Chapitre 40: Trou noir

Une alarme stridente se mit à sonner dans tous les couloirs de la tour. Le son emballa violemment le cœur de Pix. Le jeune homme se recroquevilla à terre en plaquant ses mains sur ses oreilles et hurlant de terreur. Cela fit sursauter Angèle, un peu plus loin dans le couloir. Elle fit volte face et vit son ami accroupi à terre, tremblant de tous ses membres.

— Hiii, Gabi, Derak ! Pix nous fait un truc bizarre !

— Pfff, il a la trouille comme d'hab, lâcha le vampire.

— L'alarme ! Le bruit, ça rentre dans notre tête !!

— Regarde ! Il se prend juste pour Gollum...

Le regard de Gabi lui signala que ce n'était pas drôle. Derak était de fait plus à bout qu'autre chose et n'avait pas vraiment tenté de faire une vrai blague. Il colla ses index sur ses oreilles pour se les boucher. L'alarme qui tournait en boucle depuis cinq minutes commençait à lui taper sur les tympans. Devant le groupe, Emi menait la marche, trottant sur ses petites jambes. Elle s'arrêta en voyant que le groupe s'était stoppé.

— Vite ! Quand ça sonne, c'est pas bien ! Y a les méchants qui arrivent.

— T'entends Pix ? lança Derak. Tu arrêtes les bêtises et tu te dépêches...

Ksss, foutez moi la paix....

— Ça suffit Styx.

— Comment tu l'appelles ? demanda Angèle.

— Euh Styx... Le nom de son deuxième lui là, sa personnalité méchante. Et qui a bien envie de nous embêter d'ailleurs !

Va te faire... Tais toi à la fin... Stupide Styx. Stupide Pix.

— On arrête tous de perdre du temps, trancha Gabi. Les minutes sont comptées...

— Si jamais un robot ou même une Ombre débarque, ça sera la cata, ajouta Derak.

— Vite, répéta Emi.

L'alarme se tut enfin, laissant place au silence oppressant. Durant instant, personne ne bougea.

— Venez... souffla Emi.

La petite poussa une porte d'escalier et les pressa. Ils grimpèrent les marches métallisées sur plusieurs étages et débouchèrent sur un couloir froid et heureusement pour eux désert. En regardant une porte blindée donnant sûrement sur une salle, Gabi sentit son sixième sens lui picoter le cerveau. Elle s'arrêta. Elle était déjà passé par là il y a quelques temps. Elle avait déjà eu ce sentiment devant cette salle. Cette sensation que c'était par là qu'était leur maison...

Emi s'avança à sa hauteur, la tête au niveau de sa hanche. Elle leva le bras et donna sa petite main à Gabi. Elle baissa la tête vers l'oni.

— C'est là qu'on peut changer de monde... Y a une grosse machine.

— Alors entrons... Faut juste défoncer cette porte...

Elle se tourna vers les trois autres, en train de patienter, alignés comme des pingouins. Bon, Angèle n'avait plus de pouvoirs, il ne resterait que Derak ou Pix pour démonter la porte.

— Les gars... Un de vous deux pourrait ouvrir ?

Derak joignit ses mains, croisa ses doigts entre eux, tendit les bras en avant et craqua ses phalanges avec un sourire frimeur. Il s'avança avec une démarche de top modèle et se baissa à hauteur d'un digicode. Il fit une dizaine de combinaison au hasard et un led rouge s'alluma sur l'écran, avec un message comme quoi la porte était bloquée... Derak se redressa.

— J'ai tout essayé, au suivant !

— Derak... Tes pouvoirs triple buse !! rappela Gabi.

Le vampire cogna ses doigts contre la porte et élargit un peu plus son sourire aux canines aiguisées.

— C'est bien blindé, très bien même. Mes pouvoirs feront pas grand-chose. En revanche !

Il pivota la tête comme une chouette avec un sourire carnassier. Pix fit de son mieux pour se cacher derrière Angèle, mais son mètre quatre vingt cinq ne l'aidait pas. Derak se rapprocha :

— Allez Pix, déglingue moi ce battant blindé, t'en est largement capable !

— T'approche pas !

— On perd du temps avec tes bêtises ! Si tu défonces cette porte, on pourra certainement rentrer !

Pix se laissa tomber à terre en position accroupi, mains sur le crâne et lâcha un geignement.

— Je veux pas, je veux pas, je veux pas ! glapit-t-il en secouant la tête.

— Je vais le ...!!! rugit Derak, à bout.

— Mais Pix... fit Angèle en s'écartant de ce dernier.

Elle se mit à sa hauteur et posa ses avants bras sur ses genoux.

— Fais un effort pour nous. Ça nous permettra de rentrer chez nous, à la maison. S'il te plaît Pix.

Le jeune homme leva ses yeux larmoyants vers l'ange, qui lui sourit avec sa bienveillance naturelle. Sa voix était rassurante. Pix retira prudemment les mains de sa tête.

