BONUS : « L'insoutenable légèreté de l'âme »


Les bonus sont faits pour explorer, n'est-ce pas... Alors j'explore, autant que Mew et Gulf explorent leur sexualité. Ce chapitre est assez audacieux, j'ai tenté quelque chose d'inédit et de peu conventionnel dans l'univers Mew Gulf. 

Bonne lecture

~~

 Mew

« Joyeux anniversaire ! »

Un gâteau entre les bras, Mild traverse le jardin, l'air triomphant. Il devrait avoir passé l'âge des pitreries, pourtant il ne peut s'empêcher de tourner sur lui-même et de danser comme un idiot. Je vois d'ici le gâteau se renverser sur la pelouse du jardin. Les invités chantent en cœur un joyeux anniversaire tonitruant à l'attention de celui qui partage ma vie depuis plus de dix ans déjà...

Réunis sous ce ciel d'hiver étoilé, nos amis rient aux éclats ; une bénédiction après tout ce que nous avons traversé. Des chandelles illuminent le jardin, la lune se reflète dans le bleu de la piscine, et l'odeur entêtante des grillades sature l'air. La nuit étant bien avancée, tout le monde a suffisamment bu pour afficher des joues roses comme des pommes d'amour. Surtout Gulf... Il fête aujourd'hui trente-deux ans, et il est toujours aussi adorable ; ses pommettes ont gardé leur rondeur malgré sa grande finesse. Ses yeux brillent de mille feux. Il est beau, l'air insouciant...

J'aimerais le garder sous verre en cet instant, graver cette image comme une photo dans mon esprit, à tout jamais. Une photo à la précision parfaite. Le temps diluera les souvenirs, inéluctablement, mais cette photo demeurerait immuable.

Ces dernières années ont été éprouvantes. Gulf se réveillait la nuit en criant. Je le berçais jusqu'à l'aube, tétanisé d'horreur, mais je restais solide, pour lui. Je lui devais bien ça, moi qui ai failli, qui n'ai pu le protéger alors qu'il vivait l'innommable.

Ce serpent... Si je le pouvais, il serait déjà six pieds sous terre. Mais je me suis retenu, pour Gulf. J'ai dû lutter contre ma nature parfois violente envers ceux qui blessent celui que j'aime. J'ai gardé mes poings intacts, mais j'ai usé la paume de mes mains sur la peau de ma moitié, encore et encore, pour le bercer, le réconforter, l'aimer.

Les années ont passé, et dans leur sillage, le combat contre le harcèlement moral et sexuel a évolué. De nouveaux témoignages accablants contre Monsieur Lee ont vu le jour, le faisant chuter de son piédestal. La peur change de camp, petit pas par petit pas.

Je ne dirais pas que cette douloureuse expérience est oubliée, mais elle ne nous blesse plus. Les cicatrices n'ont laissé qu'une ligne pâle en relief sur la peau. Gulf est à nouveau lui-même, les tournages ont repris. Il est heureux, au sommet de sa carrière.

En cet instant, il souffle ses bougies sous un concert applaudissements. Son regard capture le mien.

Oui, le bonheur, il est juste là. À cet instant précis. Il enfle dans mon cœur qui menace d'exploser. 

On a réussi, Gulf.

Minuit, une heure, deux heures... La nuit déroule ses festivités, l'alcool coule à flot. Nous finissons dans la piscine malgré les températures peu clémentes. Je sirote un verre de champagne en compagnie de Mild, avec qui je discute à bâtons rompus. De l'autre côté de la piscine, Gulf converse avec une charmante jeune femme, une amie de Bow.

— C'est une belle soirée, se félicite Mild.

— Je ne vais pas te contredire. Merci pour le gâteau, et merci de ne pas l'avoir fait tomber ! le taquiné-je.

— Hé !

Un coup sur l'épaule, quelques rires gras avec Mild. Ai-je déjà mentionné à quel point cette soirée était parfaite ?

— Il a l'air heureux, hein ? reprend Mild, les yeux pétillants d'affection.

— Oui, il l'est. Enfin... Je le crois. Il cache parfois ses sentiments.

Mild acquiesce, compréhensif.

— Tous les deux, ça va ?

— Oui, super. Enfin, on commence à être un vieux couple, tu sais ce que c'est...

Le front de Mild se plisse.

— Comment ça ?

— Mild, je ne vais pas te faire un dessin. Ça fait combien de temps, toi et Grace ?

— Hum... Ça doit faire huit ans.

— Et donc ? Rien n'a changé dans votre relation ?

Un sourire coquin creuse la joue de mon ami.

— Ah ! Je vois où tu veux en venir ! Ne me dis pas que toi et Gulf ne baisez plus comme des lapins ? J'aurais du mal à le croire !

— Et pourtant... Même les plus intrépides finissent par connaître la sagesse.

Mild porte une main à sa bouche, mimant une expression outrée.

— Mild ! Arrête ça. Il n'y a pas toujours eu que du sexe entre Gulf et moi, enfin !

Son sourire goguenard achève de me faire rire. Il est le seul ami qui me ramène des années en arrière, j'ai dix-huit ans à nouveau. On peut parler de choses futiles, de jeux vidéo, de sexe...

