Chapitre 22

Je me suis réveillé en pleine nuit, le réveil de Thomas indiquait 5h du matin. Le brun dormait encore, il n'avait pas bougé d'un millimètre depuis qu'il m'avait rejoint. Je me suis hissé doucement hors du lit après avoir décalé son bras toujours posé sur moi, j'ai enfilé mon T-Shirt et je suis allé dans le salon. J'ai pris un plateau dans la cuisine, posé deux mugs vides dedans, avec des cookies au chocolat à côté, et je l'ai posé sur la table basse du salon. J'ai trouvé un bloc note et un stylo noir, et j'ai écris dessus avant de le placer près du plateau.

Comme il allait faire froid dehors, j'ai enfilé un sweat que Tommy avait laissé trainer sur une chaise, j'ai mis ses baskets que je portais la veille, et je me suis retourné vers la chambre, la porte étant entre-ouverte. Il était allongé sur le ventre, son bras à ma place. J'ai soupiré doucement, et je suis sortis de l'appartement en faisant attention de ne pas claquer la porte.

Je ne m'enfuyais pas, j'avais juste quelque chose d'important à faire.

J'ai marché lentement pendant quelques heures, ma jambe me faisant mal, jusqu'à ce que je pousse les portes du cimetière. Je n'étais venu ici que deux fois, et pourtant je connaissais le chemin qui menait à mes parents par coeur. J'ai enfilé la capuche de Thomas, le vent était glacial, de la buée se formait quand je respirais.
Je suis arrivé devant leurs tombes, elles étaient tristes. Les fleurs avaient fanées depuis longtemps, la neige fondue avait laissé des traces blanches sur le marbre. J'ai attrapé le seau d'eau, et j'ai nettoyé tout, minutieusement. J'ai jeté les fleurs, promettant d'en remettre le plus vite possible, et je me suis accroupi devant eux en leur parlant.

Thomas

Je me suis réveillé avec les rayons du soleil, seul. Newt n'était plus dans le lit, peut-être qu'il était dans la salle de bains. Je me suis frotté les yeux, m'habituant peu à peu à la lumière qui illuminait la chambre, et je l'ai appelé.

- Newt? Aucune réponse.

Mon coeur a commencé à s'emballer, et s'il avait fait une crise pendant la nuit et qu'il était inconscient ? Je me suis levé en vitesse, le salon était vide, la salle de bains aussi. J'ai trouvé un plateau avec le petit déjeuner dessus, et un mot à côté.

Had something important to do, I'll be back for breakfast. Sorry. N.

Pourquoi est-ce qu'il s'excusait tout le temps? Et où était-il allé aussi tôt?
Je me suis mis sur le balcon après avoir enfilé une veste, et j'ai attendu en me rongeant les ongles. J'ai guetté chaque personne passant devant l'immeuble pendant près d'une heure, quand j'ai vu une tête blonde arriver. Il avait mon sweat sur le dos. J'ai souri et j'ai été ouvrir la porte après avoir fait chauffer le chocolat.

- Salut. J'ai dit quand il est arrivé en haut des escaliers. Il m'a souri, et m'a prit dans ses bras sans répondre. Il est entré et s'est assit sur le canapé le regard dans le vide. Newt, tout va bien?

Il m'a regardé les larmes aux yeux et a hoché la tête. Je l'ai rejoint sur le canapé, et j'ai posé ma main sur son genou.

- Parles-moi Newt..
- Je vais bien Tommy. Sa gorge était nouée tant il se retenait de pleurer. Tu m'as attendu? Il a demandé, faisant référence au petit déjeuner qu'il avait préparé.

- Oui, depuis quand est-ce que tu es réveillé?
- 5h.
- Tu étais dehors depuis tout ce temps?
- Oui.

Et s'il avait été voir les dealers à cause de sa crise de la veille?

- Newt, regardes-moi.

