Chapitre 17

Le coup de feu retentit plusieurs secondes encore avant qu'un silence relatif ne s'installe. Une fois le choc passé, Yuma se rendit compte que Karim n'exerçait plus son emprise sur lui. Il pouvait bouger. Il fixa Edouard, qui arborait un sourire satisfait. Karim était étendu sur le sol. L'arme fumait dans la main du chasseur.

-Karim ! appela Yuma.

Edouard ricana avant se tourner vers Yuma. Les yeux rouge vif du métamorphe le transpercèrent, la haine qui émanait de son regard fit sourciller le chasseur. Il adorait quand ses proies étaient dans cet état. Il n'attendait qu'une chose : que Yuma lui saute dessus. Chose que le métamorphe aurait sûrement faite si Joshua n'était pas intervenu. Yuma sentit une drôle de force l'attraper par la taille avant de s'envoler. Il atterrit durement un peu plus loin, près d'une paire de jambes. Edouard haussa un sourcil devant cette action. Joshua posa sa main sur l'épaule de Yuma quand celui-ci se releva.

-Tu n'es pas en état de te battre.

-Je m'en fous ! Ce connard a tué Karim.

Joshua raffermit sa prise sur l'épaule de Yuma et secoua négativement la tête.

-Ton ami est intelligent. Je ne pense pas qu'il se serait laissé tirer dessus comme ça. Et je pense que tu as oublié quelqu'un.

A ces mots, Edouard se retourna brusquement avant de pousser un cri de frustration. Yuma remarqua alors qu'il n'y avait plus personne au sol. Des bruits de course se firent entendre. Sarah et Souris arrivèrent les premières avant de se stopper complètement, l'étonnement se lisant dans leurs yeux. Baozi arriva ensuite suivit de près par Marc et Éric. Edouard dévisagea froidement le plus âgé. Un chien se mit à grogner sur le chasseur qui haussa un sourcil dubitatif. Jusqu'à ce qu'une cacophonie d'aboiement et de bruits d'animaux en tout genre s'élèvent. Des hurlements d'humains s'y mêlèrent. Joshua parut surpris un court instant. Edouard renifla avec dédain.

-Tu crois que je serais venu tout seul ?

-Tes renforts ne sont plus vraiment en état de t'aider, fit remarquer Éric.

Edouard allait répliquer quand une autre personne arriva, ou plutôt apparu, à côté de Marc. Graham redevint visible, portant Karim dans ses bras. Baozi se détourna d'Edouard pour se précipiter vers le télépathe, les chiens grognant toujours sur le chasseur, lui barrant le passage. Le plus petit sentit un soulagement immense quand il comprit que Karim était vivant. Yuma, qui entendait son cœur battre depuis un moment, était déjà en train de se demander comment est-ce qu'il avait fait. Le chasseur se rendit compte qu'il était biaisé. Il promena son regard sur ses adversaires.

-Vous n'attendez tout de même pas que je me rende, n'est-ce pas ? fit-il avec un sourire narquois.

Marc ne répondit pas et se contenta de sortir son téléphone portable.

-Ce n'est pas nous qui allons t'arrêter. La police est plus efficace à cela.

-Tu as vraiment appelé la police ? Mais tu sais très bien que les flics seront de mon côté, ils ne me mettront pas en cage pour avoir essayé de tuer des anormaux, rigola le chasseur.

-Certes, répliqua Marc sans perdre contenance, mais je pense que ce ne sera pas une raison suffisante pour expliquer l'utilisation de grenade militaire...

Edouard ouvrit sa bouche mais ne dit rien, les yeux flamboyant de colère.

-Ils sont déjà en route, ajouta Joshua.

Le chasseur resta immobile un moment puis leva son bras à la vitesse de l'éclair. Yuma réagit tout aussi vite et sauta sur Baozi pour lui éviter le tir. Tout le monde se mit à l'abri, caché derrière les voiture. Le plus jeune d'entre eux marmonna dans sa barbe et les chiens autour d'eux sautèrent sur le chasseur. Un coup de feu et un couinement retentirent. Baozi avait les larmes aux yeux mais l'attaque ne cessa pas. Les sirènes de police retentirent et une cavalcade se fit entendre.

-On dégage, ordonna Marc.

