Chapitre 19
Ce matin, une ambiance bizarre régnait au restaurant. Personne ne parlait vraiment, tout le monde avait l'air préoccupé, même le boss. L'œil de June était d'une couleur anormal, mais elle m'assura qu'elle allait bien. Sa voix était plus sereine qu'hier, ce qui me donnais envie de la croire mais je ne pouvais pas m'empêcher de penser que quelque chose de grave devait se passer dans sa vie personnelle. J'avais beaucoup de peine pour elle.
Shane n'était pas présent, ce qui renforçait mon idée que de son côté aussi il devait y avoir un certain problème.
En bref, l'ambiance n'était pas au top. Mais c'est aux alentours de 16h que tout prit une tournure bien différente.
Alors que le restaurant commençait à se vider petit à petit, trois hommes en costumes firent leur apparition. Je servais à la dernière cliente et ses deux filles leur glace tout en les regardant avancer vers le bureau du patron. Deux d'entre eux avaient l'air d'être beaucoup tatoués car ils dépassaient de leur costume : je pouvais apercevoir l'encre de couleur dans leurs cou et sur leurs mains. Troy, Brian et Cody étaient assit à une table, à fixer la porte du bureau que l'on pouvait apercevoir dans le couloir.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? demandais-je, curieuse.
- Rien, je crois que ce sont des acheteurs potentiels qui vont se faire éjecter dans quelques minutes. Ah, et au fait tu peux partir, Brent nous libère tous à 16h30.
Bizarre, mais je ne vais pas m'en plaindre. Je pourrais aller voir ma mère un peu plus tôt.
- Vous ne partez pas ?
- Si, on attend juste Brandon.
J'hochai doucement la tête. Je les saluai, et me dirigeai vers la salle de repos. J'aurais aimé m'arrêter, pour écouter à la porte ce qu'il se disait dans le bureau avec les trois hommes, mais non seulement je ne devrais pas car c'est impolie et très mal élevé, mais en plus Troy, Brian et Cody m'auraient vu car depuis leur place ils avaient une vue entière sur le couloir. Je récupérai mes affaires, la salle était vide de gens et je me demandais où étaient June et Jenny - Brandie pouvait bien rester où elle était.
Je quittai le restaurant, contente qu'il y ait du soleil, et marchai de nouveau jusqu'à l'hôpital. J'allais vraiment me mettre à brûler des calories à force de marcher comme ça.
Je me présentai au service de réanimation, où il y avait bizarrement beaucoup plus de gens que d'habitude. Je fis la queue, et je me retrouvai au bout d'un moment face à la même fille que le jour précédent.
- Est-ce que vous auriez des nouvelles de ma mère ?
- Le médecin m'a prévenu que vous alliez venir. Je ne voudrais pas être méchante, mais vous devriez arrêter de venir, c'est mauvais pour vous. Si l'état de votre mère s'améliore ou au contraire s'il se détériore vous serez prévenue dans la minute.
Je ne savais pas quoi répondre. J'avais envie de lui crier de s'occuper de ses affaires, mais je ne le fis pas. Pas parce-que je n'en avais pas envie : me défouler m'aurait fait le plus grand bien d'après moi. Mais je savais que quelque part elle avait raison. Venir gueuler tous les jours dans ce hall n'allait pas aider ma mère, je ne pouvais rien faire pour l'aider. J'étais encore et comme toujours impuissante. Alors je tournai les talons sans un mot, et sortit de l'hôpital. Je m'assit sur un banc à côté de l'hôpital, et le grand soleil ne m'apporta aucune joie. Je sentais que mon cœur était en mile morceaux. La fatigue, la peine, la colère, la panique, tout était en moi et j'avais l'impression de pouvoir exploser à tous moments.
- Tu attends quelqu'un ?
Je relevai la tête, et vis Shane debout juste en face de moi. J'étais surprise de le voir, surtout ici, mais ce n'était vraiment pas le moment.
- Pourquoi est-ce que j'attendrais quelqu'un ?
J'avais répondu un peu trop sèchement, mais c'était trop tard, je n'allais pas m'excuser de lui avoir répondu assez violement. Il devrait se douter que ce n'est pas le moment pour venir me parler. Si j'étais devant un hôpital ce n'était sûrement pas pour le plaisir, il aurait dû s'en douter.
