Chapitre 6 : « Call Mew By Gulf Name »

Mew

En arrivant le premier jour des ateliers, je surprends Gulf plongé dans la lecture du planning comme le serait un premier de la classe dans un livre d'arithmétique. Est-ce qu'il arrête d'être mignon, parfois ?

Il semble néanmoins tendu, aujourd'hui. Mais ce serait mentir d'affirmer que je suis complètement serein de mon côté. Il y a toujours cette nervosité latente, au début d'un tournage. J'espère vraiment que nous serons à la hauteur, mais surtout que Gulf sera à l'aise avec moi. C'est peut-être ça qui me rend légèrement nerveux, tout compte fait.

Ce midi, je confie mes craintes à Mame. Ce n'est peut-être pas le moment le plus opportun dans ce restaurant bruyant où les conversations vont bon train, mais Gulf et moi sommes d'un bout à l'autre de la tablée, il ne risque pas de nous entendre. De plus, il se trouve en pleine conversation animée avec Mild et Run, nos deux clowns attitrés. Ces deux là seraient capables d'amuser un moine en pleine transe méditative.

En observant le joli visage de Gulf, j'ai la certitude que je n'aurai aucun mal à embrasser cette bouche qui ne me laisse pas aussi indifférent que je voudrais le croire. Mais j'ai peur qu'il soit réticent, et que la série en soit impactée. Il sait à quoi s'attendre, bien entendu, mais j'ai cette secrète inquiétude, de ne peut-être... pas lui plaire ?

— Alors, tu penses que tu arriveras à apprivoiser notre petite créature farouche ? me sonde Mame, clairvoyante.

Elle a dû surprendre mon regard.

— Espérons, dis-je, soucieux.

— Tu sais... Je ne m'inquiète pas. Qui ne tomberait pas sous ton charme ?

— Pff, flatteuse, va ! Je ne doute pas de mes capacités, mais je crains que Gulf ne soit intimidé en ma présence.

— Oh oui, il l'est.

— Tu vois.

— Ce n'est pas ce que tu penses. C'est une bonne chose, en fait.

— Ah bon ? Comment ça pourrait être une bonne chose ?

— Fais moi confiance. Contente-toi de le rassurer et tout ira bien, me conseille-t-elle avec un petit clin d'œil.

Est-ce que quelque chose m'échappe ?

~~

Gulf semble perdre pied. Je vois ses épaules s'affaisser et son visage inquiet. Nous sommes assis en tailleur l'un en face de l'autre, pour les toutes premières répétitions. Si Gulf paraissait enjoué à la lecture du script quelques minutes plus tôt, il est à présent prostré. Je sens presque son cœur battre de nervosité dans ma propre poitrine. J'ai aussitôt le besoin irrépressible de le rassurer, de le protéger. Tout à fait naturellement, et sans même me rendre compte de mon geste, je prends ses mains. Elles sont si fines et petites entre les miennes. Je les caresse délicatement, pour tenter de le ramener vers moi en douceur, tout en le berçant de paroles rassurantes.

Gulf me sourit enfin. Ses yeux s'illuminent. Il est de nouveau là, avec moi.

— Ça va aller ? Tu as besoin de quelque chose ? lui demandé-je, après qu'il ait reprit ses esprits.

— Oui, Phi, ça va aller. Je suis avec toi.

— Tu te souviens, tu m'as dit que parfois tu avais des doutes, mais que tu assurais le moment venu ?

Il hoche la tête.

— Aujourd'hui, c'est le moment où tu as des doutes. Mais tu vas assurer pour le tournage. J'en suis sûr.

Je ne mens pas. Sa performance, lors de l'essai, était absolument convaincante. Il fera un Type remarquable.

L'incident clos, nous commençons à répéter notre toute première scène. Mame tient à ce que nous suivions le script de manière chronologique, pour davantage d'empathie avec les personnages.

Dans cette scène, Type doit me crier dessus et m'intimer de trouver une autre chambre dans le dortoir universitaire. Instantanément je suis Tharn, instantanément Gulf est Type. La magie opère. Je ne reconnais même plus la voix douce de mon compagnon. Où est-il passé ? À la fin de notre échange, le moment se suspend brièvement le temps de reprendre nos esprits. Un grand rire m'échappe.

— Tu m'as vraiment fait peur, Gulf ! J'ai cru que tu allais me frapper. Je ne t'ai même pas reconnu ! Où étais-tu donc passé ?

