Chapitre 24 : « Combien de temps peut-on aimer secrètement ? »

Avertissement : attention, langage grossier et personnages très impudiques dans ce chapitre. Je vais aller me confesser de ce pas. 😳 🙈

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Mew

La marque de mon Studio est enfin déposée ! Ce semi confinement m'aura au moins obligé à entreprendre les dernières démarches pour concrétiser ce projet qui me tient tant à cœur depuis des mois. Comment retirer du « positif » d'une catastrophe sanitaire...! Je suis désormais le boss de mon propre label, à l'approche de mes trente ans. Je ne suis pas peu fier, je dois dire. Gulf se débrouille bien de son côté. Ses managers font un travail remarquable pour lui dénicher des opportunités. Je suis si fier de lui.

Nous concentrer sur notre carrière individuelle est primordial, bien que l'éloignement forcé soit dur à supporter. De temps en temps, nous faisons un live au manoir pour le compte de certaines marques, ce qui permet à Gulf de venir sous couvert du travail (c'est un peu devenu la norme...) mais ce n'est jamais suffisant. Ce voyage à Phuket m'a laissé entrevoir ce que pourrait être la vie loin des regards et des projecteurs, juste lui et moi.

Un avant goût presque douloureux de ce que nous n'aurons jamais vraiment.

Ce soir, la Lune est pleine. Les constellations d'étoiles, gravitant comme des atomes autour de leur noyau, se laissent à peine deviner en raison de la pollution lumineuse. Mais l'astre nocturne, lui, rayonne de mille feu, tel un phare en pleine jungle urbaine. Un morceau de paix. Cela me fait penser à Gulf, que je décide d'appeler sur le champ. La distance et le manque m'ont également permis de réfléchir à une chose dont je dois lui faire part. J'estime que nous sommes prêts à franchir une étape supplémentaire en ce qui concerne notre intimité...

— Salut, phi.

Deux pommettes rondes et roses apparaissent à l'écran, ainsi que son si joli sourire. Des dents blanches parfaitement alignées, et des petites canines pointues qui lui donnent l'air aussi mignon que canaille. Ses cheveux en bataille encadrent un visage d'ange. J'aimerais pouvoir y passer les doigts...

— Salut, mon ange. Ça a été ta journée ?

— Pas mal. Éprouvante, entre les siestes et les séances de jeu vidéo... me nargue-t-il, un petit sourire en coin.

— Je vois. Pendant que moi je travaille comme un forcené pour t'offrir un beau mariage, monsieur gobe les mouches. Bah bravo ! le taquiné-je.

Au fond, et j'ai conscience que j'ai une conception peut-être un peu désuète, je ne serais pas contre travailler pour deux, pendant que Gulf resterait oisif s'il le souhaitait. L'entretenir et le gâter ne serait pas un problème. Mais je sais qu'il a des rêves plein la tête et je ne veux que les encourager. Tout ce qui compte, c'est son épanouissement.

— Un mariage... C'est ça oui !

— Attention, un mariage secret.

À ce mot, une ombre si fugace que je pense l'avoir rêvé voile son visage.

— Hum hum... Laisse-moi y réfléchir. Tu as préparé la dot au moins ? Je vaux cher, tu sais ! entonne-t-il avec arrogance.

— Ah oui ? Dis-moi, quel talent particulier te fait valoir si cher, mon petit, j'ai hâte de l'entendre... ?

Les prunelles de Gulf étincellent brièvement, avant de s'assombrir, noyées dans une mer d'encre caractéristique. Nous sommes tous deux impossibles.

— Tu le sais très bien... murmure-t-il en s'humectant les lèvres.

Bordel. Cet impertinent est de plus en confiant, et adore jouer avec mes nerfs sensibles. Évidemment, qu'il vaut cher. Il vaut tout l'or du monde. Je me damnerais pour un simple baiser, une simple caresse sur ses deux pêches veloutées et irrésistibles. J'essaye de reprendre contenance malgré le feu qui m'habite et soulève déjà mon sexe, me rappelant l'objet de mon appel.

