ma fabuleuse personne décida d'entrer dans ma chambre, un plateau dans les mains.

                -Bonjour Yuuri !

La façon dont il me regarda portait des sentiments tellement paradoxaux : un étrange mélange de stupéfaction et de soulagement intense.

                -V-Victor ?!

                -Comment te sens-tu ?

Je m'assis sur le bord du lit, posant le plateau sur la table de chevet. A la tête que faisait Yuuri, il y avait une chance que je me sois transformé en fantôme...

                -Victor ?!

                -Ça tu l'as déjà dit.

                -Pourquoi es-tu là ?!

                -Ça, ça serait plutôt ma question. Tu es chez moi.

                -Quoi mais...

                -Tu as frappé à ma porte hier soir, demandant... mon aide et tu t'es effondré. Je t'ai laissé dormir ici et j'ai envoyé un sms à Phichit tout à l'heure pour le prévenir.

Comment expliquer le fait qu'il avait débarqué en m'implorant de le sauver... J'essayais d'expliquer calmement, dans le but de ne pas le paniquer mais, je n'étais pas certain que cela fonctionnait...

                -Je... Je suis venu jusqu'ici ?

                -Oui, enfin c'est ce je crois ? Comment connais-tu mon adresse d'ailleurs ?

Il sembla réfléchir un moment, un mauvais mal de tête lui faisant froncer les sourcils et se passant une main dans ses cheveux noirs ébourrifés.

                -Phichit me l'a donné... Je pense, je suis plus sûr...

Je souris tendrement, il devait encore être fatigué. Je pris le verre d'eau du plateau et le lui tendis avec un petit comprimé blanc.

                -Aspirine ?

                -Je veux bien... Merci beaucoup.

Alors qu'il buvait en silence, je me rendis compte que la situation était pour le moins plutôt délicate : la dernière fois que l'on s'était parlé, Yuuri m'avait dit qu'il me haïssait et ne m'avait pas donné de nouvelles depuis... Pourtant, à cet instant précis il ne semblait pas tellement dérangé par ma présence. Etrange.

Il finit de boire l'eau claire du verre et me le tendit :

                -Merci.

Encore du silence alors que je reposais le verre sur le plateau. Intérieurement je pris mon courage à deux mains : mon inquiétude m'avait coûté un mois de ma vie mais m'avais aussi permis de mieux me comprendre. Mais ce n'étais pas assez.

                -Tu veux bien m'expliquer maintenant ?

                -Pardon ?

                -Voudrais-tu bien me dire ce qu'il s'est passé ? Pas seulement hier soir, mais aussi ce qu'il t'ait arrivé il y a un mois ? Je veux bien accepter d'être blâmé si j'ai fait quelque chose de mal, mais pourquoi m'avoir juste repoussé ainsi ?

Au fur et à mesure que je parlais, je le vis baisser la tête et se mordre la lèvre : apparemment, je n'étais effectivement pas entièrement fautif dans toute cette histoire.

                -Ecoute... Tu ne t'en rends peut-être pas compte mais je t'apprécie Yuuri. Et la dernière chose que je voudrais c'est qu'on se sépare ainsi sur de mauvais termes... S'il te plait explique moi.

Ces dernières paroles sonnaient comme une prière, mais je souhaitais sincèrement, plus que tout au monde, comprendre. Je désirais, d'une manière inouï pour moi, qu'il me laisse entrer dans son cœur.

Prenant une inspiration discrète, il me dit :

                -D'accord. Je te le dois bien. Par contre je dois remonter un peu plus loin...

                -Comment ça ?

                -Si tu veux pouvoir comprendre... Je dois te dire ce qu'il s'est passer... Il y a... 6 ans.

***

Hey hey hey ! Devinez qui en revenant de la Japan Expo s'est dit qu'elle avait complètement oublié de poster la chapitre de sa fanfiction ? C'est moi !
(Encore désolée !)

C'est incroyable que cette histoire approche des 4k vues ! Merci merci et encore merci !

Pour ce chapitre je comptais vraiment commencer à développer le passé de Yuuri... avant de me rendre compte que le chapitre était beaaaaauuucoup trop long et qu'il fallait que je le coupe en deux (OvO) oupsi ?
Au moins j'ai donné un nouveau repère temporel ^^ (j'adore faire des timelines (˃̵ᴗ˂̵) )

Bref dans le prochain chapitre, je vous le promet solennellement, vous aurez le passé de Yuuri !!
-Ah bah c'est pas trop tôt !-
(-; )

Sur ceux, j'espère que ce chapitre vous a plus, pensez à commenter quoi qu'il vous passe par la tête, après tout, ici est une zone d'expression libre !

Bonne Vacances à tous !

-Avyene Out-

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