— J'en connais un qui avait pourtant mal au c...

— Mild ! Arrête-ça. Tu as bu combien de verres ?

— De bouteilles tu veux dire ? Assez pour m'inquiéter du bien-être sexuel de mes deux meilleurs amis, manifestement.

Je pouffe et lui assène une nouvelle tape affectueuse sur le crâne.

À cet instant, mon ami Boom débarque en plongeant dans la piscine sans la moindre délicatesse, l'air tout aussi sobre que Mild.

— De quoi vous parlez, les gars ?

— De la vie sexuelle de Mew et Gulf.

— Hé ! protesté-je.

Les yeux de Boom s'allument d'intérêt. Nous voilà partis pour épiloguer sur ma vie sexuelle... Ces deux-là sont intenables.

— Qu'est-ce qui ne va pas, raconte-tout à Docteur Boom ! m'incite mon vieil ami en me pinçant la joue.

— Mais enfin, tout va bien... On n'est pas obligé de s'envoyer en l'air tous les jours, vous savez.

Boom ignore ma remarque, reprenant d'un ton docte :

— Il est important, mon cher, de faire marcher la machine à fantasmes, et même... de tenter de nouvelles expériences.

Son regard concupiscent me sonde. En ce qui concerne ces questions d'ordre intime, Boom est toujours beaucoup plus intrusif que Mild, cantonné à d'inoffensives taquineries.

Il lance un regard en direction de Gulf, puis revient à moi :

— Elle est jolie, la fille avec qui il discute.

Je hausse les épaules, détaché.

— Oui, j'imagine.

— Elle a l'air de lui faire du charme... insiste Boom.

— Et donc ?

— Si je me souviens bien, Gulf était avec une fille avant de se mettre en couple avec toi. Il est bi, non ?

— Nous n'en avons jamais réellement parlé... Sa sexualité, c'est moi, tu sais...

— Il est mewsexuel ! s'esclaffe Mild.

Je secoue la tête, dépité par l'immaturité de mon ami.

— Moi, je pense qu'il est possible qu'il soit toujours attiré par les femmes, affirme Boom, comme s'il avait inventé l'eau chaude.

— Et alors, où tu veux en venir, de toute façon ? Nous somme fidèles, alors peu importe...

— Je ne parle pas d'infidélité, mais d'expérience...

Boom m'adresse un clin d'œil, et mon cœur se fige une infime seconde, avant de reprendre une cadence effrénée. J'ai l'impression de sentir mon sang irriguer mes veines. Une « expérience » ? J'ai toujours été si exclusif et possessif... Cette éventualité ne m'a jamais traversé l'esprit. Gulf et moi appartenons à la vieille école de l'amour... Deux âmes, ensemble, pour l'éternité. 

Je ne peux m'empêcher de l'observer discuter avec cette jeune femme, de l'autre côté de la piscine. Elle pose sa main sur son épaule, il rit doucement. Je n'ose envisager qu'il flirte, mais elle, elle est évidemment tombée sous son charme. Et je le trouve... magnifique, près d'elle. Il est magnifique et sexy, alors qu'il se penche à l'oreille de la jeune femme pour lui susurrer je ne sais quoi. Un frisson me parcourt l'échine.

Je fais taire l'énième remarque graveleuse de Mild et nous changeons de sujet pour de bon.

Lorsque nous retrouvons notre lit, à la fin de la soirée, les premiers rayons de l'aube percent déjà les rideaux. Les oiseaux gazouillent, annonçant une nouvelle journée. Gulf se blottit contre moi, j'embrasse son front. Il sent la cigarette et l'alcool, mais qu'importe.

— Tu as aimé la soirée ? lui demandé-je.

— Oui, c'était merveilleux. Merci.

J'embrasse le bout de son nez. Dans un coin de ma tête, je ne peux m'empêcher de revoir Gulf avec cette jeune femme. Est-ce qu'elle lui... plairait ? Je chasse cette idée insensée et nous glissons dans le sommeil, étroitement enlacés.

***

Un an plus tard

Cette année, nous fêtons l'anniversaire de Gulf dans un chalet en Suisse, avec quelques amis. Mild, Boom, Run, Bow et son amie, Liza. Nous barbotons dans le jacuzzi, pendant que les conversations vont bon train. Mild et Boom racontent des énormités, pendant que nous conversons plus sérieusement avec Bow et Liza, une magnifique jeune femme brune. Après des études de droit, elle a été repérée par une agence de mannequinat. Elle a commencé à faire des photos pour boucler ses fins de mois, mais n'a jamais abandonné les études pour autant. Aujourd'hui, elle est diplômée d'une prestigieuse école de droit, tout en défilant pour les plus célèbres maisons de haute couture à travers le monde. Un parcours admirable, qui force le respect. Je me souviens que j'avais toute la peine du monde à concilier mes études et ma carrière d'acteur...

— J'ai toujours été fan de toi, Gulf... révèle-t-elle.

— Ah oui ?

Son intonation timide est adorable. Je l'enferme entre mes bras possessifs, si fier qu'il soit à moi.

