ⅠⅤ
TESS AMBER
- palais suprême, territoire neutre -
Cela faisait une semaine maintenant que je n'avais pas proprement revu Olympe, et il me manquait terriblement. Par "proprement" je veux dire que nous nous étions croisés mais sans bien plus. Après tout, sa mère, Maatl, m'avait mise au courant que le roi préparait son fils à devenir le prochain souverain suprême et qu'il y avait des points très importants qui nécessitaient à Olympe du temps. Je passais la plupart du mien à explorer tout le château et ses environs mais aussi à lire, une passion que j'avais toujours eut, avec celle d'écrire bien qu'elle soit moins présente.
Une après-midi où je m'ennuyais mortellement et où les servantes me firent savoir que la famille royale était enfermée dans la salle du trône pour la journée, je voulus écrire. Il y a avait un bureau dans ma chambre et quelques papiers avec une plume, mais en m'y asseyant j'eus du mal à trouver quoi faire. Avant, écrire était le seul moyen de communiquer avec Olympe, maintenant j'étais ici et je n'avais plus de communication, plus aucune, alors qu'il était constamment à quelques mètres de moi. De manière un peu brouillonne je lui écrivis une petite lettre, plutôt un mot pour partager mes sentiments et pendant de longues heures je réfléchis sur cette idée de lui laisser. L'angoisse et l'excitation me montaient à la gorge en même temps lorsque je l'imaginais la lire. Malgré tout, je la déposais dans la soirée sous sa porte.
Egalement, je voulus écrire à mes enfants, futurs enfants bien sûr. J'avais toujours souhaité en avoir et devenir reine cela voulait dire en avoir par définition. Même si je savais que jamais Olympe ne me réduirait à cela, j'étais là pour cette raison: faire des héritiers. Sans trop penser j'écrivis donc une lettre en parlant de tout et rien et je fus forcer de l'arrêter lorsqu'une servante me prévint que le dîner serait bientôt servit. Elle était assez longue mais j'y avais mit mon coeur, j'espérais sincèrement voir ma descendance la lire avec affection.
Une semaine plus tard donc, on me trouva enfin l'excuse parfaite pour retrouver proprement Olympe. Et cette fois par "proprement" je voulais dire que je refusais de passer une journée de plus sans pouvoir lui adresser au grand minimum un bonjour. Et j'étais déterminée à ne pas lui laisser le choix. Ce soir se déroulerait l'événement qui allait annoncer au peuple qu'Olympe Aramîr, futur Roi suprême, était fiancé. Pour ainsi dire, ce soir les choses se concrétisaient et devenaient réelles, comme si cette semaine n'avait été qu'une période de "test" pour s'assurer que je ferais l'affaire. Car bien sûr, pour ma mère me laisser avec l'un des hommes les plus riches de Mîr Amar, c'était remonter dans les fierté de sa famille et se débarrasser de moi de façon honorable, mais les Aramîr, eux, devaient s'assurer que leur fils ne tomberaient pas dans de mauvaises mains.
Je passai la journée à refaire toute ma garde-robe, toute ma coiffeuse, toutes mes danses que je répétais jusqu'à ce que mes pieds saignent presque, toutes les figures de politesses,... La soirée devait être parfaite et elle le serait, elle le serait. Lorsqu'enfin je me tenais devant les portes en entendant déjà la fête battre son plein, mon coeur s'arrêta. Je repassais les mains sur ma robe pour essayer d'enlever les moindres plis et prit une grande inspiration lorsque les gardes ouvrirent les portes.
Toute la cour était réunie, c'était un événement important il fallait dire, mais c'était surtout très impressionnant pour moi qui, il y a deux semaines encore, était pratiquement paysanne. Je fus annoncée comme le voulait la tradition et tous les regards se tournèrent alors vers moi. Mais il n'y en avait qu'un que je cherchais, qu'un que je voulais voir, en vain. Inspirant à nouveau, je me forçais à sourire en ignorant murmures et regards pour descendre les escaliers la tête haute. Arrivée en bas, chacun repartait déjà à ses occupations.
- Bienvenue mademoiselle, me dit un homme que je n'avais jamais vu avant
- Qu'elle entrée ! me lança une femme en passant rapidement, un verre à la main
- Vous étiez magnifique, sincèrement.
- Très heureux de vous voir parmi nous mademoiselle.
- Vous resplendissez, devons nous vous appelez princesse ?
- Mademoiselle ce soir vous devez me réserver une danse !
- Bonsoir, je peux vous offrir un verre peut-être ?
- Resplendissante !
Je crus éclater.
