Chapitre 26
Shane jeta sa cigarette par terre, puis me regarda. J'étais maintenant très consciente de sa présence, la situation était gênante et le sentiment qui m'avait envahit relevait de était tout sauf de la gêne, peut-être un mélange de colère, de peur, d'exaspération et d'autre choses. J'en avais complétement rien à faire. Je lui passai devant pour rentrer. Je cru l'entendre soupirer, et derrière moi la porte se fermai, signe qu'il m'avait suivie.
Lorsque la chaleur, l'odeur de nourriture et de transpiration du restaurant m'encercla, ma tête se mit un peu à tourner. Etait-ce l'émotion, ou bien la cigarette ? Dans les deux cas c'était désagréable.
Tout le monde était assit à la plus grande table de restaurant. De l'extérieur, de dos, ils avaient l'air d'attendre une commande. C'est lorsque je me demandai pourquoi ils étaient tous du même côté que je me rendis compte que le corps devait se trouver juste derrière moi. Je n'étais définitivement pas faite pour ce genre de situation, je n'ai pas les tripes, je n'ai pas le courage, je n'ai pas la stabilité mentale pour gérer ce genre de situation sans avoir envie de vomir, de courir loin ou de crier au secours avant de m'évanouir. Tous avaient les épaules baissées. L'atmosphère était horrible. J'avais envie de pleurer, de ressortir, de partir, de ne pas avoir vécu cette scène, de ne pas avoir vu son corps. J'aurais aimée pouvoir remonter le temps, et l'empêcher d'être à cet endroit, le pousser au sol avec moi, l'emmener ailleurs ou carrément empêcher ceux qui ont fait ça de le faire. J'aurais aimée avoir des superpouvoirs pour faire quelque chose pour arranger la situation. Mais je ne pouvais pas. Personne ne pouvait effacer ce qu'il venait de se passer, personne ne pouvait le ramener à la vie.
- Bon, je sais très bien que ce n'est pas quelque chose de facile, mais il va falloir qu'on se reprenne tous pour ne pas faire n'importe quoi, dit Brent avec le regard rivé sur la table.
Il se tenait penché sur celle-ci, les yeux perdu dans le vide. Je m'approchai. Pourquoi est-ce qu'il avait l'air si serein ? Ou alors étais-ce peut-être moi qui était trop paniquée ?
- Il faut s'occuper d'elle, dit Shane en se positionnant en face de Brent à l'autre bout de la table.
Je n'avais pas besoin d'un dessin pour comprendre que "elle" c'était moi. Pourquoi devraient-ils s'occuper de moi ? Est-ce que j'ai l'air d'avoir 8 ans ?
- Je sais, je sais, lâcha sèchement Brent. Il se retourna et passa ses mains sur son visage.
- Chaque chose en son temps, elle est déjà impliquée de toute façon, il faut d'abord s'occuper de Brian, lâcha Jenny.
- Ta gueule Jenny putain, s'énerva Shane.
- Redescend Shane, c'est pas le moment de péter ton câble ok ? Elle a raison, c'est pas la préoccupation principale pour le moment. On a d'autre choses à régler, intervint Troy.
Cody, Brandon et June restaient les yeux rivés sur la table. J'aurais presque pu être aussi statique qu'eux, si je n'essayai pas de suivre la joute verbale qui se déroulait devant moi, et dont j'étais l'un des sujets principaux. J'aurais aimée intervenir, poser des questions, taper du poing sur la table, mais les images du cadavre de Brian, et cette odeur de sang et le petit courant d'air dû aux fenêtres brisées, tout ça m'empêchait d'articuler ne serait-ce que le début d'une phrase. Je ne pouvais être que spectatrice de tout ça.
- C'est bon, stop, lâcha fort Brent en se retournant vers nous, posant ses mains sur la table. Ce qu'on va faire, c'est que Troy, Cody et Jenny vous raccompagnez Hailey à la maison. Vous n'avez jamais été là c'est bien clair ? Le reste on attend les ambulances et on récupère les caméras de surveillance. Je veux aucune trace de leur passage ici ok ? On vous rejoindra ce soir et on commencera le vrai boulot. Maintenant tout le monde se bouge, il ne vont plus tarder.
Comme des robots, tous se levèrent en même temps. Jenny s'approcha de moi, et posa une main sur mon épaule.
- Va falloir que tu me suives Hailey, on peut pas rester là.
Sa voix était basse, son regard vide. Elle avait l'air d'avoir envie de tout sauf de parler.
- Je comprends rien Jenny, je ...
- Suis-nous juste Hailey. Personne n'a la force d'engager une longue conversation en ce moment. On va juste dans un endroit plus sûr, me dit Troy en arrivant aux côté de Jenny.
Quelque chose en moi leur faisait confiance, aussi bizarre que celui puisse paraître. Ils avaient tous l'air si mal, misérables. Je ne voulais pas risquer de m'énerver avec l'un d'entre eux. Alors je les suivi. Je les suivi jusqu'à la salle de repos, où ils prirent leurs affaires et je les imitèrent, puis ils - Troy et Cody - déplacèrent une grande armoire avec plus de facilité que je l'aurais imaginé. Surprise, derrière cette armoire se trouvait une porte. Encore une fois, des questions furent formées par mon cerveau, mais celui-ci me conseillait de les garder pour moi pour l'instant. Cette porte menait à une allée, où était garée deux voitures. L'espace était tellement réduit que je me demandais comment l'une des deux voiture pouvait démarrer et partir sans complétement rayée l'autre. Je les suivi même jusqu'à la voiture, toujours sans poser de question. Je montai à l'arrière avec Cody, attachai ma ceinture, restai silencieuse jusqu'au démarrage, sans poser de questions. Mais alors qu'on traversai une grande avenue, près de chez moi, je ne pouvais plus me retenir :
- Je suis désolée, mais là, il faut vraiment m'expliquer.
Aucune réponse, à part un soupir de la part de Jenny. Je voulais bien être gentille, moi aussi j'étais sous le choc, mais je m'étais faite enlevée quelques jours plus tôt je n'allais pas me laisser emmener je ne sais où maintenant.
- Laissez moi descendre ici, je veux retourner chez moi.
- Tu veux retourner chez toi, et risquer de te faire kidnapper encore une fois c'est ça ? Grand bien te fasse, mais pas sous ma responsabilité, lâcha Troy en me regardant dans le rétroviseur. Son regard était noir, ses sourcils froncés. Il était clairement énervé. Et moi sous le choc. Comment est-ce qu'il pouvait savoir ça ?
- Comment tu ... Comment tu sais ça toi ? lâchais-je d'un ton beaucoup plus détaché que ce que j'étais réellement.
- Ils savent où t'habite, c'est fini pour toi. Je sais même pas pourquoi ils ne t'ont pas tués entre temps d'ailleurs. Je dois t'emmener dans un lieu sûr alors c'est ce que je vais faire, mais si après tu veux appeler un taxi pour t'emmener où tu le souhaite, je t'en prie ! Je suis pas une putain de baby-sitter et surtout pas après que mon pote vienne de mourir sous mes putains d'yeux. Alors si tu le veux bien, on va tous se concentrer sur autre chose avant que je ne perde le contrôle et qu'on se retrouve tous dans un lit d'hôpital ou dans un cercueil.
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