— Oui ! encouragea Derak. Boum la porte !

— Bougez-vous les fesses ! pesta Gabi.

Prudemment, Pix se leva. Il épousseta son pantalon cargo et s'avança. Les autres s'écartèrent et il se posta devant la porte. Il souffla profondément et tendit une main en avant. Son pouvoir afflua dans ses veines, jusque dans le bout de ses doigts. Déjà, la porte en métal se mit à gémir. La surface se gondola de façon imperceptible. Pix força sur ses pouvoirs avec les deux mains en avant, mais la porte lui résista. Elle était vraiment solide. Il était déjà à bout de force et de souffle.

Ses yeux glissèrent le long de son bras et, horrifié, il vit une sorte de main fantomatique lui attraper le poignet. Il gémit de terreur et voulut crier mais une deuxième main se posa sur sa bouche, enfermant les sons à l'intérieur.

Pas foutu de défoncer une porte. Tu voudrais pas me laisser faire des fois ? Ça irait plus vite.

— Non !

Pix se courba en avant avec la respiration rauque. Ses membres se crispèrent et ses veines ressortirent sur ses bras. À deux mètres de lui, les trois autres reculèrent, peu confiants. Puis Pix souffla longuement. Il redressa la tête alors que le noir prenait le dessus sur le blanc de ses yeux. Trois autres s'ouvrirent à l'emplacement de ses sourcils et sur son front. Un instant il fixa la porte blindée en face de lui, pendant que ses amis retenaient leur souffle.

Pix se redressa complètement et balaya l'air avec son bras. La porte fut dégondée d'un seul coup et valdingua dans la pièce qu'elle protégeait avec des plaintes de métal. Angèle sursauta face à la violence du choc et Emi se mit à hurler dans les jambes de Gabi. Pix, ou plutôt Styx, lâcha un roucoulement satisfait et se mit à léviter au dessus du sol, mains dans les poches. Il tourna ses cinq yeux noir et émeraude vers le groupe.

On y va ?

Blancs comme des linges, Derak, Angèle et Gabi, flanquée d'Emi, se faufilèrent dans la pièce. La porte réduite à l'état de bout de métal déformé gisait tristement, encastré dans le mur en face. Styx s'en rapprocha en lévitant et se mit à rire face à son reflet difforme.

Allez cheh stupide porte blindée ! Cheh stupide Pix incapable ! Krkrkr !!

Pendant ce temps, Derak et Angèle arpentaient la pièce, une sorte de salle informatique remplie d'unités centrale haute comme le plafond et de câbles serpentant sur le sol . Gabi repéra un pavé numérique sur un mur et passa sa main dessus. Une cloison coulissa sur le côté révélant alors une immense machine.

Elle était composée de deux sortes de grosses armoires remplis de câbles, de leds, de boutons, de clous et de tuyaux cylindriques en verre. Le tout entourait un gros donuts de métal, un peu comme une machine d'IRM. Des marches permettaient d'y accéder, cela ressemblait à un portail dans lequel on pourrait passer.

Gabi se rapprocha d'un ordinateur placé devant une des armoires et s'installa à une chaise. Elle alluma l'unité centrale, qui disparaissait au milieu des câbles de la machine. L'écran ne réclama aucun mot de passe. Par moment la sécurité de cet établissement était vraiment à plaindre.

— Bon, on va chercher comment ça fonctionne pour rentrer à la maison... fit-elle.

— On dirait qu'on peut encastrer un truc ici, lança Derak, à côté de l'autre morceau de machine. Un machin ovale.

— Le miroir ? demanda Angèle. Tu crois que cette machine sert a ouvrir des portails pour les autres mondes grâce à un miroir magique comme celui que j'ai cassé ?

— Obligé... Ah j'ai une idée ! s'exclama Derak.

Il se tourna vers tout le monde.

— Les filles, vous restez ici pour trouver comment ce truc fonctionne. Pendant ce temps Pix et moi on va chercher le miroir de Saurac. Histoire de rentrer le plus rapidement possible.

Styx !! Comment oses-tu m'appeler « Pix » !!?

— Rooh mais joue pas sur les mots toi.

— Allez-y oui ! dit Angèle. Et revenez vite avec notre passeport pour notre monde.

Derak hocha la tête et leva un pouce en l'air. Il fit demi tour et sortit de la pièce en invitant Styx à le suivre. En grognant, le démon le suivit en lévitant près du plafond.

— Bon. Direction le bureau de Saurac, dit Derak en trottant dans le couloir. En espérant qu'elle n'y soit pas.

Si elle y est je lui craquerai la nuque. Pour tout ce qu'elle m'a fait. C'est tout ce qu'elle mérite.

— Sûrement pas, t'es malade ! Pas besoin d'aller jusque là.

