Chapitre 45: Au revoir les amis
Ren finit par se réveiller en ronchonnant. Momifié dans ses draps, il serait bien resté au fond de son lit si la voix criarde de Matt ne lui avait pas quasiment hurlé dans les tympans de se bouger l'arrière train. Ren bougonna quand l'elfe monta dans le lit du dessus en faisant bouger et grincer le lit superposé. Il régnait dans le dortoir un vacarme et une agitation très pénibles. Ren tourna sur le ventre et mit la tête sous son oreiller.
— Ren t'es sérieux ?? glapit Matt. Tu crois vraiment que tes valises vont se faire toutes seules ?
— Roh c'est son problème, laisse le ! pesta Derak.
Ren sortit la tête de son oreiller, les yeux plissés à cause la lumière extérieur. Le volet était grand ouvert. L'adolescent remarqua trois valises sur le sol de la chambre. Derak y transférait ses vêtements, Pix pliait ses teeshirts sur son lit et Matt s'amusait à faire des bonds de farfadet de son lit au sol.
— Quoi les valises ? maugréa Ren.
— T'as suivi ou bien ? demanda Matt, apparu tête à l'envers au dessus de lui. On nous offre une semaine de repos pour retrouver nos familles !
L'elfe rapatria son buste dans son lit et fit grincer les lattes en rampant sur son matelas. Ren s'assit au bord de son lit en se frottant les yeux. Comme s'il avait envie de se retrouver une semaine complète avec ses parents et ses sœurs... Bon, ils étaient sûrement morts d'inquiétude et se languissaient de le revoir... Mais Ren n'avait pas plus envie que ça de rentrer chez lui.
— Ça va faire du bien de revoir ma sœur et mes parents ! s'exclama Matt en jetant par terre des paires de chaussettes abandonnées sur son lit depuis belle lurette.
— Même si je balancerai bien mes frangins par la fenêtre du quatrième étage certains jours, je dois avouer que j'ai hâte de les retrouver ! renchérit Derak.
— T'as deux grands frères si je me souviens bien, dit Matt.
— Yep je suis le petit dernier chouchouté par ma maman ! ricana le vampire en papillonnant des cils. Toi t'as une petite sœur et Ren est pris en sandwich entre ses deux frangines !
— C'est ça... soupira ce dernier en refoulant l'image de Zoé et Vanessa réincarnées en tranches de pain de mie et lui en jambon.
— Et Pix t'as un grand frère ! lança Matt, visiblement fier de sa mémoire.
Pix redressa la tête, comme sorti de ses rêveries et la hocha d'un air absent.
— Euh oui... Si on veut...
— Ah mais attend !!! s'écria l'elfe. On sait que tu viens d'un autre monde et que t'as échangé de place avec ton alter ego d'ici, ça veut dire que ta famille c'est celle de ton autre toi ??
— Matt !! coupa Derak.
— Nan mais je me pose des questions !! J'ai le droit !
Au prix d'un effort surhumain, Ren s'arracha de son lit et traina les pieds au sol. Il sortit sa valise du placard prévu à cet effet, la fit rouler jusqu'à son armoire, l'ouvrit et enfin il se mit à la remplir sans grande conviction. À la fin de la matinée, les bagages furent intégralement bouclés. Les garçons descendirent à la salle commune et s'installèrent dans les sofas en attendant les filles. Matt en profita pour répéter une énième fois les consignes pour la journée.
— Du coup on fait nos bagages pour une semaine, avec de quoi rattraper quelques devoirs quand même, et cet après-midi on ira poireauter sur le parking de l'école pour attendre nos familles, vous savez c'est le gros parking des profs là, juste après le portail et la conciergerie...
— Matt on sait où il est ce parking ! coupa Derak.
— N'empêche ça permettra de voir à quoi ressemblent vos familles !
Matt était pire qu'une fouine... Quelques instants plus tard, les filles et Emi les rejoignirent, visiblement fatiguées par l'opération valise.