— Bébé... si je t'appelle, c'est que j'aimerais te parler d'une chose, annoncé-je en retrouvant mon sérieux.

— Oui ? Rien de grave, j'espère ?

— Non, rassure-toi. C'est juste que nous sommes ensemble depuis cinq mois maintenant, et nous avons atteint un certain degré... d'intimité. Nous sommes aussi exclusifs. Alors j'ai pensé que nous pourrions faire des test de dépistage, pour nous passer... du préservatif.

— Oh... Eh bien, oui. Ça me semble être la suite heu... logique, bafouille Gulf, une jolie teinte rose colorant ses joues.

— Je... J'ai hâte de te sentir sans barrière mon bébé...

Gulf rougit franchement cette fois et écarquille les yeux, effaré par ma brusque impudeur. Je sais qu'une image de mon corps en lui vient de lui apparaître. À mon tour de le provoquer, ce n'est qu'une juste revanche. Ses lèvres s'ouvrent sur un soupir, ses pupilles se dilatent. Il a envie de moi, je le sais. Pourtant, il ne relève pas, timide.

— P'Mew... Comment on va faire pour rester discret ? C'est un peu embarrassant...

— Eh bien... Il va falloir en parler à nos managers. On n'a pas le choix. On ne peut pas se rendre dans le premier centre de dépistage venu, comme si de rien n'était.

— En parler... à nos managers ? Tu plaisantes ! Ils n'ont pas à connaître les détails de notre intimité à ce point. Ils en savent déjà trop.

— Crois-moi, ça ne me fait pas plaisir. Mais j'y ai réfléchi, c'est un moindre mal. Ils peuvent s'organiser pour faire venir du personnel médical à domicile, par exemple, plutôt que de nous exposer aux yeux de tous. Tu comprends ?

— Je crois, oui...

— Ne t'en fais pas. Je m'en occupe. Tu me fais confiance ?

— Oui...

Gulf hoche la tête, l'air un peu nerveux. En effet, sous entendre auprès de nos managers que nous avons des relations sexuelles est très délicat, mais je crois qu'un agent, c'est aussi un ami, un confident, un assistant personnel, et probablement le garant le plus fiable des secrets de son artiste.

Après cet appel, je décide donc de joindre Boss dans la foulée, pour lui expliquer la situation. Battre le fer tant qu'il est chaud. Très compréhensif, il n'a même pas essayé de me taquiner. Non, il a pris ça très au sérieux, avec un professionnalisme impeccable, sans sourciller. Il a perçu ma gêne et n'a sans doute pas tenu à en rajouter. Quelque chose que j'apprécie grandement chez Boss ; il sait identifier quand l'heure est à la plaisanterie et quand la situation exige d'être sérieux. Comme je l'avais imaginé, notre dépistage se fera au manoir dans quelques jours.

Après ça, je pourrai sentir Gulf pleinement, sans obstacle entre nous. Cette idée me fait frémir de joie. Au delà de la convoitise physique, il y a ce sentiment d'intimité symbolique ; une nouvelle preuve d'amour et de confiance.*

~~

Woody From Home, 1er mai.

J'ai enfilé une chemise blanche et ai pris soin de me coiffer de manière à dégager mon front. M'étant beaucoup reposé ces derniers temps, mes traits sont détendus. Je trépigne d'impatience en attendant Gulf. Ils sont en retard... J'entends enfin le van de Best se garer dans l'allée. Chopper se met à aboyer, en miroir de mon propre enthousiasme.