— Je n'ai pas osé te le dire l'année dernière, je ne voulais pas que tu me prennes pour une cruche. Mais c'est vrai que je t'ai toujours voué une certaine admiration... Alors quand Bow m'a proposé de venir à ton anniversaire il y a un an... J'étais vraiment ravie. Et je suis ravie d'être ton amie aujourd'hui.

— Merci, Liza. Ça me touche beaucoup. Alors, je suis mieux en vrai ou dans mes films ?

— Mieux en vrai ! Tu es si... humble.

Mais je rêve... ou elle rougit ? Il y en a une qui pince pour mon homme, de toute évidence. Je m'éclaircis la gorge pour rompre le charme de l'instant, un peu jaloux de cette complicité naissante entre ma moitié et cette ravissante jeune femme.

La soirée se prolonge jusque tard dans la nuit. Après un copieux repas typiquement suisse à base de fromage fondue, nous retrouvons la chaleur agréable du jacuzzi. Gulf et moi avons la surprise d'y découvrir Bow et Liza, en train de... s'embrasser. Gulf émet un hoquet de surprise.

— Oh, coucou les garçons, salue Bow, avec un naturel déconcertant, comme si nous ne venions pas d'interrompre ce baiser brûlant avec son amie. Vous avez l'air choqué !

Elle rit aux éclats, amusée par nos expressions dignes d'une pantomime.

— C'est juste... je croyais que tu étais en couple ? ose questionner Gulf en pénétrant dans le bassin à ma suite.

— Oui, mais ça n'empêche pas, rétorque-t-elle, mutine.

Gulf fronce les sourcils. Je ne dois pas avoir l'air plus malin, gêné par cette confidence.

— Tu veux dire que... ? commence-t-il, échouant à terminer sa phrase.

— Nous sommes un couple libre, et on aime parfois s'amuser... Notre relation est solide, alors on peut se permettre quelques fantaisies, explique-elle.

Une profonde confusion contamine les traits de Gulf.

— Au bout de plusieurs années de relation, c'est sympa de pimenter, conclut-elle en haussant les épaules, les yeux brillants de malice.

— Oh oui, je vois, je comprends... bafouille Gulf d'un air effarouché.

Dans l'intimité de notre chambre, il n'est jamais le dernier à exprimer ses désirs. Sa sensualité est sans pareille. Mais en public, sa réserve l'accompagne toujours.

— Vous n'y avez jamais pensé ? poursuit Bow, imperméable à la gêne.

— Oh, non... P'Mew et moi ne sommes pas comme ça... murmure Gulf d'une petite voix. 

Liza me lance un regard de connivence, plus curieuse qu'elle ne devrait l'être. J'ai l'impression de glisser sur une pente dangereuse, ma fréquence cardiaque s'emballe. J'ai envie d'ajouter quelque chose, de surprendre Gulf, de jouer.

— Eh bien, qui sait... La vie est faite pour vivre des aventures, tu ne penses pas, mon cœur ?

Gulf ouvre des yeux ronds. Mais mon air amusé, ainsi que ce mot doux teinté d'ironie entre nous, achève de le convaincre que je ne suis pas sérieux. Le sujet est éludé, noyé dans les rires et les taquineries.

Ce soir-là, je ne peux m'empêcher de le questionner sur le sujet qui m'occupe l'esprit depuis un temps, ravivé par cette discussion avec Bow. Nous sommes installés dans le lit, la tête de Gulf repose sur mon épaule. Je caresse ses cheveux avec affection. Il me remercie pour ce voyage d'anniversaire en plantant des baisers dans mon cou.

— Au fait, Gulf, j'aimerais te poser une question...

— Hum ? marmonne-t-il, ses lèvres traçant déjà un chemin de baisers sur mon torse.

— Est-ce que... Liza te plaît ?

Il se redresse aussitôt, nos têtes se cognent.

— Aie !

Je me masse le front, à l'endroit de la collision.

— Ça va pas de me demander des choses pareilles ? s'exclame mon homme.

— Je suis curieux, c'est tout. Je ne suis pas fâché, tu sais... Je me souviens qu'avant moi, tu sortais avec des femmes. Et Liza est une très jolie jeune femme.

Gulf me fixe, éberlué.

— Certes, mais...

Il s'adosse contre la tête de lit, confus.

— J'avoue que je ne sais pas quoi répondre...

— Les femmes t'attirent-t-elles toujours ?

Gulf rougit, j'adore le faire rougir... Je vais apprécier cette conversation plus que je ne l'aurais imaginé.

— Eh bien... En théorie, oui ? Mais je ne sais pas, je ne me pose pas la question. Je n'ai d'yeux que pour toi.

— Pff, menteur. Après dix ans de relation, tu vas me faire croire que tu n'as jamais louché sur personne d'autres ?

— Pourquoi, toi c'est le cas ?

Touché.

— Non, car je suis obsédé et fasciné par toi, par ton corps, ton odeur. Tu le sais, que je suis accro à toi, chaton.

— C'est pareil pour moi...

— Et Liza ? insisté-je.

