Chapitre 16.

Qu'est-ce qu'il foutait?!
Inconsciemment, je m'étais mis à courir le plus vite possible. J'évitais les passants, longeais les quais sans le perdre une seule seconde des yeux, mon coeur battant à tout rompre. Et s'il sautait?

- Newt ! Je criais en arrivant à sa hauteur. Newt descends de là ! T'es complètement dingue ou quoi? Descends, merde !
- Oh, salut Tommy.

Salut Tommy? Il avait dit ça le plus calmement du monde, alors qu'il pouvait tomber à n'importe quel moment.

- Je suis désolé d'être partit de chez toi dimanche. Je n'avais pas vraiment envie de rencontrer ta copine. Dit-il tout en marchant tel un funambule sur le muret, comme si la situation était tout à fait normale.
- Je ne t'en veux pas. Pitié, descends Newt, tu vas tomber... Dis-je complètement paniqué.

Il me tendit sa main et je l'aidais à descendre. Ses pieds touchèrent le sol, et je respirais à nouveau.

- Bah qu'est-ce que tu as Tommy? T'es tout blanc.

Il se fout de ma gueule, non?

- Où est-ce que tu étais passé? Je t'ai cherché pendant des jours Newt !
- Tu t'inquiètes vraiment pour rien Tommy, je visitais Londres, c'est tout.

Il n'avait pas l'air dans son état normal. Beaucoup trop souriant, et insouciant. Et si...

- Montres-moi ton bras, Newt.
- Non. Il ne souriait plus.
- Je déconne pas.
- Moi non plus. Pourquoi tu ruines toujours l'ambiance Tommy?
- Arrêtes tes conneries, et montres-moi ton bras !

Sans qu'il n'ai le temps de comprendre, je l'ai attrapé par le poignet et j'ai remonté sa manche. Des marques de piqures ornaient sa peau, certaines plus vieille que d'autres.

- Tu... Newt, tu te drogues?

J'avais reculé de quelques pas, choqué par ce que je venais de découvrir. Ma gorge s'était nouée, et les larmes me montaient aux yeux. Un an que j'essayais d'aider ce gamin, pour qu'il foute sa vie en l'air à cause de cette merde.

- To... commença-t-il en me tenant le bras.
- Non, lâches-moi.

Je me dégageais de son emprise et m'éloignais de lui rapidement tout en serrant mes poings tremblants.

Newt

Pourquoi est-ce que je suis aussi con, sérieusement ? Je le regardais s'éloigner, je ne pouvais pas le laisser filer, et risquer de perdre la seule personne pour qui je compte -comptais?- un peu.
Je me mis à courir en manquant de me péter la gueule une bonne dizaine de fois, foutue jambe, et le rattrapais enfin. En lui attrapant le bras, je l'ai retourné face à moi, et là, sans que je ne m'y attende, il a commencé à me frapper le torse en me hurlant dessus.

- T'es complètement con Newt ! Pourquoi tu prends cette merde?! Pourquoi tu cherches à te détruire comme ça?! Sa voix se brisa et mon coeur avec.
- Tommy..
- Pourquoi tu claques le peu d'argent que tu as dans quelque chose qui te bousille?!

Après de longues minutes à me faire frapper, j'ai fini par le prendre dans mes bras. Ce fut la seule chose qui fonctionna. Il tremblait de tous ses membres, alors je resserrai mon étreinte. Il a fini par se calmer, et m'a demandé depuis quand je n'avais pas mangé. Je lui ai menti, lui disant que j'avais trouvé une moitié de sandwich ce midi alors que ça faisait deux jours que j'avais le ventre vide, et il m'a entrainé dans la galerie marchande. Puis, il m'a sortit cette fameuse phrase "Faut qu'on parle", et je savais pertinemment que le seul qui allait parler, ça serait lui pendant que je la fermerais, honteux. 

Il a été chercher deux menus au McDo, et à la vue de son regard noir, j'ai pas osé m'extasier devant ce magnifique BigMac. Puis on s'est assit sur un banc humide, la neige s'étant enfin arrêtée. Un silence gênant s'était installé entre nous, et je détestais ça. Pourquoi est-ce qu'il fallait que je rate toujours tout?
Oui, j'avais pris de la drogue. J'étais retourné voir l'un des gars qui bossaient pour Gally à l'époque, il ne me connaissait pas, alors j'en ai profité pour claquer le reste de ma thune là-dedans.  Défoncé à 8h du mat. Bel exemple pour la jeunesse. J'en avais besoin, mon corps tout entier tremblait. T'es juste faible, Newt. J'avais besoin de me vider la tête. Et puis, les effets s'étaient presque totalement dissipés. Enfin, je crois.