Il rougit du compliment.

— Tu sais, j'ai mon petit caractère aussi, par moment !

— Je n'en doute pas !

Je lui caresse brièvement la tête, attendri. Son regard semble me scruter. À quoi pense-t-il ?

La journée se termine enfin. La nuit est tombée depuis plusieurs heures déjà et nous sommes tous épuisés.

— Bon boulot tout le monde ! C'était une super première journée. Je suis fière de vous ! s'écrie Mame. Maintenant, au lit, parce que demain, une autre grosse journée nous attend.

Après nous être changé, je décide de faire une tentative d'approche vers Gulf. Ce serait judicieux que l'on devienne amis, tous les deux. On va quand même devoir partager un certain nombre de choses ensemble, après tout...

— Hé Gulf, tu veux que je te raccompagne ?

— Je ne veux pas t'embêter, Phi.

— Ça ne m'embête pas du tout... Je suis en voiture.

— D'accord, accepte-t-il après une brève hésitation.

Nous grimpons à bord de ma voiture et Gulf m'indique le chemin jusqu'à sa chambre étudiante.

— Tu vis donc seul, lui demandé-je ?

— Seul, c'est un bien grand mot. C'est un dortoir de garçons, tu sais. Donc on n'est jamais vraiment seul.

— Ah, je connais ça. J'ai également un appartement étudiant en ville.

— Oh, tu es encore étudiant ? Enfin, pas que tu n'aies plus l'âge d'être étudiant, je suppose, bredouille-t-il.

— Ahah, ne t'en fais pas. J'ai l'habitude que les gens soient surpris. Je n'ai plus 20 ans, c'est vrai. Mais je suis un éternel étudiant. J'adore apprendre.

— Tu étudies quoi, actuellement ?

— Je suis à la fac d'ingénieur de Chulalongkorn.

— Oh, c'est assez prestigieux.

— C'est aussi beaucoup de boulot. Et puis, je suis sans cesse entre ma chambre étudiante et la maison de mes parents. Mon chien me manque, quand je suis loin de lui.

— Oh, tu as un chien ?

— Oui, c'est un pomeranian. Il s'appelle Chopper.

— Il doit être adorable !

— Oui, il est vraiment craquant.

Un peu comme toi, pensé-je intérieurement.

Comparer Gulf à mon petit chien, je ne vais pas bien. Cette journée m'aurait-elle cramé les neurones ? Je dépose Gulf en bas de chez lui.

— Bon, eh bien... à demain, Nong. Je viendrai te chercher.

— Ce n'est pas du tout sur ton chemin, n'est-ce pas ? Je ne veux pas t'embêter, me dit-il d'un air gêné.

— Ne t'inquiète pas, ça me fait plaisir.

— Hum, d'accord, alors.

— Demain, à 8h.

— À demain, phi.

Je regarde Gulf rejoindre son appartement, pensif. Au vu de la journée que nous venons de passer, ce tournage promet d'être explosif. Je ne sais pas sur quel pied danser, avec ce jeune homme. Tout à tour fragile, talentueux, déstabilisant. Il ne me laisse jamais... indifférent.

~~

Mars

Les répétitions avancent doucement mais sûrement, entre journées d'atelier, nos études et les évènements de promotion. L'industrie de la série TV thaïlandaise ne s'arrête jamais de tourner. Nous sommes sur le pont, à chaque instant ! Avec Gulf, l'entente me paraît au beau fixe. Je viens le chercher le matin et le dépose le soir, ce qui nous permet de nous rapprocher mutuellement. La complicité commence à faire son chemin, pas à pas. J'ai aussi trouvé l'astuce pour éroder sa carapace : lui parler de jeux vidéo. Un enfant, vraiment.

Mame nous a annoncé, lors de notre deuxième atelier, les scènes de films dont nous devrons nous inspirer pour travailler nos dynamiques de jeu.

Call Me By Your Name.

C'est le film qui nous a été attribué, à Gulf et moi. Pour cet exercice, j'incarnerai le confiant étudiant américain Oliver, et Gulf le jeune Elio. Nous n'avons pas encore évoqué le sujet, probablement encore un peu gênés par l'idée d'intimité. Il faudra bien en discuter, pourtant... car ce sera l'exercice du troisième atelier. Je suis impatient, excité, nerveux, tout cela à la fois. Comment est-ce possible, moi qui suis d'habitude si nonchalant et détaché ?