— Elle est belle, oui. Si je n'étais pas avec toi, elle me plairait peut-être.

Voilà, on y arrive...

Je ne peux empêcher une image tendancieuse de se former dans mon esprit en ébullition. Et je ne saurais expliquer pourquoi, mais une excitation diffuse grimpe en moi.

— Je pense que tu serais très sexy avec une femme... avoué-je tout bas.

Gulf rougit une nouvelle fois. J'adore ça. Je me délecte de son affriolante timidité.

— Ah oui ? Tu ne serais pas jaloux ? me teste-t-il.

Je réfléchis à la question, plus que légitime. Au regard de ma nature notoirement possessive, l'idée de partager Gulf est inenvisageable. Mais j'ai aussi grandi, toutes ces années. Et mes problèmes de confiance se sont dilués grâce à la constance de notre relation.

— Je crois que si tu es heureux, je le serai aussi. Tu sais, j'ai déjà réfléchi à cette histoire de pimenter notre couple. Est-ce que tu aimerais essayer ?

— Je... Je ne sais pas, bafouille Gulf.

Ses yeux, pourtant, le trahissent. Ses pupilles se dilatent. J'ai chaud, tout à coup.

— Est-ce que tu t'imaginerais avec Liza, par exemple ?

Gulf se mord la lèvre, partagé entre l'évocation attirante que je lui propose et l'interdit de cette possibilité. Notre relation est régie par l'exclusivité, presque « hétéronormée » dans ses fondations. J'ai envie d'être joueur, ce soir, alors je décide de le provoquer.

— Est-ce que tu aimerais toucher ses seins... ?

Tout en prononçant ces mots audacieux, je glisse ma main sous les draps pour caresser son sexe.

Gulf halète.

— Est-ce que tu aimerais plonger tes doigts en elle ? Ce serait chaud, doux et humide...

— Ah... P'Mew...

— Oui, tu aimes ça, bébé...

Son sexe luisant palpite entre mes doigts. Je suis douloureusement excité par la situation, par ce fantasme totalement inédit. Mon cœur bat comme lors d'une première fois. Je continue de le masturber en lui susurrant des mots coquins à l'oreille.

— Tu aimerais la prendre, mettre ta queue en elle, pendant que je te baiserai ?

— Aah, P'Mew... Je, je vais...

De mon pouce, je caresse son gland où perle déjà abondamment son émoi, tout en embrassant son cou. Puis, je le sens se contracter contre moi ; son sperme jaillit de sa queue et repeint mes doigts, que je m'empresse de lécher. Gulf me révèle des yeux ourlés de désir. Il est magnifique.

Et je ne doute pas de le trouver magnifique entre les cuisses d'une femme, pendant que je me glisserais entre les siennes...

***

Quelques mois plus tard.

— Tu as mis les bougies ? me demande ma moitié avec fébrilité.

Il s'agite en tous sens, nerveux. Je m'approche de lui et enserre ses épaules, avec douceur et fermeté, pour le ré-ancrer avec moi, dans le présent ; dans la sécurité de notre couple.

— Hé, mon ange, je te sens... nerveux. Tout va bien ?

— Oui, ça va, m'assure-t-il.

— Si tu veux annuler, on le peut, tu le sais bien.

— Non, ce n'est pas ça... C'est moi qui ai voulu cette soirée.

— Je n'ai pas hésité longtemps... dis-je d'un ton espiègle en l'embrassant dans le cou.

Gulf gémit et se laisse aller entre mes bras. Son odeur me rend déjà fou. Il s'est douché avec une sorte d'huile qui rend sa peau si douce et parfumée, une fragrance exotique et sensuelle, à son image.

— Alors, qu'est-ce qui ne va pas ?

Ce soir, nous recevons... Liza. Nous invitons une tierce personne dans notre intimité, pour la toute première fois. Nous en avons longuement parlé ensemble, évoquant nos désirs profonds, sans tabou – nos limites, aussi. Nous ne nous lançons pas dans cette expérience à la légère.

Au fil des années, nous avons traversé une armée d’épreuves, combattu une légion de démons, exploré des continents d’émotion. Nous avons sondé nos envies, baptisé de notre amour un nombre de lieux incalculable, utilisé divers jouets sexuels ; oui, notre vie intime n'est pas triste, elle est faite d'étincelles.

Cette expérience, c'est la seule que nous n'avions jamais envisagée. Mais je sais notre couple inébranlable. Une certaine appréhension enfle en moi néanmoins, mêlée à une excitation sans borne.

— Je suis juste un peu nerveux. Je n'ai pas couché avec une femme depuis longtemps... ose me livrer Gulf.

— Hum, tu seras parfait, mon ange... Quand tu me pénètres, c'est toujours divin...

Certes, j'ai tendance à préférer posséder Gulf que le contraire. J'adore quand il se disloque de plaisir sous mon corps, sentir son fourreau moite avaler mon sexe, le voir s'abandonner, s'offrir. J'adore tout cela, mais parfois, j'aime aussi qu'il prenne soin de moi, qu'il me domine. C'est plus rare, mais quand ma fragilité me submerge, je laisse Gulf me prendre en charge. Et je sais à quel point il est bon dans ce « rôle ». Rien que d'y penser, des frissons courent le long de mes reins...

