Chapitre 4
Yuma se leva doucement, méfiant. Il savait qu'il n'était pas le seul dans son cas. Parfois aux informations, un flash les informait qu'un « anormal » avait été tué, ou été en prison... Alors il savait qu'il n'était pas seul. Mais il n'en avait jamais rencontré d'autre.
-Hey, on ne te veut pas de mal.
C'était la même voix, mais cette fois-ci, la bouche avait bougé. C'était le plus petit des deux qui venait de parler. Yuma le dévisagea un instant. Il était brun, les yeux marrons. Banal. Un look passa partout. L'autre avait des cheveux blancs et des yeux bleus très pâle. Yuma se demanda un instant s'il était aussi comme lui. Puis le brun tendit une main vers lui. Yuma partit au quart de tour. Ses yeux brillèrent et il lança sa main, griffant une bonne partie de l'épaule du brun. Il le poussa et s'enfuit en courant. Graham attrapa Karim avant qu'il ne heurte le mur et jeta un œil à sa blessure.
-Attrape le.
Le blanc hocha la tête et se lança à la poursuite du jeune homme. Celui-ci n'était pas allé bien loin car en sortant de la ruelle il avait bousculé un policier. L'homme avait d'abord regardé ce gamin impoli puis avait aperçu Karim, et surtout le sang qui sortait de sa blessure. Il attrapa immédiatement Yuma et le maintiens fermement contre le mur. Le jeune s'était calmé quand il avait compris à qui il avait affaire. Le collègue de celui qui le maintenait s'occupait des deux autres. Avant qu'il ne réalise pleinement ce qui venait de lui arriver, Yuma se retrouva assis dans une salle d'interrogatoire, seul. Il fixait la vitre sans teint dans laquelle il pouvait voir son propre reflet. Ses yeux étaient cernés de noir. Il avait passé ces deux dernières nuits sans dormir et son visage lui faisait payer. Quand ils avaient été emmenés au poste tous les trois, Yuma avait été pris de remords en voyant le petit brun qu'il avait blessé. Ce type avait juste voulut l'aider et Yuma avait paniqué comme un gamin. Il ne voulait toutefois pas s'excuser. Et surtout, il ne voulait pas de leur pitié. Même si pour l'instant, il ne savait toujours pas où aller. Il savait qu'il ne pourrait pas rester dans la rue toute sa vie. Ces pensées l'avaient occupées tout le temps qu'avait duré son interrogatoire, ne lui laissant pas le loisir de répondre aux policiers qui lui avaient posé des questions. Ils avaient fini par sortir de la salle en soupirant.
Dans une autre salle, trois personnes se tenaient dans le silence le plus complet. Un médecin finissait de mettre en place le bandage de Karim. Les coupures n'étaient pas profondes mais comme toutes les griffures d'animal, elles saignaient beaucoup. Karim avait été surpris sur le moment, surtout quand il avait vu ses griffes mais maintenant, il était émerveillé. Il n'avait croisé qu'un seul métamorphe auparavant et celui-ci lui avait laissé une forte impression. Graham était resté à côté de lui, silencieux comme à son habitude, mais même sans utiliser son pouvoir, Karim savait qu'il bouillait sur place. Il posa discrètement sa main sur son bras. Le médecin se releva et quitta la pièce sans un mot. Le brun bougea doucement son épaule. Les personnes comme eux cicatrisaient plus rapidement qu'un humain normal mais aucun d'eux ne possédaient de facultés de guérison instantanées. Les policiers étaient aussi venus les interroger, après être passé voir Yuma. Karim en avait profité pour regarder dans leurs esprits, pour trouver quelque chose sur le meurtre du beau-père. La mère avait appelé la police peu après et avait expliqué que celui-ci était abusif envers elle. Elle n'avait pas pu supporter une autre attaque ce soir-là et lui avait balancé un verre à la tête. L'homme s'était ensuite écroulé et la femme avait avoué s'être acharnée sur lui, pour se venger de toutes les injustices qu'il lui avait fait subir. Karim savait qu'elle serait condamnée à la prison mais son motif était plus que valable et très facilement vérifiable. Elle s'en sortira. La porte s'ouvrit, faisant lever les yeux aux deux personnes déjà présentes. Deux policiers, Yuma et un homme assez âgé entrèrent. Yuma s'assit directement et garda ses yeux fixés sur ses chaussures. Le plus vieux se dirigea vers Graham et le serra brièvement dans ses bras. Les deux policiers échangèrent quelques mots avec lui puis ils quittèrent la pièce en laissant la porte ouverte. Yuma loucha sur celle-ci. Il ne pensait qu'à courir le plus vite possible pour sortir.
-Tu pourrais le faire mais je ne pense pas que tu irais loin, lâcha le brun, un sourire au coin des lèvres.
Yuma le regarda pour la première fois depuis la ruelle, les lèvres pincées. Le vieil homme lui souriait doucement.
-Mais si tu sors avec nous, ils ne t'arrêteront pas, poursuivit-il.
Yuma haussa un sourcil.
-Non, on ne se moque pas de toi, rigola Karim.
-Arrête de faire ça. Arrête de lire mes pensées.
Yuma avait parlé d'une voix cassée, tant il n'avait plus l'habitude de l'utiliser. Le brun avait seulement pouffé à sa remarque. Le plus vieux s'assit à côté de Yuma. Le jeune homme montra immédiatement les dents. Et par dents, il faut comprendre crocs.
-Calme-toi, je veux simplement te faire une proposition.
-Je ne veux pas de votre pitié. Je peux m'en sortir seul.
La voix était froide et dure.
-Ce n'est pas ma pitié que je t'offre, répondit calmement l'homme, c'est seulement un abri. Le temps que cette histoire soit réglée et que tu aies trouvé quelque chose pour retomber sur tes pieds.
Yuma le regarda étrangement.
-De quelle histoire parlez-vous ?
-De celle de la ruelle et de celle de la mort de ton beau-père.
Yuma ne montra aucune expression si ce n'est qu'un léger agacement.
-Je suis au courant de ce qu'elle a fait.
-Donc le temps que le procès soit fini et que les charges pour l'attaque de ce soir soit abandonnées, je te propose de rester chez moi.
Yuma pesa le pour et le contre. Et il devait admettre que ça l'aiderait beaucoup. Et puis ce n'était que temporaire.
-Bon ! s'exclama Karim en se levant, vu que tu sembles trouver plus de pour que de contre, je suggère que l'on y aille, j'ai envie d'aller me rouler dans mon lit.
Yuma fronça les sourcils. Il faudrait juste que ce type arrête de lire ses pensées. Sinon, la prochaine fois, ce n'est pas l'épaule qu'il lui coupera. Il entendit le brun rigoler doucement puis il l'entendit dire distinctement :
-Si tu crois que ça me fait peur.
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