Pour l'heure... point de répétition, mais une sortie d'équipe au Line Village à Siam Square. Venant directement de chez mes parents, je n'ai pu aller chercher Gulf.

— Bah alors Tharn n'est pas avec Type aujourd'hui ? Première dispute de couple ? plaisante Run à mon arrivée, toujours le premier à commenter le moindre de nos faits et gestes.

Quoi que, entre lui et Mild, ça se discute. J'ai l'étrange impression que les regards sont sans cesse rivés sur nous, dans l'attente d'un rapprochement ou d'une dispute, comme si nous étions un jeune couple.

— Occupe-toi de tes propres relations, Run. Ah oui, j'oubliais, tu n'en as pas !

— Oh ! Oh ! s'exclame, Mild, au bord du fou rire. Vaincu par KO, Run.

— Je ne te savais pas si cruel, Mew, bougonne Run.

— Ça t'apprendra, le charrié-je en lui mettant un petit coup sur la tête.

— Au lieu de dire des bêtises, si on commençait à faire la queue ? suggère sagement Tong, plus jeune que moi d'un an, mais dont la rigueur et le calme le placent naturellement dans le rôle du patriarche.

Situé au centre de Bangkok, Line Village est un parc à thème consacré au royaume des petits personnages de la célèbre application de messagerie. Mary, la chargée des réseaux sociaux de TharnType, nous suit à la trace aujourd'hui, afin de faire quelques images pour le web.

Gulf apparaît enfin, tout sourire. Il agite sa main d'une manière adorable en nous apercevant.

— Salut, P'Mew.

— Salut, Nong, lui dis-je en le prenant par l'épaule.

Ce geste protecteur est devenu si naturel en un rien de temps... Je ne me l'explique pas.

Dans le parc, l'humeur est à la plaisanterie. J'explique à Mary à quel point je ressemble à Brown, le dernier sticker en date de Line, car je suis quelqu'un de calme doublé d'un lecteur, tout comme lui. Je ne sais pas pourquoi je me lance dans ce drôle de monologue argumenté pour me comparer à un ours brun, mais ça amuse Mary, en tout cas.

— Est-ce que tu es en train de te vanter ? intervient Gulf qui se baladait plus loin.

— Mais pas du tout ! Allons visiter le reste.

— Oui, allons-y, et arrête donc de te prendre pour Brad Pitt devant la caméra, me taquine-t-il.

Je vois que petit Gulf commence à prendre ses aises avec moi !

— Non mais toi, tu ne perds rien pour attendre !

Nous continuons notre visite dans une ambiance légère. Cette pause est une parenthèse bienvenue dans notre programme infernal. Alors que je discute avec Parinya, l'acteur qui incarne mon ex-petit ami dans la série, Gulf nous aperçoit. Parinya et moi sommes en quelque sorte cachés dans la cabane aux canards du parc.

D'un air amusé, mais non moins accusateur, Gulf pointe son doigt sur moi :

— Mais, qu'est-ce que vous faites ici ? Tu dois me respecter, Tharn !

Je décide d'entrer dans son petit jeu. Je sors avec empressement de la cabane en repoussant Parinya, avant de m'écrier :

— Ma petite femme m'appelle, je dois y aller !

J'attrape les épaules de Gulf, d'un air désolé. Celui-ci secoue la tête, mimant la déception.

— Juste sous mes yeux, vraiment... Comment oses-tu !

Les garçons nous encerclent, très amusés de notre petite mise en scène.

— Pas besoin de s'inquiéter, Tharn appartient à Type quoi qu'il arrive, déclare Kaownah.

— Les gars, vous êtes vraiment trop dans le rôle, observe Tong, mi amusé mi exaspéré.

C'est vrai, on s'est légèrement laissé emporter. Gulf et moi éclatons d'un rire franc, devant l'œil comblé de Mary.

— Vos premières images de flirt, c'est trop mignon ! commente-elle.

Gulf et moi nous jetons un regard, et pour une fois, il n'est pas le seul à rougir.

~~

Avant notre prochain atelier, toute la troupe doit donner une interview à un média destiné à la jeunesse, directement au studio. Nous sommes ensuite invités, le soir même, à un important salon du livre. Encore une journée chargée, où Gulf et moi ne pouvons répéter ensemble. Je reconnais que ces moments privilégiés avec lui me manquent un peu... Les journalistes nous accordent enfin une pause. J'en profite pour chercher l'attention de mon jeune compagnon.