Une crise d'angoisse peut-être, je ne savais pas vraiment, mais j'eus tout à coup très chaud et mon corset me serra un peu plus qu'ordinaire. Tous ces gens autour de moi à tous parler et offrir, c'était trop, beaucoup trop. Je dû m'excuser et partir d'un pas rapide en direction d'un coin de la salle où peu de monde était afin de reprendre mon souffle. Et la tâche fut plus dure que prévu. Toute cette attention d'un coup, je n'y étais clairement pas habituée, mon coeur non plus à en juger par mon coeur battant comme s'il allait exploser et ma gorge nouée refusant de me faire respirer. Je peinais et cela me faisait d'autant plus paniquer, que pouvais-je faire dans cette situation ?
- Tess ! m'appela alors une voix et je me retournais en sursautant, manquant de tomber au passage
C'était lui bien sûr, mon sauveur.
A des mètres de moi, il se mit à courir pour me rejoindre, l'air affolé, presque plus que moi. Et cela me fit sourire, qui l'eut cru ! Son visage se détendit immédiatement en voyant mon expression, malgré tout une fois arrivé à ma hauteur il prit mes mains et plongea son regard dans le mien.
- Tout va bien, me dit Olympe comme si par un simple coup d'oeil il pouvait deviner tout, absolument tout
J'hochais la tête mais plus par habitude. Le jeune homme jeta un regard derrière lui puis se reconcentra sur moi et sourit.
- Essayez de respirer, je vais le faire avec vous, regardez...
Je le regardai prendre une grande inspiration en me faisant un signe de tête pour m'encourager à faire de même. Serrant ses mains, je le fis et expirer ensuite en faisant de mon mieux. Respirer n'avait jamais été aussi dur et surtout douloureux, pourtant je parvins à faire plusieurs fois cet exercice qui calma mon coeur. Olympe aborda une expression à la fois satisfaite et soulagée lorsque j'hochais la tête pour indiquer que j'allais mieux.
- Merci, lui soufflai-je sincèrement
- Vous n'avez pas à me remercier pour cela, au contraire j'aurais aimé être là avant. Je vous cherchais mais je ne vous ai pas vue alors j'ai demandé autour de moi et tout le monde m'a dit vous avoir vue descendre jusqu'ici. Je devais être en train de parler avec quelqu'un... Excusez moi, vraiment, j'ai l'impression de vous rater sans arrêt.
Un sourire éclaira mon visage et je vis qu'il ne pu s'empêcher de faire de même.
- Tout va bien, le rassurai-je, Grâce à vous d'ailleurs, mais vous n'avez pas à vous excuser, j'ai conscience que votre position fait de vous quelqu'un de très demandé et que votre devoir doit passer avant tout.
Mais son sourire s'effaça lentement.
- Est-ce que j'ai dis quelque chose que je n'aurais pas du dire ? osai-je demander après un silence qui me paraissait un peu trop long
- Non seulement... Mon devoir est important, oui, capital même mais ça ne change rien au fait qu'il ne passe pas avant tout. Il y a une chose qui le fait, et c'est ma famille. Avant n'importe quoi ma famille. Autrement dit avec ce mariage qui arrive... Vous passez avant tout.
Cette fois oui sans aucun doute mon coeur me lâcha, aussi vite que mes joues prirent feu sans que je puisse faire quoi que ce soit. Mais voyant mon expression que je n'osais pas imaginer, le prince eut un rire, rire qu'il essaya de dissimuler mais en vain. C'était la première fois que je découvrais son rire et il était dangereusement communicatif.
- Je rêve où vous êtes en train de vous moquer de moi ?! m'exclamai-je en riant à mon tour malgré moi
Il secoua la tête sans pour autant s'arrêter. Il venait de partir dans un fou rire qui visiblement, était retenu depuis bien des jours. En cet instant je compris que c'était plus qu'une gentille moquerie - involontaire - mais un soufflement, un moment pour respirer et penser à autre chose que les responsabilités qui l'avait accablées toute cette semaine.
- Olympe ! continuai-je lorsqu'il lâcha mes mains et prit sa tête dans son visage
- Je ne voulais pas ! parvint-il à dire mais en se retournant vers moi je m'empressai de cacher mes joues comme je le pouvais
Je ne serais pas capable de dire combien de temps cela dura, mais je sais que passer d'une crise d'angoisse à un fou rire est très rare et qu'à jamais je lui en serai reconnaissante. Ma mère n'avait vraiment pas choisi le pire homme auquel me marier, à vrai dire plus je passais de temps avec lui et plus je le voyais comme le meilleur. Il m'apprit aussi qu'il avait lu ma lettre et qu'il avait été très touché par celle-ci. Quand il me le dit, ses pupilles se dilatèrent et je pu y voir la sincérité de ses sentiments.
