Ⅴ
TESS AMBER
- palais suprême, territoire neutre -
Une semaine. C'était le temps qu'il me restait avant de ne plus être une Amber. Une semaine avant d'enfin être libérée du fardeau de ma vie. Je me réveillais chaque jours avec le sourire, arrivant à activement voir Olympe maintenant que nous nous étions mit d'accord sur le "ne pas rester loin trop longtemps" et qu'il y avait de nombreux préparatifs qui demandaient notre attention à nous deux. Au début je pensais qu'une semaine était très long comme laps de temps pour préparer un mariage mais à présent je doutais que ce soit suffisant. Ce dont je ne doutais par contre pas c'était de cette décision qui était certainement la meilleure que nous ayons pu prendre de notre vie, et je dis nous parce qu'enfin je remarque la manière dont Olympe me regarde. Parfois je le surprenais perdu dans ses pensées mais les yeux rivés sur moi; il rougissait et bafouillait des excuses quand je lui demandais s'il aimait la vue.
Cette semaine passa à une rapidité déconcertante, d'autant plus que la dernière avait été la plus longue de ma vie. Soudainement, tout allait très vite et j'avais parfois du mal à tenir le rythme. Malgré tout je m'améliorais chaque jour, notamment grâce à la reine Maatl qui me donnait des conseils et astuces pour quand je prendrai moi-même ce post. J'allais devenir reine, c'était incroyable, et pas n'importe laquelle qui plus est, la reine suprême.
- Vous êtes sûre que c'est convenable ?
Deux jours avant le grand, tout un tas de servantes accompagnées de Maatl avaient commencés les préparatifs du mariage sur moi, c'est-à-dire les essayages pour la robe, les coiffures, le maquillage, les accessoires... La reine de son grand sourire doux habituel m'avait proposé de porter la robe qui fut autrefois la sienne lors de son propre mariage. C'était un honneur incontestable, j'en étais gênée.
- Mon enfant, vous êtes ravissante dedans. Cela me fait plus que plaisir de voir ce bout de chiffon poussiéreux rendre quelqu'un d'autre heureux, croyez moi. Je vous ne l'ai pas proposé pour rien.
J'hochai la tête. L'entièreté de ma tête me hurlait que je n'avais pas la corpulence pour porter une telle tenue, mais sans toquer ni faire savoir sa présence, la petite voix d'Olympe s'éleva dans mon esprit et souffla "tu es magnifique". Toutes les autres voix disparurent alors, ce fut le calme total. Et la première fois de ma vie que cela arrivait.
Un sourire étira mes lèvres lorsque je me regardai dans le miroir, mais celui-ci s'effaça immédiatement lorsque je réalisai en regardant plus attentivement ce miroir que la "petite voix d'Olympe dans mon esprit" n'était pas du tout dans mon esprit mais bien réelle et que ce dernier ce tenait dans l'encadrement de la porte, des étoiles pleins les yeux.
- Oh sors de là ! s'écria sa mère en faisant un geste de la main qui le fit sursauter, sortit de force de sa rêverie, Ne t'ai-je donc jamais dit qu'il ne faut pas voir la mariée dans sa robe avant le grand jour ?!
Je me tournais vers eux et je ne pu retenir un rire.
- Je suis désolé ! s'empressa-t-il de répondre en reculant plus il se tourna vers moi, Et aussi pour t'avoir tutoyée ! Je veux dire...vous avoir tutoyée !
- Ce n'est rien du tout, au contraire je pense que c'est même mieux ainsi, répondis-je sincèrement mais il ne pu rien répliquer car Maatl ferma la porte en secouant la tête
A nouveau je ris légèrement et elle-même ne put se retenir de sourire.
- Elevez un garçon... Je vous souhaite d'avoir des filles, Tess, bien que mon fils soit une perle rare il reste un garçon...
Elle jeta un regard sur moi plus détaillé de haut en bas et son sourire s'agrandit.
- Quoique je le comprends, vous êtes véritablement magnifique.
Mes joues s'empourprèrent et machinalement, je me mis à jouer avec mes doigts.
- Merci, répondis-je juste, troublée
Au final, je gardais la tenue prévue sans faire d'histoire ce qui plu beaucoup à la reine Maatl. Mais à présent, chaque heure qui passait me rapprochait du jour fatidique et la perspective de sceller cet union m'excitait tout comme elle m'angoissait.