— Tu vas être plus que parfait.

Ma voix meurt dans son cou. Ma main glisse dans son dos, puis se pose sur ses fesses que je pétris. J'ai envie d'avancer les réjouissances de la nuit...

— Oh... Je vais peut-être vous laisser, finalement, pouffe Liza, qui vient d'apparaître sur le seuil de la porte, une bouteille de vin à la main.

Je libère Gulf pour saluer la nouvelle venue, d'une beauté royale dans une robe de satin noir. Son élégance n'enlève rien à son charme naturel. Nul doute que si j'étais hétérosexuel, elle me ferait tourner la tête...

— Salut, Liza, On est content de te voir, l'accueille Gulf.

— Merci de m'accueillir, les garçons. Vous êtes magnifiques, nous complimente-t-elle.

Après les salutations d'usage, où couve une certaine timidité ; ce précieux charme des premiers échanges empreints de séduction, nous rejoignons le jardin pour dîner. Kali nous a préparé un savoureux repas, accompagné de grands crus. Nous discutons de nos carrières, évoquons les souvenirs du dernier anniversaire de Gulf, puis, de fil en aiguille, notre rencontre, notre relation, nous aventurant sur le terrain de notre intimité...

— Alors c'est comment, sexuellement, entre vous ? ose Liza, effrontée.

L'alcool aidant, nos langues se délient...

— Ça a toujours été électrique. J'ai désiré Gulf à la première seconde, confessé-je en caressant sa cuisse, sous la table.

— Je peux comprendre, ajoute Liza.

Gulf se mord la lèvre, timide mais intéressé par la tournure que prend la conversation.

— Gulf a une bouche incroyable, poursuit-elle, sans cesser de la fixer des yeux, gourmande.

Elle se lève, puis s'assoit à coté de lui.

Dans l'échancrure de sa chemise noire, le torse de Gulf se pare de tâches rouges. Ses tétons pointent sous le tissu. J'ai déjà envie de le déguster.

— Et au lit, qui fait quoi ? poursuit Liza, de plus en plus curieuse.

— Gulf, réponds, bébé, l'encouragé-je en massant sa nuque.

— Oh, disons que... Nous sommes versatiles, mais c'est vrai que c'est plus souvent moi, qui « reçois », révèle Gulf d'une voix faible, saturée d'embarras.

Il est à croquer, mes sens s'échauffent de plus en plus.

— Hum, intéressant... Et ce soir, que va-t-il se passer ? murmure Liza d'un ton enjôleur.

— Tu verras bien, répond Gulf qui semble avoir gagné en assurance.

Liza se penche sur son visage. Je retiens mon souffle.

Et là, juste devant moi, ils s'embrassent. Je ne vais pas nier que mon cœur se pince de jalousie une petite seconde. Mais j'avais anticipé ce sentiment. Je l'accepte, au lieu de le rejeter, et je continue à observer la scène, à me gorger de ce tableau sensuel, sans oublier l'amour inconditionnel qui me lie à Gulf. La jalousie finit par refluer, se transformant en tout autre chose... Le désir naît au creux de mes entrailles, tel un volcan en éveil. Je contemple la bouche de Gulf se faire embrasser, et sous cet angle, elle est divine. Je ne peux détacher le regard, magnétisé, envoûté.

Je suis déjà dur.

Je me lève pour mettre de la musique, puis j'invite Gulf à danser avec moi. Je caresse ses hanches, l'embrasse profondément, ramène son bassin contre le mien. Nos érections se percutent et se frottent sous le regard fiévreux de Liza. Elle finit par nous rejoindre. Je la laisse prendre ma place, pendant que je me niche derrière Gulf, épousant le creux de ses reins, me délectant de son cul rebondi sur mon membre gonflé.

— Et si... on allait dans la chambre ? proposé-je enfin.

Étrangement, je ne me sens pas timide, ni possessif. Je suis seulement électrisé par l'excitation de Gulf. C'est si... nouveau. J'ai l'impression d'être un adolescent qui découvre le sexe pour la première fois. Je me penche pour embrasser Gulf, son goût m'enivre. Ce baiser prend une tournure différente, quand une bouche au parfum de vanille s'invite entre nous. La sensation est troublante, mais aussi infiniment exaltante. Gulf vibre contre moi. Ses fesses se tendent. Je risque d'exploser avant même que nous ayons commencé quoi que ce soit. C'est insoutenable.

Nous tombons sur le lit aux draps de soie. Je ne m'étais même pas rendu compte que nous avions traversé le salon pour gagner la chambre à coucher.

Nous cessons toute discussion. Les gémissements et les bruits humides ont pris le relais des mots.

En un rien de temps, Liza est nue sur le lit. Notre lit. Une femme dans notre lit... C'est étrange, mais aussi singulièrement grisant. Il est loin le temps où je couchais avec des femmes. Et même si je préfère de loin les courbes des hommes, la volupté des formes féminines ne me laisse pas insensible... C'est certainement pour ça que je vénère le corps de Gulf, il incarne cette hybridation parfaite entre virilité brute et grâce androgyne...

