Chapitre huit

Cela faisait à présent dix minutes que je changeais de métro et j'avais remarqué un homme au blouson noir et au pantalon déchiré. Maintenant, il n'y avait plus qu'à le semer. Je sortis du métro en me mêlant à la foule, intégrant le troupeau de zombies partant travailler. Dans les miroirs ou les reflets des vitres, je surveillais sa progression derrière moi. Je débouchai dehors quelques minutes plus tard, réfléchissant vite et bien. Je n'avais pas le droit à l'erreur, qui sait ce qu'il adviendra de moi.

Soudain je me rappelais d'une chose. Et si ChanYeol avait mis un traceur sur mon téléphone ? Je le fixais, pauvre engin calé dans ma main. Pour ne pas prendre de risque, je décidais de l'éteindre. Je courus en direction du centre commercial non loin d'ici, puis allais me foutre dans les toilettes le temps de réfléchir sans être surveillée. Il n'y a qu'une issue possible, sauf si je passe par la fenêtre, ce qui est faisable. Je l'ouvrai en grand et me glissai dehors, sous le regard médusée d'une petite fille qui se lavait les mains. Je tombai dans des graviers, à l'arrière du centre commercial. C'était un terrain vague, avec d'anciennes voies ferrées. Je courus le long des palissades qui cachaient ce cadre délabré, caché aux yeux des capitalistes qui vendaient ou faisaient leurs courses.

Je ne devais pas être bien loin du bar, tout était une question de mètres. Je suivais la rue du bar en latéral, dans une rue parallèle. Je tournais dans une petite ruelle quand une main se colla sur ma bouche en me plaquant contre le mur. Prise de panique, je commençais à me débattre en gémissant.

-Tais-toi, c'est moi, Hooper !

-Putain mais tu m'as fait peur !

-Je te suis depuis le centre commercial mais tu as disparu, t'es passée par où ?

-Pourquoi tu me suivais ?

-Je t'ai vu, c'est tout. Les membres de notre gang sont postés un peu partout dans le quartier pour signaler toute activité suspecte et j'étais au centre commercial à ce moment-là. Maintenant, explique-moi où t'es passée !

-Par la fenêtre, pourquoi tu veux l'savoir ?

-C'est important pour savoir si tu as été suivie. Ils sont partout ces cons-là.

-J'ai vu quelqu'un me suivre depuis que j'ai quitté mon appartement. Je l'ai semé quand je suis rentrée dans les toilettes des filles, parce que je suis passée par la fenêtre.

Il sourit, un air de fierté affiché sur le visage. Je pourrais être sa petite fille, quand on y pense.

-Comment sais-tu qu'il te suit depuis chez toi ?

-J'ai pris le métro encore et encore, pendant dix-quinze minutes environ, et j'ai examiné chaque passager qui descendait et montait en même temps que moi.

-Bah putain, même moi je n'y aurais pas pensé.

-Eh, lâchai-je en lançant mes cheveux en arrière, en famous diva que j'étais.

-Bon, trêve de bavardage, allons rejoindre SeHun.

Hooper monta une échelle en fer fixée au mur, pas très stable. M'enfin, si lui arrivait à monter sans la secouer, c'est que je pouvais le faire. Il grimpa jusqu'à arriver à hauteur de la palissade qui cachait les voies ferrées. Il sauta par au-dessus et me fit signe de le rejoindre. J'avais pas trop confiante malgré qu'il me tendait la main mais il fallait bien passé par-là. Je sautai, réceptionnant mon corps un peu maladroitement sur mes deux jambes qui flageolèrent. Quand je retrouvais mon équilibre, je fis signe à Hooper que l'on pouvait y aller. Je le suivis le long de la palissade pour éviter d'être vus par la rue. On arriva derrière un bâtiment à briques rouges, ce devait être l'arrière du bar. Un petit escabeau était installé là, comme s'il servait beaucoup. Il me fit signe d'entrer en premier, ce que je fis. J'atterris dans une arrière-cour, puis j'attendis que Hooper descende pour m'indiquer le chemin à prendre. Ce fut la porte de droite.

-La porte de gauche mène à la réserve du bar. Si tu rentres par le bar et que tu cherches à nous voir sans être suivie, il suffit d'aller aux toilettes et prendre la porte "hors-service", d'accord ? Ca peut servir.

J'hochai la tête et le suivis à l'étage. Je retrouvai l'ambiance feutrée de la dernière fois, comme si la lumière du soleil pouvait brûler les personnes qui vivaient ici. SeHun sortit d'une pièce torse nu, simplement vêtu d'un short. Je détournai la tête, ce qui fit rire Hooper.

-T'as jamais vu des abdos ou quoi ? Je vais mettre un t-shirt si ça t'embête.

Je suivis Hooper dans la pièce où nous nous étions retrouvés à trois la dernière fois, SeHun fit son entrée dans un habillage plus adapté.

-On n'est pas au club Med ici, je t'ai apporté du neuf.

