Chapitre 14.
Thomas m'avait proposé de dormir chez lui, et après m'être battu avec lui pendant près d'une demi-heure ne voulant pas abuser de son hospitalité, il a finalement gagné. Qui ne rêverait pas de dormir chez l'un des hommes les plus sexy de la ville, après avoir passé un an dans la rue?
Il voulait que je dorme dans son lit pendant qu'il dormirait dans le salon, mais j'ai réussi à le convaincre de me laisser le canapé, m'héberger était déjà très -trop- généreux. Il m'avait même donné un sirop pour la toux, ayant remarqué que j'étais malade en passant devant moi depuis quelques jours.
Alors j'étais là, allongé dans son canapé, recouvert de couvertures plus chaudes les unes que les autres, la tête posée sur l'oreiller le plus moelleux au monde, à admirer le plafond. Je n'arrivais pas à dormir, non pas parce que j'étais malade, mais parce que j'avais l'impression de rêver éveillé. Et pourtant, je me sentais de trop. C'était comme si je ne méritais pas son hospitalité après l'avoir détesté pendant toute une année. Je n'étais pas spécialement gêné près de lui, mais plutôt chez lui. Lorsqu'on entre dans l'appartement de quelqu'un, c'est un peu comme si on partageait tous les souvenirs du lieu, et de l'hôte. Et je n'étais probablement pas encore prêt à ça.
Je n'arrivais pas à dormir, et pourtant, tout était prévu pour que je passe une bonne nuit. Tout se mélangeait dans mon esprit, j'avais besoin d'air.
Je me suis levé le plus discrètement possible, j'ai ouvert la porte fenêtre, et je me suis rendu sur le balcon. L'air était froid, ce n'était même pas agréable, et pourtant, j'étais bien. J'admirais les étoiles dans le ciel, la neige sur les routes pavées, les lumières de la ville rendant le moment magique. Pour une fois, je ne faisais pas partie de ceux qui dorment dehors. Pour une fois je n'avais pas à affronter une nuit froide comme celle-ci, et pourtant, j'avais l'impression de ne pas être à ma place. Je n'ai peut-être pas le droit au bonheur.
Je soupirais en observant un couple passer dans la rue, quand on déposa doucement une couverture sur mes épaules. Je sursautais légèrement, et Thomas se plaça à côté de moi, en s'appuyant contre la rambarde.
- Tu vas attraper froid.
J'ai doucement rigolé.
- J'ai l'habitude, tu sais?
Il a baissé la tête, merde. T'es le roi pour mettre les gens mal à l'aise, Newt. La ferme.
- Pourquoi tu ne dors pas? Il est près de 4h du matin.
- Et toi? Je lui demandais, un léger sourire aux lèvres.
- J'ai entendu la porte s'ouvrir.
C'était l'excuse la plus pourrie que j'ai jamais entendu. Rien qu'en regardant les cernes sous ses yeux, je savais qu'il n'avait pas fermé l'oeil. Et ce n'était sûrement pas la première fois.
- Tu ne sais pas mentir, Tommy.
Tommy? Tommy?! Pourquoi est-ce que je l'ai appelé Tommy? T'es complètement con, ma parole !
Il a relevé la tête en me regardant, ce fameux rictus ornant ses lèvres rosées. Pourquoi tu regardes ses lèvres? Et moi, j'ai détourné la tête les joues en feu.
- Tu n'as pas répondu à ma question.
- Je... Je n'arrivais pas à dormir, c'est tout. J'ai dit en fixant un point invisible de la ville.
- Je t'avais dit de prendre le lit. Allé rentres, tu es déjà malade.
Il s'apprêtait à franchir la porte-fenêtre quand je lui ai attrapé le poignet. Qu'est-ce que tu fous Newt?
Je l'ai tiré vers moi, et je l'ai pris dans mes bras. Il a mis quelques temps à capter ce que j'étais en train de faire, puis il posé ses mains dans mon dos et m'a serré un peu plus contre lui.
Je ne me souvenais pas à quel point le contact humain faisait du bien. J'étais bien, là, dans les bras de ce brun qui m'avait encore une fois sauvé. J'étais bien et je crois que lui aussi, car il ne me lâchait pas. J'avais besoin de lui, à cet instant. La solitude est la pire chose que l'on peut ressentir, et ça fait un an qu'elle est devenue ma meilleure amie. Et peut-être que le manque de sommeil, et l'ambiance de cette nuit là me rendait un peu moins hostile envers le contact humain.
- Merci pour tout, Thomas.
Je préfère Tommy, en fait. Tu dérailles mon pauvre. C'est bien Tommy, non?
Il m'a serré encore un peu plus fort avant de me lâcher et de retourner dans le salon. Je l'ai rejoins, sa couverture toujours sur mes épaules, il fouillait dans un placard, près de la télé. Quelques minutes plus tard, il s'est tourné vers moi un DVD à la main.
- Never been kissed, ça te dit ?
Est-ce qu'il vient réellement de me proposer une comédie romantique ?
- Il est 4h du mat'.
- Et?
Bah, ça me parait logique, pas vous?
