Newt

Je fus réveillé par des cris venant du salon. Après quelques secondes j'ai reconnu la voix de Thomas, puis celle d'une fille. Sûrement sa copine. Est-ce que je devais me lever?
J'ai préféré attendre un peu, pour écouter de quoi ils parlaient. Ou plutôt, pourquoi ils s'engueulaient.

-  Tu héberges des inconnus chez nous maintenant?!
-  Ce n'est pas un inconnu, c'est un ami.
-  J'aimerai être au courant avant ! Tu te prends pour qui? Mère Teresa?!
-  C'est chez moi ici Sonya. J'invite qui je veux, quand je veux, et je n'ai en aucun cas besoin de ta permission.

J'ai pris une grande inspiration, et j'ai ouvert la porte de la chambre dans un grincement. Thomas était dos à moi, et sa copine me dévisageait de haut en bas.

-  Newt Johnson? S'écria-t-elle. Tu héberges Newt Johnson?
-  On se connait? Demandais-je, incrédule. Je n'avais aucun souvenir d'avoir déjà vu cette fille ailleurs que sur les photos de Thomas.
-  Est-ce que tu sais au moins ce que ce garçon a fait ?! Oh non. Elle avait vu les infos.
-  Sonya, qu'est-ce que tu racontes?
-  Il a été accusé de viol sur sa copine, et accusé de l'avoir mise enceinte.

Thomas m'a regardé, je savais qu'il ne savait plus quoi penser. Cette conne avait réussi à semer le doute en lui, et il allait m'abandonner lui aussi. Défends toi, merde.

- C'est faux. Ce n'était qu'un coup monté contre moi. Même si ça n'a pas été prouvé officiellement.
- Mais bien sûr, vous les hommes, vous avez toujours raison !
- Le juge a assuré qu'aucune trace de viol n'avait été retrouvée sur mon ex copine.
- Evidemment, tu l'as sûrement soudoyé !

"Avec quel argent?" J'avais envie de lui répondre, mais j'étais plus préoccupé par la réaction de Thomas. Il ne parlait plus depuis plusieurs minutes et fixait le sol.

- Dégages. Fit le brun.

À qui parlait-il?

- Tu prends tes affaires, et tu te casses.

On le regardait, cherchant toujours à savoir de qui de nous deux il parlait, quand il releva la tête vers moi. J'ai dégluti difficilement, il voulait que je parte. Il m'abandonnait lui aussi. Mes mains tremblèrent violemment et cette fois, ce n'était pas à cause du manque de drogue.

- Toi, tu vas dans la chambre. Faut qu'on parle. M'a-t-il finalement dit.

Alors il ne me laissait pas ? Arrêtes de réfléchir et fais ce qu'il te dit, bordel.

-  Mais Tom...
-  Tu vas où tu veux, chez tes parents, à l'hôtel, mais je ne veux plus te voir ici pour le moment.

Sans rien ajouter, Sonya prit sa valise et la remplie de ses affaires sans prendre la peine de les plier. Je suis allé dans la chambre sans un mot, et j'ai attendu sur le lit, ma jambe tremblant frénétiquement. J'allais devoir tout lui dire, je le savais. J'ai entendu la porte d'entrée claquer, et j'ai sursauté.

Je jouais nerveusement avec mes mains quand Thomas est entré dans la chambre. Il s'est assit à côté de moi sans rien dire, et j'ai soupiré. Le mot que je redoutais tant était arrivé.

- J'ai couché avec mon ex lors d'une soirée, on était bourrés et on a oublié de se protéger. Le lendemain, j'ai appris que mes parents avaient eu un accident dans la nuit, alors je l'ai laissé en plan après qu'on se soit engueulés. Elle l'a mal prit, et m'a trainé en justice pour viol quand elle a découvert qu'elle était enceinte. Sauf qu'on ne sait même pas si le bébé est de moi.

Thomas ne parlait pas. Il fixait le sol, et moi, j'avais peur qu'il prenne le parti de Teresa. J'ai continué malgré tout, la gorge nouée.

-  Elle me trompait avec mon meilleur ami depuis plusieurs temps, et c'est une des raisons pour lesquelles les accusations de viol ont parues fausses pour le juge. J'ai été condamné à lui donner une grosse somme d'argent, et comme je n'avais plus mes parents-
-  Tes parents n'ont pas survécu? J'ai secoué la tête négativement.
-  J'ai enchainé les soirées, la drogue, l'alcool pour oublier. J'ai tout perdu, plus de maison, plus de fric, pas de diplôme universitaire. Je ne lui ai jamais rien fait Tommy, il faut que tu me crois.

Il m'a regardé, et a essuyé les larmes qui coulaient sur mes joues.