Derak accéléra instinctivement la cadence en entendant Styx grogner et se rapprocher un peu trop près. Il avait beau être son ami, il allait quand même s'en méfier désormais. Non... Pix était son ami. Pas Styx. Derak et les autres n'avaient jamais connu cette facette de personnalité. C'était comme une personne totalement différente. Le vampire trouvait toujours cela aussi flippant et bizarre, de savoir que deux personnes pouvaient vivre en une.

Il leur fallut une bonne demi-heure avant d'enfin trouver le bureau de Saurac. Il était perché presque tout en haut de la tour, dans des locaux futuristes et impeccables. La porte était évidemment verrouillée. Derak se tourna vers Styx.

— Bon, il faut ouvrir mais...

Go démonter ça !!!

— SANS la défoncer ! Genre, tu peux juste bouger la serrure et le verrou, si tu vois ce que je veux dire.

T'es pas drôle !

Dépité, Styx fit tourner son doigt comme une clé et la porte se déverrouilla. Derak la poussa et entra dans le bureau. La vue à travers la baie vitrée était à couper le souffle. Elle donnait sur des dizaines de gratte-ciel néons et vitrés, et sur les petites étoiles des habitations à flanc de falaise. Le ciel n'était fait que de roches et de stalactites, loin, très loin au dessus de la ville.

Derak se mit à fouiller les tiroirs du bureau, souleva des classeurs et de la paperasse à la recherche du miroir de cette vieille folle. Il craignait qu'elle ne l'ait sur elle. Il partit retourner des étagères puis eut soudain une révélation.

— Dans les films, les méchants ont toujours une planque secrète ! Genre un double fond de tiroir ou un passage secret derrière une bibliothèque.

Il partit vérifier les tiroirs mais rien, à part des feuilles griffonnées. Derak en lut une et découvrit qu'en plus d'avoir des cases en moins, Saurac était une sorte de croyante illuminée. Dans ses écrits, elle évoquait Dieu à toutes les sauces. Qu'il l'avait abandonné, qu'il était cruel...

— Et ben que Dieu lui vienne en aide hein... fit Derak. Sérieusement. Comme si une personne qu'on a jamais vu tirait toutes les ficelles...

Elle avait la folie des grandeurs en plus de cela. Elle voulait le savoir universel et faire revenir Dieu pour se tenir à ses côtés en tant que fidèle servante. Derak pouffa. Il posa ce tissu d'inepties et se remit à la recherche de son miroir. Il vit alors la blouse de Saurac, suspendu à un porte manteau. Derak fouilla les poches et sentit un objet dans l'une d'elle. Ses doigts rencontrèrent une surface froide et lisse. Il ramena sa prise.

— Trouvé haha ! Maintenant on remballe vite !

Il rangea le miroir dans la poche arrière de son jean et se dirigea vers la porte, où Styx l'attendait en flottant dans le couloir. Derak se mit au pas de course en disant de se magner avant que quoi que ce soit ne rapplique. Il aurait dû fermer sa bouche car, comme si quelqu'un l'avait entendu, une mauvaise rencontre les attendait un étage en dessous.

Derak mit un coup de frein et ses chaussures couinèrent contre le sol. Styx s'arrêta au dessus de lui et afficha un sourire. En face d'eux, un robot avait dégainé une grosse épée hachoir. Ses bras striés comme un serpent, ses cheveux noirs et courts, ses yeux rouges et désincarnés : pas de doute c'était Kad, le cyborg berserk.

Un tas de ferraille ! s'amusa Styx.

— J'ai le regret de vous annoncer que vous allez mourir ici et maintenant ! lança Kad.

— Et nous qu'on va devoir y aller, parce qu'on a autre chose à faire ! répliqua Derak.

Son cerveau chercha rapidement la meilleure manière de fuir le plus vite possible... Un escalier à sa gauche, une pièce à baie vitrée à droite et juste le couloir devant et derrière lui. Il fit un bond en arrière quand Kad se jeta sur lui sans prévenir. L'épée brisa le sol comme du papier de verre et le cyborg se servit de son élan pour repartir à l'attaque.

En apesanteur Derak appuya ses pieds contre un mur et poussa pour s'écarter de la trajectoire de l'arme. Soudain le robot lâcha le manche, ferma son poing et l'envoya dans l'estomac du vampire. Derak faillit vomir le peu de nourriture qui lui restait dans le ventre et, étant toujours en gravité zéro, valdingua en arrière en faisant des vrilles dans tous les sens comme un gyroscope. Il attrapa rapidement le tournis et fit doucement revenir son poids à la normale pour ne pas chuter d'un coup. Il se mangea le lino et s'étala comme une crêpe.

Le cyborg piqua un sprint vers lui, trainant sa lourde épée au sol. Derak releva la tête et les yeux. Il ressentit soudain l'incrédulité et la colère en voyant que Styx patientait sans rien faire, assis en lévitation dans l'air et le regardait avec un plaisir non dissimulé. Derak serra les poings.

— Mais aide moi ! souffla-t-il aussi fort que lui permettait la douleur dans le ventre.

