Chapitre 72.

Thomas

J'étais épuisé de cette journée shopping. Ma soeur m'a fait faire tous les magasins du centre commercial, passant presque à chaque fois par les cabines d'essayage, en me demandant mon avis pour finalement n'écouter que le sien. Je n'avais plus qu'une envie, passer enfin la porte de mon appartement pour retrouver Newt. J'ai mis la clé dans la serrure, l'ai tourné et ai poussé la porte. L'appartement avait l'air vide, et pourtant il commençait à se faire tard. Newt devrait déjà être rentré.

J'ai froncé les sourcils en regardant ma soeur poser les sacs dans le salon, et elle a fini par se tourner vers moi, un sourire rassurant sur les lèvres.

- Il dort peut-être?
- Mh. Je vais aller voir dans la chambre.
- Prends ton temps, je vais passer un coup de téléphone.

J'ai acquiescé et je me suis lentement dirigé vers la chambre. J'ai abaissé la poignée, et en entrant la chambre était peu éclairée et Newt était allongé dans le lit, sous la couette. J'ai soufflé de soulagement, puis l'ai rejoins. J'ai doucement passé ma main dans ses cheveux. Ils étaient humides, sûrement à cause de la pluie étant donné qu'il était partit en simple veste sans capuche ni parapluie. J'ai dégagé quelques mèches de son visage pour pouvoir le voir, quand j'ai aperçu des traces de larmes sur ses joues. Il avait pleuré.
J'ai enlevé mes chaussures ainsi que ma veste et je me suis allongé dans le lit, son dos contre mon torse en passant un bras sur ses côtes. Ma main caressait tendrement son ventre quand je l'ai senti bouger.

- Tommy? Il a demandé d'une voix faible et peu assurée.
- Hey, comment tu te sens?

Sans me répondre, il s'est retourné face à moi en enfouissant son visage contre mon cou, et en serrant mon T-Shirt de sa main gauche. J'ai compris qu'il pleurait quand j'ai senti mon cou s'humidifier par ses larmes.

- Eh, Newt regardes-moi. J'ai dis en tirant légèrement sur ses cheveux. Il a secoué négativement la tête en forçant un peu pour ne pas me regarder. Mon coeur, qu'est-ce que tu as?

Je ne lui ai pas laissé le choix et ai reculé de moi même, prenant son visage en coupe entre mes mains. J'ai déposé un baiser sur son front tout en essuyant quelques larmes avec mes pouces, mais il fuyait toujours mon regard.

- Parles-moi...
- M'abandonnes pas... S'il te plait...

Je l'ai serré un peu plus contre moi, glissant mes mains sous son haut pour caresser son dos. Il avait besoin d'être rassuré, sans raison spécifique. Je le connais assez pour savoir qu'il peut avoir des moments comme ça, où il se prend tout son passé à la figure. Et le fait d'être allé au cimetière avait sûrement joué sur son moral.

- Je suis là, je ne pars pas Newt.

***

Newt avait continué de pleurer pendant près d'une heure jusqu'à finalement réussir à se calmer. Je savais très bien qu'il ne me dirait rien pour le moment, alors j'ai préféré ne pas poser de questions, et lui ai simplement proposé de venir manger un bout dans le salon. Il a d'abord refusé, disant qu'il n'avait pas faim, mais après l'avoir forcé de longues minutes il a accepté à contre-coeur.

Alors il était là, en face de moi et à gauche de ma soeur en train de jouer avec les aliments dans son assiette, sa tête tenue par la paume de sa main. Il fixait un point invisible depuis une bonne dizaine de minutes, et le voir comme ça me détruisait chaque seconde un peu plus. Je savais qu'il ne fallait pas le forcer à parler, mais c'était putain de frustrant d'essayer de l'aider sans savoir le pourquoi du comment. Il ressemblait à un pantin, une marionnette qu'on faisait avancer, comme s'il n'avait plus la force de le faire seul. Et ça me faisait flipper. Je flippais parce que j'étais exactement pareil quand je suis tombé en dépression. Je me renfermais sur moi-même, éloignais tous ceux qui voulaient m'aider, et je ne voulais pas que ça lui arrive. En l'observant là, à table, j'avais envie de le secouer et de lui ordonner de réagir. Et pourtant, je savais que ça aurait l'effet inverse et qu'il se braquerait complètement.

J'ai soupiré tout en passant mes mains sur mon visage, et finalement, j'ai craqué.

- Parles-moi Newt, s'il te plait.

Il n'a eu aucune réaction, il sombrait petit à petit, et je ne savais pas pourquoi.

- Ça me tue de te voir comme ça, j'ai besoin que tu m'expliques !