Gulf apparaît, habillé comme moi pour les besoins du live. Chemise blanche, jean brut mettant en valeur ses jambes fuselées. Ses cheveux ont poussé ces dernières semaines, la faute au confinement, et retombent sur son front en une frange adorable. Je ne peux m'empêcher de remarquer qu'il s'est affiné aussi... Je parie qu'il se nourrit mal, seul chez lui. Ses pommettes sont toujours pleines, mais ses joues sont un peu creusées. Son cou est plus fin également, ainsi que la courbe de ses épaules. Une grâce émane de lui... Une troublante fragilité. Beauté éthérée dans un écrin d'élégante virilité.

— Tua eng... soufflé-je, avant qu'il ne vienne se nicher au creux de mes bras.

La sensation du manque enfin comblé me coupe le souffle. Je me gorge de son odeur, son shampoing de bébé, et sa fragrance intime, subtile. Best tousse pour nous rappeler à l'ordre.

— Les garçons... Il va falloir tout installer, on est déjà en retard. Vous aurez tout le temps pour les retrouvailles après.

Nous nous détachons à regret et installons tout l'équipement dans mon salon. J'ai une petite montée de trac, subitement. Woody est un présentateur incontournable de Thaïlande, à l'instar d'Ellen DeGeneres aux États-Unis. Il s'intéresse aux personnalités populaires et touche une large cible. On a intérêt à assurer si on veut conquérir les spectateurs. C'est notre chance de naviguer en dehors du cadre circonscrit du boyslove.

Le live commence. Gulf et moi sommes tous deux installés dans le canapé, parés à répondre aux questions de Woody, tant pertinentes qu'indiscrètes. Son sourire coquin et ses œillades charmeuses sont attachantes. Son expression rieuse est tendre, comme s'il était en présence des créatures les plus mignonnes de la terre. Woody est une des rares personnalités publiques notoirement homosexuelle - en couple avec un homme depuis nombre d'années, qui plus est - alors la bienveillance de son interview est indéniable, mais sa trop grande clairvoyance est parfois déconcertante.

Il met sans cesse le doigt sur nos contradictions et nos mensonges, s'approche dangereusement de la vérité...

Gulf est tout proche de moi, et je ne peux m'empêcher de le prendre par les épaules et même de l'asseoir sur mes genoux en lui serrant la taille, que je devine si fine entre mes bras. Il m'a trop manqué pour ne pas faire mon koala avec lui. J'oublierais presque que nous sommes filmés, tant nous sommes détendus.

Le gaydar de Woody, en revanche, devient de plus en plus inquiétant. Je me crispe, même si j'apprécie la sensation de pouvoir être moi-même, sans être jugé. C'est juste... nouveau. Profondément troublant. Et redoutablement dangereux. Il ne faut pas.

Woody est bien trop perspicace. J'ai l'impression que nous sommes ferrés comme des poissons, faits comme des rats. Il nous met au défi de nous fixer dans les yeux : le perdant étant bien sûr celui qui détourne le regard en premier. À ce jeu là, je gagne systématiquement contre Gulf !

Nous nous mettons en place, plongeant dans les yeux l'un de l'autre, comme nous l'avons fait tant de fois par le passé pour des show télévisés. Au moment où nos regards se scellent, un vertige me saisit. J'ai l'impression de tomber d'une falaise, sans pouvoir me raccrocher.

J'aime tellement ce garçon que ça me fait mal. Une émotion si violente qu'elle me soulève l'estomac de... de frayeur, en réalité.

Gulf bat des cils, séducteur, en caressant mes cheveux. Je ne peux pas soutenir son regard et me dérobe, pour la première fois. Je fixe alors sa frange soyeuse, me perdant dans un roller coaster de pensées éparpillées. Amour irradiant, presque aliénant, poids du mensonge, peur du futur... et la sensation que Woody met à nue tous mes sentiments. C'est... trop. Le challenge se termine enfin, et je peux respirer à nouveau, tentant de reprendre ma posture professionnelle.

Puis, un pavé dans la mare.

— Quelle est votre relation... ?

Woody nous observe avec un large sourire, les yeux brillants, des fossettes grandes comme l'univers. Il lit en nous. Oui, il sait. C'est une évidence. Gulf se tend et me jette un regard désemparé, suppliant.