Styx se laissa pivoter tête en bas sans réagir, en tailleur, l'ignorant royalement. Entre temps Kad s'était rapproché et colla un coup de pieds à Derak pour le soulever du sol et enchaîner avec un coup d'épée géante. Le garçon crut se recevoir un vrai coup de massue ou se faire rentrer dedans par une voiture. Son corps entier hurla de douleur et il en profita pour crier également. Kad ne le laissa pas souffler et le tacla à terre en le tenant par le col du teeshirt.

— Pix... lâcha Derak.

Un coup de poing en métal lui fit voir trente six chandelles. Son champs de vision rétrécit brutalement, se couvrant d'un voile noir. Ses oreilles se mirent à siffler. Il ne devait pas tomber dans les pommes ! Il ouvrit la bouche et se mordit la langue. La douleur le ramena un peu. Il referma sa main autour du poignet de Kad. Il afficha un sourire ensanglanté.

— Va faire un tour dans le plafond !!! cria le vampire.

Le robot décolla rapidement vers les dalles de polystyrène au plafond et s'y écrasa. Derak se redressa avec difficulté et s'éloignait en titubant, désorienté et le cerveau en compote à cause de la douleur. Il passa sa main dans les cheveux et découvrit un peu de sang sur ses doigts. Il jeta cependant un regard noir à Styx.

T'as fini ? On peut y aller ? demanda-t-il avec impertinence.

— Alors toi... !

Ses jambes se dérobèrent sous son poids et il tomba à terre, en même temps que Kad dans son dos. Mince, son pouvoir n'agissait déjà plus ! Insensible à la douleur le cyborg repartit à l'assaut. Derak tenta de ramper pour s'échapper. Styx siffla et tendit un bras, toujours tête en bas et en lévitation.

La récré est terminée...

Le robot fut projeté sur le côté, arrachant le mur au passage dans une fantastique explosion de plâtre et de poussière blanche. Derak fut bouche bée. Styx flotta rapidement à travers le trou causé et souleva le robot du sol avec sa télékinésie. Il le repoussa en arrière contre la baie vitrée qui se fissura. Kad glissa au sol. Derak se rapprocha en s'appuyant contre les bords du trou dans le mur. Les dégâts à l'intérieur de la pièce étaient impressionnants. Styx flottait au dessus des gravats, observant le robot de haut.

— Ça suffit, faut qu'on y aille, lança Derak.

Styx sembla hésiter, puis tourna le dos au cyborg. Ce dernier en profita alors pour se jeter sur lui et lui enserrer le cou avec ses bras. Styx émit un sifflement et planta ses ongles dans la peau métallique de Kad. Le robot pivota alors sur lui-même et lança Styx vers la baie vitrée. La fenêtre déjà fragilisée se brisa. Le corps de Styx bascula dans le vide.

Derak n'eut ni le temps de réaliser ni de crier. Styx ne chuta pas. À la place il se réceptionna dans les airs en lévitation. Il jeta un regard en contrebas. Des centaines de mètres sous ses pieds, les minuscules lumières de la circulation. Dans un coin de sa tête, Pix hurla de terreur face à cette hauteur vertigineuse. Styx au contraire n'en fit rien. Il regarda le stupide robot perché au rebord de la baie vitrée brisée, sans doute déçu qu'il ne soit pas tombé.

Styx leva sa main et la referma autour d'un objet imaginaire. Au même moment, le corps de Kad se crispa et il décolla du sol. Styx le ramena près de lui, le manipulant avec sa main et ses pouvoirs. Le cyborg lâcha un gargouillis étrange, entre peur et surprise devant cette soudaine hauteur. Derak s'avança pour mieux voir, mais ne s'approcha pas trop de la fenêtre brisée et du vide derrière.

Dans vingt secondes tu vas manger le sol de la planète, ricana Styx en faisant mine de lâcher le cyborg.

Il le lâchait, le rattrapait, le remontait et recommençait, jouant au yoyo avec. Kad hurla de terreur, comme si son âme dans son corps de robot se rappelait de cette émotion.

— Pitié non, repose moi dans la tour et je vous laisse tranquille ! jura-t-il.

Je vais te lâcher et cyborg ou pas tu vas mourir ! jubila Styx. Tu vas être tout explosé et ton âme va rejoindre l'enfer comme ta copine Grâce !

— Pix... Styx ! s'écria Derak.

Il attendit, une éternité, que le démon à cinq yeux daigne à tourner la tête et le regarde en face avant de poursuivre.

— T'es pas obligé de le tuer ! Ramène le et on y va à la fin !

Styx le fixa d'un air mauvais, sans bouger. Tendu comme un élastique Derak attendit, espérant qu'il revienne, qu'il repose le robot... Les secondes qui suivirent semblèrent durer une éternité.

Sans le quitter des yeux, Styx referma alors son poing. Kad fut écrasé sur lui-même, toutes ses pièces se tordirent dans une longue plainte d'acier en accord avec le cri de douleur que poussa le cyborg. Ses membres s'entortillèrent et formèrent une sorte de balle difforme. Une espèce de lueur bleutée s'en échappa et s'envola...Comme un fantôme...

