Chapitre 25

- chapitre pas corrigé sorry -


Tout ne se passait pas si bien que prévu. 

Moi, personnellement, je redoublais d'effort pour paraître au top de ma forme. Mais ce n'était pas la même chose pour mes chers collègues : quelques uns disparurent dans la journée puis revinrent sans un mot ou explication, personne n'avait l'air de m'apprécier aujourd'hui, ou bien alors j'avais fais quelque chose, parce-qu'aucun d'entre eux ne me parlait vraiment. Quelques sourires faibles au coin d'une table ou d'un couloir, des échanges de politesse, un "merci " par ci et un " de rien " par là, rien de plus. Non pas que j'étais meilleure amie avec tous, mais je ne savais pas ce qui clochait particulièrement aujourd'hui. Peut-être qu'eux aussi avaient tous passé un week-end de merde ?  Enfin je pense pouvoir considérer mon week-end comme un week-end légèrement plus grave que merdique. Ils m'avaient l'air proche, ça ne m'étonnerais pas que la plupart d'entre eux passent du temps ensemble en dehors du boulot. 

Après plusieurs heures de sourires plus ou moins faux et de forçage de sympathie envers mes collègues pour essayer d'en amener au moins un à me parler, j'étais lessivée. Etre excessivement gentille était très fatiguant, surtout quand tout ce qu'on a réellement envie de faire c'est se cacher quelque part et ne plus bouger. 

A la fermeture, j'aperçu Brent en coup de vent pour la première fois de la journée. Il était au téléphone, les sourcils froncés. 

- J'en ai rien à foutre moi, criai-t-il au téléphone. 

Heureusement plus aucun client n'était présent dans le restaurant. Ce n'était décidément pas un bon jour pour tout le monde j'avais l'impression. Peut-être quelques secondes après que Brent soit passé un bruit sourd me fit presque tomber. 

La devanture du magasin explosa en mille morceaux. 

Des coups de feu. 

Je me retrouvai au sol, les mains sur la tête. Mon cœur battait à cent à l'heure. Des larmes coulaient malgré moi sur mes joues. Je ne savais pas combien de temps ça avait duré, sûrement moins de deux minutes, pourtant j'eu l'impression d'être recroquevillée sur moi pendant de longues minutes. 

Au bout d'un moment, plus rien, plus aucun bruit. Je relevai doucement la tête. Derrière moi, Jenny allongée. Pendant peut-être une demi-seconde je craignais qu'elle soit morte. Elle rampa jusqu'à moi. 

- Tu vas bien ? me demanda-t-elle 

Elle ne pleurait pas elle, ce qui me poussa à sécher mes larmes. J'hochai la tête, incapable de parler. Elle posa une main rassurante, réconfortante, sur mon épaule. Pourquoi avait-elle l'air si calme ? 

- BRIAN ! 

Un cri strident retentit derrière nous, et on se redressa toute les deux d'un coup. La montée d'adrénaline ne faisait que rendre la scène moins réelle. Jenny se releva en une seconde, s'avançant de l'autre côté. Pour ma part, me relever ne s'avéra pas si facile : ma tête tournait encore un peu, mes jambes tremblaient et je sentais que je pouvais m'effondrer à tout moment. C'était peut-être un peu trop en si peu de temps. Des cris redoublèrent, et je me résignai à aller rejoindre mes collègues. 

Une fois debout, je regrettai ma décision. 

Une flaque de sang, du vrai, pas du faux. Pas de film, pas de série, du vrai sang. Avec un corps. Le corps de Brian, étendu au sol, sans vie. Les yeux ouverts, vitreux. Le regard rempli de larmes de certains, ne me distrayait qu'un instant du corps étendu au sol. J'avais du mal à respirer, il fallait que je sorte. Mon premier reflexe était d'aller derrière moi, mais ce n'était pas une bonne idée si je ne voulais pas me faire tirer dessus dans la rue. 