« Quelle est votre relation ? »

« Quelle est votre relation ? »

« Quelle est votre relation ? »

J'entends cette question se répercuter en un écho lointain, telle une onde obsédante. La main de Gulf presse subtilement mon genoux pour me rappeler au présent.

« Nous sommes phi nong », dis-je mécaniquement, par automatisme mais sans conviction. J'ai la gorge sèche. Pendant une fraction de seconde, un rictus discret mais amer passe sur le visage de Gulf, m'indiquant son évidente contrariété. Il acquiesce pourtant et rentre dans mon jeu, comme toujours. Il connaît les règles.

— Hum... est-ce que des phi nong sont aussi doux ensemble habituellement ? insiste Woody, menaçant de plus en plus notre fragile forteresse de mensonges.

Non, il ne nous lâchera pas. On est cernés.

— Je ne sais pas... dit Gulf, gêné, confondu, riant et rougissant tel un enfant pris la main dans le sac.

Le mensonge transpire de son attitude. Nous sommes scandaleusement transparent. Woody semble comprendre la situation et change de sujet. L'interview se termine enfin, nous sauvant de ce supplice.

https://youtu.be/q0VlLj1Xmf0

Le silence tombe dans la pièce comme une chape de plomb. Best et Boss, qui ont assisté au live, nous regardent avec un air de dépit.

— Bon... Si avec cette interview on pense encore que vous êtes phi nong, c'est un miracle, lâche Boss, mi-amusé, mi-désespéré.

La situation pourrait prêter à rire, si l'air miné de Gulf ne transparaissait pas autant. Je lâche un petit rire contrit pour couvrir la gêne ambiante, n'attendant qu'une chose : le départ de nos managers. Heureusement, ils rassemblent leurs affaires sans tarder, nous laissant enfin seuls.

Je retourne dans le salon après les avoir raccompagnés à la porte ; je trouve Gulf prostré dans le canapé. Plus tôt dans la soirée, je lui aurais simplement sauté dessus sans retenue. Mais à présent, je sens une tension régner dans la pièce, lourde, opaque, presque poisseuse. Je m'approche de lui avec précaution, comme si j'avais peur de le faire fuir, de l'effrayer.

— Bébé... ? Est-ce que ça va ?

Il relève le visage, et j'aperçois avec effarement des sillons humides dévaler ses joues, sa lèvre inférieure tremblante. J'accours à son chevet, inquiet.

— Bébé... qu'est-ce qui ne va pas ?

Gulf renifle, des sanglots obstruent sa gorge. Je le serre contre moi dans une tentative de le calmer. Je ne l'avais jamais vu comme ça auparavant, à part sur le tournage de TharnType lors de sa scène de pleurs. Je caresse son crâne d'un geste affectueux.

— Hé hé, tout doux mon amour, je suis là...

Mon cou est mouillé de ses larmes. Il finit par s'apaiser, ses sanglots refluent lentement.

— J'ai... été nul... livre-t-il enfin.

— Qu'est-ce que tu veux dire ? Comment tu pourrais être nul ?

— Je n'ai pas réussir à mentir correctement, maintenant tout le monde va savoir.

Je soupire, ayant bien du mal à trouver des arguments pour le détromper.

— Tu... tu as fait de ton mieux. Je sais que ce n'est pas facile.

— J'ai tout gâché et tu vas me détester.

— Non, ne dis pas ça. Quoi que tu fasses, jamais je ne te détesterai.

Je continue de le bercer, désemparé de le voir se décomposer ainsi.

— P'Mew... Je... Je n'en peux plus. Tu comprends ? Je n'en peux plus de devoir mentir sans arrêt. J'aimerais juste... pouvoir tout dire. C'est trop dur. Merde.

— Hé... Je sais. Je sais.

— Pourquoi on doit faire semblant, hein ? Pourquoi ?