Il a posé son regard sur moi, et je l'ai observé. J'ai dû le regarder longtemps car j'ai vu ses joues se teinter de rouge, me faisant sourire intérieurement.

- Est-ce que tu es... retourné dans la ruelle?

Il s'est éloigné de moi d'un coup en repoussant ma main toujours sur son genou, avant de se lever. Et merde.

- Quoi? T'es sérieux de me demander ça?
- Je veux juste savoir où tu étais Newt...

Il a passé ses mains dans ses cheveux, il était énervé, et à bout de nerfs.

- Tu ne me fais pas confiance à ce point là?
- Ça n'a rien à voir, Newt...
- J'ai été voir mes parents ! J'étais au cimetière Thomas !

Double merde.

- Je suis désolé..
- Tu étais le seul à ne pas me juger ! Sa voix s'est brisée sur le dernier mot, il allait craquer si je ne faisais rien.

- Je ne te juge pas Newt, je m'inquiète pour toi.

Je me suis levé et lui ai tendu mes bras. Je savais qu'il avait besoin que je sois là pour lui, que je rattrape mes mots.

Newt

Thomas m'a prit dans ses bras et je n'ai pas eu la force de le repousser. J'étais bien, je me sentais en sécurité, et ça ne fait pas de mal. Je savais qu'il regrettait ce qu'il venait de dire, qu'il avait juste eu peur que je me sois barré encore une fois. J'ai soupiré, faisant disparaitre la boule dans ma gorge petit à petit et j'ai ravalé mes larmes.

- Tu n'es pas censé travailler ? Pourquoi une telle question à un tel moment?
- J'ai demandé des congés après t'avoir retrouvé dans la ruelle.

Je me suis détaché de lui, et l'ai regardé.

- T'es pas obligé de faire tout ça Tommy.
- Je sais, mais j'avais besoin de vacances aussi. Il m'a sourit. Bon, on les mange ces cookies?

On s'est assit sur le canapé et on a commencé à déjeuner. Thomas m'a demandé ce que je voulais faire, et honnêtement, avoir été au cimetière m'avait complètement vidé de toute énergie. Thomas a prit une douche, et on a fini en jogging et sweat, affalés sur le canapé devant une série que le brun avait mis.
Je regardais la télévision, mais sans y prêter attention. Je repensais à ce que j'avais dit à mes parents ce matin, à l'accident, à mon discours le jour de l'enterrement, à tout ce qui a suivi.
J'en viens à me dire que je mériterai bien plus qu'eux d'être à leur place. Eux, ils auraient tout fait pour remonter la pente, moi, qu'est-ce que j'ai fait? Je l'ai descendue en courant, les yeux fermés, pour m'écraser à l'arrivée.

Mes parents apportaient le bonheur et la joie partout où ils allaient, sauf à la maison. Ils avaient des amis, un travail, une putain de baraque, des belles voitures, la belle vie. Oh, et un connard de fils aussi.
Moi, j'apporte surtout la merde, et j'ai plus de cicatrices que d'amis.

Tommy essaye de m'aider, je le sais. J'en suis conscient. Mais je sais aussi que s'il continue, on sera deux à perdre dans l'histoire. Je finirai probablement par me jeter d'un pont, ou faire une overdose, culpabilisant d'avoir détruit la vie de la seule personne pour qui je comptais, même un peu. Et lui, il ne supportera plus la pression que je lui ai mis sans le vouloir sur les épaules. Soit il m'abandonnera, soit il finira en hôpital psychiatrique parce que je l'aurai rendu fou.

- Tu n'as jamais eu envie de le voir?

J'ai regardé Thomas quelques secondes, me demandant de qui il parlait.

- Qui?
- L'enfant de ton ex?

J'ai dégluti difficilement, pourquoi est-ce qu'il me parlait de ça alors que je n'étais déjà pas très bien?