Tout le monde lui emboita le pas, plié en deux pour éviter les tirs. Si un des policiers les aperçut, il ne se préoccupa pas d'eux. Le groupe se mit à courir dans les rues jusqu'à arriver au parking où ils s'étaient garés plus tôt dans la journée. La place était noire de monde, de personne qui essayait de se retrouver ou de partir. Yuma entendait encore distinctement les tirs, derrière la cacophonie des sirènes et des animaux toujours sous l'influence de la colère de Baozi. Le jeune garçon arborait d'ailleurs un air triste, se sentant coupable de la mort du chien. Yuma s'était lui aussi laissé allez à la colère tout à l'heure et maintenant, ses dons prenaient peu à peu le dessus, comme ce fameux soir, celui où il avait tué son beau-père. Une petite musique se mit à jouer dans son esprit, le calmant instantanément. Il sourit faiblement et inspira profondément pour se calmer. Il ne manquerait plus qu'il se transforme au milieu des autres et qu'il cause encore plus de panique. Ils s'engouffrèrent tous dans la voiture, Joshua entraîné par Marc. Le voyage retour se fit dans un silence de plomb. Joshua se sentait mal à l'aise. Il était monté avec Marc, Graham et Yuma. Karim aussi était dans la voiture mais toujours inconscient. Yuma semblait perdu dans ses pensées, Marc était concentré sur la route et Graham tenait Karim contre lui. Il ne l'avait pas lâché depuis le début. Ils arrivèrent plus vite que quand ils étaient partis. Graham fonça directement vers leur chambre. Baozi monta lui aussi dans sa chambre, plus doucement, la tête basse. Abidou lui avait emboité le pas dès qu'il était arrivé, la queue trainante. Yuma resta planté devant l'entrée avant que Souris ne le bouscule, rapidement suivi par une Sarah sur les nerfs. Le métamorphe posa son regard sur Éric. Le plus jeune haussa les épaules et entra à son tour. Joshua aussi était resté à l'intérieur. Marc les poussa tous les deux à entrer.

***

Edouard n'avait pas fait de manière quand les policiers se sont montrés. Après s'être débarrassé des chiens et autres nuisances à pattes poilues, il avait lâché son arme et levé les mains en l'air. Il s'était laissé emmener sans opposer de résistance. Il était assis dans une cellule. Comme il avait était dénoncé par un « appel anonyme » et retrouver avec une arme sur les lieux de l'explosion, les policiers ne s'étaient pas embarrassés à l'interroger. Il l'avait simplement coffré, bouclé à double tour dans une des cellules avec un planton à son entrée. Les hauts magistrats avaient déjà reçu un rapport complet des incidents et malgré l'évidence de la présence d'anormaux, les policiers ne s'écartèrent pas de leur criminel, ce qui agaça grandement le chasseur. Il finit par se faire entendre. Il resta assis, et déballa tranquillement son histoire. Il avait été victime des anormaux, tout cela n'était qu'un complot... Son aplomb ne sembla pas convaincre les policiers. Son arme ? Pour se défendre contre les monstres. Le juge qui se trouvait de l'autre côté de la vitre sans tain entra brusquement dans la salle. Il claqua durement sa main sur la table, faisant légèrement tressaillir le chasseur.

-Ne vous fichez pas de moi, monsieur. Des témoins vont ont vu déposer les bombes et ils étaient bien humain, eux. Quand bien même la présence d'anormaux sur les lieux pouvait être prouvée, je vous rappelle que ces personnes détiennent le même statu d'être humain. Ils ne sont pas des animaux que vous pouvez chasser comme dans n'importe quelle forêt ! Et sûrement pas quand cette chasse coûte la vie à plusieurs personnes !

Le visage du juge avait tourné au rouge. Le policier de faction essayait de le calmer mais celui-ci fixait fermement Edouard. Le visage de ce dernier s'étira d'un rictus.

-Pour moi, ils ne sont que des animaux. Croyez-bien que je déplore la mort de nos valeureux compatriotes mais on ne peut faire d'omelette sans casser quelques œufs.

Le policier fit une grimace dégoutée et lâcha le bras du juge. Il ouvrit son dossier et le fit glisser vers le chasseur.

-Ceci est un extrait de la nouvelle loi. Vous voyez ? Ils sont considérés comme faisait partie de la race humaine et accède au même droit qu'un être humain « normal ». C'est donc commettre un meurtre que de les tuer. Félicitations monsieur Shin. Vous êtes arrêté pour attenta à la bombe, tentative de meurtre et meurtre prémédité de quatre personnes.

Le policier restait professionnel malgré le profond dégout que lui inspirait l'homme assis devant lui. Le juge n'avait pas cette retenue. Quand le sourire du chasseur réapparut, il perdit son sang-froid.

-Nous avons reçu un courrier pour vous. Vous avez passé un appel une fois arrivé dans la cellule de détention, c'est bien cela ? Voici votre réponse.

Un papier atterrit devant lui avec une seule phrase. « Vos services ne sont plus requis ». Edouard perdit enfin son sourire.

-Bien, fit le policier en claquant ses mains, je sens que nous avons plein de chose à nous dire. 

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