- On réussira pas à dormir, de toute façon. Alors?
- Ok. Mais avec du chocolat chaud.
Il m'a sourit de toutes ses dents, comprenant mon allusion aux chocolats chauds qu'il m'a ramené deux fois. Je me suis assis sur le canapé, il a mis le DVD en route et est partit préparer deux tasses de chocolat chaud avant de revenir et de s'avachir à coté de moi. J'étais bien, là, aux cotés de Thomas, devant un film, au chaud. Ce n'était surement pas le meilleur film au monde, mais c'était celui qu'il avait choisi, alors...
Les heures passaient, au début, j'entendais Thomas rigoler, soupirer, bailler, jusqu'au moment ou j'ai senti un poids sur mon épaule et que plus aucun bruit ne sortait de sa bouche. Il s'était endormi. J'ai continué à regarder le film, sentant la tête du brun glisser petit à petit jusqu'à ce qu'elle se retrouve sur mes cuisses sans même le réveiller.
J'ai souri, et j'ai remonté la couverture sur ses épaules avant de détailler chaque centimètre de son visage. Il était beau, vraiment beau. Des grains de beauté constellaient son visage, une barbe naissante le rendait plus vieux, plus virile, et sa bouche était légèrement ouverte. Tu pourrais passer pour un psychopathe à le regarder comme ça, Newt. Tant pis, personne n'en saura rien de toute façon.
Le film s'est terminé, et comme je n'avais toujours pas sommeil et que je ne voulais pas réveiller Thomas, j'ai regardé ce qu'il y avait à la télé. J'ai dû zapper une bonne vingtaine de fois, pour finir sur la chaine musicale.
Le soleil se levait, Thomas n'avait pas bougé d'un poil quand j'ai entendu une sonnerie provenant de sa chambre. Sûrement son réveil. J'ai entendu une sorte de grognement, et en baissant la tête, j'ai vu le brun se réveiller doucement. Il s'est relevé se demandant probablement où il était, et m'a regardé en se massant le cou et en fronçant les sourcils.
- Bonjour.
- J'ai vraiment dormi sur toi? Dit-il en faisant de gros yeux. Tu n'as pas dormi? Tu aurais dû me réveiller si je te gênais.. Excuses-moi Newt, je ne me suis pas rendu compte que..
- Oui tu as dormi sur moi, et non tu ne me gênais pas, alors tais-toi un peu.
Il se leva avant d'aller couper son réveil, il avait l'air paniqué alors je me suis levé à mon tour.
- Qu'est-ce qu'il se passe?
- Je vais être en retard au boulot, et l'appart' est en bordel en plus Sonya rentre ce soir et j'ai rien préparé.
Sonya? La blonde avec lui sur les photos, Newt. Oh, uhm.
- Je vais y aller, je ne veux pas te déranger plus longtemps.
Et là, il s'est arrêté net et m'a regardé fixement. Oops. J'ai encore dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?
- Toi, tu restes ici. Tu peux habiter là tant que tu veux, ça ne me dérange pas. Et puis tu pourras rencontrer Sonya, je suis sûr que vous vous entendrez super bien.
Tu es le seul avec qui je m'entends encore bien, Thomas.
Il a filé dans la salle de bain, me laissant planté au milieu du salon, comme un con. Je n'avais pas envie de rencontrer sa copine. Je n'avais pas envie de les voir heureux ensemble, qu'ils me parlent de leurs projets d'avenir ou encore de leur rencontre.
J'étais toujours au même endroit quand il est ressorti, les cheveux encore trempés.
- Tu travailles le dimanche? Question conne, Newt.
- Oui, juste le matin. Me répondit-il en enfilant ses chaussures. J'y vais, fais comme chez toi, je serai de retour à treize heure.
Il attrapa sa veste au passage et sortit en me faisant un grand sourire.
Fais comme chez toi, il m'avait dit. Mais Thomas, je n'ai pas de chez-moi, putain. Ici, ce n'est pas chez moi, ce n'est pas pour moi, et ce n'est pas moi.
Je me sentais étouffer d'un coup, comme si sa présence était ma bouffée d'oxygène. Il fallait que je sorte, que je parte. Je ne pouvais pas rester dans cet appartement du "bonheur" plus longtemps.
Thomas
Je venais de finir le boulot, et de retrouver ma petite amie après une semaine d'absence. J'étais tellement heureux car j'allais pouvoir lui présenter Newt, même si le peu de fois où nous en avions parlé elle mettait rapidement fin à la conversation. Je me fichais assez de ce qu'elle pouvait penser, parce que sans réellement savoir pourquoi je savais que j'avais besoin de Newt, et de l'aider, que ça lui plaise ou non. Elle me racontait son séminaire sur le chemin de l'appartement, le sourire aux lèvres. On a monté les escaliers de l'immeuble, je l'ai aidé à porter ses valises, et j'ai poussé la porte de l'appartement.
- Newt, je te présente So... Newt?
Peut-être était-il dans la salle de bain? J'avançais en posant les affaires de Sonya dans le salon, la salle de bains était vide.
- Newt?
Personne.
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