— J'ai trop hâte de revoir mes parents ! brailla Nya. Je sens que je vais avoir droit à une bonne raclette pour fêter ces retrouvailles et si y en a pas : tant pis je l'exigerai !
— T'as bien de la chance de revoir tes parents toi, soupira Sarah. Les miens sont en déplacement professionnel et peuvent pas venir me chercher.
— Tu fais comment du coup ?
— Bah ! Ma nounou viendra sûrement me récupérer...
— Ta... Nounou ? fit Nya, incrédule.
Elle lâcha un rire explosif devant l'absurdité de la situation. Sarah démarra au quart de tour.
— Ben oui ma nounou !!! C'est quoi ton problème ??
— Nan mais une nounou à seize ans Sarah ! rit Nya.
— Quoi ??? C'est ma nounou depuis que je suis gosse et elle travaille toujours pour mes parents, voilà ! C'est pas ma faute si mes parents sont presque jamais là ! Tu préfères le terme gouvernante peut-être ?? ajouta-elle voyant bien que le mot « nounou » était à se tordre de rire.
Nya continua à s'esclaffer toute seule pliée en deux et Sarah lui fila une calotte.
— En tous cas, ça va faire bizarre de plus vous voir d'une semaine, dit Angèle alors que les deux autres filles commençaient à se battre.
— Au contraire ça va faire du bien de plus vous avoir dans les pattes ! rectifia Derak.
— Moi je dis : vivement la rentrée qu'on reprenne tout à zéro, dit Ren. Une nouvelle année scolaire tranquille nous fera le plus grand bien.
— C'est vrai, approuvèrent les autres.
— En attendant profitez bien de votre semaine de vacances, dit Gabi. Moi je reste là avec Emi. Tu leur dis au revoir ?
L'oni, qui était une fois de plus agrippée à une des jambes de Gabi, leva ses grands yeux vers elle, pouce dans la bouche. Elle hocha la tête et trotta jusqu'à Angèle. Elle lui fit un câlin.
— Au revoir Angèle !
L'ange sourit, attendrie, et Emi trotta jusqu'à Derak. Elle sauta dans ses bras, ce qui fit sourire le vampire.
— Au revoir Derak !
Il la reposa au sol et Emi fit un dernier câlin à Pix, qui lui tapota la tête d'un air mal assuré.
— Au revoir Pix !
Enfin elle s'arrêta et dévisagea les quatre autres avec des yeux ronds. Puis elle tira la langue en postillonnant.
— Et vous vous êtes pas beaux !!! brailla-t-elle en se jetant dans les jupes de Gabi.
— Mais quelle petite peste ! râla Sarah. Je peux savoir qui est beau pour toi d'abord ??
Emi posa un index sur sa bouche et leva les yeux au ciel pour réfléchir. Puis elle pointa Gabi du doigt.
— Elle, elle est belle !
Elle pivota comme une girouette, bras tendu en avant et pointa Angèle.
— Angèle elle est belle, Derak il est beau et Pix il est trop beau !! Je veux me marier avec lui quand je serais grande !
— Haaaan, fit Angèle d'un air attendri.
— Mais vous, vous êtes moche !!!! ajouta brusquement Emi en hurlant.
— D'accord mademoiselle trouve les gens beaux que si elle les aime bien et que s'ils sont ses amis, conclut Matt.
L'oni tira à nouveau la langue en fronçant les sourcils et se carapata sans demander son reste. Elle grimpa à quatre pattes l'escalier en colimaçons de la salle commune, tira la langue depuis son perchoir et s'enfuit dans les dortoirs des filles. Gabi soupira.
— Et ben elle a pris la confiance... En tous cas ça ira mieux quand elle sera un peu socialisé. Bon. À dans une semaine les copains...
— Attendez ! Câlin générale avant de partir !! s'écria soudain Angèle.
