Chapitre six
Il était minuit. Je ne dormais toujours pas. Les paroles de ChanYeol tournaient et tournaient dans ma tête, comme si je le voyais me les prononcer. Cela n'avait aucun sens, ChanYeol ne pouvait dire de telles choses. Mais si ce qu'il dit est vrai, alors je peux être complice de meurtre comme je suis au courant ! Et si ChanYeol parvient à ses fins, qu'il est arrêté, on m'interrogera. ET JE SAIS PAS MENTIR, BORDEL ! Alors soit je commence à savoir mentir en gardant mon calme, en maîtrisant les battements de mon coeur comme dans les films, soit je cours prévenir SeHun. Mais je le connais pas, et je sais pas si c'est sérieux. De toute façon, il ne me croirait même pas.
A force de cogiter, il était maintenant plus d'une heure du matin. Je pestai en me levant puis allai me servir un verre d'eau fraîche. Prendre une décision dans ce genre de situation relevait d'une force incroyable, la vie d'une personne était en jeu, merde ! Qu'est-ce que je fous ? Tant pis. Je fonce.
Je me souvenais que SeHun était allé dans ce bar aux néons criards, dans le quartier Est de la vile. Je sautai dans mes baskets et mis un bomber foncé, histoire de passer discrétos. Même si je ne l'avais vu qu'une fois entrer dans ce bar, peut-être trouverai-je des infos sur lui.
Quand j'arrivais face à la devanture du bar, ma respiration s'accéléra. Les trois quarts de la clientèle était des hommes, de surcroit barbu et tatoué. Le genre d'hommes avec qui il ne faut pas se frotter. Je pris mon courage à deux mains et entrai tout de même. Certains regards restèrent bloqués sur moi, je bougeai immédiatement pour ne pas avoir l'air d'une cruche. Je m'assis au bar.
-Je te sers quoi mon chou, un verre de lait ?
-Fermez bien votre gueule et servez-moi un jagger bomb putain.
C'était sorti tout seul. Les clients assis au bar comme moi écarquillèrent leurs yeux avant d'éclater de rire. Ca y est, j'allais me faire défoncer. L'un d'eux se rapprocha de moi puis donna une grosse claque viril dans mon dos, me faisant tousser un bon coup.
-Sers-là bien, mon gars, c'est moi qui régale. Dis-donc, on t'a jamais vu ici, qu'est-ce que tu cherches ?
-La paix, alors laisse-moi tranquille.
-Tout doux, ma jolie. Je ne suis pas un mauvais type.
-Et qu'est-ce qui me fait croire que tu ne vas pas me faire boire une saloperie pour abuser de moi après ?
Il s'étoqua avec le contenu de son verre qu'il venait d'avaler. Le barman s'approcha, claqua mon verre devant moi et me fixa droit dans les yeux.
-On insulte pas le patron, s'il te plaît. Alors un peu de respect.
-Ca va, Billy, ça va. C'est justifié ce qu'elle dit, vu la clientèle qu'on a la nuit.
Billy me lança un regard noir avant d'aller servir un client plus loin.
-Je suis désolée, lâchai-je.
-C'est rien. Alors, t'es pas venue juste pour boire une boisson ici, je me trompe ? Tu dois être étudiante, voire une petite employée dans le coin qui a fini son service.
-Je suis étudiante.
-Tu cherches à noyer un chagrin ?
-Non, je cherche quelqu'un.
-Qui ça ?
-Il s'appelle SeHun, je l'ai vu entrer ici un jour.
-Oh, tu cherches ce qu'on appelle "ton crush" ?
Je le fixai un moment. Il portait un bandeau noir à tête de mort au-dessus de ses cheveux gris, sa barbe de la même couleur ondulait sur un blouson de vieux cuir. Ses yeux brillaient d'une malice, un peu comme un regard d'enfants farceur. En gros, il n'avait pas l'air bien méchant. Mais avec ce que j'avais entendu de la bouche de ChanYeol, je me méfiais de tout.
-Je le recherche par que quelqu'un en veut à sa vie.
-Pourquoi ça ? Il ne ferait de mal à personne. Il règle quelques comptes à droite à gauche, mais c'est jamais bien méchant. Et comment sais-tu qu'on lui veut du mal ?
-J'ai surpris une conversation téléphonique entre le commanditaire et celui qui va faire la sale besogne. Alors j'aimerai le prévenir de se méfier.
-Hm, hm.
