Après plusieurs craquages émotionnels pendant le reste du week-end, lundi j'étais prête et plus apprêtée que jamais pour aller au boulot. Rien n'allais m'arrêter. J'avais appelé un serrurier pour changer les serrures de chez moi, pour avoir l'esprit plus tranquille. Financièrement j'aurais pu m'en passer, mais être chez moi me rendais mal et je n'allais pas pouvoir continuer comme ça longtemps. Le moindre bruit me glaçais le sang, et je me surpris à garder un couteau posé sur ma table " au cas où ". Je n'avais toujours aucune réponse à mes questions, mais sachant que je n'allais sûrement jamais en avoir, je faisais de mon mieux pour essayer de passer à autre chose. J'étais décidée à ne parler de ça à personne, ni au boulot, ni à ma mère. De toutes façons, à part l'épisode du pervers, rien n'était clair dans ma tête. 

Tout le trajet, j'écoutai des musiques joyeuses, entrainantes, il ne fallait pas que je montre le moindre signe de ma détresse émotionnelle. 

En passant les portes du restaurant, j'étais limite contente de n'y voir personne pour le moment. Mon sourire s'évapora un instant lorsque j'entendis les voix de mes collègues derrière la porte de la salle de repos. Je devais m'armer de joie de vivre et de mon plus beau sourire. J'ouvris la porte et tout le monde se tu. Ils me regardaient tous. Ils étaient tous présents, pour mon plus grand bonheur ! 

- Salut Hailey, dit doucement June en s'approchant de moi.

Je dégaina mon plus beau sourire, avant de lui répondre : 

- Salut, tu vas bien ? 

Je me dirigeai vers le fond pour poser mes affaires. C'est lorsque je me retournai qu'elle répondit :

-  Oui, et toi ? 

- Super, dis-je en m'attachant les cheveux. 

C'était plus facile que ce que je pensais. J'étais habituée à mentir un peu, souvent, pour ne pas avoir à expliquer ma vie. En l'occurrence, j'étais très contente de ne pas avoir à expliquer ma vie. Tout en lâchant un sourire à Jenny et Brian qui me regardaient fixement, je sortis de la pièce pour aller aux toilettes. 

Tout allait clairement pouvoir être gérable. Ce week-end allait s'effacer de ma mémoire, je n'allais plus y penser, et tout allait très bien se passer.