J'enjambai une jambe de June, assise aux côtés de Brian, en train de crier des choses qui m'auraient sûrement faite pleurer si j'arrivais à entendre quoi que ce soit. C'était un sifflement permanent que j'entendais dans mes oreilles. 

Je couru jusqu'aux cuisine, où je savais que se trouvait une sortie de secours. Et c'était ce dont j'avais besoin littéralement. L'air frai de la petite impasse me faisais du bien. En temps normal, l'odeur des poubelles un peu plus loin m'aurait tiré une grimace, mais là, à ce moment précis, tout était meilleure que l'odeur de l'intérieur. 

L'odeur du sang. De la mort. Cette ambiance lourde, cette peur, cette colère, tous ces sentiments réunis dans une seule pièce pour former un cocktail explosif. Je me rendis compte que mes mains tremblaient lorsque je les passaient dans mes cheveux, défaisant au passage ma queue de cheval. J'avais besoin de respirer. J'enlevai ma veste que j'avais mis à l'intérieur car il faisait froid. J'avais chaud. J'étais brûlante. Je me mis à faire les cents pas. 

Ce n'est pas possible, pensais-je en boucle. 

Ce n'est pas vrai, espérais-je sans cesse. 

Je ne pouvais pas vivre ça. Pas ici. Pas maintenant. Pas dans cette petite rue, pas ce petit restaurant. Pas après m'être faite enlevée deux jours avant. Ce n'était pas possible. 

- Ce n'est pas possible, ce n'est pas possible ! 

Je faisais face au mur, mais les image de Brian allongé au sol me revinrent en tête. Je m'accroupis au sol, mettant ma tête entre mes bras. Je serrai fort. 

- Pas possible putain ! 

Je me relevai et donnai un coup dans un sac poubelle posé là. Le bruit de la porte me fis sursauter. 

- Bordel, t'étais passée où ? Tu peux pas disparaître comme ça juste après une ... putain ! On a cru qu'ils t'avait emmenée merde ! 

Shana cala la porte avec je ne sais quoi, pour la laisser ouverte, et je l'entendis crier : 

- C'est bon, elle est là ! 

Il revint quelques instants plus tard. 

- Comment t'aurais fais pour ré-ouvrir la porte ? 

J'haussai les épaules. S'il savait à quel point je m'en contrefichai d'être coincée dehors à ce moment précis.

C'est qui " ils " ? Pourquoi tu me cris dessus ? Tu peux pas me laisser bordel ? Toute une ribambelle de questions me trottait en tête, mais je n'arrivai pas à articuler ne serait-ce qu'un mot. 

- On a appelé une ambulance. 

Sa voix était neutre. J'aurais juré l'avoir vu les larmes aux yeux tout à l'heure. Ou bien peut-être était-ce juste moi qui voyait trouble à cause de mes propres larmes. 

Il sortit une cigarette et un briquet. En croisant mon regard, il me tendit le paquet. Sans réfléchir j'en pris une. 

- Depuis quand tu fumes ? me lâcha-t-il avec presque du jugement dans la voix. 

Je ne contrôla pas mon regard de travers.

- Depuis un bon bout de temps, mais j'ai arrêté, articulais-je d'une voix tremblante. 

Il ne me répondit pas, allumant sa cigarette. Il me tendit son briquet, et j'essayai de contrôler ma main tremblante. Fumer n'est pas financièrement accessible pour une personne dans ma condition, donc j'avais arrêté aussi vite que j'avais commencé. La première bouffée me rappela ma première cigarette, demandée dans la rue à un homme un peu louche à qui je n'oserais pas adresser la parole aujourd'hui.  Mon regard était dans le vide, j'avais complétement oubliée la présence de Shane. On avait rien à se dire, bien sûr, qu'est-ce qu'on pourrait se dire dans cette situation ? 

" Ton pote était sympa " ? 

" J'espère que je serais là à l'enterrement  " ?

Un frisson me parcouru. J'était dégoutée par la mort. C'était la plus grande peur de ma vie. 











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