-  Je te crois Newt.
-  Mais tu me détestes.
-  Pourquoi je te détesterai ?
-  Tu t'es engueulé avec Sonya et..
-  Ça ne va plus depuis longtemps, cette engueulade était juste une excuse pour qu'elle s'en aille quelques temps.
-  J'étais une excuse? Dis-je l'ai offusqué.

Thomas a pouffé de rire, et j'ai fais de même. J'étais soulagé qu'il ne m'en veuille pas, qu'il accepte mon passé. Du moins, une partie de ce dernier.

Thomas

C'est con, mais je n'avais jamais autant apprécié le départ de Sonya. Ses reproches à longueur de journée, ses sauts d'humeur, ou encore les longues heures qu'elle passait à me raconter à quel point son séminaire était génial, me tapaient sur le système.
Je l'aimais toujours, mais qu'elle juge Newt sans le connaitre, je ne pouvais simplement pas l'accepter.
On a passé le reste de l'après-midi à faire des parties de jeux vidéos, Newt a d'ailleurs gagné la plupart des parties. Croyez-moi, mon amour propre en a prit un coup. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi concentré que lui jouer aux jeux vidéos, s'il avait pu rentrer dans la télé, il l'aurait fait sans hésiter. J'ai aussi découvert le petit côté mauvais joueur du blond. Il passait son temps à me déconcentrer pour que je perde, à me cacher la vue, ou encore à mettre pause puis reprendre sans que je m'y attende. Mais je l'avais vu rire, et ça, ça n'avait pas de prix.

Il était affalé sur le canapé toujours vêtu de mon sweat à capuche, quand je suis revenu dans le salon.

- J'allais te proposer un resto, mais vu ta dégaine on ferait mieux de rester ici.
- Un resto? Genre, un McDo?
- T'es sérieux Newt?

Il a hoché les épaules, oui, il était sérieux. J'ai rigolé et je me suis assis à ses côtés.

- Je pensais plus au restaurant italien qui est dans une petite rue près de Oxford et Regent's.

Son regard s'est illuminé, on aurait dit que je lui décrochais la lune.

-  Vraiment ? Mais Tommy, je ne peux pas payer et..
-  Je t'invite. Je sais tout ça. Il faut juste qu'on se change, parce qu'en jogging et sweat, ils vont clairement nous envoyer au Mcdo du coin.

Il s'est levé et a été fouiller dans son sac d'affaires pour en sortir un T-shirt noir et un jean assorti.

- C'est bon?
- Il fait froid dehors Newt, on est en plein hiver.

Il s'est rendu dans ma chambre, je l'ai entendu fouiller et il est revenu avec une de mes vestes en cuir noire.

- Et là?

J'ai secoué la tête en guise de réponse positive, et au lieu d'aller se changer dans la salle de bains, il s'est déshabillé ici, dans le salon. Il a enlevé son jogging avant d'enfiler le jean, puis il a défait mon sweat et son T-shirt. J'ai dégluti, sans bouger. J'étais là, en train de le regarder, ou plutôt de le détailler quand il a relevé la tête vers moi.

- Bah, tu vas pas t'habiller Tommy?
- Mh? J'ai cligné des yeux plusieurs fois, reprenant mes esprits. Si, j'y vais, j'y vais.

Quel con j'étais. Je suis allé dans ma chambre et j'ai tourné la tête une dernière fois vers lui avant d'entrer. Son dos était couvert d'hématomes et de cicatrices. J'ai détourné le regard sentant les larmes monter, et je me suis changé à mon tour. Newt a débarqué dans la chambre alors que j'étais en caleçon, sans frapper alors autant vous dire que la crise cardiaque n'était pas loin. J'ai manqué de m'éclater la figure sur le sol, et lui, il a rigolé comme une baleine.

-  Désolé, je ne voulais pas te faire peur. Dit-il avec un grand sourire. Je peux te prendre ton déo?
-  Oui, vas-y. Il est..
-  Dans la salle de bains, sur l'étagère de droite.

Sans que je puisse dire quoi-que ce soit, il était déjà parti. Une fois préparé, je m'apprêtais à sortir quand je suis tombé nez à nez avec Newt appuyé contre l'embrasure de la porte, tapotant la montre sur son poignet, un sourire en coin.

- T'es pire qu'une fille Tommy.

J'ai levé les yeux au ciel en rigolant, et je l'ai regardé. Encore. Il était beau, vraiment beau. Entièrement vêtu de noir, ça lui donnait un petit côté rebelle qui lui allait plutôt bien. Il avait coiffé ses cheveux, et je crois d'ailleurs que c'était la première fois depuis que je le connais. Oh, et il avait enfilé mes baskets aussi.

- On y va? M'a-t-il demandé, surexcité.

J'ai fait oui de la tête, et on est sortit de l'appartement.

Cette soirée s'annonçait merveilleuse.