Elle rassembla tout le monde en vitesse et sans comprendre Ren se retrouva au milieu des autres, enlacé de toutes parts. Le groupe complet s'était mis bras dessus bras dessous. La bonne humeur d'Angèle avait envahi tout le monde. Ren sentit un sourire étirer ses lèvres et il regarda un à un ses amis. Tous étaient radieux. Même Gabi souriait sans se forcer pour une fois. Même Pix ne semblait pas au bout de son existence.
— On termine cette année et dès la rentrée on reprend tout à zéro comme a dit Ren, lança Sarah. Histoire qu'on reste les meilleurs amis pour la vie !
— Alors vivement la rentrée !
***
Comme prévu la bande rejoignit le parking de l'école après le déjeuner. Le temps d'aller récupérer leurs bagages, ils étaient tous en train d'attendre sur des bancs, sous les platanes du parking, en compagnie de surveillants qui restaient à bonne distance pour les garder à l'œil.
— Apparemment les parents iront d'abord voir la directrice avant de venir nous chercher, dit Matt, assis sur sa valise.
— Donc on poireaute ici pour rien ? On aurait pu rester tranquille au chaud !! pesta Derak.
— Pourquoi ils vont voir la directrice ? questionna Angèle.
— Aucune idée ! lança l'elfe. Peut-être pour leur expliquer, leur donner des consignes, ce genre de choses... C'est sûrement pour leur expliquer la situation je pense...
Matt continua à formuler des hypothèses dans son coin. Ren le mit en sourdine, comme une musique de fond. Étendu sur un banc il regardait les nuages circuler lentement dans le ciel. Il essayait de ne pas trop penser à la suite, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Il se demandait quelle serait la réaction de ses parents quand ils le reverront...
Après tout, ils ne s'étaient pas quitté dans les meilleures conditions après les vacances de Noël. Le jour du départ, Ren ne leur avait pas décroché un mot, ne les avait pas embrassé avant de partir et leur avait bien fait la tête. En même temps, ses parents le méritaient amplement, rien que pour les traitements qu'ils lui avaient fait subir. Les expériences, le lavage de cerveau, les mensonges. Ren ne voulait pas les pardonner pour cela dans l'immédiat. Il allait juste attendre leur réaction pendant les retrouvailles et juger par la suite s'il fallait les ignorer, les détester à vie ou leur crier dessus.
Vanessa et Zoé finirent par pointer leur nez, avec une valise chacune. L'ainée salua son frère de loin, pensant qu'il valait mieux le laisser tranquille avec ses amis.
— Tiens c'est pas tes frangines là bas ? demanda Sarah, assise à côté de lui sur le banc.
— Nan c'est juste des filles adoptées qui vivent avec moi. Quoique des fois c'est moi qui aies l'impression d'être adopté quand je vois les tarés qui me servent de famille.
— Pff, tu mâches pas tes mots, comme toujours...
— Je leur rend la pareille, c'est tout...
— Vous parlez de quoi ? demanda Nya en se rapprochant.
Elle poussait Matt assis sur sa valise avec aisance. L'elfe pestait, comme toujours quand on le trimballait comme un vulgaire sac de plumes.
— De l'amour de Ren pour sa famille, simplifia Sarah.
— Ah c'est pas la folle ambiance, hein, hein ? demanda Matt.
— C'est pas tes affaires espèce de commère, dit Nya en ébouriffant ses cheveux. Oh j'ai fait une rime !
— Fous le camps toi ! feula Matt en se débattant.
Il sauta de sa valise et croisa les bras d'un air boudeur et indigné, ce qui fit rire les autres. Puis Matt finit par afficher un sourire en coin, fier d'avoir égayé l'ambiance.
Cinq minutes plus tard une voiture de luxe se gara sur la parking, moteur grondant et carrosserie argenté nickel. Sarah lâcha un « la vache ! » avec des yeux en soucoupes. La portière arrière s'ouvrit et un couple en sortit, accompagné d'une jeune homme. La femme portait une robe élégante et des bijoux de luxe, tandis que les deux hommes étaient en costumes chic. Tous trois avaient la peau brune, des yeux olives, des cheveux auburn et étaient très grand. C'étaient sûrement les Beleth.
