Chapitre 27
Le reste du trajet se fit en silence. J'avais plusieurs hypothèses, plus tordues les unes que les autres, sur pourquoi et comment il savait pour mes mésaventures. Aucune d'entre elles ne le plaçait dans une bonne catégorie de personne.
La voiture s'arrêta dans une rue pavillonnaire, très chic et très bourgeoise surtout. Ils descendirent de la voiture et je les imitai. J'hésitai à m'enfuir en courant, mais je ne pouvais pas m'imaginer partir et ne plus revenir. Quelque part j'avais besoin de réponses.
- Accélère, me lâcha Troy en marchant vite jusqu'à la porte d'entrée en haut des escaliers qui se trouvaient devant nous.
- Ta gueule Troy, lâcha Jenny en me prenant la main pour me tirer jusqu'en haut.
Cody tenait la porte ouverte, il la referma d'un grand coup après notre passage et j'entendis le bruit de pas moins de trois verrous. Je me retournai, j'analysai. Ils avaient l'air tendus, effrayés, pourtant n'était-ce pas supposé être un endroit sûr ? Cody passa devant nous et fonça en haut, Troy était dans le salon, juste sur notre gauche, à regarder par la fenêtre. Jenny se tenait à côté de moi.
- On peut m'expliquer ce que je fou ici maintenant bordel ?
J'avoue que mes nerfs commençaient légèrement à lâcher. Mais vraiment un petit peu. Juste assez pour que sente mes mains trembler légèrement. Un léger silence prit place. Ils me regardaient, mais avaient l'air d'avoir perdu leur capacité à parler. Je croisai les bras, signe dans mon langage que j'étais prête à attendre.
- Tu sais très bien ce qu'il se passe, lâcha Troy d'un air blasé.
C'était le pompon : ce petit air condescendant me donnait envie de lui en foutre une.
- Je poserais pas la question sinon, lâcha en haussant la voix.
Tout ça n'avait aucun sens. Aucun putain de sens. Ma vie devenait de plus en plus tirée d'un mauvais film et je n'aimais pas ça du tout. J'étais assez à cran pour ne pas qu'ils se permette de me parler comme si j'étais la dernière des merde.
- Ecoute Hailey, c'est pas le bon moment. T'as bien vu ce qu'il vient de se passer, et ... et ... putain.., sa voix se brisa et elle se retourna d'un coup.
J'avais énormément de peine pour elle, assez pour que ma colère se dissipe un peu. Je m'avançai vers elle. Bien-sûr, pour moi c'était difficile, mais je n'imaginais pas pour eux. J'avais perdue un collègue mais eux un ami.
- Je suis désolée Jenny, je comprends vraiment, mais je suis juste complétement perdue là. Je comprends rien, et je ... j'ai peur... je ...
Je laissai ma phrase en suspend. Je ne savais pas quoi dire, quoi faire. Troy et Cody, qui était redescendu entre temps, avaient l'air de deux colosses impassibles, tout les deux la mâchoire serrée. Je n'avais rien à faire ici. Ils étaient tous en deuil, et moi j'étais juste là au mauvais endroit au mauvais moment. Jenny secouai légèrement la tête.
- Je sais... Mais je peux pas répondre à tes questions pour le moment, dit-elle avant de monter les escaliers rapidement.
Je la regardai monter sans dire un mot, puis me retournai face aux deux garçons. L'ambiance était pesante, et je n'avais réellement pas besoin de toute cette merde après m'être faite tirée dessus, avoir vu quelqu'un mourir, quelqu'un que je connais en plus, et après m'être faite putain d'enlever merde. Aucune insulte ne pourrait décrire mon état de rage, d'incompréhension, de mal, de haine, bordel.
J'avais perdu tous mes moyens, réfléchir était bien trop compliqué. Je ne savais pas comment me sortir de cette merde.
- Je dois y aller, lâchais-je rapidement avant de me retourner vers la porte.
Cody s'élança pour me barrer la route. Il était plus grand et plus fort que ce que je pensais, maintenant que je me tenais juste en face de lui et qu'il jouait le rôle de barrière.
- Laisse moi passer Cody, lâchais-je sentant les larmes me monter aux yeux.
C'était un surplus émotionnel. Un trop plein de colère se transformant en craquage interne et externe. J'avais besoin d'air, d'un paquet de clope et de musique. Peut-être même un verre ou deux, pour oublier le sang qui se trouvait au sol et son visage...
- On peut pas te laisser partir Hailey, c'est dangereux, me lâcha-t-il.
Je m'attendais à un ton plus agressif, j'étais même surprise de la gentillesse dans sa voix. Troy devrait prendre exemple, pensais-je. Mais sa gentillesse me donnait encore plus envie de pleurer.
- Je ne veux pas rester. Je ne comprends rien.
- Les mecs qui sont venus chez toi, sont les mêmes qui ont essayés de nous tuer.
Il s'arrêta et prit une grande inspiration.
- Et qui ont réussit finalement, lâcha-t-il d'une voix monotone.
Comment arrivaient-ils à garder un air si détaché ? Jenny pleurait, moi j'étais au bord de la crise de nerfs, et eux deux se tenaient là comme s'ils faisaient un babysitting.
- Ils en ont après nous, et après toi, tu ...
- Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai fais ? Qu'est-ce que j'ai à voir là-dedans ?
Il me regarda une seconde, et pendant ce temps, j'eu l'impression d'être un petit chiot égaré qu'on regardait avec toute la pitié du monde. Je n'étais ni un chiot, ni égarée, et je n'avais pas besoin de pitié et encore moins de la sienne. De celle de personne.
- Laisse moi partir Cody merde !
- Je ne peux pas, ok ? Alors saute par la fenêtre, creuse un tunnel, je m'en fou mais tu ne sortiras pas par cette porte. Echappe-toi, comme ça, je ne serais pas responsable. Après tout ce qu'il c'est passé aujourd'hui, j'ai d'autre chose à foutre que de m'occuper de toi ou de qui que ce soit! Alors arrête de me les briser et démerde toi pour sortir ou ferme là !
Il n'avait plus du tout un air détaché.
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