- Pourquoi faire? Pourquoi est-ce que j'aurai envie de voir ce pourquoi je suis dans cette merde?
- Pour savoir s'il est vraiment de toi.
- J'en ai plus rien à foutre de ça, Thomas. Elle a gagné, tant mieux pour elle. Elle a eu son argent en me prenant ma maison, elle a eu ce qu'elle voulait.

Qu'est-ce qu'il cherchait à la fin? Ruiner ma journée, déjà assez merdique comme ça? Je me suis levé du canapé, énervé.

- Newt tu vas où? m'a-t-il demandé en soupirant.
- Prendre une douche, ne t'inquiètes pas, je n'ai pas planqué de drogue dans la salle de bains. J'ai répondu sèchement, en traversant le couloir.

Il a soupiré une nouvelle fois et je me suis enfermé dans la petite pièce. J'avais besoin d'être seul aujourd'hui. Besoin qu'on me laisse tranquille, sans me poser de questions. Ce n'est qu'en sentant l'eau chaude couler sur mon corps que je me suis rendu compte que j'avais une nouvelle fois oublié mes affaires. J'ai lâché un râle en m'appuyant contre le mur, l'eau coulant toujours et j'ai fermé les yeux quelques instants.

Thomas

Newt s'était enfermé dans la salle de bains, oubliant encore une fois ses habits dans la chambre. Je savais pertinemment que si je frappais à la porte pour lui donner, il ne m'ouvrirait pas. Pas cette fois. Il était énervé contre moi, pas seulement pour l'histoire de l'enfant, mais pour l'accusation, ou ce qu'il a prit comme telle, d'avoir reprit de la drogue.

Le blond est ressorti une quinzaine de minutes après, une serviette blanche enroulée autour de la taille, les cheveux trempés, mais contrairement à la première fois où je l'ai vu comme ça, ses sourcils étaient froncés et il m'ignorait complètement. Je l'ai rejoint dans la chambre, il fouillait dans son sac, sûrement pour savoir quoi mettre.

- Tu sais, tu peux mettre tes affaires dans l'armoire si tu veux.

Pas de réponse. Je me suis appuyé contre le mur et je l'ai observé. Il était beau, malgré les cicatrices de la rue et des bagarres. Malgré la maigreur de son torse. J'avais de plus en plus chaud, qu'est-ce qu'il m'arrivait? C'est Newt bordel, ressaisis-toi. J'ai secoué la tête quand il m'a regardé.
Aucun de nous ne parlait, et la tension qui régnait dans la pièce était étrange. Il a ouvert la bouche pour parler, mais l'a aussitôt refermée et s'est retourné, dos à moi. Il a enfilé un boxer en dessous de sa serviette, la faisant tomber une fois en sous-vêtement, et a mis un jean noir et un T-shirt blanc qu'on avait acheté ensemble.

- Tu comptes me parler?

Il a à nouveau froncé les sourcils, attrapé un livre au hasard dans ma bibliothèque, et il s'est assit sur le lit pour mettre ses Vans.

- Qu'est-ce que tu fais ? Newt t'en vas pas... J'ai soupiré en passant ma main sur mon visage, fatigué de ces changements d'humeur.

J'avais l'impression de parler tout seul depuis dix minutes, et c'était frustrant. Il est passé devant moi, a prit sa veste et il a ouvert la porte. J'ai couru avant de lui attraper le poignet pour l'arrêter.

- Newt s'il te plait ! Restes..
- Lâches-moi Thomas.
- On va y arriver Newt, tu vas t'en sortir.

Il a essayé une première fois de retirer son poignet de mon emprise, mais j'ai serré un peu plus fort.

- Ça va aller.

Il a planté son regard dans le miens, j'en eue des frissons.

- Oui ça va aller, parce que ça ne t'arrive pas à toi.

Il a réussi à se défaire de ma main, et a claqué la porte derrière lui.

Je me retrouvais seul, comme un con, pour la deuxième fois aujourd'hui.

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