Je contemple ce nouveau corps alangui, la poitrine généreuse en forme de belles poires, ses tétons à la carnation claire. Sa peau est pâle, constellée de quelques veines, comme des lignes sur du papier à dessin.

Une peau dorée épouse son corps ; contraste de sable chaud sur un ruban de neige.

J'ai le souffle coupée par la beauté de Gulf. Le grain de sa peau est parfait, d'une teinte presque caramélisée. Je reste encore en retrait, satisfait par ma posture de spectateur attentif.

Les mains de Gulf tremblent quand il pétrit ses seins. Un gémissement lui échappe, se répercutant directement dans mon sexe. Je suis obsédé par ses belles mains fines, embellie d'une virilité nouvelle sur les tétons de Liza ; sculpture charnelle offerte au bon vouloir de mon homme.

Voir Gulf aussi excité par une autre m'enflamme d'un désir insoupçonné. Car il n'est plus seulement cet être cher sensible à la séduction de son bien aimé. Il reconquiert sa posture d'être charnel, primitif. Il n'est plus qu'un corps pur, guidé par l'impulsion sexuelle. Et ça déverse en moi l'essence même de la bestialité.

Je m'approche, puis m'installe à ses cotés pour caresser son dos magnifique, la courbe gracieuse et vertigineuse de ses reins. J'embrasse la peau tendre et brûlante sous oreille, son parfum m'ensorcelle. 

— Bébé... tu es si excitant... Tu aimes ça, lui pétrir les seins ?

Sa queue bien dure répond à sa place.

Je pose une main sur celle de Gulf, sentant la douceur du grain de peau de Liza à travers la sienne. Les sensations sont décuplées. Liza se tord sous le toucher de Gulf, son visage est transfiguré de plaisir. La deviner si fébrile grâce à mon bébé me transporte. Je continue d'honorer son corps de mes caresses et de mes baisers. Notre étreinte est sensuelle, mais tout en délicatesse.

Liza écarte les jambes. Sa toison est brune et tondue avec soin. Son sexe lisse est beau, et entre ses lèvres... brille une substance liquide. Elle mouille. Mais Gulf est trop timide pour le voir, il se contente de caresser ses seins et ses flancs, tout en la couvrant de doux baisers.

Audacieux, je saisis sa main et la glisse plus bas, jusque dans les poils pubiens de la demoiselle. À ce contact, Gulf retient son souffle.

— Tu veux sentir comme elle mouille ? Elle mouille bien pour toi, mon ange...

— Ahh...

Liza ronronne en entendant mes mots salaces. Gulf tremble. Plein d'un aplomb renouvelé, je guide sa main entre les cuisses de notre partenaire éphémère. Quand le bout de ses doigts rencontre sa chair humide, entre les plis de sa vulve, Gulf exulte, pris de spasmes. Sa queue goutte avec indécence sur la cuisse de Liza. De ma main, j'accompagne ses doigts à l'intérieur. C'est tellement humide... Je suis moi-même stimulé par ce sexe féminin, ouvert comme une fleur autour de l'index de Gulf.

— Tu sens comme elle est chaude et humide pour toi ? Doigte-la, mon bébé...

Liza couine, les jambes écartelées, délicieusement cambrée sur le lit. Elle en veut plus.

Gulf et moi la doigtons doucement, la pièce se remplit d'impudiques bruit humides. De ma main libre, j'empoigne le sexe de Gulf et entreprends de le branler à un rythme lent et régulier. Gulf se tourne pour m'embrasser ; je m'abreuve à ses lèvres, mordillant sa langue et avalant sa salive. Puis, ensemble, nous embrassons Liza, déjà défaite sous nos corps.

— Tu veux la goûter, maintenant ? murmuré-je à l'oreille de Gulf.

Il en perd son souffle, ses yeux ne sont plus que deux gouttes de pétrole. Il questionne alors Liza du regard, qui acquiesce en écartant les jambes. Gulf glisse sur son corps, pour se retrouver entre ses cuisses. Timide, il considère longuement son sexe, ses chairs humides et écartées ; l'essence même de la féminité se dévoile juste , dans toute sa ruisselante splendeur.

Gulf a l'eau à la bouche, je peux le sentir dans son sexe palpiter au creux de ma paume. Bientôt, il se place à quatre pattes entre ses cuisses. Il respire son parfum intime, frotte ses joues sur son bas-ventre, son pubis, et enfin sa langue disparaît entre ses poils, dans ce puits de désir et de moiteur insondable, ce capiteux mystère féminin.

Je me délecte de ce bruit caractéristique ; celui d'une langue à l'intérieur d'un orifice humide, et Liza est si humide... de la mouille dégouline entre ses cuisses, mélangée à la salive de Gulf. Ce spectacle me coupe le souffle. Je m'en détache pourtant, désireux de goûter Gulf à mon tour. Je me retrouve derrière lui, écarte ses fesses. Il sursaute, tout concentré qu'il était par une autre caresse.

— Je vais te bouffer, mon ange. Accroche-toi.