Mon cœur se brise en entendant ses plaintes déchirantes.

— Tua eng, je... Ce n'est pas possible, tu le sais bien.

— Je sais... mais je ne comprends pas.

— Je t'aime, tu n'en doutes pas, n'est-ce pas ?

Il ne répond pas. Il est accroché à moi fermement, et pourtant je le sens lointain, comme s'il avait perdu confiance...

— Bébé ? Tu ne doutes pas de moi, quand même ?

— Est-ce que tu as honte de moi... ?

Ses yeux de biche implorants me fixent, remplis de larmes.

— Quoi ? Jamais...

— Alors pourquoi tu tiens tant que ça à me cacher ?

— Non... Non... Je t'assure. Écoute-moi bien, Gulf. Écoute-moi bien, dis-je en attrapant sa mâchoire fine pour l'obliger à me faire face. Si c'était possible, je t'assure que je te présenterais fièrement comme l'homme de ma vie, trop heureux de te revendiquer comme mien. Je t'érigerais un autel, j'écrirais des poèmes pour toi, je t'épouserais même. Je t'épouserais, je te le jure...

— Alors pourquoi... se remet-il à pleurer de plus belle.

— Je veux te protéger. Je ne le fais pas que pour moi. Je le fais surtout pour toi. Je connais tes rêves. Et tes rêves ne se réaliseront pas si je suis officiellement ton partenaire. Je serais un boulet à ton pied, tu comprends ça ? Si j'étais égoïste, j'aurais dit à Woody : j'aime cet homme à en crever. Mais ce ne serait pas juste envers toi. Tu sais ce qui arriverait ensuite ? Tu ne pourrais plus jouer que dans des boyslove, d'une, et de deux tes rôles seraient considérablement réduits. Tes perspectives seraient bouchées. C'est ça que tu veux ?

— C'est toi que je veux !

— Mais tu m'as ! Tu m'as. Je te le jure...

— Prouve-le moi. Fais-moi l'amour, je t'en prie...

Ses lèvres frémissantes, ses yeux mouillés, sa respiration échevelée. Il réveille mon instinct de protection plus que tout, et je n'ai certainement pas envie de profiter de sa vulnérabilité.

— Je... je ne suis pas sûr que ce soit le bon moment.

— Mew, me dit il avec fermeté, oblitérant cette douce particule qu'il ajoute d'ordinaire, rendant l'instant tout à coup étrangement formel. Baise-moi. Je t'en prie. Maintenant.

Changement de registre. Gulf l'imprévisible refait surface.

Tout l'air de la pièce en est soudainement aspiré. J'ai le souffle coupé.

L'entendre prononcer ces mots pour la première fois ne me laisse certainement pas insensible... J'ai envie de lui, follement. Il m'a manqué comme jamais. De plus, les résultats des test sont revenus négatifs. Nous pouvons maintenant nous unir sans barrière.

Son regard se fait soudain perçant et déterminé, presque autoritaire... Hypnotisé par leur chaleur, comme le feu brûlant dans l'âtre, je le tire sur mes genoux, dos à moi, dans la position de l'interview. Nous avons la maison pour nous seuls ce soir, ma famille étant partie en week-end chez des amis. Je passe mes bras autour de sa taille et dévore sa nuque de baisers en le faisant rebondir sur ma jambe, dans une confuse tentative de le bercer et de l'exciter tout à la fois, perdu à mi-chemin entre une consolante tendresse et un désir âpre, presque accablant. Gulf se détend entre mes bras et pose sa tête contre mon épaule, cambrant les reins.

J'ai tellement envie de le consoler, de lui faire du bien, de lui montrer mon amour. Je déboutonne son pantalon avec empressement et le baisse sous son postérieur. Je place un doigt entre ses fesses, à travers son boxer, pour le titiller doucement. Il soupire de bien-être en se mouvant instinctivement contre mon doigt. Je sais à quel point il aime ça, mendiant toujours pour être touché et rempli. Il continue de frotter son orifice contre mon index avec indécence et un semblant de désespoir. Je suis subjugué par l'érotisme de la scène, et par autre chose... À travers le coton de son sous-vêtement, je le sens trempé. Comment-est-ce possible ?

