Chapitre 3
Karim soupira en attrapant la veste de Baozi dans une main et le bras de Souris dans l'autre. Sacha, ou Souris, comme elle préférait qu'on l'appelle, tenait dans ses petites mains une sorte de peluche toute rapiécée, à laquelle il manquait un œil et une oreille.
-Rends-lui immédiatement, intima Karim, j'en ai assez de l'entendre crier.
-Mais je voulais juste le laver, ce machin sens vraiment trop mauvais ! se plaignit la jeune femme.
Karim s'apprêtait à prendre la parole quand quelqu'un l'appela. Il lâcha les deux adolescents qui en profitèrent pour filer. Le jeune homme se promit d'aller les chercher plus tard et se dirigea vers celui qui l'avait appelé. Deux personnes se tenaient debout au bout du couloir, l'un plus jeune que l'autre. C'est celui-ci qui l'avait appelé.
-Que se passe-t-il Graham ?
-On en a trouvé un, répondit le plus jeune, et il semble qu'il ne soit pas très docile.
Karim haussa un sourcil amusé.
-Pas docile ? Tu veux dire comme Souris ?
-Non. Plus dangereux. Il a déjà tué, annonça sombrement le deuxième homme.
Karim perdit son air narquois et se mit immédiatement à réfléchir.
-Tu veux qu'on aille le chercher ?
-S'il-te-plait, acquiesça le plus vieux.
Karim hocha la tête et commença à partir quand il se rendit compte que Graham, le plus jeune, le suivait.
-Tu viens avec moi ?
-Hmm. Ça faisait longtemps.
Karim sourit et partit se préparer. Pendant qu'il se changeait, il demanda des détails à son ami.
-Il s'appelle Yuma. Il a ton âge. Bachelier avec une mère et un beau-père.
-Qui est sa victime ?
-Euh... son beau-père.
-Personne n'aime les beaux-pères, ricana Karim.
Ils sortirent enfin de la chambre pour aller dehors. Graham resta silencieux, comme à son habitude, tandis que Karim faisait la conversation, comme à son habitude. Graham passa sa main dans ses cheveux bancs en arrivant devant la voiture.
-Je conduis ?
Karim hocha la tête et lui lança les clés. Il se retourna pour regarder vers la maison pour voir trois têtes les regarder par la fenêtre. Il sourit et leur fit un signe de la main. Puis il monta dans la voitures avec son aîné. En réalité, ils étaient sept à vivre dans cette maison. Lui, Karim, dix-neuf ans, Sarah, dix-sept ans, Souris et Éric qui avaient tous les deux seize ans et enfin Baozi, le plus jeune, quinze ans. Puis il y avait Graham, qui allait avoir vingt-et-un ans, puis le père de Graham, qui leur offrait cet asile. Tous étaient spéciaux. Que ce soit visible à l'œil nu ou non. Graham était l'un des seuls dont les particularités ressortaient sur son physique. Il était fin, grand, et sa peau était très blanche, tout comme ses cheveux. Sa particularité sciait avec son physique : il pouvait devenir invisible, ou passer à travers la matière, mais il ne pouvait pas faire les deux en même temps. Tous les résidents de cette maison avaient une particularité et une lourde histoire. Tout comme celui qu'ils allaient chercher maintenant. Karim savait que le père de Graham suivait sa trace depuis qu'il avait entendu certaines rumeurs à son propos. Yuma. Karim aimait ce nom. Il sonnait asiatique. Ils quittaient la ville et Karim parlait toujours de temps en temps. Une des choses qu'appréciait Graham quand il était avec lui c'est qu'il n'avait pas à faire l'effort de répondre. Karim entendait les pensées des gens. Et il se servait de cette faculté avec Graham car le jeune homme était plutôt du genre silencieux et renfermé. Karim finit quand même par s'endormir au milieu de sa phrase. Graham sourit et il continua dans le silence, arrivant bientôt à destination. Une fine pluie commençait à tomber.
Là, dehors, un jeune homme perdu et sans doute effrayer attendait que le temps passe, ne sachant plus où aller. Il avait été surpris quand la pluie s'était mise à tomber, et avait trouvé refuge sous un porche, dans une ruelle peu éclairée. Ses sens, encore exacerbés dû à sa récente transformation, captaient absolument tout. Les petits bruits de la pluie, chaque « ploc » que faisait une goutte en s'écrasant sur les pavés, chaque odeur, celle de la pluie et celle des poubelles. Toutes les couleurs, le gris des murs et les arcs-en-ciel qui se reflétaient dans chaque goutte de pluie. Tout l'étourdissait. Il n'en pouvait plus. Il posa ses mains sur ses oreilles et hurla, pour que tout s'arrête et que le silence et l'obscurité arrive. Et c'est ce qui se passa ; pour le silence, du moins. Plus aucun bruit. Il n'entendait plus rien. Rien d'autre qu'une douce mélodie. Quelqu'un chantonnait et il était complètement hypnotisé par ce chant. Puis son odorat et sa vue s'abaissèrent et il redevint enfin humain, entendant, voyant et sentant normalement. Deux personnes se tenaient en face de lui. Il ne les avaient pas sentis arriver.
-Tout va bien. On va s'occuper de toi maintenant.
Yuma écarquilla les yeux. Non seulement cet homme venait de lui parler gentiment, mais il venait aussi de parler sans ouvrir sa bouche.
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