Chapitre 28 : « M'arracher le cœur »

Mew

— Révéler notre relation.

Le silence qui suit ces mots est assourdissant. Il perce la tempête qui faisait rage dans ma tête. Loin de m'apaiser, néanmoins, il me percute douloureusement. Ma raison et mes sentiments se livrent une bataille sans merci.

Dans mes rêves les plus fous... Gulf et moi vivrions heureux, en pleine lumière. Je serais moi-même, sans faux-semblant, sans fêlures. Dans un monde idéal, tout serait si simple...

— Gulf je...

— Phi, je t'arrête tout de suite. Si c'est pour me répéter encore les mêmes excuses, je ne vais pas le supporter cette fois. Parlons sérieusement. Cette situation ne peut plus durer.

Je sais qu'il a raison. Je ne cesse de repousser l'inévitable. Ce n'est que reculer pour mieux sauter. Je lui cache aussi ces centaines de messages que je reçois en ligne, qui me lacèrent le cœur et me rappellent que tout, dans la vie, ne tient qu'à un fil. Le succès, l'amour, la confiance, l'estime de soi... L'amour qu'on me porte, depuis toujours, n'a jamais été inconditionnel. Pourquoi serait-ce si différent avec Gulf, après tout ?

— D'accord. Parlons-en... concédé-je à contre cœur.

— Vraiment ?

Je hoche la tête en signe d'assentiment, la gorge nouée.

— Pourquoi tu fais un tel blocage, phi ? Si tu m'aimes tant que ça...

Je souffle, mortifié par l'air chagrin de Gulf et ma propre souffrance, un fardeau devenu trop lourd à porter. Je prends ses mains dans les miennes et les serre aussi fort que possible.

— Bébé... Tu te souviens, je t'ai dit que révéler notre relation porterait préjudice à notre carrière.

— Je sais tout ça. Pourtant, nous ne serions pas les premiers. Nous pourrions avoir ce courage là, et continuer à poursuivre nos rêves. Je veux croire qu'on vit dans un monde où c'est possible.

Mon cœur se serre de tendresse. Gulf est si entier, si authentique et courageux, bien plus que moi en réalité. Sous mes airs invulnérables, se cache un petit garçon recroquevillé au fond d'une grotte, rongé par la peur, terrifié par les ombres de ses propres angoisses.

— Écoute, je t'ai menti. Cette décision de ne rien dire, ne part pas seulement du bon sentiment de vouloir te protéger, toi et ta carrière, par grandeur d'âme... En réalité, c'est aussi pour me protéger moi. Par égoïsme.

Le visage de Gulf est impassible. Il semble encaisser mes mots. Me déteste-t-il à présent... ?

— P'Mew... dit-il enfin. C'est normal d'avoir peur. De quoi tu as peur, exactement ? Confie toi à moi... Moi aussi je peux te protéger, je te l'ai déjà dit.

— Tu es une si belle âme, tu le sais, ça ? La vérité... c'est que j'ai souffert par le passé, comme tu le sais. J'ai été perçu comme un prédateur, un agresseur... Tu es si jeune. J'ai peur qu'on pense que je t'ai forcé la main, que notre différence d'âge est honteuse. J'ai peur pour nos carrières, bien sûr. Mais j'ai aussi peur de ne pas supporter la haine que cette annonce suscitera inévitablement... Et j'ai peur que tu me quittes. Et de revivre l'enfer à nouveau. Voilà la vérité.

— Je comprends, phi... Vraiment. Je ne veux pas te mettre de pression. On fera les choses à ton rythme. Mais je ne te quitterai pas. Je peux tout affronter avec toi.

— Comment je pourrais en être sûr ? Je suis désolé de te dire ça comme ça. Je t'aime, tu le sais bien. Mais en ce moment, rien ne va plus... Ma confiance s'étiole. J'ai peur de tout... De moi-même, aussi.

— Dis-moi ce que tu veux faire, alors.

— Il faut calmer le jeu. On a trop laissé les fans entrer dans notre relation. On les a laissé spéculer, on a nourri leur imaginaire. C'est malsain. Je veux... qu'on n'apparaisse plus publiquement ensemble. Nous devons travailler à une vraie carrière solo, dorénavant. C'est radical, mais c'est le seul moyen pour retrouver une forme... de sérénité. On doit prendre de la distance.