Il a relevé la tête vers moi, avant de regarder ma soeur quelques secondes. Je me foutais qu'elle assiste à ça, parce que pour le moment il n'y avait que lui qui comptait. Je me foutais qu'il soit gêné, j'avais besoin de savoir.

- Tom, calmes-toi.
- Non ! J'ai tapé mon poing sur la table, faisant sursauter Julia et Newt qui en a lâché sa fourchette. Non putain, parce que je sais très bien ce qu'il est en train de faire !

Je me suis levé de table sous leurs regards, et avant de tout lâcher et de péter un plomb sur eux, je suis partis m'enfermer dans la chambre. J'ai claqué la porte et j'ai attrapé la première chose qui me tombait sous la main - un classeur de cours - et je l'ai balancé contre un mur en criant de rage.
C'était trop dur de le regarder se foutre en l'air tout seul, sans en savoir la raison, et sans rien pouvoir faire. C'était insupportable de voir son regard devenir vide. De le voir se renfermer.

J'ai fini par m'asseoir lourdement sur le bord du lit, en prenant mon visage entre mes mains. J'ai entendu la porte d'entrée s'ouvrir puis se refermer, et mon coeur a accéléré inconsciemment. Et s'il était partit?
La porte de la chambre s'est doucement ouverte, et j'ai su que ce n'était pas lui qui était partit. Ma soeur aurait frappé.

- Ta soeur est partit faire un tour...

Je n'ai pas répondu, et il s'est avancé, se plaçant juste devant moi.

- Y'a rien à dire Thomas. Rien à expliquer. Et rien à faire.
- Comment tu peux dire ça? Il y a toujours quelque chose à faire Newt, il faut seulement que tu le veuilles !

Je me suis relevé pour ne plus me sentir en infériorité face à lui, bien que je sois toujours plus petit de quelques centimètres. Il avait un léger sourire en coin, rien de mesquin, un simple sourire comme pour me dire que tout ça ne servirait à rien.

- Tu réfléchis trop Tommy. Il a posé sa main sur ma joue. Tu sais autant que moi que c'est trop tard.
- Tais-toi ! Je l'ai poussé. Fermes là Newt ! Tu dis de la merde. Je ne te laisserai pas, tu comprends ça? Putain, ça va faire un an que tu vis ici, alors pourquoi tu ne veux pas comprendre?
- C'est toi qui comprend pas Thomas. Tout ce qu'on a essayé, ce que tu as essayé. Tout ça, le centre, le procès, les heures que t'as passé à me chercher dans toute la ville parce que je m'étais barré. Tout ça, ça nous a bousillé. Et je supporte plus que tu souffres par ma faute.

Est-ce qu'il était sérieux?

Mes bras sont tombés le long de mon corps, je le dévisageais les larmes aux yeux. Il était vraiment en train de faire ça? Après tout ce qu'on avait traversé?

- T'es vraiment en train de faire ça?
- Tommy...
- T'es en train de me quitter?

Le dire à haute voix était bien plus douloureux que tout ce que j'aurai pu imaginer. Les larmes ont dévalées mes joues sans que je ne puisse rien contrôler, et il n'a pas tarder à craquer lui aussi. Comment la situation avait pu changer aussi rapidement ? Ce matin, on faisait l'amour, et ce soir il me quittait. Je ne pouvais pas l'accepter, pas aussi facilement et encore moins sans aucune explication.

- C'est mieux pour toi... Il a soufflé faiblement. Je suis foutu. Et je ne veux pas te foutre en l'air toi aussi.
- Une fois que toute la merde est derrière nous? J'ai pouffé ironiquement. Tu penses sérieusement que je vais accepter de te lâcher comme ça? Putain Newt, tu sais même plus ce que tu dis ou ce que tu fais ! Y'a à peine quelques heures tu me suppliais de ne pas t'abandonner et maintenant tu veux me quitter? Dans tes rêves.

Il m'a regardé pendant de longues secondes, ses larmes se sont arrêtées mais pas les miennes. Il n'avait pas le droit de me virer comme ça de sa vie, encore moins pour mon bien. J'ai tiré sur mes cheveux pour évacuer toute la frustration que je ressentais, j'avais envie de lui en coller une pour être aussi stupide et borné. Un an qu'il vit ici, et il ne s'est toujours pas mis dans le crâne que je l'aimais et qu'être séparé de lui me détruirait bien plus que de l'aider à aller mieux.

- Parles-moi, dis moi ce qui s'est passé pour que tout change d'un coup. Silence complet. Expliques-moi bordel ! J'ai hurlé et il a sursauté à nouveau. Il m'a regardé les larmes aux yeux, en secouant la tête de gauche à droite. Il ressemblait à un enfant que ses parents venaient de disputer parce qu'il a fait une bêtise. Il s'est laissé tomber sur le lit, de la même manière que moi tout à l'heure, et je me suis approché. Je sais ce que tu cherches à faire Newt.

