Chapitre 51.
Ce jour là, ils s'étaient embrassés comme si c'était la dernière fois qu'ils le faisaient. Ils avaient pleuré comme si toutes les larmes du monde étaient enfouies au fond d'eux. Ils s'étaient aimés comme s'ils devaient se prouver leurs sentiments. Ce jour là, ils avaient fait un choix parce que la vie de Newt en dépendait.
Newt avait eu du mal à voir la réalité en face, à accepter qu'il était malade.
Mais il avait fini par dire oui, par accepter d'aller dans un centre de désintoxication, pour Thomas. Il ne supportait plus de voir le brun pleurer par sa faute, le voir s'inquiéter, se ruiner la santé. Il s'en voulait d'avoir brisé la meilleure personne sur cette Terre, en l'espace de quelques mois. Alors il allait rattraper ses erreurs, recoller les morceaux, aussi bien les siens que ceux du brun.
***
Newt était assit sur le canapé, une couverture sur les épaule et l'ordinateur de Thomas sur les genoux. Ça faisait maintenant une dizaine de minutes qu'il avait ouvert une page Google, vierge. Ses mains tremblèrent quand il se décida enfin à faire sa recherche, et il tapa lentement dans le navigateur :
Centre de désintoxication, Londres.
De nombreux résultats s'affichèrent, Newt les fit défiler un à un. Il cliquait parfois sur les liens, pour voir à quoi pourrait ressembler sa future vie, son futur chez-soi.
- Moi qui déteste les hôpitaux, je vais être servi. Souffla-t-il.
Newt
Je n'arrivais pas à croire que j'allais faire ça. Que j'allais passer plusieurs mois en centre de désintox pour faire plaisir à Thomas. Et pour ta santé aussi, non? Non. Je n'en n'avais rien à foutre de crever d'une overdose si Thomas était heureux. Je me fichais de savoir si je finirais ma vie avec ou sans drogue, tout ce que je voulais c'était revoir le sourire de Thomas, le vrai, pas celui compatissant qu'il a en me regardant. Mais celui qu'il avait le jour où il m'a découvert sur son palier.
J'ai passé des heures devant l'écran à faire défiler les pages, à relativiser en pensant au moment où je reverrai le vrai sourire de Thomas, quand j'irai mieux. Quand il ira mieux. J'avais trouvé plusieurs centres en périphérie de Londres, deux d'entre eux étaient à moins d'une heure de chez lui. J'espérais inconsciemment qu'il vienne me voir pendant ma cure. J'ai mis les pages en favoris du navigateur et j'ai posé l'ordinateur sur la table.
Mauvaise idée.
À la seconde où mon cerveau a arrêté d'être concentré sur une unique chose, mes tremblements et nausées ont repris de plus belle et j'ai eu l'impression que l'air ambiant venait de perdre une dizaine de degrés. Addiction de merde. Je me sentais tellement faible, minable et seul.
Mes mains ont tremblées dangereusement, et sans réfléchir j'ai attrapé mon téléphone et appelé le seul numéro enregistré : Thomas.
Les larmes dévalaient mes joues sans que je ne puisse me contrôler, cette sensation d'impuissance était tellement dure à supporter que j'avais l'impression que ma tête allait imploser. Après quelques sonneries, Thomas a répondu.
- Newt? Tout va bien? Il a murmuré, sûrement en cours.
- J'ai mal... Ma gorge était tellement nouée que je doutais qu'il ai compris quelque chose.
- Qu'est-ce que tu as? J'ai senti l'inquiétude dans sa voix et je m'en suis voulu de l'avoir appelé. J'aurai dû gérer cette merde tout seul, mais j'en étais incapable.
- Je vais craquer Tommy... J'ai soufflé.
Externe
Thomas dit à Newt qu'il arrivait, a raccroché son téléphone et s'est levé. Il a rangé ses affaires au plus vite sous le regard d'incompréhension de Dexter, et a dévalé les marches de l'amphithéâtre comme un fou.
Qu'est-ce que Newt voulait dire par "je vais craquer"? Son coeur s'est emballé en imaginant tout un tas de scénarios, et il accéléré le pas jusqu'à atteindre le métro. Son pied tapait frénétiquement sur le sol alors qu'il se rongeait les ongles, le stress l'envahissant complètement. Après de longues et interminables minutes, il est finalement arrivé à Trafalgar. Thomas a couru aussi vite que ses jambes le lui permettaient, a grimpé les marches quatre par quatre avant d'ouvrir la porte de l'appartement.
Le brun a entendu des gémissements provenant de la salle de bains, et a découvert Newt étendu sur le sol, inconscient. Il a froncé les sourcils se demandant d'où venait les bruits quand il a remarqué avec horreur que Newt s'étouffait avec son vomi. Thomas s'est jeté près du blond avant de le tourner sur le coté, et après quelques secondes, Newt rendait tout ce qu'il avait ingurgité dans la journée.
Après quelques minutes interminables, Thomas soupira de soulagement en voyant les paupières de Newt trembler avant que ce dernier n'ouvre les yeux. Le brun posa la tête de Newt sur ses genoux avant de recouvrir son front d'un gant humide et de déposer un baiser sur son nez.
- Comment tu te sens?
- Ça pourrait être mieux.