— Tu... tu plaisantes ? Tu veux reculer, plutôt qu'avancer ?

Gulf, d'ordinaire si calme, semble soudain en proie à une panique grandissante.

— J'ai besoin... de prendre du recul, d'accord ? Je suis à bout. Je suis exténué. C'est... trop.

Gulf me fixe d'un air sidéré, comme s'il n'en croyait pas ses oreilles. Je ne l'avais jamais vu avec une expression aussi blessée. Je me déteste, et en même temps je sais que je n'ai pas le choix si je veux retrouver un semblant de clarté dans cette grotte obscure où je suis emmuré. Je me sens tellement oppressé de part et d'autre.

— D'accord... Donc concrètement, on fait quoi ? m'interroge Gulf un peu sèchement, les sourcils froncés, l'expression soucieuse.

Je peux sentir son agacement et sa déception électrifier l'air de la pièce. Je me fais la réflexion qu'il ressemble étrangement à Type à cet instant...

— On se laisse respirer, d'accord ? On a besoin de retrouver notre individualité, pour nous-mêmes, notre carrière. Faire le vide autour de nous. Les fans doivent détourner le regard. On verra ensuite...

— Ça vaut seulement pour les fans, phi, ou pour nous deux ?

— Je ne sais pas... Je suis perdu...

Gulf se mord la lèvre, ses yeux brillent de larmes contenues. J'ai envie de le prendre dans mes bras, j'ai envie de déserter lâchement les lieux. Gulf ne m'en laisse pas l'occasion, puisqu'il se lève le premier et part s'enfermer dans la chambre en claquant la porte, me laissant seul, hanté par le passé et par un avenir qui ne s'est pourtant même pas encore produit...

~~

Octobre 2020, river night party with Gulf

Au cours des semaines suivantes, Gulf et moi avons erré comme des fantômes dans l'appartement, nous croisant et nous ignorant superbement. Il est déçu et blessé, en colère contre ma lâcheté, mes doutes. Et moi je ne suis qu'une âme en peine, une aura sombre et morose. Je me tue à la tâche, me noyant toujours plus dans le travail. Mon tournesol me manque terriblement, mais j'ai brisé quelque chose avec mes mots. Pourrais-je jamais réparer mon erreur ? Et je sais, cruellement, que l'amour ne suffit pas.

L'amour ne résout pas tout.

Affalé dans le canapé, les yeux absorbés dans le vide, je rumine. Je n'ai pas mangé de la journée. Je ne suis qu'une coquille vide.

Ce soir, Gulf donne son premier concert sur une péniche. Il a travaillé si dur. Et je ne serai pas présent pour l'encourager. J'ai mal au cœur, littéralement. Mais je sais, au fond, que c'est la bonne décision... Je dois laisser à Gulf la place pour s'épanouir, il ne doit pas toujours compter sur moi.

Nous devons devenir pleinement autonomes. Mew Suppasit et Gulf Kanawut, et non perpétuellement Mewgulf. Si nous ne coupons pas le cordon maintenant, nous ne pourrons jamais devenir des artistes individuels et être considérés à notre juste valeur. Nous serons toujours catalogués comme un couple, piégés et enfermés dans un fantasme. Et les fans n'apprendront jamais les limites.

Mon téléphone se met à vibrer. Mild.

— Salut Mild, dis-je d'un ton abattu.

— P'Mew... Alors tu ne viens pas ?

Je souffle, dévasté par la situation.

— Non... Ne crois pas que ça me fait plaisir, mais c'est la meilleure solution.

— Gulf espère encore que tu viendras, tu sais. C'est terrible de le voir comme ça.

Mon estomac se tord de douleur. J'ai le cœur au bord des lèvres. Je suis à deux doigts de courir rejoindre Gulf, même dans mon accoutrement informe. Pourtant, je ne bouge pas d'un pouce, avachi sur le canapé. Je trouve malgré tout la force de questionner Mild, priant secrètement pour que mon bébé brille comme il le mérite ce soir.

