Chapitre 45.

J'étais affalé sur le canapé, Thomas à mes côtés discutant avec un gars de sa fac un verre à la main. Il m'avait dit qu'il ne prendrait qu'un verre ou deux pour pouvoir conduire et m'empêcher de me laisser tenter par l'alcool ou la drogue qui circulait dans l'appartement. Je ne me sentais pas du tout à ma place ici parmi tous ces gens. Ils étaient presque tous dans la même fac d'informatique que Thomas, suivant leurs études et ayant pour la plupart un boulot et une bonne situation. Certains étaient même fiancés. Mise à part quelques sourires, Thomas ne me portait aucune attention. Autant vous dire que je me sentais très seul.

J'ai soupiré une énième fois, mon verre de soda à la main quand Thomas s'est levé.

- Tu viens danser? Il m'a demandé avec un ton un peu trop joyeux. Il ne s'était pas arrêté à deux verres, je le savais.

J'ai secoué la tête négativement, ma jambe me faisait mal et je ne savais pas danser de toutes manières, Alors il est partit avec ce garçon. Aris je crois. Je les ai observé danser ensembles quelques secondes avant de me lever énervé. Ils ne faisaient rien de mal, ils ne dansaient pas collés l'un à l'autre, ne se roulaient pas des pelles devant mes yeux, Aris n'était sûrement pas gay de toute façon, et Thomas m'avait confié ne jamais avoir été attiré par les garçons avant moi. Mais le voir s'amuser avec quelqu'un d'autre, me délaissant totalement me faisait réellement chier. Je savais que Thomas voulait seulement s'amuser, évacuer le stress et la pression de ces derniers jours, mais pourquoi à une soirée? En buvant et en m'oubliant complètement? Il t'a proposé de danser, tu as refusé. Parce que je ne sais pas danser.

Je me suis isolé sur le balcon, légèrement surpris de la différence de température avec l'intérieure, et je me suis appuyé contre la rambarde en fermant les yeux. Je me demandais comment j'avais pu aimer ce genre de soirées. En devenir tellement accro au point de tout perdre pour faire la fête. J'étais stupide, tellement con.

Ça faisait plusieurs heures qu'on était arrivés, il était près de deux heures du matin et je n'avais qu'une envie : rentrer. Mais je ne voulais pas priver Thomas de s'amuser. J'ai entendu la porte vitrée s'ouvrir, et quelqu'un s'est appuyé près de moi.

- T'en veux?

J'ai tourné la tête vers cette personne, c'était Aris me tendant un joint. J'ai froncé les sourcils avant de reporter mon regard sur la ville.

- Non merci, je ne fume pas. Mais bien sûr.
- Allez, une taffe ça ne va pas te tuer. S'il savait.

L'odeur du joint m'est parvenue au nez, et j'ai senti mon corps entier s'affaiblir. Il fallait que je m'éloigne.

- Non merci. J'ai répété sèchement.
- Ça te détendrait un peu, ça a bien marché sur Thomas.

Je me suis retourné vers lui d'un coup, il a reculé légèrement surprit.

- Qu'est-ce que tu viens de dire?
- Que Thomas était plus détendu avec ce que je lui ai donné.
- Qu'est-ce que tu lui as donné?! J'ai attrapé sa chemise de mon point. Réponds putain!

J'ai crié et il m'a poussé pour que je le lâche.

- Eh doucement ! C'est bon, ton petit protégé va bien.

Je l'ai lâché aussi violemment que possible et je suis retourné dans l'appartement en trombe. Aucune trace de Thomas dans le salon. J'ai senti mon pouls s'emballer, demandant à plusieurs personnes s'ils l'avaient vu mais les réponses étaient toutes négatives. Je suis allé dans la cuisine, mais Tommy restait introuvable. J'ai attrapé le bras de Dexter, l'ami dont Thomas m'avait parlé, et lui ai demandé où se trouvait la salle de bains. J'ai suivi la direction indiquée quand quelqu'un m'a attrapé par le poignet en me plaquant contre le mur d'un couloir isolé. J'ai retenu ma respiration avant de me rendre compte que c'était Thomas.