— Gulf, ça te dit une partie de jeux vidéos ?

Son visage s'éclaire.

— Un petit free fire ?

Ma meilleure stratégie pour l'apprivoiser, comme je le disais.

Nos sommes à demi allongés dans le lit d'appoint de la salle de repos, à jouer sur nos téléphones. Le lit est si petit que nous sommes serrés l'un contre l'autre. Mon épaule repose contre la sienne. Délibérément, ou pas ? Je ne saurais le dire, la couchette est de toute manière trop étroite pour faire autrement. Je reconnais toutefois que son contact tiède ne me gêne pas le moins du monde. Il sent bon, également... Une odeur de shampooing pour bébé envahit mon nez.

— Gulf...

— Hum hum ? grommelle-t-il, distrait, sans quitter son téléphone des yeux, absorbé par son jeu.

— Tu te rappelles de la scène que nous devons préparer, celle de Call Me By Your Name, lundi prochain ?

Il se fige, instantanément.

— Oui, bien sûr, répond-il sans me regarder.

— Étant donné qu'on a un peu de temps, que penses-tu de commencer à la répéter avant le week-end ?

Il hoche la tête, fuyant toujours mon regard. J'attrape doucement son menton, et le tourne vers moi.

— Tu sais, on peut commencer par la scène de la cheville ? suggéré-je prudemment.

Au contact de sa peau, mon cœur s'accélère.

— Celle où Elio saigne du nez ? *

J'acquiesce.

— Gulf, commencé-je, n'hésite pas à me dire si quelque chose te met mal à l'aise, d'accord ?

Il hoche la tête, surpris de ma question.

— Pourquoi est-ce que tu dis ça ?

— Comme tu sais, nous allons avoir beaucoup de contacts physiques sur cette série... et les ateliers vont aussi nous permettre de travailler cet aspect. Je veux que tu sois consentant à chaque geste que j'initie vers toi.

Je ne voudrais surtout pas que Gulf se sente gêné avec moi. De douloureux souvenirs me trottent également dans la tête, concernant mon ancien partenaire sur What the Duck. Des limites doivent être clairement établies, cette fois.

— Bien sûr, Phi... Mais je te fais confiance.

Je suis si touché qu'il me dise ça, surtout si on considère qu'il est probablement au courant de l'affaire qui a failli me coûter ma carrière.

Nous commençons à répéter la scène, et petit à petit, Gulf se détend. J'ai même le luxe de toucher sa jambe fine et bien dessinée qui repose sur la mienne. Gulf ne peut s'empêcher de rire car ça le chatouille.

— Les garçons, on reprend ! nous informe Kulap, brisant ce moment de complicité que j'aurais voulu faire durer plus longtemps.

~~

Troisième atelier

J'ai passé un week-end compliqué. Je n'ai pas arrêté de penser à Gulf. Celui-ci ne m'a d'ailleurs pas aidé à prendre mes distances, m'envoyant des messages et des stickers mignons tout le week-end, comme pour attirer mon attention. Je n'ai pas trouvé le repos.

Je pensais à notre scène, et au baiser qui nous attendait. Comment allons-nous interpréter ce moment ? Les scènes sensibles n'ont aucun secrets pour moi, d'ordinaire. Je suis habitué à en parler ouvertement à mes partenaires. C'est bien d'ailleurs ce que j'avais prévu de faire avec Gulf, avant que celui-ci ne se mette à me troubler sans raison.

Ou peut-être y a t-il bien quelques raisons... Sa touchante timidité, qui me donne envie de le faire sortir de sa carapace, sa vulnérabilité, qui me donne envie de le protéger, son talent, qui me donne envie de l'admirer, sa jolie bouche, qui me donne envie de... Sa manière de me taquiner parfois, et de se renfrogner ensuite, qui me donne envie de tout faire pour attirer son attention.

Quand j'arrive, un peu en retard en raison d'un réveil difficile, Gulf est déjà installé en tailleur, méditatif. Il sourit en m'apercevant. Il a l'air serein, contrairement à moi. Ce jeune homme me surprendra décidément toujours !

— Phi, tu es en retard !

— Désolé, j'ai mal dormi.

— Oh ? Qu'y a-t-il ?

— Rien de spécial, Nong. J'ai juste mal dormi. Ça arrive.

Gulf m'observe avec curiosité.

Mame ne tarde pas à s'approcher pour nous transmettre ses indications.