— Comment ça se passe ?

— Ça se présente mal. Il pleut à torrents... Gulf est inquiet. Il a besoin de toi, insiste Mild.

J'ai l'impression de lutter contre la douleur d'une amputation sans anesthésie. Mais je tiens bon.

— Il se débrouillera parfaitement, j'en suis sûr. J'ai confiance en lui. Prends-bien soin de lui, Mild. Tu me le promets ?

— Évidemment... Je te le promets. Fais attention à toi, P'Mew. Je suis là, si tu as besoin.

— Je sais... Merci.

Je raccroche. Le silence m'oppresse et m'étouffe. Tremblant, j'allume mon ordinateur pour suivre l'événement de Gulf en direct. Le cadre est magnifique, mais le temps n'est pas au rendez-vous. La bonne tenue du concert est donc largement compromise. Sous ses sourires affables, je devine sa profonde déception, lui qui veut toujours si bien faire et apporter du bonheur aux autres. Je le reconnais bien là.

Il me manque tellement... Malgré le chagrin qui me compresse la poitrine, je ne peux m'empêcher de lorgner sur ses courbes et me fondre dans son image. Ce soir, tout particulièrement, sa beauté me foudroie. Il porte une chemise blanche échancrée, laissant deviner sa poitrine lisse et dorée, et un élégant costume argentée. Il est tellement viril et envoûtant...

Malgré les circonstances, sa détermination est sans faille. Il brille. Magnifiquement. Il brille bien plus sans moi. Il perce enfin cette bulle fusionnelle, cette ombre dont je le recouvrais malgré moi, pour éclater pleinement dans tout son talent individuel. Il est... incroyable. Une révélation. Non, le tournesol n'a pas nécessairement besoin du soleil.

Il est bien mieux sans moi...

~~

Quand je l'entends rentrer, il est deux heure passé. Allongé, ou plutôt prostré sur le canapé, je ne dors pas. La lumière s'allume et brûle mes yeux gonflés d'avoir trop pleuré. Gulf se tient dans l'embrasure de la porte, dégoulinant de pluie. Son maquillage a coulé sur ses joues et ses lèvres. Il est aussi beau et inaccessible qu'un doux rêve nostalgique. Aussitôt, son regard se porte sur mon sac de voyage dans l'entrée.

— P'Mew... ? m'interroge-t-il d'une voix brisée.

Je me lève précipitamment pour l'enlacer. Il me repousse, les yeux remplis d'orage.

— Tu m'expliques ? exige-t-il sèchement en désignant mon bagage du regard.

— Si je ne le fais pas maintenant, je n'y arriverai jamais.

— Qu'est-ce... Qu'est-ce que tu racontes ?

Sa voix vibre d'angoisse.

— Mon bébé...

— Ne m'appelle pas comme ça ! Explique-toi !

Mes épaules s'affaissent, mon corps est secoué de sanglots.

— Tu étais magnifique, ce soir, dis-je finalement. Tu es exceptionnel, Gulf Kanawut, tu le sais ?

— Tu ne me dis toujours pas ce que je veux savoir, siffle-t-il, les dents serrées.

— Tu es tellement incroyable, tu mérites de briller par toi-même. Tu dois grandir seul, sans le fardeau que je représente. T'entraver dans ta carrière, t'entraver dans ton désir d'assumer une relation au grand jour... Je t'aime tellement, et pourtant je suis incapable de te donner ce que tu veux. Je ne ferai que te retenir à terre, alors que tu mérites de t'envoler parmi les étoiles. Je ne ferai que te rendre malheureux un peu plus chaque jour, n'ayant pas le courage de sincérité que toi tu possèdes...

— Je n'ai jamais entendu autant de conneries, assène-t-il durement.

Des larmes commencent à dévaler ses joues, barbouillant encore davantage son maquillage sombre.

— Alors tu me quittes, juste comme ça ?! hurle-t-il.

— Je t'aimerai toujours, toujours... Nous sommes des destins liés. Mais pour notre bien, nous avons besoin de cheminer seuls. Au moins pour un temps. Je préfère m'arracher le cœur que gâcher ta jeunesse.

— C'est nos deux cœurs que tu arraches, Mew.