Gulf me tend sa croupe. Son anus est tout serré, car je ne l'ai pas encore stimulé. Il se contracte et se dilate sous mes yeux, comme s'il me suppliait de le remplir. J'approche mon visage, mordille l'une de ses fesses, toujours plus près du secret brûlant de son corps. Son odeur de gel douche, et son odeur à lui, intime, me chatouille le nez. Je ne suis qu'un animal, j'adore le renifler à cet endroit.

Je glisse mon nez dans sa fente, le frottant et respirant avec force, tout en harponnant durement son cul.

— Ah putain de merde, P'Mew... couine Gulf, au supplice.

Gulf ne jure que rarement au lit – c'est plutôt mon registre – à part quand je vais là où il ne s'attend pas.

Ce soir, je m'aventure vraiment en terrain inconnu... 

Je poursuis ma lente exploration, traçant de ma langue un chemin obsédant dans le sillon lisse de ses fesses. Gulf est imberbe à cet endroit. Je n'ai rien contre les poils, mais je trouve la douceur de cette zone intime incroyablement affriolante. C'est presque... féminin, gracieux. Après l'avoir reniflé en profondeur, c'est à ma langue de le découvrir intimement. J'écarte son cul à pleines mains et me mets à la tâche. Je grogne contre son anus palpitant, qui s'ouvre sous mes attentions brûlantes. Je le lèche avec avidité, désireux de l'aspirer. Ma langue le fouille, mon menton dégoulinant se frotte à ses testicules gonflées.

— Ah P'Mew, je t'en prie, arrête... Je vais jouir, sinon...

— Jouis... Jouis...

Gulf replonge sur le sexe de Liza. Sa langue devient folle, en miroir de la mienne. Il la pénètre impitoyablement, et je l'imite. Je m'immisce en lui autant que possible, avalant sa saveur profonde. Gulf se décompose au-dessus de moi. Il tremble, se frotte sur le lit en cambrant les reins. Des spasmes le traversent, et je l'entends jouir, ma tête écrasée entre ses deux merveilleux globes de chair.

— Oui, mon bébé... c'est ça... jouis bien....

Son sperme s'écoule sur le matelas. Je le recueille d'une main, puis en enduis la hampe de Gulf, qui ne tarde pas à se regalber dans ma paume. Il se couche sur le côté, pendant que je masse son sexe. Liza nous offre un regard lourd de désir. Sa respiration est échevelée. D'une main, elle caresse les beaux cheveux de Gulf, les fait glisser entre ses doigts.

— Gulf... Tu veux venir en moi ? mendie-t-elle d'une voix faible.

Ses cuisses tremblent, brillantes de fluides. Je me penche pour embrasser les lèvres de Gulf, sans oublier celles de Liza. Puis, je caresse leur tête et les incite à s'embrasser. Le moment est tendre, charnel. Une sensualité si lente, comme une vague lourde un matin d'été. Leurs langues se mêlent. Ils sont beaux.

Deux anges chassés du paradis pour leurs péchés.

Deux anges qui ont dû goûter à la pomme interdite, sucrée et lubrique, gorgée de jus...

— Mon ange... Fais-lui l'amour, pendant que je te fais mien.

Liza se redresse sur le lit pour trouver une position plus confortable et ouvre les bras, invitant Gulf à l'étreindre. Sa peau pâle est mouchetée de rouge. Ses joues roses et ses yeux voilés de convoitise. Je la remercie intérieurement de nous offrir cette intimité pure, viscérale.

Gulf se positionne entre ses jambes en caressant ses cuisses, ses seins. Vision étourdissante. Les mains dorées de Gulf, fines et élégantes, pétrissant les seins lourds d'une demoiselle alanguie. Cet érotisme lancinant me bouleverse.

Ça me donne envie de baiser mon homme jusqu'à ce qu'il oublie son propre nom. 

J'empoigne le sexe de Gulf, qui n'est pas aussi humide que je le voudrais, alors je me faufile sous ses jambes et gobe sa longueur dans ma bouche. Je le suce vigoureusement quelques instants pour l'humidifier. Gulf est comblé, il baise ma bouche en fermant les yeux, se délectant de cette caresse humide qui comprime parfaitement sa queue. Une fois ma tache achevée, je reprends ma place derrière lui.

— Vas-y, maintenant, enfonce-toi en elle...

Liza s'humecte les lèvres. Elle ne nous a pas quittés des yeux tout le temps de la fellation, et je la sens follement attisée. Gulf se cramponne à ses hanches blanches et moelleuses, puis, enfin, il s'insinue en elle dans un râle d'extase, sans aucune barrière entre eux. En prévision de cette soirée, nous sommes bien entendu tous trois passés par la case dépistage.

Pendant un long moment, j'observe. J'observe son cul lisse et bombé qui s'agite d'avant en arrière, ses testicules qui cognent contre le sexe de Liza, sa chute de rein envoûtante, ses épaules viriles. Il est d'une beauté sans précédant, d'une beauté foudroyante, magnifiée par la toute puissance de ces coups de reins. Et je sais ce qu'il ressent, niché dans l'intimité brûlante, mouillée et serrée de ce corps offert. C'est magique : pouvoir éprouver cette même sensation céleste, ensemble, dans une danse fiévreuse à l'harmonie parfaite.

