Chapitre 3 : Je veux juste marcher dans la rue
Nulle arriva juste devant la ville. Elle écarquilla les yeux. Elle tremblait de tous ses membres.
Des gens.
Des gens partout. Des grands, des petits, des vieux, des jeunes, des femmes, des hommes, des enfants, des adolescents, des adultes, des personnes âgées, des blonds, des bruns, des roux, des originaux, des danseurs, des racailles, des étudiants, des personnes d'affaire, des bruyants, des silencieux, des pressés, des moins pressés, des sportifs, des promeneurs de chiens, des conducteurs de voiture, des conducteurs de moto...
Il y en avait trop, bien trop.
Nulle pensa que c'était beaucoup trop dur pour elle. Qu'en deux jours, elle ne pouvait pas se permettre d'y aller.
Elle allait pleurer, encore.
Elle allait trembler, encore.
Elle allait respirer rapidement, encore.
Elle ne pouvait pas. Son nom est Nulle.
Une simple mamie l'avait mise dans tous ses états.
Que se passerait-il, cette fois-ci ?
Un vélo la frôla.
C'est à ce moment-là que Nulle décida enfin de s'aventurer dans la ville.
Elle essayait de se faire toute petite tout en marchant, et ce n'est pas très dur pour quelqu'un comme elle.
Elle eut l'impression que tout le monde la dévisageait, que tout le monde la jugeait, que tout le monde se moquait.
«Ma jupe est démodée. Mes cheveux sont en bataille. Je marche bizarrement.»
Nulle pensait tout cela, et elle était persuadée que tout le monde pensait comme elle.
Nulle se sentit encore plus Nulle.
Elle se mit à courir pour échapper à tous ces regards qu'elle était sûre de voir,
A toutes ces voix qu'elle était sûre d'entendre,
A tous ces jugements qu'elle était sûre de deviner.
Un peu plus loin et un peu plus seule, Nulle se détendit un peu, enfin.
Elle regarda le ciel, encore prête à fondre en larme.
Le Soleil fut caché par d'énormes nuages gris.
Ces nuages qui recouvrent le Soleil et dont on en voit jamais le bout.
Ces nuages qui cachent la lumière au bout du tunnel...
Mais elle pensa à son rêve ; s'envoler.
C'est impossible ! Elle ne peut pas voler ! Elle est Nulle !
Elle ne peut pas faire l'impossible alors qu'elle ne peut même pas parler aux gens autour d'elle !
Elle regarda le ciel encore.
De grosses larmes de crocodile coula sur ses joues roses.
Et elle pensa à tout.
Aux champs de lavande.
A sa maison.
A sa chambre sombre.
A son ancien collège qu'elle a quitté il y a une semaine.
A son nouveau lycée où elle ne veut pas y entrer.
A ses parents.
Au train.
A sa vie.
Le Soleil sortit du nuage gris, aussi fier et brillant que tout à l'heure.
Nulle avait pris sa décision.
Elle voulait prouver que tout est possible.
Elle se força à sourire.
Et marcha dans la rue moins fréquentée, le sourire au lèvre, le poing serré dans sa poche, avec un démarche plus assurée, la tête haute.
Elle n'est plus Nulle ; elle est Confiance.
De nombreux magasins. De nombreux immeubles.
De nombreuses rues, ruelles et avenues à en perdre la tête.
C'est dans ce labyrinthe que même Dédale n'aurait pu concevoir tant il est trop compliqué que Confiance s'aventura, un peu plus sûre d'elle, moins obnubilée par l'avis des gens.
D'ailleurs, elle ne vit plus aucun regard, elle n'entendit plus aucune voix médisante et elle ne s'imagina plus aucun jugement.
Après de longues heures à arpenter en long et en large la ville, à découvrir ce qu'est réellement la ville et à chercher un moyen de voler, Confiance s'assit sur un banc d'un très beau parc.
Elle observa en silence, comme elle seule sait bien le faire.
Son âme, qui semblait être libéré il y a quelques minutes, s'assombrit encore.
Elle avait gagné un peu de confiance en elle, mais elle n'était pas heureuse pour autant.
Quoi que l'on puisse en penser, Confiance a fait un pas de géant dans sa vie.
Confiance voulait juste marcher dans la rue.
Confiance voulait juste s'envoler.
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