Chapitre 2 : Je veux juste prendre le train
Aventure avançait toujours, le visage toujours face au vent, prête à s'envoler à la moindre brise plus forte que les autres.
Elle avait pris sa décision : elle prendrait le train, et elle partirait à la recherche de son rêve.
Elle arriva à la vieille gare, la seule des environs. Pourtant, pas beaucoup de personnes s'y pressaient. Les gens semblaient avoir abandonné la campagne pour la ville.
Intéressée, Aventure s'empressa de composter son petit billet qu'elle avait gardé au chaud contre sa poitrine, avant de monter, le coeur battant, dans le train...
Plusieurs personnes, bien plus pressées qu'elle, la poussèrent dans tous les sens.
Elle se déplaça silencieusement et lentement dans ce beau train. Elle observait tout ce qui se passait.
Une mamie qui tricote un pull en laine très beau pour son petit-fils.
Une petite fille qui s'endort sur les genoux de sa mère, qui, elle, lit un livre.
Un adolescent qui écoute sa musique calmement, avec ses écouteurs.
Un homme d'affaire, qui travaille et qui espère ne pas arriver en retard à son rendez-vous.
Deux copines qui gloussent sans arrêt et deux copains qui hurlent.
Des parents fatigués qui les fusillent du regard.
Deux amoureux qui s'embrassent sans aucune gêne.
Et une Aventure qui observe ce monde et qui, pour la première fois, le trouve assez intéressant.
Elle s'installa près de la fenêtre. Tout de suite, tout lui paraissait fade comparé à ce qui défilait devant ses yeux.
Elle regardait, silencieuse.
Le silence est plus important qu'on ne le croit, mais la musique l'est bien plus.
La mamie qui tricotait un pull se penche vers Aventure et lui demande gentiment ce qu'elle fait.
Aventure se retourne. Son regard croise celui de la vieille dame.
Son coeur se remet à battre rapidement.
Ses mains redeviennent moites.
Elle se remet à respirer rapidement.
Elle est terrifiée.
Elle s'enfuit dans les toilettes.
Elle s'enferme à clé.
Elle ne veut plus en sortir.
Elle se met en boule, met ses mains sur ses oreilles pour ne plus rien entendre, cache ses yeux entre ses jambes, essaye de reprendre une respiration normale.
On toque à la porte.
Aventure serre encore plus fort ses mains sur ses oreilles.
Elle sent que le train s'arrête.
Elle se relève, elle ouvre la porte d'un coup, elle se met à courir, elle bouscule des voyageurs mécontents.
Elle court, elle court comme elle ne l'a jamais fait, elle s'essouffle, elle s'arrête, elle se remet en boule, et elle essaye de reprendre une respiration normale.
Les larmes ne tardent pas à couler.
Aventure se sent nulle.
Nulle. La vraie définition de nulle. Tout ce que ça veut dire. Tout ce que ça engendre.
Elle n'est plus Aventure. Elle est Nulle.
Mais il est temps de partir.
Nulle se dirige, le pas lent et pesant, vers la sortie de la gare.
Le Soleil et le ciel bleu ne lui redonnent pas le sourire.
Elle les regarde, et tous ses espoirs, toute son excitation s'est envolée.
Elle ne veut plus partir, elle ne veut plus réaliser son rêve.
C'est bien trop dur pour elle.
Mais trop tard : le train est déjà parti.
Et Nulle entend son sifflement au loin, comme s'il ricanait et se moquait d'elle.
Nulle regarda le ciel encore une fois.
Et elle se mit à courir.
Courir vers son destin ?
Nulle voulait juste prendre le train.
Nulle veut juste s'envoler.
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