Chapitre 54.
Externe
Newt était agenouillé devant la tombe de ses parents depuis maintenant plusieurs heures. Il avait eu besoin d'aller leur parler après tout ce qu'il avait vécu ces derniers jours. Il y avait eu le rendez-vous, puis les aveux de Thomas sur son passé. Puis il y avait de nouveau eu le manque.
Le blond avait eu du mal à accepter tout ce que Thomas lui avait dit. Savoir qu'il lui avait caché autant de choses lui laissait penser qu'il ne le connaissait peut-être pas aussi bien finalement. Mais il ne pouvait pas lui reprocher, lui aussi lui avait caché une partie de sa vie au début. Et il ne lui avait jamais demandé.
Au final, ils étaient tous les deux bousillés. Tous deux hantés par leurs démons. Thomas savait juste mieux gérer la situation. Il avait une famille, un boulot, une vie sociale. Alors que Newt n'avait que Thomas, l'alcool et la drogue. Le brun lui, savait qu'il avait encore des solutions pour s'en sortir, alors que Newt n'en voyait plus aucune.
- Il partira.
Il a murmuré, les larmes dévalant ses joues en fixant la sépulture de ses parents.
- Ils partent tous.
Newt savait que le jour de son départ approchait. Il avait vu Thomas préparer un sac de sport, et il doutait fortement que c'était pour l'emmener en vacances. Ce qu'il ne savait pas, c'était quand. Le brun ne lui avait rien dit. Ni la date, ni s'il avait eu le Docteur Paige au téléphone. Pourquoi lui cacher, alors qu'il connaissait son sort. Il savait que c'était inévitable.
Son téléphone a vibré, c'était Thomas. Il a fixé l'écran de longues secondes jusqu'à ce que l'appel se termine. Newt n'avait pas envie de lui parler, ni de rentrer. Il n'avait pas envie que le brun lui demande comment il allait, et encore moins envie de lui mentir. Tout ce qu'il voulait c'était le calme, aussi bien environnant que dans ses pensées. Malheureusement pour lui, ces dernières étaient bien trop bruyantes et l'empêchaient de se calmer. Ses larmes coulaient en silence, ses mains tremblaient. Il n'en pouvait plus, la vie s'acharnait contre lui et il ne parvenait plus à supporter tout ça. Il avait juste envie que ça s'arrête.
C'était dur de savoir que la seule personne qu'il lui restait lui avait menti, et continuait de le faire. C'était douloureux de se rendre compte qu'il n'était pas assez bien pour la personne qu'il aimait de tout son être. Impossible d'accepter qu'il soit d'une façon ou d'une autre bénéfique pour Thomas.
Son téléphone a de nouveau vibré, alors au bout du cinquième appel il a décroché.
- Enfin ! Newt t'es où?
- Je rentre bientôt.
- Tout va bien?
- Thomas c'est bon, je vais rentrer.
Et il a raccroché. Il a fini par se lever, remarquant enfin que la nuit était tombée. Il a regardé l'heure sur son téléphone, elle affichait 21h. Newt ne s'était pas rendu compte qu'il était resté aussi longtemps ici. Il a enfilé sa capuche et a marché lentement jusqu'à Trafalgar Square.
Newt
J'ai poussé la porte de l'appartement et Thomas s'est dirigé vers moi.
- T'étais passé où? Je me suis inquiété comme un dingue !
Je n'ai pas répondu et je me suis dirigé vers la chambre. J'étais épuisé, physiquement comme mentalement.
J'ai senti ses doigts s'enrouler autour de mon poignet et il m'a tourné lentement face à lui.
- Eh... Il a murmuré en relevant mon menton. Qu'est-ce qui se passe?
Il a observé mon visage avant de planter son regard dans le mien, et de froncer les sourcils. Mes yeux étaient éclatés, je le savais. J'avais pleuré pendant des heures.
- Est-ce que... Sa voix s'est brisée et j'ai su ce qu'il pensait. Et putain, ça faisait mal.
- Je n'ai pas pris de drogue, Thomas.
J'ai secoué mon bras pour qu'il me lâche et je me suis retourné vers la chambre.
- Non, non. Est-ce que... Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal?
- Je ne sais pas, à toi de me le dire.
C'était le moment où il devait m'avouer qu'il connaissait ma date d'entrée dans le centre. Qu'il préparait tout ça derrière mon dos. C'était le moment d'arrêter de me mentir, putain.
- Pourquoi est-ce que tu es distant avec moi depuis quelques jours? Il venait de manquer l'occasion. Je t'ai raconté ma vie d'avant, je t'ai tout dit.
- Tout?
- Oui, tout. Menteur. Bordel Newt, parles-moi. Qu'est-ce qu'il se passe ? J'en peux plus de rentrer et te voir triste ou en colère contre le monde entier. J'en peux plus !
Je n'avais pas envie de m'engueuler avec lui, je voulais juste dormir. Oublier. Je suis entré dans la chambre en voulant fermer la porte quand Thomas l'a bloqué avec son pied.
- Parles putain ! Réagis, fais quelque chose ! Hurles-moi dessus mais bordel, expliques- moi !
Et là, j'ai craqué. Je me suis tourné face à lui avant de le pousser le plus violemment possible contre le mur. C'était comme si j'avais besoin qu'il souffre autant que moi je souffrais. J'ai frappé son torse à de nombreuses reprises, mes larmes refaisant surface. Et j'ai crié. J'ai hurlé, comme il le voulait.