- Putain mais t'étais où?! Ça fait 10 minutes que je te cherche !

Il souriait comme un con, quand il a enfoui sa tête dans mon cou en y déposant ses lèvres. J'ai dégluti en le sentant me mordiller l'oreille, me retenant de gémir.

- J'ai envie de toi, Newt.

J'ai commencé à avoir chaud, très chaud, quand il a passé ses mains brûlantes sous mon T-shirt. Thomas était tellement sexy ce soir que j'aurai pu lui faire l'amour là, dans ce couloir, n'importe où et n'importe quand. Il m'a embrassé en continuant de balader ses mains sur mon torse, se collant un peu plus à moi. J'avais du mal à garder les idées claires.

- Tommy. J'ai murmuré. Arrêtes.

Il a reculé légèrement, en vacillant et je l'ai retenu pour ne pas qu'il tombe. Il a éclaté de rire et j'ai levé les yeux au ciel.

- Tu verrais ta tête Newtie. Newtie? Est-ce qu'il était sérieux? Non, bien sûr que non, il était complètement pété. Allez, arrêtes de faire ton rabat joie.

Il a de nouveau niché sa tête dans le creux de mon cou mais cette fois je l'ai doucement repoussé.

- Je sais que tu en as envie. Il a dit, le regard brillant principalement dû à l'alcool et la drogue.
- Oui, mais pas quand tu es dans cet état. On rentre.
- Déjà? Oh, aller Newtie, viens t'amuser encore un peu.
- De une, je ne m'amuse absolument pas, et de deux, arrêtes avec ce surnom à la con.

J'ai passé son bras autour de mes épaules en le tenant par la taille, et on a traversé le salon. Difficilement, je l'avoue. Thomas était plus lourd que moi, et le fait qu'il ne tienne presque pas debout n'aidait pas.

- Attends ! J'ai pas dit au revoir à Dext !
- On s'en fout Tommy, tu le vois lundi.

On a finalement réussi à sortir de l'appartement, se frayant un passage entre les couples et les ivrognes, et j'ai appuyé Thomas contre le mur en attendant l'ascenseur.

- T'es beau, Newt. Il a dit un sourire aux lèvres, posant sa main sur mes fesses.

J'ai donné une tape sur sa main baladeuse, et l'ascenseur est enfin arrivé. Bien évidemment, Adam habitait au dernier étage.

- Newt.
- Quoi encore ?
- Je... Je me sens pas bien.

Je me suis retourné vers lui en faisant les gros yeux, et je l'ai fait se redresser.

- Oh merde, merde, merde ! Tommy, regardes-moi. Respires. Il était tout blanc. Par pitié, ne vomi pas dans l'ascenseur Thomas, s'il te plait.
- Je crois que... Il eut un haut-le-coeur et j'ai commencé à sérieusement paniquer.

J'ai appuyé plusieurs fois sur le bouton rez-de-chaussée dans l'espoir que l'ascenseur descende plus vite, et j'ai pris le visage de Thomas entre mes mains.

- Thomas, concentres-toi s'il te plait. On est bientôt dehors.

L'ascenseur est enfin arrivé à notre étage, on a eu tout juste le temps de sortir de l'immeuble que Thomas rendait ses tripes sur le trottoir. Je lui frottais le dos pendant qu'il vomissait contre le mur, une main appuyé contre ce dernier. Je l'ai regardé, le front transpirant, ne se rendant pas compte de ses faits et gestes, et je me suis senti misérable. J'étais dans le même état quand il m'a rencontré. Voire pire. C'était lamentable. J'étais lamentable. Je me suis appuyé contre le mur de briques, fermant les yeux un instant. Cette soirée venait de tout remettre en question.

Comment est-ce qu'on allait rentrer maintenant? J'allais vraiment devoir conduire son tas de ferrailles?
Quand j'ai rouvert les yeux, Thomas avait fini de vomir et se tenait au mur pour ne pas tomber. J'ai fouillé dans sa poche de veste et il a rigolé.

