Chapitre 30.

Thomas

J'ai été réveillé par les rayons du soleil, réalisant que j'avais oublié de fermer les rideaux la veille. Hier avait été tellement étrange et mouvementé. J'étais passé par toutes les émotions possibles et inimaginables.

J'ai finis par me lever une dizaine de minutes après en grognant, ayant très mal dormi. Je n'avais pas arrêté de penser au baiser de Newt. Qu'est-ce que ça signifiait pour lui? La même chose que pour moi? Je me suis frotté le visage et j'ai ouvert la porte de ma chambre dans son grincement singulier. Le salon était baigné dans la pénombre, et tout ce qui perturbait le calme, c'était les gémissements du blond. Je me suis doucement approché du canapé, et l'ai observé quelques secondes en fronçant les sourcils. Il était trempé de sueur, tenant la couverture fermement contre lui, et bougeant sa tête de gauche à droite en geignant.
Je me suis accroupi à ses côtés et j'ai passé ma main dans ses cheveux. Il était brûlant. Je ne savais pas de quoi il rêvait mais ça le terrorisait.

- Newt... J'ai murmuré, mais il continuait de se débattre dans son sommeil.

Je lui ai légèrement secoué l'épaule en l'appelant à nouveau, quand il a brusquement ouvert les yeux en se redressant. J'ai reculé, surpris, et l'ai regardé.

- Tout va bien?

Il a regardé autour de lui avant de poser son regard apeuré sur moi.

- Eh, Newt. C'est rien, c'était qu'un cauchemar.
- Oh.. Il a soufflé en se rallongeant. Il est quelle heure?
- 8h. Je voulais te laisser dormir, mais t'avais pas l'air bien alors..
- Merci Tommy.

Il m'a sourit et a déposé un baiser sur ma joue. Je suis resté là comme un con, à le fixer quand son ventre à gargouiller. J'ai rigolé avant d'aller préparer le petit déjeuner pendant que Newt allumait la télé toujours un peu perturbé par son cauchemar.

Newt

On a déjeuné en silence, chacun dans ses pensées. Je repensais à mon rêve. Je m'étais retrouvé dans le squat de Gally, qui menaçait de mettre une balle dans la tête de Thomas si je ne lui payais pas ce que je lui devais rapidement. Horrible.
La seule phrase que m'a dit Thomas était pour que j'aille prendre ma douche en premier. J'ai débarrassé, et été prendre des affaires propres. Il n'avait pas bougé du canapé.

- Tommy? Ça va?
- Oui, je suis juste fatigué. Je n'ai pas bien dormi.

Je n'ai pas su quoi répondre, alors je lui ai juste souris et j'ai été m'enfermer dans la salle de bains. Je savais que quelque chose tracassait Thomas. Notre engueulade d'hier? Ma crise? Le fait que j'ai refusé pour Noël? J'ai soupiré en laissant couler l'eau brûlante sur moi et en fermant les yeux. Je savais que je n'aurai pas dû revenir, que ma présence était nocive pour lui. Mais c'était comme si on finissait toujours par se retrouver, malgré toute la merde qui nous tombait dessus. Comme deux aimants étant sans cesse attirés l'un par l'autre.
J'ai fini de me préparer et je suis sortis de la salle de bains trouvant Thomas sur le balcon. Il était au téléphone, une cigarette dans la main. Je me suis approché sans bruit, et j'ai poussé la porte-fenêtre. Par chance, elle n'a pas grincé alors j'ai pu écouter discrètement. Je sais que ce n'est pas bien d'écouter les conversations des autres, mais si ça me permettait de savoir pourquoi il n'était pas bien je me devais de le faire.

- Ça va être compliqué pour moi.. Je sais, mais il y a eu des changements.. Non, non ça n'a rien à voir avec Sonya. Papa écoutes-moi...

Il a soupiré avant de porter sa cigarette à ses lèvres.

- J'ai un ami à la maison, je ne peux pas le laisser seul.. Il a dit en soufflant la fumée.

J'ai dégluti. C'était encore de ma faute.

- Je lui ai déjà proposé, mais il ne veut pas. Je sais que vous allez être déçus, que c'est le premier Noël sans moi. Il a passé sa main libre sur son visage en soupirant. Oui, mais la situation est... compliquée. Je te tiens au courant, s'il y a du nouveau. Mais pour le moment, ne me comptez pas à Noël.

Je suis retourné discrètement dans le salon, les larmes aux yeux et le cerveau embrouillé. J'ai aperçu Thomas jeter son mégot, raccrocher et se tourner vers le salon.

- Tu as encore besoin d'aller dans la salle de bains ? Il m'a demandé le visage fermé.
- Non, non tu peux y aller.

Sans un mot de plus, il a été se préparer. J'ai rangé un peu le salon, les couvertures et oreillers qui étaient sur le canapé, et j'ai été faire la vaisselle pour me vider la tête. Le changement d'humeur de Thomas était si impressionnant qu'un mot de travers et il exploserait. Et je l'avais bien cherché, après tout. Il voulait juste m'aider, me prouver que je comptais pour lui et moi je l'insultais.