- Tu crois que j'ai pas remarqué mes fringues dans le sac de sport ? Tu crois que je ne sais pas ce qui m'attend ? Putain Thomas ! Tu me reproches de te mentir mais c'est ce que tu fais depuis le début ! Un coup. Tu m'as fait croire que tu pourrais m'aider, mais t'en es incapable. Encore un coup. Parce que personne peut m'aider putain, je suis foutu. Un autre. Tu m'as dit que tu ne m'abandonnerais jamais, mais c'est ce que tu es en train de faire ! Je sais ce qu'il se passera une fois là-bas. Tu viendras les premières semaines, les premiers mois si j'ai de la chance. Puis tu verras que rien ne change, et tu te lasseras. Tu ne viendras plus qu'une fois par mois, puis plus du tout. Et je serais de nouveau seul. Un autre coup. J'étais en train de péter les plombs. Littéralement.
Il était appuyé contre le mur, m'observant lui hurler dessus et lui frapper le torse comme un malade mental.
- Tu partiras parce qu'ils sont tous partis. Tous, sans exception. Toutes les personnes que j'ai aimé se sont enfuies. Minho, Teresa, mes parents. Il ne reste plus que toi, et tu partiras comme tous les autres. Et ça fera encore plus mal, parce que tu es celui que j'aurai le plus aimé.
Je m'apprêtais à lui cogner le torse une nouvelle fois quand il a attrapé mes poignets.
- Sauf que je ne suis pas les autres Newt. Je ne pars pas.
Il m'a pris dans ses bras en passant l'une de ses mains dans mes cheveux. Je me suis débattu quelques secondes avant de comprendre que je n'avais aucune chance, et j'ai lâché prise.
Thomas
Je l'ai doucement fait reculer jusqu'au lit avant de l'allonger dessus. Il s'est mis dos à moi, se roulant en boule en continuant de pleurer. Il ressemblait à un enfant de cinq ans, et c'était à la fois triste et adorable.
Je me suis allongé à mon tour, l'ai fait se tourner jusqu'à ce que sa tête se pose sur mon torse et je l'ai entouré de mes bras en caressant son dos. Il s'est doucement arrêté de trembler et de pleurer.
- Je sais que tu as cru que j'avais replongé tout à l'heure. Il a dit, étouffant un sanglot. Je sais aussi que tu ne pourras jamais t'empêcher de le penser.
- Newt je-
- Je t'en veux pas Tommy. Ça m'a blessé parce que c'est la deuxième fois que tu le penses après que je sois allé voir mes parents, et je pensais qu'on avait avancé depuis... Qu'on avait dépassé ce stade.
J'ai soupiré, j'avais été con. Très con.
- On l'a dépassé, j'ai juste paniqué. J'avais peur pour toi... Tu ne répondais pas au téléphone et... J'ai été stupide, j'ai aucune excuse.
Il n'a rien dit pendant de longues minutes. Je continuais de passer ma main dans son dos, j'avais besoin de le rassurer. De lui faire comprendre que malgré tout ce qu'il pouvait penser, j'étais là. Je ne savais pas pourquoi il n'arrivait pas à accepter que je ne l'abandonnerais pas. Pourquoi il ne comprenait pas que je l'aimais et que j'étais prêt à le soutenir dans cette épreuve. Je ne savais plus quoi faire pour lui faire comprendre.
- Pourquoi tu as préparé le sac sans m'en parler? Est-ce que j'ai une date?
Ma gorge s'est nouée, est-ce que je devais lui dire la vérité?
- N-Non. C'est pas bien de mentir, Thomas. Je me suis juste dis que lorsqu'on nous appellera pour nous en donner une, tout serait déjà prêt. C'était un des conseils du Dr Paige.
- Tu veux vraiment que je m'en aille, hein?
J'ai soupiré, retour au point de départ.
- Newt regardes-moi. Il n'a pas bougé. Regardes-moi.
Il a finalement tourné son visage vers moi, il ne paraissait pas énervé, seulement triste et cette vue me brisait le coeur.
- Si ça ne tenait qu'à moi, je me ferais hospitaliser avec toi. Je t'aime putain. Comme un dingue. Et ça me rend malade que tu ne l'acceptes pas, que tu penses que je fais ça pour ma tranquillité alors que c'est tout le contraire.
J'ai vu ses yeux s'embuer de larmes et j'ai su que je devais continuer, qu'il commençait enfin à comprendre.
- Je ne peux pas te promettre que ça marchera, que tu en ressortiras guéri. Je ne peux pas te promettre que l'avenir sera tout beau tout rose, qu'aucun démon ne nous rattrapera. Je ne peux pas te promettre que ce sera facile.
J'ai soufflé en passant mon pouce sur sa joue, essuyant quelques larmes au passage.
- Mais je peux te promettre que je te soutiendrais, que je serais toujours là pour toi, pour t'aider à aller mieux. Je peux te promettre que je ferais le maximum pour que tu te sentes aimé parce que c'est ce que tu mérites. Je peux te promettre que je ne te lâcherais pas. Et surtout, je te promets que je continuerais de t'aimer chaque seconde, chaque minute et chaque heure jusqu'à la fin de ma vie.
Ses lèvres se sont désespérément abattues sur les miennes, ses mains agrippant mon t-shirt avec force, et j'ai su.
J'ai su qu'il avait compris et accepté.
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