Les deux jours passèrent; j'évoluais dans une agitation constante, sollicitée pour tout un tas de préparatifs qui me fatiguaient considérablement le soir venu. Ce n'est que là qu'Olympe et moi arrivions à nous voir, lors des repas et lorsqu'il me ramenait jusqu'à ma chambre ce qu'il fit les deux soirs consécutifs. Hier en m'allongeant sur mon lit je réalisai ce que marier voulait aussi dire et que l'union devait être scellé ce qui dans la royauté ne constituait pas à passer une bague à un doigt mais pour le dire simplement à une relation sexuelle. Mon ventre s'était noué à cette pensée. Je ne connaissais pas encore assez Olympe pour connaître son avis sur la question, et puis moi qui pensais être prête je compris vite que la simple idée de ce moment m'effrayait.
Et malheureusement mes craintes ne s'arrêtèrent pas là. J'avais passé la journée à angoisser et bien évidemment plus je me rapprochai de la soirée et plus mes angoisses s'agrandissaient. Les noces devaient se dérouler dans la salle du trône, c'est pourquoi j'attendais pendant ce temps là devant la large porte, un bouquet de lys entre mes paumes. Quelques servantes ajustaient une dernière fois ma robe quand la reine vint à moi et les chassa d'un signe de la main comme on chasse des mouches trop persistantes. La cérémonie n'était pas encore parfaitement prête, les derniers invités étaient entrés il y a peu, c'est ce que je mis comme explication à sa présence en la regardant prendre place à mes côtés.
- Comment vous sentez-vous ? me demanda-t-elle en prenant un sourire doux
- Bien, bien oui. Tout est parfaitement sous contrôle: la robe, les fleurs, les préparatifs, Olympe est de l'autre côté, je suis de celui-ci, tout est bien.
- Je parlais plutôt de vos ressentis, Tess.
Je pris une grande inspiration. Actuellement j'avais juste peur que l'eau que je sentais sur les tiges du bouquet ne soit en fait mes mains moites.
- Je me sens bien... Non en fait je suis paralysée par l'angoisse.
Je fixai la porte, incapable de tourner la tête ou même de cligner les yeux, j'avais l'impression d'être devenue une poupée de porcelaine qui en plus d'avoir perdue la faculté de mouvement pouvait se briser à la moindre brise.
- Pour qu'elle raison êtes vous aussi inquiète ? m'interrogea calmement Maatl, C'est la perspective du mariage qui à présent devient réelle ?
Un léger rire s'échappa de mes lèvres.
- Le mariage ? Loin de là. C'est la seule chose à laquelle ma mère s'est toujours meurtrie à m'apprendre, le mariage. J'ai toujours, toujours, su que tout ce à quoi je servirai dans cette famille c'est à me marier, à quelqu'un de riche bien sûr et tout ce qui va avec; ma mère me prépare depuis la naissance au mariage et tout ce que cela implique ainsi qu'à tout ce qui vient après. Je sais exactement et précisément quoi faire, à quel moment, sous quelle demande, à quel endroit, je sais tout.
- Alors vous regrettez ce choix à présent qu'il se concrétise ?
Le seul moment que je parvins enfin à produire: un secouement de tête.
- C'est tout le contraire en fait, soufflai-je, Peut importe ce qui se passera après je ne regrette pas... J'ai peur que lui par contre, il conscientise tout ça et...
Ma gorge se noua. Tout était allé à une vitesse folle cette semaine, je n'avais rien compris, rien suivi, j'avais perdu le contrôle sur tout en me persuadant que je l'avais encore mais non, je ne comprenais rien et j'avais peur de ne rien comprendre. Je ne suivais rien et si mon quotidien devait être ainsi, pourrai-je garder le rythme ? Serai-je un jour à la hauteur de tout cela ? La haute société, je veux dire la véritable haute société, était étouffante et bien remplie mais nous, deux adolescents découvrant le passage à l'adulte nous devions nous préparer à tout porter sur nos épaules encore douces de notre peau d'enfant ?