Il est ressortit vingts minutes plus tard, et a enfilé ses chaussures.

- Tommy? Il a relevé la tête vers moi, le regard triste. Tu sais que tu peux me parler, hein? Si quelque chose ne va pas ou...
- Tout va bien, Newt. J'ai juste mal dormi. J'y vais, je vais être en retard.

Et il est partit me laissant seul, comme un con, sans aucune explication.

Je me suis penché au balcon, et je l'ai regardé marcher jusqu'à ce qu'il disparaisse de mon champ de vision. J'ai soupiré en enfouissant ma tête dans mes mains, et les larmes ont dévalées mes joues sans que je ne puisse réagir. Je me sentais affreusement mal, j'avais l'impression que rien ne serait plus jamais pareil entre Thomas et moi, depuis qu'il m'avait empêché de sauter.
Nous avions des caractères tellement différents, et pourtant similaires. On emmagasinait tout sans rien dire, prenant sur nous jusqu'à ce que l'un de nous y jètent la première flamme faisant exploser la bombe.
Je savais que cette journée commençait mal. Des jours comme ça, où t'attends juste d'être demain pour recommencer à attendre encore, j'en ai connu des centaines. Mais celui-là était particulièrement long et douloureux. Et la journée venait seulement de commencer.

Thomas

Ça faisait 5h que j'avais commencé à bosser, et je me sentais toujours aussi mal vis-à-vis de mes parents. De ma soeur aussi. Je savais que Noël était l'une des rares occasions où l'on pouvait enfin se retrouver tous ensemble, et je venais d'annuler quelques jours avant.

- Tom? La voix de mon patron résonna dans tout le restaurant, vide. Vas prendre ta pause, tu dors debout.

J'ai approuvé d'un signe de tête, et je suis sortis à l'arrière du resto, mon portable et une clope à la main. J'avais un nouveau message, de Newt.

De Newt :

Hey Tommy, je ne serai sûrement pas à l'appart quand tu rentreras, je vais voir mes parents. J'espère que tu te sens mieux.
À tout à l'heure, N.

J'ai rangé mon portable sans répondre, je n'en avais pas envie, et Newt n'en attendait pas. Je sais que j'avais été froid avec lui ce matin, mais après l'appel de mon père, si je lui avais parlé on se serait forcément engueulés. Et ça non plus, je n'en avais pas envie.

Je suis retourné bosser après ma pause, pour finir 3h plus tard. J'étais épuisé. Tellement que j'ai failli repartir du restaurant avec mon tablier.
Je suis arrivé chez moi, Newt n'était pas là. J'ai posé mes affaires avant de m'affaler sur le canapé, en attrapant l'oreiller de Newt. Il sentait son odeur. J'ai pris une grande inspiration en fermant les yeux, et mes pensées ont divagué vers lui.

Newt

Je suis rentré une heure après que Thomas ai fini le boulot. Il dormait sur le canapé, alors je suis allé dans sa chambre sans bruit. J'ai ouvert mon sac et y ai mis ce que j'avais acheté pendant ma petite virée dehors.
J'étais allé voir mes parents pour leur faire part de mes doutes. C'est étrange, car je parle plus à mes parents maintenant, que lorsqu'ils étaient encore en vie.

Je suis allé voir Thomas dans le salon. Il dormait à points fermés, la bouche entrouverte en tenant mon coussin. J'ai souri doucement en remontant la couverture sur ses épaules, et je me suis assis sur la table basse pour le regarder dormir. S'il se réveille, tu vas passer pour un psychopathe. Si tu savais conscience, à quel point je m'en fous.
Il était beau. Tellement beau. Et moi je le faisais souffrir, alors qu'il n'avait rien demandé. Je lui avais encore menti tout à l'heure, mais c'était pour le protéger. C'est comme ça que tu vas le détruire davantage, en lui mentant. Tant qu'il ne sait rien, il ne souffre pas.

J'ai passé ma main dans ses cheveux et il a doucement ouvert les yeux. Bah bravo, tu l'as réveillé ! C'était pas voulu.

- Hey... J'ai dit doucement, avec un léger sourire.
- Newt ? Il a répondu avec une voix éraillée. Ça fait longtemps que tu es rentré?
- Non, un peu plus de trente minutes.
- Tu aurais dû me réveiller. Il s'est redressé et m'a regardé.
- Non plus, t'avais besoin de dormir.
- Je suis désolé pour ce matin, j'ai été froid avec toi et-
- Tommy, c'est bon.
- Nan, c'était injustifié et..

J'ai soupiré, parce que si je ne l'arrêtais pas il partirait dans une longue tirade qui ne servirait à rien car de toute façon, il avait des centaines de raisons de m'en vouloir.

- Non Tommy. C'est bon, je t'accompagne pour Noël.

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