Thomas mangeait, son regard dans le vide, et ça m'inquiétait. Je ne savais pas comment agir avec lui. Si je me mettais à parler, est-ce qu'il allait m'en mettre une? Est-ce qu'il regrettait d'être venu ce soir? Mon coeur se serra douloureusement à cette pensée.

- Est-ce que ma copine était la seule raison de ton départ?

Il avait dit ça d'un ton si froid que j'en eu la chair de poule.

- Non... avouais-je, légèrement honteux.
- Tu ne me fais pas confiance, c'est ça?
- Tommy...
- Réponds.

Je me suis tourné vers lui, repliant mes jambes en tailleur sur le banc, et je l'ai obligé à me regarder droit dans les yeux.

- Non, et je ne vais pas m'excuser d'avoir des difficultés à faire confiance. Mais je suis désolé si les personnes à qui j'ai tout donné sont devenues des enfoirés.
- Mais..
- Je n'ai pas fini, Tommy.

Il s'est tut, et m'a regardé comme s'il n'y avait plus que moi au monde. Comme si plus rien ne comptait. Pour une fois, je me suis sentie exister pour quelqu'un, et ça, ça fait du bien.

- J'ai paniqué, ok? Tu m'as laissé seul, comme un con en plein milieu de ton appartement. Ton appartement, Thomas. Je vis dehors, et toi, tu me dis de faire comme chez moi. Il voulut parler, mais je le coupais à nouveau. Puis, je n'avais pas spécialement envie d'assister à tout ce bonheur entre toi et ta copine. Ça fait plus d'un an que je suis dans la merde, que je suis seul, et je n'avais pas envie de vous entendre parler futur, alors que je ne sais même pas ce qui se passera dans ma misérable vie pour les prochaines heures à venir.
- C'est bon, je peux en placer une ?

Quoi? Même pas une once de remords?

- Je suis désolé d'avoir été maladroit. Ah si, j'ai eu peur. Ta gueule Newt, et écoutes. Je ne pensais pas que ce que j'ai dit aurait autant de conséquences sur toi, et je te promets de faire attention. Mais je t'en supplie, ne t'enfuies plus comme ça pendant des jours.
- Je ne peux pas te le promettre Tommy.

Il a soupiré et il s'est levé. Est-ce qu'il allait m'abandonner comme je l'ai fait? Et comme tous les autres l'ont fait avant lui? J'ai commencé à sérieusement paniquer, quand il s'est finalement tourné vers moi.

- Bon, tu viens?

J'ai soupiré de soulagement, et je l'ai suivi. On a marché doucement au bord de la tamise, je ne pensais pas Thomas aussi silencieux. Je lui ai dit que j'avais mal à la jambe, il m'a prit la main et m'a entrainé sous le pont qui reliait BigBen du London Eye. C'était étrange comme sensation, ma main dans la sienne. Mais pas déplaisant. On s'est assit au bord de l'eau, à l'abri du froid et des quelques flocons qui tombaient encore. Il n'y avait que nous, c'était calme, et apaisant. Thomas s'est allongé sur le dos, fixant le dessous du pont, et j'ai fini par l'imiter.

- Qui t'a fait ça Newt? Je l'ai regardé en fronçant les sourcils, ne comprenant pas de quoi il parlait. Qui t'a tellement détruit émotionnellement et mentalement que tu éloignes tout ceux qui essayent de t'aider? Pourquoi est-ce qu'il cherchait à tout savoir de moi alors qu'on se connaissait à peine? Tu ne parles pas de tes sentiments, tu repousses les bonnes personnes, et ne gardes que les mauvaises. Tu refuses de t'ouvrir et de laisser quelqu'un t'aimer ou prendre soin de toi. Alors, qui t'as fait ça, bordel?

Je le regardais, muet comme une tombe. Comment est-ce qu'il avait pu me cerner aussi rapidement ? Et qu'est-ce que j'allais lui répondre? Je ne pouvais pas lui raconter ce qui m'était arrivé, j'avais bien trop honte. Je me suis rassis, en tailleur et dos à Thomas. Je ne lui en voulais pas, je voulais simplement cacher les putains de larmes qui coulaient sur mes joues. J'ai senti ses bras m'entourer, et sa tête se poser doucement dans mon dos.

- Ça va aller, t'es plus tout seul Newt.

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