— La famille de Pix a l'air bien riche ! s'exclama Sarah, occupée à zieuter la voiture. Ils ont même un chauffeur !
— Dixit la meuf qui a une gouvernante, ricana Nya.
La mère de Pix s'arrêta soudain en apercevant son fils sur le parking, aux côtés d'Angèle et Derak. Elle se mit à pleurer dans les bras de son mari et le jeune homme qui les accompagnait, sans doute le grand frère de Pix, se rapprocha du groupe.
Pix recula de plusieurs pas en se mettant à pleurer. Angèle lui rattrapa la main et Derak l'épaule, chacun avec un regard encourageant et plein d'empathie.
— Allez, va retrouver ton frangin et tes parents, dit Derak en le poussant en avant.
Courbé en avant, mains crispées sur ses bras Pix s'avança pas à pas. Son frère ainé se précipita à sa rencontre et le serra dans ses bras alors qu'ils se mettaient à pleurer ensemble. Les parents les rejoignirent pour un câlin familial rempli de larmes. Pix faisait un peu tache avec ses cheveux turquoise, mais tous les quatre semblaient plus unis que jamais...
— C'est trop mignon, fit Angèle en se rapprochant du banc avec Derak. Je vais pleurer tellement c'est beau.
— Garde tes larmes, je suis sûr que tu vas pleurer comme une madeleine quand ta famille rappliquera, dit Derak, mains croisées derrière la tête. Je me demande qui seront les prochains.
— La baby-sitter de Sarah ! proposa Nya.
— Hein ? fit la démone en détournant les yeux de la Porsche argentée. Mais !
Venant de capter l'attaque, elle envoya son pieds dans les mollets de Nya pour lui mettre un coup mais l'américaine sauta agilement par-dessus avec un « nananananèreuh » moqueur. Une petite Twingo arriva soudain sur le parking en crissant des pneus, évita de justesse la voiture des Beleth et se gara maladroitement en bataille, manquant d'heurter le platane planté au bout de la place. Nya tira la grimace.
— Ma mère est un danger public...
Une femme un peu ronde et aux cheveux bleu marine sortit de la voiture et courut vers Nya plus vite que prévu, les larmes aux yeux. La jeune fille se fit rentrer dedans sans comprendre alors que sa mère commençait à parler en anglais, mélangeant des mots à un accent incompréhensible. Nya la rassura dans son dialecte, puis s'éloigna pour avoir un peu d'intimité avec sa mère.
La famille suivante arriva à pieds depuis le château et Derak crut bon de lancer :
— Tiens voilà les Minimoys !
Il lâcha un croassement de corbeau quand Matt lui administra un coup de pieds derrière le genou. Le blond se mit à brailler pour citer une à une les tailles de sa famille, qui ne dépassaient pas le mètre soixante apparemment, tout en insistant que lui faisait un mètre quarante huit et que c'était grand.
— C'est pas ma faute si on est des elfes ! Les elfes ça grandit pas je te signale, faut vraiment que tu revois tes cours sur les populations de la Terre !!
— Mais quel frustré de la vie ! pesta Derak. Va retrouver tes proches toi.
Matt lui tira la langue et partit à la rencontre de ses parents et de sa sœur, tous blonds avec des oreilles longues et fines. Derrière les elfes, une autre famille descendait du château. Pâles, cheveux noirs ou brun, c'était les proches de Derak. Ils respiraient l'élégance et la noblesse. Deux jeunes hommes, sans doute les frères aînés de Derak se précipitèrent vers lui avec de grands sourires aux canines aiguisées.
— Bébou !!! s'exclamèrent-ils.
— Aaaahhh dégagez et arrêtez avec ce surnom !!! cracha Derak.