En me sortant de mes pensées, la reine se déplaça sans mot pour venir devant moi et prendre mes mains, tenant à présent le bouquet avec moi. Je relevai timidement la tête vers elle en réalisant par l'occasion sa grandeur et à quel point elle pouvait être impressionnante jusqu'à ce qu'on ne voit son sourire qui - j'en suis persuadée - serait susceptible d'arrêter des guerres à lui seul.
- Mon enfant... Je ne suis ni mon fils, ni ses pensées, ni son inconscient. C'est pourquoi je ne peux pas vous dire clairement ce qu'il pense en ce moment même, seulement il y a certaines choses que je sais avec certitude parce que je suis et resterai toujours sa mère. Il faut que vous sachiez à quel point c'est impressionnant pour une mère de voir son enfant grandir, murir au fil des années devant vous. Lorsque cela se produit on apprend à mieux regarder, à aller plus loin que la surface et cela je suis capable de le faire avec Olympe. En toute honnêteté je ne pense pas que lui et moi n'ayons jamais été extraordinairement proches, cependant nous partageons des liens forts qui m'ont aidé à l'observer et étudier chaque détail de ses expressions et gestes. Le corps parle, il reflète ce que l'esprit dit mais que les autres ne peuvent pas entendre. Le corps de mon fils parle, énormément si l'on n'y fait attention, et c'est peut-être parce que je suis sa mère que je peux vous dire cela mais il y a beaucoup de chose à apprendre sur Olympe juste en le regardant. J'ai appris à le regarder et aujourd'hui je vois ce que je n'avais jamais vu avant: ses yeux. Ne faites pas cette tête je vous l'assure, ses yeux parlent avec une profonde sagesse et transmettent des émotions indescriptibles que je ne pourrais pas me donner la prétention de comprendre. Quand vous deux avez commencé à vous échanger des lettres, son regard a changé. Dès que j'allais le voir pour lui annoncer qu'une était arrivée il n'essayait même plus de cacher ce qu'il ressentait et son regard pétillait en parcourant des yeux vos lignes. Cela je le sais parce qu'il y a deux semaines environ, peu avant votre arrivée, je voulais aller lui souhaiter une bonne nuit mais en entrant dans sa chambre je l'ai vu assit sur son lit, toutes vos lettres éparpillées autour de lui tandis qu'il les relisaient une à une. Les étoiles dans ses yeux ont fortement changées lorsque vous êtes arrivée; son regard a cessé de pétiller, il explosait de milliers d'éclats. Croyez moi sur parole, à chaque fois que vous entrez dans la pièce, qu'il perçoit votre voix, que quelqu'un mentionne votre nom... Toute son attention s'envole et nous ne pouvons plus obtenir de lui qu'un immense sourire et une soudaine motivation pour tout accomplir, y compris l'impossible si on le lui demandait. Vous auriez dû voir comme il n'a parlé que vous avant que vous ne soyez là, votre nom était le seul mot sortant de sa bouche et tout ce qui le faisait dormir le sourire aux lèvres ! Alors non, je ne suis pas Olympe mais je sais, Tess, et vous devez me croire, que la dernière chose qu'il serait capable de faire est de regretter ce qui dans un instant va devenir concret. N'ayez aucune crainte là-dessus, ce qui se déroule à présent est plus fort que ce que je n'avais jamais senti jusque là.
Le monde s'est, je crois, arrêté. Juste le temps du monologue que venais de me faire la reine et qui me faisait me battre contre les volumineuses larmes qui essayaient de toutes leurs forces de s'échapper de mes yeux. Mes lèvres s'entrouvrirent au moment précis où sortit de la porte du fond ma mère. Maatl ne lui accorda même pas un regard et caressa simplement ma joue - toujours dans une douceur angélique - avant de me laisser un dernier sourire et de s'éclipser pour prendre un escalier à droite de la salle du trône.
Je n'avais pas pu la remercier pour ses mots, mais grâce à elle je ne compris rien à tout ce qu'Alicia Amber répétait à ma droite. Quand les portes de la salle du trône s'ouvrirent sous les applaudissements et que nous commençâmes à marcher ensemble tel que le voulait la tradition, mon coeur s'était totalement calmé. En m'approchant de l'estrade sur laquelle Olympe était debout, vêtu d'un costume si élégant qu'il le mettait parfaitement en valeur, je dirigeai mon regard sur le sien.
Ses yeux explosèrent d'un millier d'éclats.
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