Choqué, Derak regarda les restes écrasés du cyborg tomber dans le vide quand Styx rouvrit la main. Le démon flotta et rentra dans la pièce en passant par la baie vitrée cassée. Derak ne savait plus quoi penser sur le moment. Ça avait duré quelques secondes à peine. Juste le temps pour Styx d'écraser et tuer le cyborg...

— T'es malade... souffla Derak, yeux rivés en direction du sol.

C'est tuer ou être tué, répliqua Styx.

Sans attendre Derak, le démon flotta en direction des couloirs et disparu dans le labyrinthe glacial. Dans la salle dévastée, Derak se redressa et s'éloigna en vitesse du vide derrière la fenêtre. Il tâta sa poche pour vérifier si le miroir y était toujours. C'était le cas. L'esprit vidé, il quitta la pièce, enjambant le trou dans le mur en plâtre. Peut-être que le cyborg voulait leur peau depuis le début, mais à la base il était humain... Un humain qui s'est fait détraqué, tué par Saurac et transformé en machine sans volonté. Il secoua la tête. Il ne devait pas y penser. Ils devaient tous rentrer.

Derak repartit seul dans les couloirs au pas de course, vérifiant toutes les cinq secondes si le miroir était bien là. C'était la dernière ligne droite, ce n'était pas le moment de commettre des erreurs. Il descendit les escaliers deux à deux en grommelant contre Styx qui ne l'avait même pas attendu. Son pieds manqua soudain une marche et il dégringola jusqu'en bas des escaliers en lâchant un juron à chaque palier. Il roula en manquant de se cogner contre la porte coupe feu qui s'ouvrit d'un coup.

Une paire de jambes sauta pour éviter Derak qui cessa enfin sa course à plat ventre. Il pivota sur le dos en grommelant. La personne dans qui il avait failli rentrer s'enquit de son état. C'était une femme à la peau bleuté, aux yeux complètement noirs et avec des tentacules de pieuvres attachés en queue de cheval sur la tête.

— Je viens de tomber dans les escaliers mais ça va... maugréa Derak en se relevant.

La femme pieuvre lui tendit une main qu'il accepta pour se relever. Les yeux de la femme s'arrêtèrent soudain sur la médaille en argent que portait Derak autour du cou.

— Attends... Tu es un ami de Pix il me semble.

— Ça dépend de ce que vous lui voulez.

— Écoute je suis sa psy, Magnolia. Je n'ai pas beaucoup de temps donc tu feras parfaitement l'affaire.

Derak songea à s'enfuir en courant. La femme fouilla les poches de sa blouse de docteur.

— J'ai une mission importante à te confier. Mais je pense que tu en es largement capable.

— Hé mais attendez ! Je vous connais pas, pourquoi j'accepterai ?

— Parce que c'est dans l'intérêt de Pix. Son alter-ego, Alix, a dit que vous étiez en possession d'un morceau de musique. Ça soigne les détraqués mais ça ne soignera pas Pix de manière irréversible. Disons que ça ne le calmera que quand il l'entendra. Mais je pense pouvoir le soigner correctement. Pour ça tu dois te rendre à cette adresse.

Magnolia lui tendit une feuille annotée. Derak attrapa le papier sur lequel était écrit des instructions point par point.

— Tu donneras ces enveloppes à une personne nommée Phyllis Oli. Normalement elle est toujours là bas. Tu devras lui donner en main propre, j'insiste sur ça : ne laisse aucun autre intermédiaire entre toi et Phyllis. C'est très important. Tu lui diras que tu viens de ma part, Magnolia son ancienne collègue.

— Mais...

— Le temps me manque... Je sais que ça a l'air compliqué et tordu, mais Phyllis prendra le relais une fois là bas. Je peux compter sur toi ?

Derak attrapa les enveloppes que la femme lui donna. Elles étaient toutes scotchées. Le garçon remit avec peine son cerveau en route. Cette Magnolia débarquait comme ça et lui confiait des lettres pour une personne de leur monde ?

— Je comprends pas...

— Tu dois juste donner ces papiers en mains propres à Phyllis. Il fallait que je les donne à l'un de vous. Je suis incapable d'aller dans le Premier monde, alors je dois compter sur toi.

— Pourquoi vous me faites confiance ?

— Je n'ai pas le choix. Et puis... Ta médaille.

— Et ben quoi ?

Derak tira sur sa chaîne en argent et regarda la surface légèrement rayé de son pendentif. Un symbole spécial était gravé dessus, ça ressemblait à un trèfle à trois feuilles, trois ronds entrelacés et stylisés. Des sortes de runes étaient tracées à l'intérieur. C'était l'emblème de sa famille depuis des générations.