— Bébé... pourquoi tu es... déjà si mouillé ?

— Je... je me suis préparé pour toi... expire-t-il dans un râle lascif.

Je ne respire plus.

— Qu'est-ce que tu dis... ?

— Avant de venir, je me suis préparé pour toi. Je voulais que tu puisses me baiser d'un coup. J'avais trop hâte.

— Oh merde... Tu veux ma mort.

— Je te veux en moi, Daddy.

— Putain... sifflé-je, à bout. Tu vas me rendre fou. Tu le sais ça ?

Je soulève Gulf un peu trop vivement et l'allonge sur le canapé, je retire entièrement son pantalon, puis son boxer et sa chemise. Son corps nu, délié et délicat, que j'embrasse comme la chose la plus précieuse au monde, m'ensorcelle. J'ai envie de prendre mon temps, mais Gulf ne l'entend pas de cette oreille. Il se redresse et passe des mains pressantes sous ma chemise, m'incitant à me déshabiller. En quelques minutes, je me retrouve nu sur lui. Il m'attire dans un baiser torride et mouillé, exigeant. Nos langues semblent ne jamais se repaître l'une de l'autre, comme mues d'une volonté pourtant impossible de fusionner ensemble.

— P'Mew... Viens en moi. Je suis prêt.

Je suis dur comme du bois. J'écarte ses jambes qui s'accrochent naturellement autour de ma taille et frotte mon sexe, où perle déjà mon désir, contre son entrée.

La sensation de son ouverture trempée sur mon gland m'électrise.

— Bébé...

— Viens. Maintenant, m'ordonne-t-il en appuyant ses jambes dans mon dos, impatient.

Habitué à y aller en douceur, je m'efforce de m'enfoncer en lui prudemment, mais je réalise que je ne rencontre aucune résistance. Il s'est vraiment préparé pour moi... L'imaginer s'être doigté seul, sans doute avec le lubrifiant à la cerise, m'envoie un millier de piqûres d'excitation entre les reins.

— Ma queue t'avait manqué... ? ne puis-je m'empêcher de lui souffler au creux de l'oreille, éperdument audacieux, toute raison m'ayant déserté.

— Oui, tellement...

— Tu es tout ouvert pour moi... et je te sens si bien. Si bien.

Ses parois douces et humides avalent mon sexe dépourvu de préservatif. La sensation est indescriptible. Gulf gémit sans honte, pour mon plus grand plaisir. Je m'enfonce en lui toujours plus fort, en agrippant fermement ses hanches, le pilonnant sans relâche tout en couvrant sa gorge de baisers. Des gestes désordonnés et presque empreints de désespoir me dominent. En pleine étreinte, je prends conscience que je vais jouir au fond de lui pour la première fois, et non pas dans un préservatif. Je dois ralentir la cadence pour ne pas me répandre dans la seconde à cette idée.

— Bébé... Je vais te remplir... je vais te remplir de mon sperme chaud.

Gulf geint à mes mots : ses yeux sont clos, son expression déformée de plaisir.

— Plus fort, Daddy... réclame-t-il en masturbant énergiquement son membre dur et luisant.

— Je t'aime mon ange. Je suis à toi, je te le promets.

Encore quelques coups de boutoir et je sens un feu se répandre dans mes reins, poursuivant sa course ardente jusqu'à mes testicules qui se contractent, prêtes à se vider à l'intérieur de l'amour de ma vie.

— Je viens...

Je le remplis longuement et abondamment dans une lancinante plainte d'extase. Une sensation inédite, qui, elle, me remplit d'ivresse. Gulf m'imite et se déverse sur son ventre en poussant d'adorables cris. Je retombe sur lui, épuisé, dissous dans les vapeurs du plaisir. Je ne suis plus qu'un corps repu, un être primitif. Il me faut de longues minutes pour reconnecter mon corps à mon cerveau.

