Mingyu avait dix ans. Il rigolait actuellement avec ses amis de classe, avant que le cours ne commence. Il savait qu'il était assez bavard, et c'est pour ça qu'il préférait parler maintenant, que pendant le cours et perturber son professeur. Parlant de celui-ci, il entra dans la salle de classe, mais il n'était pas seul. Il était accompagné d'un jeune homme de leur âge.

— Bonjour tout le monde, dit l'instituteur, nous accueillons un nouvel élève dans notre classe aujourd'hui. Il est arrivé de la Chine le mois dernier et était dans une autre classe d'un niveau supérieur. Comme il ne parle pas très bien Coréen pour le moment, il a été décidé qu'il devait rejoindre un niveau plus bas. Je te laisse te présenter ?

Le jeune garçon regardait à ce moment dans le vide, le sourire totalement absent de son visage. On aurait dit une simple coquille vide, mais Mingyu se disait que c'était certainement à cause de la nervosité. Soudainement, le jeune homme sembla se réveiller, et s'abaissa.

— Bonjour... Dit le jeune homme, qui avait en effet un accent très prononcé. Je m'appelle Wen Junhui... J'espère passer une...

Mais le présumé Junhui s'arrêta. Il semblait se perdre dans ses phrases, et ça se voyait. Junhui s'excusa, mais le professeur lui dit que ce n'était pas grave. Il l'invita à s'asseoir, ce qu'il fit sans plus attendre. À peine assis, le cours commença, mais très peu d'élèves étaient concentrés sur l'instituteur. La plupart des regards étaient braqués sur Junhui, qui n'écoutait pas le cours non plus.

Les camarades de classe du nouvel élève voulaient l'aborder. Mais comment faire, puisqu'une grande barrière linguistique les séparaient ? C'est certainement à cause de ceci, que personne n'alla voir Jun de la journée.

Mingyu était pourtant curieux par rapport au nouvel arrivant. Il voulait lui parler en fin de journée, apprendre à le connaître, jouer avec lui. Lorsque la sonnerie retentit, le plus jeune se leva de sa chaise, et prit son sac à dos, ayant déjà rangé ses affaires. Son regard se tourna vers l'endroit où était censé être assis Junhui, mais il vit que la place était vide. Jun avait été bien plus rapide que lui pour sortir.

Curieusement, il se dirigea vers la place du Chinois, et remarqua qu'il avait oublié des affaires. Il vit un critérium, ainsi qu'une partition sur la table. Mingyu ne pouvait s'empêcher de sourire, et il prit la partition, ainsi que le crayon dans ses mains. Il lit le titre, qui était "Für Elise". Mingyu connaissait cette musique, qu'il trouvait douce. Il ne comprenait rien, mais il se demanda si Jun était celui qui avait retranscrit cette partition.

Il comptait le lui demander, et lui rendre le lendemain.

Mais jamais il ne fit.

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Mingyu avait treize ans. Il s'était résigné, et n'avait pas parlé à Junhui. Ce dernier était seul, mais ça n'avait pourtant pas l'air de le déranger. Seulement une personne l'accompagnait de temps à autres, un certain Xu Minghao, lui aussi Chinois, qui était arrivé deux ans auparavant. Ce dernier était, contrairement à Jun, très ouvert aux autres. Il parlait un peu à tout le monde, et il était apprécié, notamment par Mingyu.

Mais ce jour-là, Minghao était absent, certainement due au virus de la grippe qui trainait dans l'air à ce moment même. Mingyu trouvait ça dommage, puisqu'il ne pouvait pas parler avec lui. Il s'ennuyait donc beaucoup lors de ce cours de Physique-Chimie.

— Nous allons procéder aux expériences, dit la professeure, ce qui fît sourire Mingyu, mettez-vous par deux, ou par trois.

Mingyu, originellement, se mettait avec un certain Lee Dongmin, qui était lui-même, le meilleur ami de Mingyu. Mais son regard s'arrêta sur Junhui, qui était seul, puisque Minghao se mettait en général avec lui. Il ne pût s'empêcher de ressentir de la pitié pour le plus vieux. Mingyu demanda donc à Dongmin de l'attendre, et il se leva de sa chaise pour se diriger vers là où était assis Junhui. Il s'éclaircit la voix.

— Junhui ? L'appela Mingyu. Mais ce dernier ne répondit pas, et c'est pourquoi Mingyu fronça les sourcils. Junhui ?

Ledit Junhui ne répondit pas une nouvelle fois, sous le regard plein d'incompréhension de Mingyu. Apparemment, le Chinois avait décidé de l'ignorer, et qu'il en soit ainsi. Mingyu ne dit rien de plus, et se dirigea vers sa place, légèrement blessé par l'ignorance du plus vieux.

