Chapitre onze

Le lendemain, nous étions lundi, nous reprenons la semaine par les cours. ChanYeol me tenait la main, il avait revêtu son image de bourreaux des coeurs en souriant à la plupart des filles de l'université. Je baissai la tête, dégoûté maintenant par son comportement qui auparavant m'amusait. J'entrai en première dans la salle de classe, ChanYeol tardant à saluer tous ses potes dans le couloir. Qu'est-ce qui me dit qu'ils ne sont pas de son gang, eux ? Ou bien ne connaissent-ils que le bon côté de leur ami populaire ? Peu importe, je n'en avais plus rien à foutre.

Alors que je discutais du nouveau drama sorti avec une camarade, la professeur fit son entrée avec la mine grave.

-Asseyez-vous, je ne veux plus rien entendre. J'ai quelque chose de grave à vous annoncer.

Le silence s'installa dans la salle, sentant la gravité arriver.

-La police va faire une descente dans notre établissement. Des agents ont remarqué des activités illégales aux abords de notre université et soupçonnent des étudiants de trafic ou simplement, si j'ose dire, de consommation. Tout le monde sera fouillé et interrogé s'ils n'ont pas surpris une conversation ou un acte de trafic de drogues. Nous vous demandons de coopérer, cela va de votre devoir de citoyen et d'étudiant. Nous faisons en sorte que chaque étudiant passe son année universitaire dans les meilleures conditions qu'elles soient. Veuilez les respecter. Je vous remercie.

Elle nous informa que la police n'a pas donné d'horaire pour ne pas compromettre leur opération. Je risquai un coup d'oeil vers ChanYeol. Il restait de marbre, comme s'il n'avait rien à se reprocher. Je savais bien qu'il n'avait rien sur lui, et vu sa gueule d'ange on ne l'interrogerait pas. En revanche, je remarquais que d'autres personnes discutaient avec une tension palpable. Peut-être l'un d'eux avait un sachet voire deux dans leur sac. Il va y avoir un certain balet aujourd'hui jusqu'aux toilettes, fille ou garçon. La drogue va disparaître par la chasse d'eau, c'est certain.

Manque de bol, la police était déjà là et bouclait les toilettes. Ils étaient en civil, personne n'avait donc prêté attention ce matin en arrivant à l'université. Même si je n'avais rien à me reprocher directement, je n'étais quand même pas tranquille. Mon coeur battait vite, à déraison, je ne pouvais le retenir.

-Tiens-toi tranquille, on voit que tu as quelque chose à te reprocher.

ChanYeol me faisait un câlin dans le dos pour me murmurer ces mots à l'oreille. Il me soufflait quelques conseils, comme respirer calmement pour reprendre un rythme normal qu'il inspectait rien qu'en me tenant la main, l'index sur mon pouls. Je réussis à me contenir quelque peu, puis la police passa dans les rangs de notre classe. Ils inspectèrent nos pupilles à la lampe torche de poche, nos comportements, etc. Certains furent demandés à voir en privé, d'autres se dandinaient d'un pied sur l'autre. Ils avaient clairement quelque chose à se reprocher. J'espérais juste que les balances de la classe la ferment, on ne savait quelle connerie pouvait sortir de la bouche de quelqu'un qui flippait.

Quand la police eut fini de faire son petit tour à la con, les professeurs demandèrent à tout le monde de rentrer en classe. L'opération avait durer une heure. Je restais immobile dans le couloir, réfléchissant profondément. J'étais devenue quelque chose d'autre en quelques jours. Mon attention fut attirée par une présence à quelques mètres de moi. Je tournai la tête : SeHun me fixait, la tête penchée vers moi, le corps face à la porte de sa classe. Il me sourit puis rentra. Je souris également et fis de même.

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J'étais à présent assise au réfectoire, tout le monde ne parlait que de ça. La descente de la police avait réussi à secouer les consciences puisqu'une trentaine d'étudiants sur les mille de l'université furent arrêtés et emmener au poste. Les parents furent prévenus, malgré la majorité de certains d'entre eux (sûrement pour leur foutre la honte), et des amendes furent distribuées. Je mangeais tranquillement mon assiette de pâtes quand ChanYeol s'assit en face de moi.

-On ne m'attend plus, maintenant ?

-T'es parti comme un voleur en sortant du cours, c'est toi qui ne m'as pas attendu.

-Oui, soit. J'étais parti vérifier une de mes réserves.

-Comment ça ?

-Il y en a une en-dessous de nous.