- Je ne sais pas, pourquoi pas ?
Mais qu'est-ce qu'il veut bon sang ? Je soupirai, pour lui faire comprendre qu'il m'importunait plus qu'autre chose.
- Tu as besoin de quelque chose Shane ?
- En soit oui, j'ai besoin de pas mal de choses, et toi ?
J'étais sidérée. Comment osait-il jouer le malin maintenant. Est-il débile ? Est-ce qu'il pense que je viens à l'hôpital, que je m'assois devant l'entrée du service de réanimation, pour le fun ?
- Est-ce que je peux te demander de me laisser ? Si tu veux discuter avec moi, on le fera demain.
- Tu n'es pas dans le mood pour discuter c'est ça ?
- Non, pas vraiment.
- Très bien.
Il s'asseya à côté de moi sur le banc.
- Est-ce que t'as compris ce que je viens de dire ?
- Je n'ai pas le droit de m'asseoir ?
C'était la goute d'eau. Je me relevai, furieuse, et marchai pour m'éloigner de ce gros lourd. Putain, mais quel débile alors celui-là !
Il faut vraiment qu'il vienne me faire chier aujourd'hui ? Ce n'est pas le moment. J'avançai à grands pas pour rentrer lorsque j'entendis mon nom. Ce n'était pas Shane, alors je me retournai. Je vis Troy arriver à grands pas vers moi. Pendant une seconde, je me demandai bien ce qu'il faisait par ici. Est-ce que c'était ma soirée ? A croiser tous mes collègues ... Tant qu'il n'est pas aussi chiant et pénible que l'autre ça me va. Quand je pense qu'il ne m'a jamais adressé un seul mot et qu'il ose venir me casser les pieds avec son numéro de pseudo charmeur! Les mecs comme ça, je ne les supportent pas ...
- ça va ?
- Oui et toi ? demandais-je en souriant.
- Très bien. Je t'ai vu au loin, et je me suis dis que j'allais t'appeler. Tu vas où ?
- Chez moi, et toi ?
- Pareille, enfin je vais faire une course d'abord et après je rentre. Tu habites loin d'ici ?
- Non, une dizaine de minutes à pieds.
- Tu sais qu'il y à pleins de bus non ? me demanda-t-il en rigolant.
- J'aime bien marcher. Je suis désolée je dois y aller, mon amie m'attend en bas de chez moi, dis-je pour écourter la conversation.
Oui, ce n'est pas bien de mentir, mais j'avais besoin de me retrouver seule.
- Pas de problèmes, on se voit demain de toute façons, me dit-il avec un petit clin d'œil.
- Pas faux, à demain, dis-je avec un sourire gêné avant de m'éloigner.
[...]
Une fois chez moi, je filai sous la douche. Après un long moment sous l'eau chaude, je fis bouillir de l'eau pour préparer mon plat préféré : des pâtes. Alors que j'allais mettre les pâtes dans la casserole, j'entendis la sonnette de ma porte retentir. Je baissai le gaz, on ne sait jamais, et mis ma veste pour cacher que je ne portais pas de soutien-gorge sous mon débardeur et donc éviter un moment gênant avec un potentiel voisin.
J'ouvris la porte, et me retrouvai face à deux hommes à la carrure plutôt imposante. Leur visages me disaient quelque chose mais je ne savais pas pourquoi.
- Bonsoir, je peux vous aider ?
C'est lorsque mon regard se porta sur le tatouage de l'un d'entre eux au niveau du cou, que je me souvins où est-ce que je les avais déjà vu : le matin même, au restaurant. Qu'est-ce qu'ils me voulaient ?
- Bien plus que tu ne le pense ...
L'un d'eux effectua un mouvement très brusque en ma direction, ce qui me fis lâcher un cris. L'autre m'attrapa et soudain je ressentis comme une piqure au niveau de mon épaule. J'avais beau me débattre et essayer de crier, il était trop forte et avait sa main sur ma bouche. Je me sentis faiblir, et je savais bien que c'était fini pour moi. Je ne pu m'empêcher de penser à ma mère une dernière fois, avant de fermer les yeux.
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