Voyant que ses frères fonçaient sur lui avec un peu trop d'élan, le vampire prit ses jambes à son cou et s'échappa sur le parking, poursuivit par ses aînés, créant un joli remue ménage de maternelle. Leurs parents se regardaient d'un air désespéré.
Alors que les autres assistaient à leurs retrouvailles, Ren, Sarah et Angèle attendaient toujours, assis sur le banc. L'ange avait vraiment l'air de s'impatienter et regardait tantôt l'accès au château, tantôt l'entrée du parking.
— Du calme Angèle, dit Sarah. La directrice a sûrement plus de chose à leur dire...
— Je me demande comment ils vont réagir quand ils apprendront que... je n'ai plus de pouvoirs... renifla l'ange.
— Ça changera que dalle, t'inquiète, rassura Ren.
— Mais pour la suite ? Je serais sûrement virée d'Occlasia Academy... Je n'ai plus rien à faire ici...
— Garde tes larmes... conseilla Sarah. Rien n'est encore décidé.
— Oui... Vous avez sûrement raison...
Angèle passa un coin de sa manche sur ses yeux pour essuyer les larmes qui y perlaient. Elle renifla.
— Et vous ? Vos parents n'arrivent pas non plus...
— Ma « nounou » risque de prendre tout son temps... De toute façon, je reverrai pas mes parents avant le mois de juillet donc je m'en fiche un peu.
— Ils font quoi tes parents ? demanda Angèle.
— Militaires. Tous les deux sont donc jamais à la maison. Je me sens plus proche de ma nounou et du majordome que de mes parents. Enfin bref !
Justement la fameuse nounou ainsi que les parents et les deux petites sœurs jumelles d'Angèle arrivaient. La jeune fille ne perdit pas une seconde, se leva du banc et courut dans leurs bras. Des larmes tombèrent dans son sillage. Beaucoup moins enthousiaste Sarah partit à la rencontre de sa nounou, une démone à la peau tout aussi rouge et une corne de bélier cassée. Seul sur son banc, Ren observait les retrouvailles de tous ses amis.
— Et comme toujours nos vieux arriveront en dernier ! pesta la voix de Vanessa.
Ren bascula la tête en arrière et vit sa sœur à l'envers, debout derrière le banc.
— Toujours ! renchérit Zoé. C'est la règle d'or des Saurac !
Tant mieux, ça laissera plus de temps à Ren pour préparer une petite vengeance. Il réfléchissait toujours aux moyens pour embêter ses parents le plus possible et leur faire payer absolument tout ce qu'ils lui avaient fait. L'idée de les bouder pour le restant de ses jours était tentante.
— Juste, soit pas trop dur avec papa et maman, conseilla Vanessa comme si elle lisait dans ses pensées. Ils en ont bavé pendant ton absence, ils s'en sont voulu à mort et je te connais donc : évite de remettre les sujets cobaye et lavage de cerveau sur le tapis.
— Ça dépendra entièrement d'eux...
Comme par hasard, il aperçut ses parents sur le chemin du château, descendant vers le parking. Ren se leva en soufflant, pas trop sûr à propos de la suite des événements. Son père et sa mère s'arrêtèrent en le voyant. Sa mère se mit à pleurer, mains devant la bouche et son père s'avança, l'air de voir son fils pour la première fois.
Ren ne bougea pas et les laissa venir. Puis l'instant d'après, ses parents l'enserraient avec tendresse. Ils répétèrent à quel point ils s'étaient inquiétés, qu'ils s'étaient fait un sang d'encre, qu'il leur avait manqué et qu'ils étaient soulagés de le revoir. Son père lui dit que la directrice avait tout expliqué, sa mère qu'elle était heureuse de revoir son petit garçon.
Et au milieu de tout cela Ren ne pensa qu'à une seule chose... Ses parents faisaient comme si tout allait bien. C'était comme s'il ne s'était rien passé...