J'ai plongé une main dans ses cheveux et lui ai fait relever la tête en tirant doucement dessus, ne cherchant pas à lui faire mal.

- Et je te laisserai pas faire putain. J'ai dit d'une voix étranglée. Je te laisserai pas tomber en dépression. Je me suis penché vers lui, posant mon front au sien. Tu m'entends? Je te laisserai pas crever devant mes yeux sans bouger le petit doigt.

J'ai plaqué mes lèvres aux siennes, mordant sa lèvre inférieure tout en passant mes mains dans sa nuque. Notre baiser était salé par nos larmes. Ses mains s'agrippaient à mes cheveux comme si sa vie en dépendait, alors que ma langue rejoignait sa jumelle. J'ai passé mes mains sous ses cuisses pour le porter et l'asseoir sur mes jambes, de manière à le rapprocher encore plus de moi.

- Parles-moi... J'ai chuchoté entre deux baisers.
- M'y obliges pas, je t'en supplie.

J'ai senti ses lèvres trembler et j'ai su qu'il était arrivé au bout pour aujourd'hui. Je ne le forcerai à rien ce soir, mais je ne lâcherai pas l'affaire les prochains jours. J'ai arrêté de l'embrasser et je suis venu le serrer contre moi, le plus fort possible. Je voulais lui faire comprendre que j'étais là, malgré qu'il essaye de me repousser à chaque fois. Je continuerai de le soutenir.

***

Trois jours étaient passés depuis que Newt et moi avions eu notre dispute. Julia était rentrée quelques heures après, et je l'avais rassuré en lui disant qu'au moins, il avait arrêté de pleurer. Il n'avait pas parlé davantage, ne m'avait rien expliqué, mais je savais qu'avec le temps il finirait par me dire pourquoi il a agit comme ça ce soir là. Ça finira sûrement en larmes ou en engueulade, mais au moins, je saurais, et je pourrais enfin l'aider.

Quand je me suis levé ce matin pour partir en cours, je l'ai entendu pleurer une fois seul dans la chambre. J'ai voulu aller le voir mais ma soeur m'a obligé à aller en cours, m'assurant qu'elle s'occupait de lui. Alors c'est ce que j'ai fait. J'ai été à la fac, et là, je me retenais de ne pas enfouir la tête dans mes bras et rattraper mes nombreuses heures de sommeil en moins.

- Tom? A demandé Chuck en poussant légèrement mon coude, retenant ma tête.
- Mh?
- Jeff fait une soirée samedi, ça te tente?

J'ai soupiré. Est-ce que ça me tentait? Oui. Ça faisait un bail que je n'avais pas profité de mes amis, et boire un coup en ne pensant plus à rien pourrait être plutôt cool. Mais pour ça, il faudrait que Newt soit là, et je savais d'avance qu'il refuserait catégoriquement.

- Newt est invité évidemment. Il m'a dit avec un clin d'oeil, lui valant une tape derrière la tête.
- J'en sais rien Chuck, il refusera sûrement.
- Tentes, ça pourrait être sympa ! Il y aura toute la bande et évidemment d'autres personnes de la fac.
- Je vais voir avec lui, mais pour l'instant ne me compte pas.

Les cours se sont finalement achevés, j'ai dis au revoir à tout le monde et je me suis dirigé vers le restaurant où je travaille. Mon patron a accepté de m'arranger assez souvent, étant au courant de la situation de Newt et du procès. J'avais du tout lui expliquer pour qu'il accepte, ce qui en soit était tout à fait normal. Je lui avais assuré que tout rentrerait dans l'ordre rapidement et c'est le cas depuis hier, jour de ma reprise réelle. Tout s'était bien passé, mise à part que la soirée avait été très chargée et que le nouveau qui avait été engagé pour me remplacer n'était pas très doué de ses mains. En une soirée il avait cassé un verre et renversé un plateau, après plusieurs semaines de travail. J'en avais bien évidemment parlé avec mon patron qui s'était contenté d'hausser les épaules en me disant qu'il avait dû trouver quelqu'un rapidement et n'avait pas eu plus de temps que ça de le former.
Et bien évidemment, j'étais désormais chargé de lui apprendre le métier.

Newt

J'étais affalé sur le canapé, Julia à mes côtés en train de regarder une série Netflix, en attendant que Thomas rentre. Il travaillait jusqu'à 22h, et le temps se faisait particulièrement long sans lui, bien que la présence de Julia aide. Je ne parlais plus beaucoup depuis notre dernière engueulade, et pour tout dire, je n'aimerai pas être à la place de Julia. La pauvre doit se sentir bien seule avec moi comme seule compagnie.