— Je suis désolé, tellement désolé...

Je m'avance une nouvelle fois vers lui pour le serrer contre moi, mais il me repousse férocement.

— Alors pars, si c'est ce que tu veux... sanglote-t-il.

Je m'empare de mon bagage et lance un dernier regard à Gulf qui me tourne le dos à présent, courbé sur le dossier du canapé où il se soutient péniblement. Je n'ai qu'une envie, me cramponner à lui comme à une bouée de sauvetage en plein milieu d'une noyade. Pourtant, je me laisse engloutir dans un océan de désolation.

~~

Le lendemain me trouve dans un état proche du coma. Enfoui dans le lit chez mes parents, je fixe un point obstinément sur le mur. Je me sens comme un malade condamné et agonisant, coincé dans un lit d'hôpital. Je n'arrive même pas à savoir si la situation est réelle ou si je suis prisonnier d'un cauchemar bien trop tangible. J'entends toquer timidement à la porte. Ma mère pénètre dans ma chambre, le visage inquiet.

— Mon chéri... ?

Je sens le matelas s'affaisser lorsqu'elle s'installe à mes côtés. Sa main se pose sur mon front en une caresse apaisante. Instinctivement, je recouvre sa main de la mienne, en quête de contact. Elle est fraîche et me fait du bien. Son parfum de lilas me rappelle mon enfance. Je redeviens un petit garçon à nouveau.

— Mild est là... m'informe-t-elle. Tu veux le recevoir ?

— Hum... Fais-le rentrer, oui.

Ses doigts caressent ma joue, y recueillent une larme. Je ne me rendais même pas compte que je pleurais.

— L'amour nous apporte soit un bonheur suprême, soit une douleur infernale. Ce n'est jamais paisible. Jamais fade. Ça demande du courage, d'aimer. L'amour, c'est une tempête. Tout le monde n'en réchappe pas. Tu es un passionné, comme moi. Tu vis les choses deux fois plus fort que tout le monde. Mais au moins, tu es vivant, déclare-t-elle avec conviction.

— À quoi sert d'être vivant si c'est pour souffrir en permanence, dis-je d'une voix éraillée d'avoir trop pleuré. Même quand je suis heureux, je m'inquiète de la fugacité de cet instant, j'angoisse pour l'avenir... Comme si j'avais conscience que ça n'allait pas durer. Est-ce que je suis incapable d'être heureux ?

— Mon chéri... Non... Tu es simplement extrêmement sensible. Tu es comme une plaie ouverte, tu ressens tout. C'est aussi une qualité. Ça fait de toi un artiste merveilleux.

— Un artiste roulé en boule dans son lit pour l'instant... dis-je d'un air misérable.

— Ça ira mieux, je te le promets. Tu es plus fort que tu ne l'imagines. Est-ce que... tu es sûr de ta décision, pour Gulf et toi ?

— Ça fait un moment que j'y réfléchis, je pense que c'est mieux pour Gulf, même s'il ne le sait pas encore, dis-je en me redressant, me préparant à accueillir Mild.

— Tu sais. Je crois au destin, moi aussi. Si Gulf et toi devez vous retrouver, vous vous retrouverez. Je prierai pour votre bonheur.

— Merci, maman...

Elle embrasse mon front une dernière fois avant de quitter la pièce. Des petits jappements se font entendre, accompagnés de crissements légers sur le parquet. Chopper saute sur mon lit. Je m'empresse de le serrer dans mes bras comme une douce peluche réconfortante.

— P'Mew... Je peux entrer ?

C'est au tour de Mild de venir au chevet du malade que je suis.

— Hé Mild... Mon bon vieux Mild.

— Mon bon vieux P'Mew... me dit-il en pressant affectueusement mon épaule. On en a traversé des galères ensemble, n'est-ce pas ?

— Tu as pensé à te reconvertir en conseiller conjugal, d'ailleurs ? trouvé-je la force de plaisanter malgré les circonstances.

— Effectivement, j'ai plus d'expérience en la matière qu'en tant acteur, je le crains...

Nos rires s'élèvent dans la pièce, mais sonnent sans joie.

— Si je suis venu te voir, c'est parce que Gulf est malade.