-Depuis quand on me fait des remarques, Dalion ?

-Je ne te dois rien, je ne fais même pas partie de ton gang. Alors je dis et fais ce que je veux.

Il ouvrit sa bouche en levant son doigt puis se ravisa. Il fronça les sourcils puis s'approcha de moi.

-Est-ce que ça va ?

-Je, j'ai juste un peu de fièvre.

-Qu'est-ce qui s'est passé depuis hier ? Tu reviens déjà toute courante venir me voir.

Je lui expliquais comment j'étais rentrée hier, ce que j'avais fait, puis la matinée que j'avais passé. Il était à présent 13h37 vu la pendule numérique suspendue au mur. Je transpirai et ma respiration était saccadée à cause de la température. Hooper me rapporta de l'aspirine et me fit allonger sur le canapé contre le mur. SeHun prit son fauteuil et le retourna vers moi en tâtant mon front, l'air sévère.

-Repose-toi un moment, nous on va établir un plan.

-SeHun.

-Oui ?

-Tiens, mon téléphone. Je l'ai éteint, de peur qu'il y ait un traceur.

-On s'en occupe. Tu n'as rien sur toi que ChanYeol t'ait offert ? Un collier, un bracelet, n'importe quoi.

-Non, je suis partie comme ça, juste mon téléphone.

-D'accord. Repose-toi, maintenant.

Alors qu'il se levait, ma vision fut de plus en plus floue. La lumière du bureau vacillait dans mon champ de vision, le visage de SeHun tourné vers moi, alors qu'il quittait la pièce, ne fut bientôt qu'un lointain souvenir.

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Depuis combien de temps je dormais, je l'ignorais. Mais une chose était sûre, j'étais remise à bloc. Est-ce vraiment de l'aspirine que j'ai pris toute à l'heure ? On devait se méfier de tout quand on était dans un bar peuplé de gente masculine. Surtout quand on était seule, et une fille de surcroît.

-Bien dormi, princesse ?

SeHun me tendit un sachet, je l'ouvrai. Je relevai les yeux vers lui, étonnée.

-Depuis quand le couvert est offert par la maison ?

-Je te dois bien ça, allez bouffe.

-Tu ne manges pas ?

-Non, j'ai déjà mangé. Il est 20h passé.

-J'ai dormi tout ce temps ?!

-Ouaip. Et tu ronflais.

-Même pas vrai, je ronfle pas, d'abord !

Il éclata de rire, ma grimace devait bien le faire rire. Imaginez un petit minois face à une tête de gang comme lui. Dérisoire. J'attaquai le burger et les frites si généreusement offert par mon hôte.

-Ton téléphone contenait bien un traceur. Un de mes gars qui s'y connait en informatique a réussi à retracer le signal, et le détenteur se trouve chez toi.

-Comment sais-tu où j'habite ?

-Je surveille mes sources.

Il releva le regard vers moi, alors qu'il faisait tinter les glaçons dans son verre.

-Que comptes-tu faire ?

-On va d'abord négocier. S'il se montre réticent, alors je serais obligé de passer au niveau supérieur.

-C'est-à-dire ?

Il laissa place à un silence un moment, buvant tranquillement son verre d'alcool, le laissant descendre le long de sa gorge. Sa pomme d'Adam montait et descendait quand il buv-... qu'est-ce que je dis là encore, je m'égare.

-Je sais où se situent les dépôts de drogues qu'il fourre un peu partout dans la ville, j'ai une taupe infiltrée dans son gang. Il n'est pas indestructible et inatteignable comme il le laisse entendre. J'ai l'idée de tout faire péter à la minute où il lèvera sa main sur mes hommes ou moi-même.

-Qu'est-ce que tu veux négocier ?

-La paix.

Je ris bien fort, n'hésitant pas à mettre une pointe de moquerie. SeHun resta de marbre, inébranlable, sûr de lui.

-Il n'y a que dans les films que tout se finit bien. Tu ne pourras pas négocier la paix comme ça d'un claquement de doigts.

-Alors exprime-toi, tu as une meilleure idée ?

-Il faut l'affaiblir à partir de la racine. Si plus rien ne subsiste de ses ressources, il sera bien obligé de se rendre ou de faire profil bas. Toute la richesse de son gang ne vient pas de lui, c'est l'ancien boss qui a prospéré leur petit commerce illégal. Il ne fait que profiter de ce qui est déjà établi, il n'a juste qu'à tendre la main. Rien ne lui revient de droit, c'est juste un profiteur.

SeHun releva un sourcil, surpris de mes paroles. J'étais en train de dénigrer ChanYeol mais à ce stade, je n'en avais plus rien à foutre. Je finis mon dîner puis m'assis nonchalamment dans le fauteuil en velours face à SeHun.

-Montre-moi tout ce qui lui appartient et je m'en occuperai.

Il ne dit rien. Un sourire se dessina lentement sur son visage, puis il tendit le poing vers moi. Je présentai le mien pour faire un check.

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