Chapitre 15
Le voyage passa lentement. Chacun ne cessait de songer à ce potentiel nouvel allié. En posant son regard sur la touffe brune devant lui, Yuma se prit à vouloir avoir sa capacité à lire dans les pensées. Il avait entendu ce que Graham lui avait tous à l'heure dans la chambre. Il était curieux de savoir ce que cela voulait dire.
Ils arrivèrent après un voyage de deux heures. Graham se gara à l'opposé de l'endroit où Marc s'était garé pour éviter que leur groupe n'attire trop d'attention. Ils se rejoignirent au centre d'un jardin municipal. C'était un jour ensoleillé et des groupes de jeunes flânaient çà et là. Ils passaient totalement inaperçu.
-On doit se séparer, annonça Marc avec une moue contrite, on attirerait trop l'attention et ce serait plus pratique.
Graham et Yuma grognèrent. La dernière fois qu'ils s'étaient séparer, les choses ne s'étaient pas très bien passées.
-Baozi, tu restes avec moi et Éric, Souris, tu vas avec Sarah.
Il avisa le regard de son fils et hocha la tête.
-Yuma, Karim et Graham, ensemble. On fouille chacun de notre côté. Si vous ne trouvez rien, on se retrouve ici dans une heure. Si l'un d'entre vous trouve quelque chose, il appelle immédiatement les autres. Pas la peine de prendre des risques. Vous avez tous compris ?
Marc appuya son regard sur Yuma et Karim. Les deux hochèrent la tête à l'unisson. Ils se séparèrent et commencèrent à chercher. Marc se dirigea d'abord vers l'endroit d'où avait été pris la photo.
-J'ai demandé à un toutou mignon qui passait par là et il a dit avoir vu les deux hommes de la photo assez souvent. La dernière fois qu'il les a vu, ils se disputaient tellement fort que sa maitresse a été les voir pour leur dire de se la fermer, informa Baozi.
Marc hocha la tête et s'arrête finalement sur la place publique. Des gens, des animaux mais aucun Edouard en vue. Éric tapota son épaule et sorti son téléphone, l'air de rien. Le plus vieux comprit aussitôt et fit un signe de tête à l'adolescent. Éric fit mine d'être absorbé par son téléphone puis activa son pouvoir. Il parcouru les photos et les vidéos de tous les téléphones qu'il avait à portée. Il trouva vite une vidéo qu'il téléchargea dans son propre téléphone. Baozi vit les yeux d'Éric redevenir normaux et se pencha directement sur l'écran. Sur la vidéo on voyait d'abord des jeunes gens qui faisaient les idiots puis des éclats de voix se firent entendre ; la vidéo vacilla quelques secondes et se stabilisa sur Edouard et le télékinésiste. Le chasseur tenait fermement le bras du télékinésiste et semblait plus qu'en colère, carrément outré. Une jeune femme apparaissait ensuite dans le cadre et interrompit les deux hommes. Edouard ne l'écouta pas et tourna les talons. La vidéo s'arrêta ensuite.
-Eh bien, ça ne nous avance pas beaucoup, se désespéra Baozi.
-Au contraire, on peut entendre qu'à la fin, Edouard l'a menacé. Donc s'ils se sont battu, il doit y avoir des traces, je sais pas moi, au commissariat ou quelque chose comme ça. Et puis cet homme, il n'avait pas l'air de voyager, donc il doit bien habiter quelque part. Un hôtel, peut-être.
Marc hocha la tête après la réponse d'Éric.
Il envoya un message au deux groupes, ordonnant à celui de Karim de se rendre au commissariat, et à celui de Sarah de vérifier les hôtels.
-Quant à nous, dit-il en rangeant son téléphone, nous allons essayer de voir si on peut trouver autre chose.
***
Yuma renifla après avoir lu le message.
-Pourquoi est-ce que c'est à nous d'aller au commissariat ? gémit le métamorphe.
-Tu attendras dehors si tu veux, le rassura Karim, on doit y aller car les autres sont mineurs, les policiers ne prendraient pas leur demande au sérieux.
-Graham n'a pas vraiment l'air adulte, fit remarquer Yuma en se grattant le nez.
Sa remarque lui valut un froncement de sourcil de la part du plus vieux tandis que Karim rigolait doucement. Il tapota sa tempe en faisant un clin d'œil à Yuma.
-Il a juste besoin de faire diversion, expliqua-t-il.
Graham et Karim entrèrent tous les deux dans le commissariat tandis que Yuma alla s'assoir légèrement à l'écart. Il surveillait les alentours sans en avoir l'air. La dernière fois, Edouard leur était tombé dessus trop facilement. Il ne fallait pas que cela se reproduise. Yuma connaissait son odeur maintenant et si l'homme s'approchaient à moins d'un mètre de lui, il le saurait. Il attendit quelques minutes encore avant de voir Karim ressortir. Il se leva et voulut approcher le jeune homme quand il eut la soudaine envie de se cacher derrière un arbre. Il ne résista pas vraiment et se cacha derrière le chêne près de son banc. Un homme aborda alors Karim. Yuma ne sentait pas Edouard. Seulement même avec sa vue améliorée, il ne parvenait pas à voir le visage de l'homme. Il n'avait toujours pas la volonté de bouger de derrière l'arbre et il maudit son ami dans sa barbe. Il espérait que Graham sortirait de ce foutu commissariat maintenant. Ne pouvant rien faire d'autre, il se concentra aussi profondément qu'il le put pour faire abstraction de tous les autres bruits de la ville et entendre la conversation entre le télépathe et l'inconnu.
-Karim, n'est-ce pas ?
-Joshua.
-Je ne pensais pas te revoir un de ces quatre.
Yuma entendait clairement le sourire dans sa voix.
-Si tu n'es pas content je peux repartir et te laisser te débrouiller avec ton grand ami Edouard.
-Ce n'est pas moi qui ai l'air énervé.
-Il de quoi être énervé quand on sait qui tu es.
Yuma soupira de soulagement en reconnaissant la voix de Graham.
-Tu es ?
Puis plus aucun bruit. Une odeur seulement. Yuma rouvrit les yeux qu'il avait inconsciemment fermés. Il était là, quelque part. un bruit l'interpella. Et le moment d'après ce fut la panique. Toute la place s'agita comme une fourmilière. Des gens couraient, criaient et pleuraient, sortaient de leurs voitures pour fuir. Certaines voitures s'étaient rentrées les unes dans les autres. Et parmi tout ce capharnaüm, un homme se tenait debout, souriant.
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