Je me redresse d'un bond.

— Quoi ? Et tu ne me le dis que maintenant ?

— May et Mae Nuch veillent sur lui à tour de rôle.

— Qu'est-ce qu'il a ??

— Il a attrapé froid à cause de la pluie à son concert... Il est faible et fiévreux. Il te... réclame.

— J'ai tellement envie de le voir Mild, tu n'imagines pas... Mais j'ai peur de ne plus arriver à le quitter.

Mon ami soupire lourdement, semblant souffrir autant que moi.

— Ta décision est prise, alors ?

Je ne réponds pas, le cœur crevassé.

— Je ne connais personne qui s'aiment autant que vous deux, tu sais... C'est du gâchis.

— L'amour ne suffit pas toujours Mild...

— Tu es conscient au moins que le coup du sacrifice c'est un cliché du boyslove ?

Je ne peux m'empêcher de grimacer à cette pique bien sentie.

— Ça n'a rien à voir, Mild. C'est très différent. Les choses ne sont pas toujours aussi simples que dans un boyslove, justement...

— Quoi que vous fassiez, je serai toujours là pour vous deux. Inconditionnellement.

— Merci, mon précieux ami.

~~

En entrant dans l'appartement, je croise May qui me jette un regard meurtrier.

— P'May, comment va-t-il ?

Elle me jauge quelques longues secondes avant de me répondre enfin :

— Pas très fort. Tu as de la chance de tomber sur moi plutôt que sur Mae Nuch...

Ouch. Je l'ai bien mérité, en même temps... Je baisse la tête, penaud, le cœur lourd de culpabilité, avant de me diriger vers la chambre.

— J'y vais, me lance May depuis l'entrée. Les médicaments sont sur la table de nuit.

La porte claque.

Dans le lit, Gulf est enfoui sous la couette, grelottant. Son visage est tout pâle, presque cireux. Un élan d'affection et de tendresse m'envahit. Je m'assois près de lui, décollant les mèches de son front collées par la sueur.

— Gulf...

— P'Mew... murmure t-il d'une voix faible en extrayant une main de sous les couvertures pour attraper mon biceps.

— Oui, je suis là...

Une boule se forme dans ma gorge de le voir si mal en point. Ses lèvres si douces et gorgées de vie d'ordinaire sont sèches et pâles, son visage recouvert d'une fine pellicule moite. Je passe les heures qui suivent à le veiller, recouvrant son front d'un linge frais, et à lui faire prendre ses médicaments. Il ne cesse de trembler. Après les sueurs froides, c'est la chaleur qui le fait souffrir.

— J'ai tellement chaud... se plaint-il en repoussant brutalement les couvertures, me dévoilant son corps luisant de sueur.

— Tu veux prendre une douche fraîche ?

— Je ne pourrais pas le faire tout seul... Je ne tiendrais pas sur mes jambes.

— Je vais t'aider, d'accord ?

Gulf s'accroche à mon épaule, tandis que je le mène à la salle de bain. Je l'aide à se déshabiller et entre dans la cabine de douche avec lui, sans même penser à retirer mes propres vêtements. Je règle l'eau pour qu'elle ne soit pas trop froide, juste tiède, et asperge le corps nu de Gulf. Je m'applique, essayant de ne pas me laisser déconcentrer par sa beauté... Même dans cette situation inappropriée, il me fait tourner la tête. Je le lave, de la tête aux pieds.

— P'Mew... Déshabille-toi aussi... me prie-t-il.

J'hésite une seconde, avant de considérer que ce sera probablement plus simple. À mon tour, je me déleste de mes vêtements et me colle à Gulf sous le jet d'eau, peau contre peau. Mon bébé gémit en se cramponnant à moi. Je fonds... Comment pourrais-je ne pas fondre ? Des larmes menacent à nouveau de couler. Je l'aime tant.

De retour dans la chambre, j'allonge Gulf dans le lit et le rejoins cette fois sous les couvertures pour l'étreindre en petite cuillère.

— P'Mew... Est-ce que tu dois vraiment me quitter ? me demande Gulf d'une petite voix plaintive.

— Ne parlons pas de ça maintenant, amour... Tu as besoin de te reposer.