- Arrêtes de bouger, je trouve pas les clés.
- Tu as déjà couché avec quelqu'un dans une voiture? Il a dit avec un sourire en coin.
- Non, et ça n'arrivera pas ce soir parce que tu pues l'alcool, le joint et le vomi et je t'avoue que ça te rend beaucoup moins sexy d'un coup.
- Parce que tu me trouves sexy?

J'ai à nouveau levé les yeux au ciel, qu'est-ce qu'il pouvait être lourd quand il avait bu. J'ai finalement mis la main sur les clés de voiture, et j'ai difficilement installé Thomas sur le siège passager. Ça faisait des années que je n'avais pas conduis, et reprendre le volant était plutôt étrange à vrai dire. J'ai démarré après avoir mis le GPS du téléphone de Thomas, et j'ai roulé en espérant ne pas tomber sur les flics.

Au bout de dix minutes de route, j'ai dû m'arrêter en urgence pour faire sortir Thomas. Il a de nouveau dégobillé sur la chaussée, je l'ai rattaché à son siège avant de lui essuyer la bouche avec un mouchoir et j'ai repris la route. La respiration de Thomas s'est faite légèrement plus forte, il dormait. Je me suis arrêté à un feu rouge, et je l'ai regardé en passant ma main dans ses cheveux et sur son front. Il était encore un peu chaud, mais moins que tout à l'heure. J'ai souri bêtement, il était beau quand il dormait.

J'ai fini par me garer dans le parking sous-terrain de son immeuble après une vingtaine de minutes, et j'ai dû le réveiller. Il a râler quelques secondes mais m'a finalement suivi. Je l'ai aidé à monter les nombreuses marches, et j'ai ouvert la porte de l'appartement. Thomas a voulu s'allonger sur le canapé mais je l'en ai empêché.

- Vas prendre une douche. Tu te sentiras mieux, et je ne dors pas avec toi si tu pues comme ça.

Il a trainé des pieds jusqu'à la salle de bains, se cognant dans le mur et dans l'angle de la porte. J'ai soupiré, et j'ai été le rejoindre.

- Ok, c'est bon. Je vais t'aider.

Il a sourit jusqu'aux oreilles, et je l'ai aidé à se déshabiller. J'essayais de garder mon calme face à son corps de plus en plus nu, mais la chaleur dans la petite pièce en devenait étouffante. Il était en caleçon, je m'apprêtais à lui dire qu'il pouvait se débrouiller tout seul pour la suite quand il a attrapé le bas de mon t-shirt. Je ne bougeais plus. Il l'a remonté doucement avant de me l'enlever et de le jeter sur le sol, avec ses affaires. Puis il a déboutonné mon jean avant de me l'enlever maladroitement. Je le regardais faire sans rien dire, sans bouger, sans parler. Il a souri à nouveau, avant d'enlever son caleçon et de se rendre sous la douche. Il a allumé l'eau et moi j'étais là, tel un idiot à ne rien faire. Rejoins-le, abruti. J'ai écouté ma conscience, enlevé le dernier bout de tissus que j'avais sur moi, et j'ai rejoins Thomas.

Et merde alors. C'était probablement la meilleure douche de ma vie. Et pourtant, il ne s'était rien passé. Ou presque. On s'est embrassés, lavés mutuellement, et Thomas m'a pris dans ses bras jusqu'à ce que l'eau chaude commence à manquer. Nous avions déjà fait bien plus, mais j'avais aimé ce contact, rempli de tendresse. Il ne s'en souviendrait probablement plus à son réveil, mais moi si.

Il venait de s'allonger dans le lit, vidé de toutes ses forces. J'ai mis la couverture sur lui, la remontant jusqu'à ses épaules, j'ai éteins la lumière et je me suis blottis contre lui enfouissant mon nez dans ses cheveux.

Pour la première fois depuis des années, je me suis endormie fière de moi.

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