À mon tour, je me maintiens à ses hanches, taquine son orifice de mon gland, et je m'enfonce en lui sans plus attendre, d'un mouvement lent mais profond. Il ploie sous mon corps et s'effondre sur Liza, pendant que je le ravage de mes coups de rein impatients. Je bande les bras pour me soutenir et ne pas écraser les deux corps étendus sous moi, tout en mouvant mon bassin à un rythme infernal. Gulf est si serré autour de moi. Sa moiteur me compresse avec bonheur. J'embrasse sa nuque, le couvre de mots doux.

Liza est oubliée. Liza n'est qu'un corps, un instrument au service du plaisir du seul être qui compte pour moi.

Gulf se dissout de bien-être entre ses cuisses, je me consume d'extase entre les siennes. Nous haletons tous trois, au bord du précipice.

— C'est bon, mon ange ?

Il tourne son visage vers moi. Son expression me captive ; ses yeux sont deux miroirs d'eau sombre, ses joues d'un rose vibrant et ses lèvres carmin, luisantes de salive. Tout en le martelant sans douceur, je me jette sur ses lèvres. Je dérobe son souffle. Le goût de sa salive, de sa peau, la sensation de son intimité à la texture si douce et enveloppante... J'ai envie de mourir, juste là, en lui, entre la soie de ses cuisses divines.

— Tu la baises si bien... Tu es magnifique. Bordel, tu es si beau, le loué-je en mordant sa nuque.

Gulf penche la tête en arrière, contre mon épaule. Il se meut avec puissance dans ce corps soumis, mais son expression n'exprime qu'une vulnérabilité déchirante ; une facette de lui-même qu'il n'offre qu'à moi.

Cette étreinte si intime me retourne le cœur.

— Je t'aime tant... chuchoté-je dans son oreille.

— Je t'aime, je t'aime, sanglote Gulf.

Mes coups de rein ralentissent, langoureux. Gulf aussi calme la cadence, pénétrant Liza à un rythme exquisément lent. Le temps se dilate, le bruit de nos corps s'évanouit ; ne reste plus que la vibrante litanie de nos soupirs.

— P'Mew... Je vais bientôt venir...

Il ne m'en faut pas plus pour embrasser mon orgasme. Imaginer Gulf déverser sa semence à l'intérieur de cette belle jeune femme m'émeut au delà de toute raison.

— Liza, tout va bien ? s'enquit Gulf en caressant son visage.

— Oui, je vais jouir aussi... chuchote-t-elle d'une voix timide.

Je me redresse pour enlacer Gulf, je broie son corps fin contre le mien, et d'une main sur sa mâchoire, je recueille son souffle.

— Jouis, mon bébé... Jouis pour moi.

— Ahhh...

Nos corps subissent alors une déflagration. Gulf jouit longuement, si longuement que cela confine à l'éternité. Nous sommes emportés par la houle impétueuse de l'orgasme. Je gicle en lui à n'en plus finir, mon corps se dissolve ; je ne suis plus qu'un être aérien, volatile, composé d'atomes de plaisir pur.

Puis, c'est le silence, à peine érodé par le chant pâle de nos souffles.

Gulf retombe sur le dos, je l'écrase de mon buste. Notre monde retrouve les lois de la gravité. Muet, je caresse ses cheveux humides de transpiration, je me gorge de sa peau moite. Contre son cou, j'entends battre son cœur.

Un froissement de draps. C'est Liza qui file aux toilettes. Je lui suis reconnaissant de nous offrir ce moment d'intimité.

— Ça t'a plu ? chuchoté-je.

— Oui... C'était... inattendu, mais intéressant.

J'arque un sourcil.

— Intéressant ?

Gulf glousse.

— P'Mew, c'était magique.

Nos nez se rencontrent pour un baiser esquimau.

— Et je ne parle pas que de sexe, poursuit-il. Je trouve ça... magique... qu'on puisse... se faire confiance, à ce point. Tu comprends ?

Je souris à travers quelques larmes.

— Je comprends tout à fait. Je suis ému, ému qu'on ait vécu cette expérience ensemble. Je ne veux que ton bonheur, même si ça implique que ton corps... ne soit plus mon temple sacré. J'aime ton âme, et ton âme... elle n'appartient qu'à moi seul.

— Mon âme n'appartient qu'à toi.

Nos lèvres s'unissent. À cet instant précis, entre les draps défaits, enlacé au corps moite de ma moitié, la peau moirée de nos essences, je me sens béni. Béni comme jamais.

Et cet acte, aussi charnel, débridé et peu conventionnel soit-il, me paraît le summum du romantisme, un cadeau de confiance sans pareille, absolue, défiant les médiocres lois des relations humaines. L'amour que nous nous portons, Gulf et moi, s'affranchit de ces considérations morales. Je l'ai réellement compris aujourd'hui. 

Notre amour transcende l'organique, notre amour est impondérable et appartient à l'univers des âmes.

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