Il marmonne encore quelques mots inintelligibles, avant de sombrer dans le sommeil. Je me laisse bercer quelques temps par les reflux de sa respiration lourde et régulière, avant de le suivre dans le repos.

Je me réveille en plein cœur de la nuit, brûlant. Ma petite bouillotte humaine s'est retournée dans son sommeil, et est maintenant accrochée à moi, le visage collé à ma poitrine. Je caresse doucement ses cheveux, ne pouvant me résoudre à le déplacer même si je meurs de chaud. Je sens alors de petits baisers humides parsemer mes pectoraux, me tirant un doux gémissement.

— Gulf...

Ce que j'espérais faire sonner comme un avertissement, résonne davantage comme une supplique. J'apprécie ses caresses, plus que je ne le voudrais. Malgré moi, mon sexe se dresse.

— Gulf...

Ses baisers s'aventurent désormais dans mon cou, une de ses jambes nues vient se loger sensuellement entre mes cuisses.

— Bébé... Tu es malade... Ce n'est pas le moment...

— J'ai besoin de toi.

— Je suis là.

— Pour combien de temps... se met-il à pleurer de plus belle.

J'incline son visage, mes doigts autour de ses petites joues moelleuses. De mes pouces, j'essuie ses larmes.

— Tu es l'être le cher que j'ai au monde. Si je m'éloigne, c'est pour ton bien. Pour notre bien. Tu comprendras, plus tard. Je suis tellement désolé.

— Si tu es si désolé, fais-moi l'amour au moins.

— Bébé... Ce n'est pas une bonne idée, ni dans ton état, ni au regard de la situation...

— Tu es le seul remède dont j'ai besoin...

Gulf saisit mes mains, qu'il presse d'autorité sur ses fesses moelleuses, en feulant tout bas. Ma résistance fond dangereusement.

— Fais-moi du bien... murmure-t-il dans mon cou. Fais-moi l'amour, juste une dernière fois...

Son souffle brûlant m'effleure, ma peau se couvre de frissons, mon bras s'affermit sur sa taille... Enfin, je l'embrasse profondément, savourant le goût de ses lèvres, épousant les courbes de son corps. Nos érections se percutent. C'est chaud et doux, comme un merveilleux rêve. Est-ce un rêve ?

C'est si bon que ça devrait être interdit.

Je caresse son corps comme si c'était la 7ème merveille du monde. Il est brûlant de fièvre, son odeur de savon mélangée à l'arôme subtil de sa sueur me grise.

Il est trop tard : j'accepte de chuter dans ce rêve cruel qui me fait autant de bien que de mal.

Je fais basculer Gulf sur mon torse et le câline langoureusement un long moment, enroulant ma langue à la sienne, redessinant son corps souple et doux du bout des doigts. Nos gémissements mêlés résonnent à mes oreilles comme la plus tendre des musiques. Je perds pied...

Enivré, je le fais grimper sur mon buste en poussant ses fesses pour l'asseoir sur mon visage. Son sexe se retrouve dans ma bouche. Je le tête profondément, faisant heurter son gland contre le fond de ma gorge. Mes mains caressent ses flancs, ses hanches, ses cuisses si douces et enfin ses fesses de satin que j'écarte. Du bout des doigts, je chatouille le doux sillon menant vers cet endroit intime recelant des mystères d'érotisme. Je le pénètre d'un doigt, lentement et profondément. Gulf geint en agitant ses hanches d'avant en arrière, pénétrant ma bouche de sa verge dure et impatiente, tout en s'empalant sur mon doigt. Il est tellement excité.

— Ah... Oui... P'Mew, oui...

Au bout de quelques minutes de succion et de pénétration combinées, je soulève ses fesses pour glisser ma langue entre elles.

— Hum... P'Mew... Oui...

Je me souviens du Gulf timide des débuts qui contractait instinctivement les cuisses lorsque je m'approchais de cette zone secrète. Aujourd'hui, il se balance impudiquement sur mon visage, frottant son intimité moite sur mon morceau de muscle doux et mouillé qui le lape goulûment.