— Oh non rien... Excuse moi. Tu n'as pas l'air de... Enfin bref, bafouilla Magnolia. Je te confie ces documents et l'avenir de Pix par la même occasion. Eileen me tuerai si elle savait ce que je suis en train de faire. Dépêchez vous de rentrer dans votre monde. Je te fais confiance.

Sur ce la femme repartit aussi vite qu'elle était venue. Derak resta planté quelques secondes avant de ranger les lettres comme il put dans la poche de sa veste en cuir rouge. Il vérifia si le miroir était toujours là puis se remit en marche. Il regarda encore sa médaille. Qu'est-ce qu'elle avait de spéciale pour qu'une inconnue lui donne sa confiance rien qu'en la voyant ? Le vampire la rangea dans le col de son teeshirt et accéléra la cadence.

***

Après quelques minutes de recherche, Gabi tomba enfin sur le mode d'emploi de la machine. C'était un fichier caché au fin fond de l'ordinateur. Gabi cliqua dessus et l'ouvrit. Elle sentit Angèle s'avancer dans son dos.

— T'as trouvé ?

— On dirait.

— Oui ! Il ne manque plus que le miroir et on va rentrer à la maison ! J'ai si hâte.

Gabi lut rapidement comment fonctionnait la machine mais cela coulait de source : insérer le miroir dans l'emplacement attitré, actionner une manette qui mettra en route des pompes qui draineront des litres de magie liquide et un portail s'ouvrira.

— C'était à ça que lui servaient ses détraqués alors... dit Angèle. Juste fournir du carburant pour sa machine inter-dimensionnelle. Quel monstre.

— Plus qu'à attendre les garçons, en espérant qu'ils s'en sortent.

— Je pense qu'on n'a pas de soucis à se faire. Derak est plus fort que ce qu'il prétend et Pix... Et bien vu ce qu'il est devenu, je pense qu'ils n'ont rien à craindre.

Angèle jeta un coup d'œil à Emi qui patientait assise sur une chaise, ses petites jambes pendantes dans le vide. Gabi, menton dans la main la regardait également, plutôt fière de pouvoir lui offrir une nouvelle vie dans leur monde. Elle ne savait même pas pourquoi elle s'était autant attaché à cette fillette.

— On leur dira quoi une fois rentré ? demanda Angèle. Ils vont forcément se demander d'où elle sort et on peut pas l'abandonner comme ça dans un foyer pour enfants.

— T'inquiète je vais gérer... J'aurai juste à être suffisamment convaincante envers la direction.

Angèle partit faire quelques pas dans la pièce pour se dégourdir les jambes. Arrivée devant la vitre teintée de séparation avec le couloir, elle s'arrêta. Face à son reflet. Elle semblait si pâle... Ses yeux si ternes... Et surtout ses cils complètement blancs. Autant de signes qui confirmaient un peu plus la disparition de ses pouvoirs... Elle sentit une boule de chagrin lui remonter dans la gorge.

Ce chagrin se mua en peur quand elle aperçut la silhouette spectrale d'une femme aux yeux de vipères derrière la vitre teintée. Instinctivement elle se jeta à terre. Trois coups de feu suivirent et la vitre explosa. Tremblante de tous ses membres, Angèle rampa au milieu des débris de verre. Elle contourna une cloison et rejoignit Gabi, qui s'était réfugiée sous une table. Emi s'était agrippée à elle et pleurait de terreur.

— Saurac, couina Angèle. C'est elle.

L'ange se tut et Gabi plaqua une main sur la bouche d'Emi pour la faire taire. Les chaussures à talons caractéristiques de Saurac claquèrent sur le carrelage et elle pénétra dans la pièce.

— Pas la peine de vous cacher, je sais que vous êtes là. Sortez d'ici !!

Les filles ne bougèrent pas d'un pouce. Saurac braqua son pistolet en direction de la baie vitrée et tira. La détonation donna un mini arrêt cardiaque au trio et, terrifiées, elles sortirent de sous la table avec prudence. Saurac les mit en joue, tenant son pistolet à deux mains, tremblante. Son chignon bouclé était défait et ses traits tirés par la fatigue et l'agacement.

— Pourquoi personne ne m'obéit ici ? Pourquoi personne ne fait sagement ce que je lui demande ? Pourquoi tout mes sujets veulent s'enfuir ?

— Parce que vous êtes une vieille illuminée cinglée ? proposa Gabi.

Saurac lui braqua son flingue dessus, la main agitée par la nervosité.

— Vous n'êtes que de sales petits fouineurs ! De vrais rats ! Et les rats on s'en débarrasse ! Mais vous êtes des rats de laboratoire et je n'en ai pas fini avec vous !!

Elle braqua le pistolet sur chacune d'elle, le regard fou.

— Vous allez gentiment retourner dans vos chambres et arrêter de fouiner partout !

— Changez de disque ! répliqua Gabi.

Elle ne sut pas d'où lui venait cette assurance, mais elle disparut d'un coup quand Saurac lui jeta un regard aussi acéré que le canon de son flingue. Elle fronça d'un coup les sourcils et les compta en silence.