En les voyant Ren fut saisit d'un doute. Ils avaient réellement l'air d'avoir oublié le comportement de Ren à Noël. Le jeune homme s'était attendu à des excuses, des supplices, des demandes de pardon, ou encore des explications sur la raison de son hostilité. Mais rien... Juste qu'ils étaient malades d'inquiétude et heureux de le retrouver après trois mois de disparition...
Ren se laissa câliner sans résistance en se disant qu'il ferait peut-être mieux, lui aussi, de faire comme s'il ne s'était rien passé pour le moment. Une minuscule partie de son esprit se dit que le retour de bâton sera encore plus douloureux ainsi.
Son père lui posa quand même la question à propos de la balafre qui courait sur sa joue. Ren haussa les épaules, désinvolte.
— Les cours de magie...
— Dommage ! railla Vanessa. Une si belle gueule gâchée par une vilaine cicatrice.
— De quoi Nessa ? fit Ren en mettant une main en cornet acoustique autour de son oreille. Répète pour voir ? Tu viens bien de dire que j'étais beau ?
Vanessa vit rouge et le foudroya du regard.
— N'importe quoi !!! T'es laid que t'en peux plus !!! Là, t'es content ??
— Ha, ça c'est ma grande sœur, ricana Ren.
— Je suis si heureuse que tu nous sois revenu, dit Hélène leur mère. On va pouvoir reprendre la vie d'une vraie famille.
— Ouais.... Une vraie famille...
Inconsciemment Ren s'était tourné vers ses amis, dispersés sur le parking. Pix était dans les bras de sa mère, à se faire bercer comme un enfant. Nya avait redonné le sourire à la sienne. Matt semblait raconter sa vie à ses parents d'un air passionné. Derak chahutait avec ses frères, ignorant son père et sa mère qui semblaient lui parler sérieusement. Angèle se mouchait à moitié dans les cheveux de ses sœurs jumelles. Sarah blaguait avec sa nounou et riait de bon cœur. Quelque part, Ren les considérait tous comme une deuxième famille.
L'heure du départ finit par sonner. La bande se rassembla une dernière fois pour se dire au revoir, même s'ils ne partaient qu'une semaine.
— Et ben tant de cirque pour sept jours sans moi, qu'est-ce que ce sera pendant les grandes vacances ? lança Derak.
— Oh on survivra très bien, crois moi ! répliqua Sarah.
— Faut déjà survivre à la fin de l'année d'abord ! ajouta Nya.
— J'ai trop hâte d'être en première ! s'exclama Matt. La nouvelle année scolaire sera géniale, j'en suis certain.
— On a intérêt à multiplier les sorties ensemble pour que ce soit encore plus génialissime, approuva Nya.
— Mes parents m'ont rassuré à propos de l'année prochaine, dit Angèle. Apparemment j'ai une petite chance pour rester là. On doit juste passer un entretien avec la directrice pour mettre les choses au point...
— Mais c'est génial ça !
— C'est clair, dit Pix.
— Allez tout le monde. À bientôt pour la reprise, termina Ren.
Un dernier sourire, un dernier signe de la main et chacun rejoignit ses proches pour sauter dans la voiture. C'est sûr qu'ils ne se quittaient pas pour trois mois, prisonniers dans des mondes inconnus, mais ils allaient tous se manquer durant cette petite pause. Alors que la voiture familiale quittait l'enceinte de l'école, puis la ville pour rejoindre l'autoroute, Ren se surprit à somnoler contre la portière.
Un instant il avait fermé les yeux, flottant loin de la réalité. Comme si toutes ces aventures bizarres n'avaient été qu'un simple rêve. Comme si ce voyage dans un monde parallèle, ces rencontres et le lot de vérité qui allait avec n'avaient jamais réellement existé. Tout cela appartiendra bientôt au passé lorsque le quotidien sera revenu comme il faut sur des rails. Tout ceci laissera place à l'avenir.
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