D'une main, j'empoigne sa hampe gorgée de sang et le masturbe à un rythme régulier, taquinant son gland humide de mon pouce. Je le dévore, littéralement, fouillant, suçant, mordillant. Je glisse mon bras libre derrière ses cuisses pour malaxer de ma paume ses testicules douces, chaudes et gonflées. Bientôt, je sens son anneau de chair s'ouvrir nettement et la pointe de ma langue s'enfoncer presque entièrement en lui. De la salive s'écoule sur mon menton et dégouline entre les cuisses de Gulf qui s'active de plus en plus frénétiquement sur moi.

— Oh mon dieu... Oh mon dieu... sanglote-t-il.

Je redouble d'effort, affermis ma prise sur son sexe... Et là, Gulf explose. Il hurle en se frottant compulsivement contre ma langue. Parcouru de soubresauts, il se répand sur mes doigts dans un long soupir d'extase. Ses fesses se meuvent une dernière fois mollement contre mon visage, avant que je ne le bascule sur le matelas, sous moi.

La lumière de la Lune épouse parfaitement la douceur de ses traits tandis qu'il reprend sa respiration. Il est si beau... Je me penche sur lui, et, obscènement, lape mes doigts recouverts de sa semence. Je me souviens la première fois que je me suis livré à cet acte. Gulf avait l'air choqué. Aujourd'hui, il me regarde en m'imitant inconsciemment, léchant ses propres lèvres.

— Quel goût ça a ? demande-t-il.

— Doux amer...

— Comme nous, alors...

Je me jette à nouveau sur sa bouche, mélangeant nos salives infusées à sa saveur intime. Nos peaux glissantes se soudent, créant des milliers de frissons sur notre épiderme vibrant. J'embrasse sa gorge, ses clavicules, son nez, son oreille... Sa poitrine, ses petits bourgeons dressés d'un joli brun clair, le creux de son adorable ventre moelleux.

— Bébé... mets-toi sur le ventre.

Gulf ne se fait pas prier et me présente son dos. Mon regard balaye la chute de ses reins, ses fesses tendres et bombées. Je le masse en prenant mon temps. Gulf respire faiblement contre l'oreiller. J'ai envie de lui à crever.

— J'ai envie de te prendre amour... Je peux ?

— Fais-moi tout ce que tu veux, donne-moi tout ce que tu peux. Toute la nuit...

Je le positionne à quatre pattes, rugissant comme un animal aux abois. Je palpe les fesses de mon bel amant que j'entrouvre, puis m'aligne contre son intimité. La sensation, douce et mouillée contre mon gland sensible, est déjà délicieuse. Ses chairs m'appellent. Je m'enfonce alors en lui sans même utiliser de lubrifiant. Il est déjà bien ouvert et humide grâce à mes caresses buccales passionnées.

— Oui... P'Mew...

Je le martèle par à coups, nettement et rapidement, limant son intérieur, emboutissant ses profondeurs. Nous geignons de concert. Je reste fasciné, encore et toujours, par la vision de ses chairs s'écartant autour de mon sexe qui disparaît en lui. Je m'étends sur son dos et mordille ses épaules, serre son ventre contre moi avec fermeté. Nous nous unissons bestialement, sauvagement, amoureusement... Nos gémissements résonnent d'une seule et même voix. Un chœur, un memento à la gloire d'Éros.

Je suis proche, mais j'ai envie de faire durer le plaisir encore et encore, repousser l'échéance jusqu'au petit matin s'il le faut... Pourtant, je sens déjà Gulf se contracter autour de moi. Alors j'aggripe son sexe et le stimule énergiquement.

— Oh oui, je viens encore... s'étonne-t-il dans un râle de plaisir.

En effet, ses parois m'aspirent en lui et me compressent violemment. Il convulse une nouvelle fois et sombre dans l'orgasme où je l'accompagne dans un râle sonore. Je continue de le pénétrer un temps alors même qu'il est effondré sur le lit, ruiné de bien-être et d'épuisement.

Je le retourne avec douceur, contemplant son visage défait d'extase. Cette image se grave profondément dans ma rétine.

— Encore... susurre-t-il.

— Qu-quoi ?

— Pitié Mew, encore...