— Gulf, souviens toi. Dans cette scène, exceptionnellement, c'est toi le leader. C'est toi qui charme Oliver. Tu peux faire ça ?

— Je crois, oui.

— Au boulot, alors ! À tout à l'heure. J'ai hâte de voir ça !

Nous ne perdons pas de temps pour préparer notre scène, car nous devrons la jouer devant tout le monde dès la fin de journée. L'exercice se passe bien, mais je n'ose pas aborder la question du baiser final. C'est bête, mais j'ai peur d'être rejeté. Une jeune fille énamourée, mesdames et messieurs. Rien ne va plus.

Gulf/Elio semble moins timide aujourd'hui cependant. Il faut croire que nos quelques moments de complicité l'ont aidé à prendre confiance. Mew/Oliver, en revanche, n'en mène pas large, surtout quand Gulf avance effrontément sa main fine sur ma cuisse, pour répéter la scène où les deux personnages s'embrassent pour la première fois. Nous masquons notre gène par le rire, la meilleure des diversions.

Le regard de Gulf, dans une attitude romantique pour la toute première fois à mon égard, me trouble intimement. Il joue si bien la douceur, moi qui ne connaissais que la brutalité de Type...

Il est l'heure d'offrir Elio et Oliver en pâture au reste de l'équipe. Tout le monde s'installe en tailleur devant nous, impatients.

— Allez les gars, montrez nous de quoi vous êtes capables, ricane Mild, comme à son habitude, en levant ses deux pouces.

— Pas de pression, les garçons, c'est juste un essai, tempère Mame, en lançant un regard désapprobateur à Mild.

— Désolé... Je les taquinais simplement, s'excuse-t-il, penaud.

Nous commençons la scène, concentrés comme jamais auparavant, stimulés probablement par notre auditoire et la volonté de ne pas décevoir. Nous connaissons chaque réplique et chaque geste par cœur, pour les avoir inlassablement répétés toute la journée. Je sens que mon partenaire est encore plus investi que d'habitude. Il ne cesse de me surprendre, ces derniers temps.

Je me perds dans les yeux de Gulf, enfin... d'Elio, lors de la scène finale. Scène que nous n'avons jamais osé préparer. Son visage s'approche doucement du mien, comme si le temps se ralentissait. Ses yeux brillent d'un éclat espiègle que je ne lui connaissais pas.

Pour la première fois depuis notre rencontre, il regarde alors ma bouche. Le temps s'arrête.

Ses pupilles semblent soudainement se dilater... Est-ce bien réel ? Il s'approche de moi, et sans que je ne réalise, presque en état de sidération, il pose ses lèvres sur les miennes. Je reste confondu. Sa bouche fraîche m'effleure doucement, tel un papillon. Sa main tremble, fébrilement accrochée à mon épaule. Inconsciemment, je lui rends son baiser en appuyant légèrement mes lèvres contre les siennes, comme si j'avais peur de faire fuir ce papillon rare.

Une décharge électrique me traverse de toute part en sentant le velouté de cette délicieuse caresse.

Je crois entendre au loin les cris surpris et exaltés de mes camarades qui n'en reviennent pas, mais je ne suis déjà plus des leurs. Je suis à Crema, en Italie. *

Les cloches sonnent, le soleil est éclatant.
Et Gulf est dans mes bras.

~~

* La scène de Call Me By Your Name

* Ville où prend place Call Me By Your Name

Interview où Gulf et Mew racontent le premier baiser pendant les ateliers

~~

En voilà un long chapitre ! Peut-être trop, qu'en pensez-vous ? Je débarque sur Wattpad et je n'ai pas encore tous les codes, donc je m'interroge. N'hésitez pas à me faire vos remarques :)

Je suis un peu nerveuse pour ce chapitre, car c'est un gros morceau de l'histoire, et j'espère être parvenu à délivrer l'émotion qu'il fallait !

En tous cas, je suis ravie du rapprochement de nos deux amours... et j'ai si hâte d'écrire la suite !

Petite précision : les scènes sont presque toutes inspirées de la réalité. Même celle prenant place au Line Village. C'est une transcription d'une vidéo existante :) La scène jeux vidéo/répétition dans le lit, également. J'ai beaucoup fouiné pour créer une histoire vraiment proche de la réalité (avec mes petits ajouts personnels, bien entendu...)

À très vite ! (semaine prochaine, normalement.)

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