Il réfléchit en faisant tourner les glaçons dans son verre puis se leva. Il le prit dans les mains ainsi que le sien puis me demanda à voix basse de le suivre. On passa à l'arrière du bar puis on monta un escalier étroit. Le couloir avait une ambiance feutrée, légèrement éclairé par une lumière bleue. Le papy rockeur tapa à la troisième porte à gauche, me lançant un regard froid. Une voix à l'intérieur demanda qu'est-ce que c'était.
-Ton ange gardien est passé te prévenir que tu vas bientôt mourir, petit.
Il recula et me laissa voir à l'intérieur de la pièce. SeHun était assis à un bureau au bois massif, les pieds sur la table. Il se releva en toute hâte, surpris de me voir ici.
-Qu'est-ce que tu fous là, toi ?
-On se calme, SeHun ! Elle a un message à t'apporter. Tu devrais l'écouter calmement et la prendre au sérieux. Je sais de quoi je parle, je sais reconnaître les menteurs.
-Ca va, merci de tes leçons, Hooper. Laisse-la entrer, alors.
Hooper me fit signe d'entrer et de m'assoir dans le fauteuil en velours rouge. Il posa mon verre sur le bureau en face de moi puis s'assit sur le rebord de fenêtre derrière SeHun. C"était qui le patron, exactement ?
-Vas-y, je t'écoute.
-Heu, eh bien. J'ai surpris une conversation qui disait que...
-Où ? Quand ? Comment ?
-A l'université. Hier après-midi, juste après que tu m'as, heu... retenu avant que je ne tombe.
-Oui, passons. Et qui téléphonait pour commanditer mon exécution ?
Il était de marbre, il ne bougeait pas d'un poil. Assis bien droit sur son fauteuil de cuir, les coudes posés sur la table, les doigts croisés juste devant son visage, on aurait dit le parrain de la mafia. Ou plutôt le fils, parce qu'il était jeune.
Je baissai la tête et murmurai :
-ChanYeol.
Un silence se fit dans la pièce. Hooper se tourna vers SeHun qui ne bougeait toujours pas. Je bus une gorgée de mon verre pour faire passer ce que je venais de dire, comme si le simple fait de prononcer son prénom me dégoûtait maintenant.
-Bien. Il va falloir prendre cette nouvelle au sérieux, lâcha Hooper. Qu'est-ce qu'on fait ?
-On ne fait rien. Pour le moment. Toi, rappelle-moi ton nom ?
-Dalion.
-Bien, tu vas continuer l'air de rien à traîner avec lui et tu vas espionner le moindre fait et geste. Ca ne devrait pas être bien difficile puisque vous sortez ensemble, maintenant. Donc, tu fouilleras son téléphone et sa boîte mail.
-Pourquoi je ferais une chose pareille ?
-Tu veux être complice du meurtre que ton petit ami a si gentiment commandé, avoir la mort sur ta conscience, ou tu veux intervenir et on n'en parle plus ?
Je baissai à nouveau la tête.
-Je veux simplement surveiller ce qu'il essaie de faire, je le coincerai un moment ou à un autre. Mais je ne le blesserai pas, ce n'est pas mon genre. Il y en a qui ont tellement la rage qui sont prêts à tuer mais ce n'est pas le cas avec moi.
-Je te l'avais dit, ma jolie, me dit Hooper en me faisant un clin d'oeil.
-Au pire des cas je lui arracherai un ongle. Ou deux.
J'ouvrai grands les yeux, horrifiée.
-Ca va, j'déconne ! Si on peut même plus rire. C'est pas comme si j'avais proposé de le plonger dans de l'acide citrique.
-SeHun, finis les blagues, on passe à l'action. Quant à cette petite, tu la couvres ou pas ?
Il se leva et se mit face à la fenêtre, observant les allers et venues dans la rue cette nuit.
-Elle n'a pas besoin de couverture. C'est la petite amie de ChanYeol, on ne peut trouver mieux.
-Est-ce que vous pouvez m'expliquer tout votre bordel ? On dirait que vous cibler mon copain pour quelque chose de précis et antérieur, pas pour ce que je viens de vous balancer !
-Balancer est le juste mot, tu viens de vendre ton cher et tendre petit copain, me sourit SeHun. Nous t'en remercions et te dédommagerons à la hauteur de ton travail. Enfin, si tu acceptes de le remplir.
Dans quoi je me suis embarquée ?
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