— Où sont les deux autres ? Où est mon précieux Pix ?? Ah tu perds ta langue d'un seule coup sale morveuse ! En attendant, l'ange repart dans sa chambre et mes deux pierres précieuses vont partir à l'isolement ! Gabi et Emi, vous m'appartenez ! Hein Emi, tu vas m'écouter aujourd'hui ?

La fillette serrait Gabi de toutes ses forces, le visage enfoui dans son pull.

— Sale mioche qui me créé des problèmes ! Je n'ai jamais pu t'attraper avec ton pouvoir infernal ! Ah ta mère m'avait prévenu que tu étais bizarre quand elle t'a laissé ici. Quand elle t'a abandonné ici à cause de ton œil étrange et de ton pouvoir dangereux. J'aurais pu te soigner si tu ne t'enfuyais pas à chaque fois comme une voleuse !

Saurac éclata d'un rire nerveux. Emi se boucha les oreilles et Gabi l'entendit gémir.

— Mais vous deux ! Vous ne savez pas la valeur que vous avez ! Vous ne savez pas à quel point vous êtes précieuses ! Vous êtes le début de ma collection ! Ma clé d'accès pour le monde idéal de Dieu ! Ma clé pour être à ses côtés ! Et ça vous l'ignorez, égoïstes !

— C'est faux vieille folle... répliqua Gabi.

Saurac pointa son flingue droit sur elle. Le canon la fit déglutir mais Gabi poursuivit malgré tout :

— Je sais très bien la valeur que j'ai. Je porte le fardeau du monde sur mes épaules. C'est trop lourd pour moi, mais il n'y a personne d'autre pour le faire....

— Tais toi, tu ne sais pas ce que tu dis !!

— Je le sais plus que vous...

Un éclat mauvais passa dans le regard de Saurac. Son doigt pressa soudain sur la détente...

Gabi bloqua sa respiration alors que le coup partait...

Un tic tac lourd retentit. La pièce passa en noir et blanc, le temps, les sons et l'air se figèrent. Gabi cligna des paupières et loucha sur la balle stoppée en plein élan à vingt centimètres de son visage. Elle expira et ses jambes lâchèrent. Son cerveau avait cessé de fonctionner durant un instant. À genoux, elle tourna la tête vers Emi, agrippée à elle. Sans la fillette et son pouvoir, elle serait...

Non elle ne devait pas y penser. Elle porta Emi dans ses bras et contourna la balle à l'arrêt. Autour d'elle, le monde était gris et figé. Angèle était pétrifiée su place dans ce qui ressemblait à un sursaut, terrifiée. Saurac tenait son pistolet pointé en avant, les yeux mi clos et une moue irritée sur le visage.

— Je remet le temps... dit tout doucement Emi, la voix tremblante.

Le monde retrouva ses couleurs et la balle reprit sa route. Elle s'encastra dans le mur sur sa trajectoire et fit exploser le plâtre. Angèle termina le cri qu'elle avait entamé quelques instants plus tôt et plaqua ses mains sur sa bouche. Saurac cligna des yeux et fronça les sourcils en voyant que Gabi et Emi avaient disparu d'un seul coup, pour réapparaître à deux mètres, évitant ainsi la balle.

— Sales petites morveuses ! cracha-t-elle en rechargeant son arme.

Le canon de cette dernière fit alors un demi tour et forma un nœud sur lui-même sous le regard ahuri de Saurac. Le pistolet lui sauta des mains et continua à faire des nœuds par terre, le rendant inutilisable. La scientifique se tourna alors furieuse vers le couloir, mais il n'y avait personne, ni à travers la vitre, ni la porte.

Au dessus...lança une voix glaciale.

Sentant la peur circuler dans son corps Saurac leva la tête, le cœur battant. Elle s'immobilisa en voyant l'immense sourire carnassier et les cinq yeux remplis de folie appartenant à Styx. Le démon était tête à l'envers et avait passé son corps dans une dalle de plafond. Il tendit sa main aux ongles acérés et Saurac fut soulevée du sol, le corps crispé et la respiration coupée.

Styx descendit au sol en hurlant de rire. Il fit bouger Saurac de gauche à droite, la secouant comme un prunier et se délectant de la situation.

Depuis le temps que j'attend ça !! Par quoi je commence alors ? T'arracher une main ??

— Styx !!! hurla la voix de Derak.

Ce dernier arrivait en courant dans le couloir et enjamba la vitre brisée. Les morceaux de verres crissèrent sous ses chaussures.

— Pose la immédiatement et on s'en va ! ordonna-t-il, loin d'avoir envie de plaisanter.

Je viens de sauver la vie à ces cruches !!! siffla Styx. Et même pas un merci ! Alors j'ai bien le droit d'avoir une récompense !