Après cet instant il m'offrit son bras pour que nous nous rejoignions à la foule (je dû lui assurer plusieurs fois que je m'en sentais capable) et avec un immense sourire qui ne le quitta pas de la soirée, il commença à me donner tous les petits potins qu'il avait pu récolter sur les aristocrates. Jamais je ne l'aurais cru capable d'une telle chose, et encore moins d'un tel changement d'attitude lorsque quelqu'un nous abordait et qu'il parlait avec calme et bienveillance pour ensuite me lancer des sourires en coin et blaguer sur tout ce qui lui passait par la tête. Il était si réel, si lui-même, que cela me motiva à faire de même. La soirée fut donc tout bonnement magique. Même quand il me proposa de danser et que le stress me monta à la gorge, il trouva le moyen de me glisser quelques mots dès que nous étions près, m'empêchant d'enlever mon sourire béant voire niais.
Je ne voulais pas retourner dans mes appartements quand la soirée se termina.
A la fois parce que cette soirée magique ne pouvait simplement pas s'arrêter mais aussi parce que je ne voulais pas revivre une autre semaine à ne pratiquement pas voir Olympe et être forcée de limiter nos interactions à "bonjour". D'autant plus après ce soir, mais heureusement quand le monde sortit il avait toujours mon bras sous le sien et je pu le prendre à part.
- Promettez moi quelque chose, lui demandai-je et il hocha tout de suite la tête, Si vous avez un instant de libre la semaine qui arrive, venez me voir.
Nul besoin de décrire son sourire, c'était habituel maintenant.
- Suivez moi Tess, me dit-il en toute réponse et je n'eus pas d'autre choix que de le suivre
Il m'emmena dans les jardins et me fit marcher sur plusieurs mètres avant que nous nous arrêtions dans un endroit particulièrement calme. A cet instant il laissa mon bras pour s'allonger dans l'herbe et m'invita à faire de même. Je m'exécutais et suivis son regard vers le ciel où un magnifique spectacle m'attendait: des milliers d'étoiles étaient visibles, parsemant le voile noir de la nuit, scintillant telles des cristaux éternels. Ma bouche s'entrouvrit malgré moi et je compris en entendant Olympe esquisser un rire qu'il m'observait. Je tournai la tête pour croiser son regard. Même sous la lumière de la lune ses yeux ressortaient, aussi puissants que les étoiles.
- Je présume qu'elle ne vous l'a pas dit mais votre mère a discuté avec mon père aujourd'hui. Ils veulent organiser le mariage le plus tôt possible, autrement dit cette semaine.
Le son de sa voix était plus faible, s'harmonisant avec le calme autour de nous.
- Cette semaine ? répétais-je mais mes yeux plongés dans ceux d'Olympe, je n'y vis pas d'inconvénient
Il acquiesça et ouvrit la bouche pour me dire quelque chose avant de se raviser. Je pouvais pratiquement entendre son souffle de là où j'étais.
- Je sais que les choses vont vite, me dit-il, Pour moi aussi, rassurez vous. Mais j'espère sincèrement que ce n'est pas de trop.
Je du me tourner complètement pour bien lui faire face.
- Vous plaisantez ? Vous l'avait assez fait ce soir, vous savez, pas besoin de continuer. Oui les choses sont un peu rapides et je n'ai pas encore trouvé le bon rythme mais ce mariage, cela fait des mois que nous en parlons !
Je souris de toute mes dents avant de rajouter:
- Olympe c'est merveilleux !
Tout son corps se détendit d'un coup et je le sentis même soupirer de soulagement.
- Vous n'avez pas peur ? demanda-t-il et cela traduisait évidemment sa propre émotion
- Bien sûr que si j'ai peur, mais je ne suis pas toute seule. Ce qui va plus me sembler étrange par contre c'est d'être fiancée juste comme ça, juste parce que les adultes l'ont décrété. Mais je ne vais pas m'en plaindre...
J'eus un petit rire mais Olympe, lui, secoua la tête et se leva en époussetant rapidement ses vêtements. Intriguée je me redressai moi-même pour mieux le voir se retourner vers moi.
- Ce n'est pas comme ça qu'on fait.
Ce furent ses seules paroles avant qu'il ne pose un genoux à terre, provoquant en moi un séisme qui me fit presque tanguer mais qui pour sûr me fit me relever complètement cette fois-ci. Mon sourire avait disparu à cause du sérieux de la situation, mais le sien était revenu.
- Si cela doit être notre moment spécial je ne veux pas que les choses se passent telles que les adultes l'ont décrété. Vous méritez plus qu'un mariage arrangé, même si vous me connaissez et m'apprécié. Laissez moi au moins vous le demander correctement, Mademoiselle Amber. Me donneriez vous l'honneur de passer le restant de mes jours à vos côtés, en vous épousant ?
Il sortit un anneau de sa poche, loin d'être ordinaire aux habituels car il contenait une jolie ambre enroulée et attachée à la bague par un fil blanc dont je n'arrivais pas à trouver la matière. Je ne trouvais rien à dire, à part attraper sa main pour serrer avec lui le bijou et ceci également:
- A vos côtés, jusqu'à ce que la lumière quitte mes yeux, Olympe.
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