— Comment tu te sens...?

— Hum... tellement bien... gazouille Gulf.

— Tu ne ressens pas... d'inconfort ?

Jouir sans préservatif n'est pas toujours le plus agréable pour celui qui « reçoit ».

Il secoue la tête négativement.

— Bébé... Tu veux bien me laisser regarder... ? osé-je lui demander, animé d'une curiosité toute animale.

— Si tu veux...

Qui aurait cru à notre rencontre, que je me retrouverais un an plus tard à observer son intimité, lubrique, pour le simple plaisir de voir ma semence s'écouler entre ses cuisses... ? Je me retire de lui et plonge la tête entre ses fesses que j'écarte légèrement. Quelques gouttes de sperme s'échappent de son entrée dilatée. Cette vision seule pourrait me remettre d'aplomb pour un second round et exalte mon sentiment de possessivité. Je me mords les lèvres, pris d'une envie un peu folle. D'un doigt, je caresse son orifice malmené, tout en contemplant les gouttes crémeuses s'expulser progressivement.

— Qu'est-ce que tu fais ?! finit-il par m'interroger, perplexe.

— Pardon je... je suis un peu trop obscène, je crois. Désolé. Je suis juste hypnotisé par ma semence sortant de toi, avoué-je, embarrassé.

— P'Mew ! se scandalise-t-il, redevenu timide. Je vais me doucher. Tu m'accompagnes au lieu de faire des trucs dégoûtants ? se redresse Gulf en s'écartant de mon emprise.

Nous passons au moins trente minutes à nous cajoler, nous nettoyer, nous délasser sous l'eau chaude. Un nuage de buée nous recouvre.

— Est-ce que tu me fais confiance... ?

— Oui... P'Mew. J'ai juste du mal avec la situation. Trouver un compromis entre vie privée et vie publique, c'est épuisant... J'ai craqué.

— Je sais bien, mon amour.

— Est-ce que tu peux au moins me promettre qu'un jour on pourra tout révéler ?

Ba boom. La question à un million de dollars. Mon cœur tombe dans mon estomac. Je soupire tout en savonnant ses épaules, déjà lassé de cette discussion sans fin.

— Je... je l'espère. J'aimerais pouvoir. Mais je ne peux rien te promettre.

— Combien de temps peut-on aimer secrètement, tu le sais ?

— Non, je ne sais pas ?

— Je vais te le dire, moi. Pas éternellement, Mew.

Pourquoi cette phrase anodine sonne-t-elle comme une sentence, voire une menace ?

« Combien de temps peut-on aimer secrètement ? Pas éternellement. »

« Combien de temps peut-on aimer secrètement ? Pas éternellement. »

« Combien de temps peut-on aimer secrètement ? Pas éternellement. »

Une fois encore, cette phrase se répète en écho lointain et démultiplié dans mon crâne, soulevant mon cœur de frayeur, alors que la peau de Gulf glisse inlassablement sous mes doigts, cruellement douce.

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* Ça peut paraître anecdotique, mais il me semble que cette question est importante dans un couple à notre époque, donc j'ai voulu l'intégrer, toujours dans ma quête de réalisme.

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* Tousse* *tousse* Un chapitre chaud, à tous les niveaux. Voire même un peu obscène.... oups. Désolée, je n'arrive pas à les contenir ces deux chauds lapins. 🤭 L'interview avec Woody, la plus mythique selon moi, où les deux avaient manifestement un mal fou à cacher leurs sentiments. Un peu plus et ils balançaient tout, surtout Gulf ! Ce qui explique, au cœur de ce chapitre, la confrontation un peu conflictuelle concernant l'éventuelle révélation de leur relation. Comment vont-ils gérer ça ? Des théories ?

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