— Tu vas avoir mal, à force... je le mets en garde.

— Je t'en prie.

Sa supplique érotique et désespérée me transperce le cœur... Je ne peux qu'accéder à ses désirs, presque sous hypnose. Je l'enlace étroitement et me frotte à son entrée dégoulinante. Mon sexe à demi dur se gonfle sans attendre. J'encadre son visage de mes mains, picore ses lèvres avec révérence, presque pudiquement.

Yeux dans les yeux, je m'insinue en lui une nouvelle fois. La douceur a chassé l'urgence au loin. Le temps glisse sur nous.

— Tu n'as pas mal ? m'inquiété-je en remarquant son expression grimaçante.

— Si... J'ai mal, et ça me fait du bien en même temps. Tellement de bien.

J'hésite, ralentissant mes coups de rein jusqu'à être immobile. Je ferme les yeux pour inscrire en moi ces sensations indicibles, ce moment singulier. Je me sens plein, entier, flottant dans un bonheur primitif et ancien, un paradis perdu.

— Ne t'arrête pas... Ne t'arrête pas... m'implore Gulf d'une voix chargée de sanglots.

J'avale sa prière en baisant sa bouche. Mes mains se cramponnent à sa petite taille que je soulève dans mes bras pour le redresser contre mon corps. Nous nous retrouvons assis, les jambes emmêlées au centre du lit et inondés par la lueur éblouissante de la Lune. Mes mains se glissent dans ses cheveux, Gulf croise ses bras autour de ma taille dans une étreinte étroite et désespérée.

Peau contre peau. Âme contre Âme. Liés comme des amants à la veille d'un adieu.

Faire l'amour n'a jamais si bien porté son nom... Je lui fais l'amour avec tendresse et vénération. Nos lèvres ne cessent de se dévorer paresseusement, semblant respirer l'une à travers l'autre. Notre souffle n'est plus qu'un seul souffle.

— Je t'aime... Je t'aime...

Une litanie contre ses lèvres. Un chuchotement au creux de son oreille, comme le plus beau et intime des secrets.

— Je t'aime... Pour toujours...

L'orgasme nous cueille enfin, calme, nous enveloppant telle une vague lente et lourde dans le secret du matin.

On pourrait nous croire endormis si nos halètements essoufflés ne lézardaient pas le silence nocturne. Une mare crémeuse s'est formée au creux du ventre de Gulf. Je plonge un doigt dans son essence, puis l'étale sur ses lèvres que j'embrasse, partageant avec lui cette saveur douce amère, comme nous...

Je l'allonge et le berce, terrassé par cette étreinte poignante, frissonnant d'épuisement. Je tente de retenir ce moment encore un peu, ce bonheur qui semble filer entre mes doigts comme un rêve que l'on oublie aux premières lueurs du jour.

La fièvre de Gulf est tombée, il dort à présent, recroquevillé dans mes bras. J'embrasse sa nuque, m'imprégnant de la saveur de sa peau contre mes lèvres. Je m'efforce de me convaincre que ce n'est pas un baiser d'adieu. Sa peau douce m'écorche pourtant comme des lames de rasoir. Des lames que j'effleure amoureusement jusqu'à l'aube. Mes larmes trempent mon visage.

Je me lève, transi de froid. Comme un zombie, je ramasse mes affaires, jette un dernier regard à Gulf endormi, puis ferme doucement la porte. Je peux presque voir mon cœur arraché, gisant misérablement au sol dans une mare de sang.

Je ne me retourne pas.

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Sur une échelle de 1 à 10, à combien vous me détestez ? 🥺

Pour les menaces de mort, RDV dans mes DM ! 😅 Non plus sérieusement, attendez le prochain chapitre avant de vous jeter d'un pont ou de me lapider, d'accord ? 🙏 Désolée, j'espère que vous tenez le coup... Une love story sans rupture, est-ce que ce serait bien raisonnable, je vous le demande ?
Et je vous jure que ce n'est pas fait exprès, mais vous devrez attendre deux semaines pour la suite... 😬 Car je pars en vacances. Je suis une ignoble sadique de vous laisser comme ça, mille excuses. Votre patience sera récompensée, soyez-en assuré.e.s !

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