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Mingyu avait quinze ans. Il n'avait actuellement pas cours, ayant une heure de libre, comme à son habitude. Mais contrairement aux autres jours, il sortit de la salle de classe. Il était vrai qu'il passait une bonne partie de son temps à travailler, mais Minghao lui avait proposé de boire un thé à la cafétéria du lycée, ce que Mingyu avait accepté.

Les deux amis se dirigèrent vers ladite cafétéria, mais plus ils avançaient, plus une musique se faisait entendre. On pouvait facilement distinguer que le son provenait d'un piano, cela signifiait qu'ils se rapprochaient petit-à-petit de la salle de musique du lycée. Lorsque les deux garçons passèrent devant, le Coréen s'arrêta, et plissa les yeux.

— Oh, c'est Junhui, dit le jeune Chinois, je me demandais où il était, justement.

Mingyu ne dit rien, car il en voulait encore à Junhui pour l'avoir ignoré, il y a deux ans. Mais à ce moment précis, son cerveau fit le vide. Malgré le fait que la salle soit légèrement insonorisée, Mingyu pouvait entendre ce que le plus vieux jouait. Il ne savait pas de quel morceau il s'agissait, mais ça montrait une certaine maîtrise, et notamment, une certaine force. C'était comme si une aura émanait de l'être de Junhui, et montrait quelque chose de caché au plus profond de lui. Le cœur de Mingyu battait désormais à tout rompre, sans qu'il ne comprenne pourquoi.

— Wow... Je ne savais pas qu'il cachait un tel niveau au piano, dit Minghao.

— Moi non plus... Murmura Mingyu.

Ce dernier était impressionné par le niveau de Junhui, surtout à cet âge. Mais tout s'arrêta, au moment précis où Junhui arrêta de jouer. Le plus âgé regarda sa montre, et se leva d'un seul coup de sa chaise. Il prit la clé qu'il avait posé sur le piano, et se dirigea vers la porte. Il sortit, et ferma la porte à clé. Au même moment, Junhui vit les deux garçons, et son regard se posa plus précisément sur Mingyu, et ce dernier, sans savoir pourquoi, vit comme une sorte de grand vide à l'intérieur du regard de Junhui.

— Junhui, dit Mingyu, avant que ce dernier ne s'en aille.

Sauf qu'une fois encore, Junhui l'ignora, et partit assez rapidement.

— Je ne crois pas qu'il t'ait entendu, dit Minghao.

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Mingyu a dix-sept ans. Depuis le jour où il avait entendu Junhui jouer au piano, il n'avait pu s'arrêter de penser à lui. Il voulait réellement lui parler, mais il n'avait jamais eu le courage. Il avait peur qu'il l'ignore encore une fois. Pourtant, à chaque fois, il était encouragé par Minghao, qui lui disait qu'il n'était pas méchant, juste très timide. Minghao était d'ailleurs bien la seule personne qui parlait à Junhui.

— Bon, aujourd'hui, tu lui parles, lui dit Minghao, ce qui sonnait un peu comme un ordre.

— A quel moment tu veux que je lui parle ? Lui répondit Mingyu. Je ne le vois pas vraiment, et quand je le fais, je me prends des vents...

— Il va aller dans la salle de musique tout à l'heure, tu peux le voir à ce moment-là.

Mingyu haussa simplement les épaules, ne sachant pas réellement s'il devait l'écouter ou non. Lors de la pause, Minghao dû partir, ayant un rendez-vous chez le médecin, et laissa Mingyu seul, puisque Dongmin n'était pas dans le même lycée qu'eux. Il repensait à ce que lui disait Minghao, et il se leva de la chaise. Après-tout, qui ne tente rien n'a rien.

Mingyu avançait vers la salle de musique, dans laquelle Junhui jouait du piano à ce moment même. Il hésita pendant quelques secondes, devant la porte, se disant que ça ne se faisait pas du tout de faire ça, mais il se décida à rentrer dans la pièce. Junhui ne semblait pas l'avoir entendu. Mingyu referma la porte et s'approcha du Chinois.

— Junhui ? L'appela Mingyu.

Mais Junhui ne semblait pas l'entendre. Mingyu s'approchait, tandis que le plus vieux finissait son morceau. Il tenta une nouvelle fois de l'appeler. "Junhui ?", dit une nouvelle fois le plus jeune, mais toujours aucune réponse. Mingyu se décida donc à poser sa main sur l'épaule de Junhui, qui sursauta, certainement du à la surprise. Ce dernier se retourna vers son interlocuteur, un air de peur dans les yeux.

— Calme-toi, ce n'est que moi, dit simplement Mingyu, en rigolant. Excuse-moi si je t'ai fait peur... Mais comme tu ne répondais pas...

Junhui ne répondit pas, mais son regard avait changé. Il ne montrait plus réellement de la peur, mais un air plutôt embarrassé, c'était quelque chose que ne comprenait pas Mingyu.

— J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Demanda-t-il.

— Je suis vraiment désolé... Murmura Junhui. Je ne t'entends pas...