Gabi sentit Emi la serrer un peu plus fort, la tête enfouie dans son cou et ses cheveux, et Angèle se rapprocha d'elle, tremblante de peur. Styx fulminait et son regard d'encre et d'émeraude était fou. Derak fronça les sourcils et montra les dents.

— Et c'est une raison pour la tuer ?

Il en faut une ?? Cette femme m'a détruit ! À cause d'elle je me suis fait chassé ! À cause d'elle je dois vivre dans un hôte et me battre pour avoir un corps !

— Tu la fermes, tu la lâches et tu nous rends Pix !

Jamais de la vie !!! Vous le reverrez jamais !

Saurac se mit à suffoquer à cause de la force télékinésique du démon. Sachant qu'il ne raisonnera pas Pix, Derak fouilla dans sa poche et en sortit le miroir. Saurac ouvrit des yeux exorbités.

— NON !!! hurla-t-elle en reprenant un semblant de souffle. PAS ÇA !!! PAS COMME ÇA !!!

— Je l'ai ! lança Derak aux filles. Attrapez !

Angèle saisit l'objet qui arriva au vol dans ses mains. Elle se précipita en direction de la machine et l'encastra dans l'emplacement adéquat. Gabi se rua sur le panneau de commande et actionna le levier. Aussitôt des pompes s'activèrent à l'intérieur des armoires. Un liquide argenté et lumineux se mit à remonter dans les tuyaux depuis l'étage du dessous et à remplir les réservoirs en forme de cylindre sur les côtés.

— NON ! cria Saurac. Enlevez immédiatement ce miroir de là ! Vous n'avez pas le droit ! Vous n'irez nulle part !!!!

Elle fut violemment jetée sur le côté et l'air s'échappa de ses poumons quand elle se cogna contre le mur. Elle glissa au milieu de la paperasse en reprenant son souffle. Styx roucoula de satisfaction.

Soudain la machine produisit un arc électrique au niveau du donuts. Le groupe se tourna vers l'engin, tendu, sans oser respirer. Un autre arc de foudre se forma et d'un seul coup un trou noir s'ouvrit, comme un portail dans le donuts. Un vent puissant se mit à balayer la pièce, les documents papiers et les cheveux de tout le monde.

— Tout le monde là dedans !! ordonna Gabi.

Angèle fut la première à s'avancer à pas rapides. Ignorant la peur qui la paralysait, lui tordait les boyaux et la faisait trembler, elle ferma très fort les yeux et sauta dans le trou noir. Les autres la virent disparaître dans le portail de ténèbres.

— Allez on y va, souffla Gabi.

Emi hocha la tête contre elle et s'agrippa. Gabi la serra dans ses bras, rejoignit le portail en quelques foulées et sauta à l'intérieur. Derak se tourna vers Styx, qui semblait hésiter entre venir et tuer Saurac. Cette dernière était en train de ramper à quatre pattes vers eux, tenant une de ses côtes douloureuse.

— Je n'ai pas tout sacrifié pour que vous vous en alliez comme ça sous mon nez ! Mes pierres précieuses, mon Pix... Revenez !!!

— Faut y aller !! cria Derak.

Styx fit la moue, mais finit par suivre le garçon. Soulagé Derak courut vers le trou noir, qui commençait à aspirer des petites objets, avec une seule pensée en tête : « maison ». À son tour il disparut à l'intérieur. Styx le suivit de près en lévitant. Saurac se releva et tendit une main désespérée en avant pour le rattraper. Le démon se retourna et lui fit un grand sourire.

À la revoyure ! ricana-t-il.

Il balaya sa main sur le côté et Saurac ressentit alors une vive douleur au poignet. Toujours en souriant et flottant en marche arrière, Styx disparut dans le trou noir. Le portail se ferma d'un seul coup avec un bruit de succion.

Les yeux de Saurac étaient exorbités à l'extrême, sa bouche grande ouverte, ne pouvant y croire. La douleur à son poignet la ramena brusquement à la réalité. Ses iris de vipère pivotèrent vers sa main tendue, avant de se figer d'horreur. Il n'y avait plus qu'un moignon sanglant au bout de son bras... Sa main gauche juchait à terre.

La scientifique hurla en ramenant son poignet contre elle et tomba au sol. Ses yeux fixaient obstinément la machine, espérant que tout ceci ne soit que le fruit de son imagination. Ça ne pouvait pas être réel : elle ne pouvait pas avoir perdu ses précieux sujets d'expérience comme ça. Elle ne pouvait pas avoir perdu toute la magie accumulée durant cinq longues années en l'espace d'une minute à peine.

La femme se mit à pleurer, de tristesse, de douleur et de colère. La douleur à son poignet n'était rien en comparaison à celle qui lui lacéra le cœur, devant cette réalité.

Posé sur son emplacement, le miroir se fendit avec un bruit cristallin...

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TOUJOURS VIVANTE !!!
Et 3 000 vues atteintes !!! Merci pour tout !
Allez tous ensemble ! Hip hip hip ...!
*bruit du vent 💨 *

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