-Quoi ?

-Chuuut, ferme-la ! J'ai planqué quelques kilos dans les sous-sols de l'université mais ils ont été saisi. Je me demande si ce n'est pas le point de départ de l'enquête des flics.

-Peut-être bien. Un professeur a dû surprendre un étudiant aller se servir pour aller en vendre plus loin.

-Il n'y a pas d'étudiants qui font parti de mon gang, à part toi et moi.

-Ah, je pensais que tes potes en faisaient partis.

-Non, ils ne savent rien.

-Comme moi il y a quelques jours.

Deuxième remarque, en plein dans le mille.

-T'as quelque chose contre moi, Dalion ?

-Comment veux-tu que je prenne le fait que tu m'aies menti à ton sujet et tes activités en-dehors de notre petite vie scolaire ? Bien ou mal ?

-Ca va, excuse-moi. C'était pour te protéger que je n'ai rien dit. On peut te faire du mal si tu en sais trop.

-De qui ?

-Du gang adverse, ou d'autres gangs. Même s'ils sont sans importance, ils peuvent tenter une connerie.

Je jouais avec mes pâtes du bout de la fourchette. Mes pensées étaient ailleurs. ChanYeol qui avait toujours un fort appétit n'eut pas beaucoup de mal à finir son assiette et ensuite la mienne. Nous sortions ensuite de la cantine pour aller profiter du beau temps dehors, dans la cour entourée des bâtiments de l'université. ChanYeol me prit la main puis m'emmena m'assoir sur un banc.

-Dalion, est-ce qu'on peut parler sérieusement ?

-Oui, qu'est-ce qu'il y a ?

-J'ai l'impression que quelque chose ne va pas. Tu n'es plus comme avant. J'ai l'impression tu t'es éloigné de moi. J'ai fait quelque chose de mal ?

Tu as tué quelqu'un. Tu veux tuer une autre personne. Jamais deux sans trois, tu continueras à un moment ou à un autre. Tu trafiques, tu consommes, tu joues un double rôle, tu me mens.

-Non, tout va bien. Pourquoi tu dis ça ?

-Parce que je le sens, Dalion.

-Ecoute, ChanYeol, j'ai besoin de temps. Comprends-moi aussi, c'est dur à avaler de se faire une toute autre image que l'on s'est faite de son meilleur ami. De son petit ami, maintenant.

-Tu te sens trahie ?

-N-non, enfin... un peu.

-Tu veux qu'on arrête ?

Ses yeux étaient dans le vide. Je ne savais même plus quoi répondre. Je voulus lui prendre la main mais il la retira et se leva.

-Tu es à moi, Dalion. A personne d'autre. Que tu le veuilles ou non, on continuera ensemble. En plus tu as voulu me rejoindre dans le gang, c'est à la vie à la mort. Réfléchis bien, j'espère que tu te rendras compte de l'importance de ce choix. A plus.

C'est ainsi qu'il me laissa seule, en pleine réflexion, en proie à la tristesse la plus intense. C'est comme ça qu'on soutient sa copine ? Qu'on l'aide à y voir plus clair ? Qu'on essaie de la reconquérir si on sent qu'elle s'éloigne ? Je pestai contre lui pendant un moment avant que mon portable ne sonne.

"WC homme rdc"

Le message venait de SeHun, il voulait sûrement me voir. Je partis en shootant sur tous les cailloux que je trouvais sur mon passage. Quand j'arrivais devant les toilettes, je me mis face au mur et l'appelai.

-Da... Dalion. V-viens.

Prise de panique, j'ouvris la porte en la claquant. SeHun gisait au sol, une tâche de sang colorait sa chemise blanche au niveau du ventre.

-Oh mon dieu, oh mon dieu, oh mon dieu.

-Ne crie... pas. Appelle Hooper. Aide-moi... à me lever.

Je l'aidai à se relever tout en cherchant Hooper dans mes contacts. Je lui expliquais brièvement la situation, il raccrocha avant même de tout entendre. SeHun s'assit sur le rebord de l'évier et me demanda de tout nettoyer avant quelqu'un arrive. Je tirai un kilomètre de papier toilette pour nettoyer le sol puis jetais au fond de la poubelle en le recouvrant d'autres papiers. Je repris SeHun puis nous sortîmes de l'université par la porte de secours à l'arrière. Hooper nous attendait, il prit la relève en allongeant SeHun sur la banquette arrière. Je montai à l'avant puis Hooper fonça droit vers l'hôpital le plus proche.


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