Le blond a tenté un sourire avant de se relever à l'aide de Thomas. Il s'est brossé les dents et s'est passé de l'eau sur le visage avant de rejoindre Thomas qui l'attendait assit sur le rebord du canapé, après avoir nettoyé la salle de bains.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé Newt ?
- J'arrive plus à gérer le manque.
Les deux garçons s'observaient, debout, l'un en face de l'autre. Newt savait que Thomas allait lui demander une explication pour ce qu'il avait dit au téléphone. Il savait qu'ils risquaient de s'engueuler, encore, parce que Newt en avait trop dit.
- Qu'est-ce que tu voulais dire par "je vais craquer"?
- Tommy, je-
- Réponds-moi, s'il te plait.
Le blond a dégluti, observant Thomas. Il n'avait pas l'air énervé mais plutôt inquiet, presque comme s'il se doutait de ce qu'allait lui répondre Newt. Il le regardait comme pour l'encourager à avouer.
- J'ai pas tout emmené chez tes parents... Mais j'y ai pas touché, il faut que tu me crois !
Thomas a passé ses mains dans ses cheveux en soupirant, des larmes se formait aux coins de ses yeux. Il était déçu, déçu que Newt ne lui fasse pas assez confiance quand il dit qu'il peut l'aider. Déçu qu'il lui ai encore menti.
- Pardon Tommy...
Le blond se sentait coupable. Coupable d'infliger ça à l'homme qu'il aime, tout simplement parce qu'il ne peut pas se contrôler. Il était conscient qu'il avait encore une fois fait le con, qu'il aurait du tout jeter. Mais pendant un certain temps il avait même réussi à l'oublier, à oublier qu'il en avait caché dans un des tiroirs de la cuisine.
- On y arrivera pas, hein? A soufflé Thomas en relevant son regard vers Newt.
- Je l'avais oublié jusqu'à aujourd'hui... Et c'est pour ça que je t'ai appelé, pour ne pas y toucher...
Thomas a soupiré, épuisé de se battre avec Newt. Il a plongé son regard ambré dans celui du blond avant d'ouvrir ses bras. Newt a mis quelques secondes avant de réagir et de plonger dans les bras de son petit ami. Thomas a niché sa tête dans le cou de Newt, humant son parfum et oubliant le manque un instant. Il s'est ensuite allongé sur le canapé, le blond toujours contre lui et l'a serré un peu plus fort.
Newt a relevé la tête avant de déposer un baiser sur les lèvres du brun, et de s'excuser à nouveau, dans un murmure.
Thomas
Newt avait fini par s'endormir, alors je m'étais levé le plus doucement possible pour ne pas le réveiller. On avait éviter la dispute tout à l'heure, mais ça ne voulait pas dire que j'oubliais pour autant. Il fallait que je trouve le sachet de poudre qu'il avait caché dans l'appartement, et que je le fasse disparaitre.
J'ai fouillé pendant plusieurs heures tous les recoins de la salle de bains, chaque tiroir, chaque boite où il aurait pu cacher ce sachet. Dans tous les recoins de ma chambre, regardant entre les vêtements, dans les poches de vestes, les placards. Toujours rien. J'étais debout en plein milieu de la pièce quand mon regard s'est posé sur son sac. Est-ce que fouiller dans ses affaires était une bonne idée? Après tout, je faisais ça pour son bien.
J'ai soupiré et j'ai finalement ouvert son sac à dos. Je suis tombé sur son porte feuille, et la curiosité prenant le dessus, je l'ai ouvert et j'ai regardé sa carte d'identité.
Newt (Newton) Johnson
Encore une chose dont je n'étais pas au courant. Newt n'était qu'un surnom.
Je me suis assis en tailleur sur le sol, réalisant que je ne connaissais presque rien de lui. Ni son vrai prénom, ni sa date de naissance qu'il n'a jamais voulu me dire car il déteste le jour de son anniversaire. Mes mains tremblaient en continuant de fouiller dans ses affaires, quand j'en ai sortit une enveloppe entre-ouverte. Plusieurs photos étaient à l'intérieur. J'avais déjà vu l'une d'entres elles plusieurs mois avant, dans la chambre d'hôtel que je lui avais payé.
Je ne savais pas ce que je ressentais en découvrant tout ça. En découvrant des moments de sa vie, par moi-même. C'était comme si je le connaissais par coeur sans réellement savoir qui il était. Je savais que Newt ne ferait plus jamais pleinement confiance à qui que ce soit, mais moi?
J'ai rangé les photos à leur place en soupirant, et je me suis relevé pour continuer mes recherches. Rien dans la salle de bains, rien dans la chambre. Il me restait le salon et la cuisine. J'ai commencé à ouvrir plusieurs livres de ma bibliothèque quand la voix de Newt m'a fait sursauter.
- Tu ne trouveras pas ce que tu cherches dans le salon, Tommy.
Il s'est difficilement levé, s'est dirigé vers la cuisine sans un bruit, a ouvert un tiroir et décalé plusieurs objets avant de me tendre un sachet de poudre. J'ai dégluti en me rapprochant de lui, pas sûr de savoir comment il réagirait.
- Je suis désolé, je ne voulais pas que-
- C'est bon Tommy, il faut qu'il disparaisse.
Il a plongé son regard dans le mien avant de déposer le sachet dans ma main.
- Il faut que toute cette merde disparaisse.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top