J'ai soupiré voyant que l'épisode touchait à sa fin, et alors que je pensais qu'elle allait mettre le suivant, elle s'est tournée vers moi les yeux plissés et l'air sérieux. Ça s'annonçait mal.

- Tu sais, mon frère t'aime comme un dingue Newt.

J'ai froncé les sourcils ne comprenant pas pourquoi elle me disait ça, là, maintenant.

- Et malgré ce que tu peux penser, je ne l'ai jamais vu aussi heureux que depuis qu'il est avec toi. J'ai pouffé, sachant pertinemment que le sourire de Thomas n'avait jamais été aussi faux. Je suis sérieuse. Je sais ce que tu penses. Que tu n'es pas assez bien pour lui, qu'il irait beaucoup mieux si tu le quittais. Mais c'est faux.
- Ça ne sert à rien d'avoir cette discussion Julia. J'ai soufflé, et vu son expression elle n'était absolument pas du même avis que moi.

Elle a attrapé mon visage de sa main, plongeant mon regard dans le sien. J'ai dégluti, ayant l'impression d'être un enfant face à elle, et j'ai été obligé de l'écouter.

- Si. Parce que même s'il essaye de te prouver le contraire, te voir comme ça l'affecte énormément. Je l'ai connu en dépression. Je l'ai vu plonger. Il m'appelait complètement bourré, me suppliant de venir le chercher à plus de quatre heure du mat. J'avais dû revenir en Angleterre pour gérer ça. Je l'ai vu se renfermer et repousser tout ceux qui l'aiment. Elle a soupiré, en relâchant mon visage et en baissant les yeux. Et je supporterai pas qu'il revive ça à nouveau.
- C'est pour ça que j'ai voulu le quitter Julia. J'ai dit, ma gorge se nouant.
- Tu ne comprends pas. C'est si tu le quittes qu'il va rechuter. Si tu continues de le repousser. Laisses-le t'aider, c'est ce qu'il a toujours fait. Et ce qu'il a toujours voulu.

J'ai passé mes mains sur mon visage, et c'est quand j'ai senti la main de Julia frotter doucement mon dos que je me suis rendu compte que je pleurais. Et j'ai craqué. J'ai tout lâché. Tous les pleurs que je retenais depuis trop longtemps. J'ai fondu en larmes comme un gamin, et je n'arrivais même plus à m'arrêter. J'étais presque en train de m'étouffer à cause de ces foutues larmes, et je détestais ça. Je détestais être aussi faible devant quelqu'un, encore plus quand cette personne est la soeur de mon copain.

Elle m'a tiré vers elle avant de me prendre dans ses bras, et de caresser mes cheveux comme pour m'apaiser. Je me sentais terriblement mal, et également terriblement bien de me sentir soutenu par une personne que je n'avais pas l'impression de détruire, pour une fois.

- C'est pas ce que je voulais Julia... J'ai suffoqué, d'une voix brisée. J'ai jamais voulu lui faire de mal.
- Je sais.
- Je voulais pas...

Je n'arrivais plus à parler. À dire autre chose. C'était comme si, si je continuais de parler mon cerveau allait exploser. Comme si toute la pression que j'accumulais depuis deux ans redescendait d'un coup.
Elle m'a serré davantage contre elle, me murmurant des mots réconfortants. J'adorais cette fille, elle était si compréhensive. Pour tout. La fois où on m'a empêché de prendre de la drogue le soir de Noël, c'est elle qui m'a forcé à aller voir Thomas, et c'est également elle qui l'a empêché de me péter la gueule. Elle a toujours été là pour apaiser les tensions entre Thomas et moi. Sans elle, je pense qu'on aurait abandonné depuis longtemps.

Elle s'est détachée de moi, prenant mon visage entre ses mains, et m'a observé quelques secondes avant de finalement parler. Ce n'était qu'une phrase et pourtant, elle m'a chamboulé. Et elle a probablement tout changé.

- Autorises-toi à être heureux Newt, autorises-toi à vivre.



//Tada ! Alors tout d'abord MERCI 20 000 FOIS POUR LES 20K LECTURES ! J'en reviens pas.. C'est dingue, VOUS êtes dingues ! Je vous aime fort fort fort ! ❤️
Puis, je vous poste ma photo avec le groupe PVMNTS juste en dessous, car on me l'a demandé et j'ai oublié au chapitre précédent !
Enfin, je vous annonce qu'on s'approche de plus en plus de la fin de cette histoire, et que comme vous j'ai aucune envie qu'elle se termine... Rassurez-vous, elle est encore en cours d'écriture et je vous préviendrai quand je l'aurai terminé et combien de chapitres il reste.
Encore merci pour tout ❤️\\

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