Chapitre 5 : Je veux juste danser

Adrien et Mademoiselle quittèrent la ville, ensemble.

Au fait, comment tu t'appelle ?
Tu ne sais pas ? C'est drôle, ça...
Tu es en voyage pour savoir qui tu es vraiment et pour réaliser ton dernier rêve ?
C'est poétique, ah ah ah.

Mademoiselle et Adrien marchèrent longtemps, très longtemps, plus longtemps que prévu.

Voiture ? Ils n'en avaient pas. Train ? Il n'y en avait pas. Taxi ? Personne ne passait sur cette route de campagne isolée.
Ils ont donc marché ensemble toute la journée, entre les champs de coquelicot, ceux de lavande et les champs de fleurs sauvages. Ils croisèrent plus d'une fois une vieille vache qui broutait de l'herbe et qui les regardait passer.

Mademoiselle trouva, avec un petit pincement au coeur, que cette endroit ressemblait à son petit village de campagne.

Elle se sentit triste de l'avoir abandonné.
Elle faillit s'appeler Nostalgie quand Adrien l'appela pour lui montrer un paysage magnifique.
En voyant son visage si radieux, Mademoiselle comprit que certains sacrifices étaient importants.

Elle n'est plus Mademoiselle ; elle est Gaieté.

Arrivés dans un petit village, Adrien et Gaieté cherchèrent un endroit pour dormir.
Le petit hôtel du village est libre.
En même temps, personne n'y vient.

Le gérant est vieux.
Il reste assis dans sa grande chaise avec une tasse de thé à la main.
Il n'a pas l'air d'être malheureux que son hôtel soit si peu fréquenté.
Tous les jours, il sirote son thé, et il est heureux.
La vie est une suite de petits malheurs et de petits bonheurs.

Et les petits bonheurs suffisent à rendre heureux.
Si on veut vraiment être heureux, si on veut vraiment chasser ses idées noires, on peut. Mais il faut vraiment le vouloir.

Gaieté écoutait. Cela la faisait quelque chose. Elle n'était pas d'accord. Mais Adrien la coupa dans son élan.

Vous avez raison, monsieur. J'ai voulu me suicider, il y a peu de jours. Puis, je me suis rendu compte que je ne faisais rien pour être heureux. Je ne faisais que ruminer. Mais maintenant, je vais mieux.

Gaieté resta interdite. Elle pensait que le vieil homme avait tort, et voilà qu'Adrien lui donnait raison...

Peut-être a-t-il raison ? Après tout, il est heureux, et pas elle...

Dans son lit, Gaieté se tournait et se retournait en réfléchissant aux paroles du gérant, quand soudainement, une musique festive et joyeuse retentit sur la place.

Gaieté se leva et regarda par sa fenêtre. Les gens riaient, se prenaient par la main, dansaient, bavardaient. Tout ce beau monde avait l'air si... Joyeux ?

Ni une ni deux, elle s'habilla, réveilla Adrien, le prit par la main et l'emmena dansait avec elle sur la place du village.

Le vieux les regardait, dans sa chaise, amusé.

Elle est belle, la jeunesse...

Ils dansèrent, ils dansèrent, ils dansèrent.

Ils oublièrent tout. La seule chose qui comptait maintenant, c'est de bouger son corps en rythme.

Un pied sur le côté. Ils oublièrent la raison de leur voyage.
Un pied de l'autre côté. Ils oublièrent leur galère.
Un tour sur eux-mêmes. Ils oublièrent leur identité.

La danse est fini, mais ils n'avaient rien oublié.

Les villageois se pressaient dans tous les sens, c'était l'effervescence.

Gaieté sentit sa tête tourner un peu.

Tous ces sons, tout ce bruit, tous ces gens... Elle ne s'en était même pas rendu compte.
Tout lui semblait flou maintenant. Elle se sentit prisonnière d'une tempête, d'un tornade l'aspirant sans lui demander son avis. Le souffle lui manqua.

Elle se mit à courir. Elle voulait juste s'échapper.

Elle se mit en boule contre un mur, bien loin de la foule. Elle respirait bruyamment.

Elle vit plusieurs petites têtes.

M'dame ? Vous faites quoi ?
M'dame ? Vous voulez pas danser ?
M'dame ! C'est pas grave si vous savez pas danser, je suis tout pareil que vous !

Elle rigola. Les enfants sont vraiment des êtres à part.

Elle se releva. Elle est Gaieté, tout de même, non ?

Elle tourna sa tête et vit une main tendue vers elle.

M'accorderez-vous cette danse ?

Adrien lui fit un clin d'oeil.

Gaieté voulait juste danser.
Gaieté voulait juste s'envoler.  

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