Chapitre 13.
Externe
Newt avait finalement décidé que le brun ne valait pas la peine de faire des nuits blanches pour lui, avec des réponses si minables. Il continuait, malgré la froideur de Newt, de lui apporter des sandwichs, et gâteaux. Newt s'était dit que peut-être aurait-il la paix en allant s'installer ailleurs, mais il ne mangerait pas autant sans le brun.
C'était étrange comme situation.
Newt le détestait, et pourtant, il lui était presque devenu vital. Ça faisait un bon bout de temps désormais que Newt n'avait pas besoin de fouiller les poubelles des restaurants, quant aux bouteilles d'alcool qu'il volait, il en avait toujours une de secours dans son sac à dos.
En réalité, le blond ne voulait pas s'avouer qu'il était reconnaissant du garçon qui l'avait aidé de nombreuses fois. Il ne voulait devoir de comptes à personne, ne voulant pas recommencer ses erreurs passées.
Près d'un mois après la "confrontation" des deux garçons, Newt tomba malade. Il avait une mine encore plus épouvantable que d'habitude, toussait à s'en décoller les poumons, et il en était même venu à se dire qu'il préférerait que cette maladie l'achève une bonne fois pour toute. Mais il le savait. Ce ne devait être qu'une simple bronchite, accentuée par le froid hivernal de ce mois de novembre.
Comme il n'arrivait plus à dormir depuis quelques jours, il avait entendu le brun arriver plusieurs fois, déposer quelque chose et repartir. Mais Newt était épuisé, il ne pouvait plus avaler ces sandwichs, ou pâtisseries. Tout ce dont il rêvait était d'un bon chocolat chaud, et d'un lit. Depuis quand n'avait-il pas dormi dans un lit? Il ne s'en souvenait même plus. Et le brun ne lui avait déposé un chocolat chaud qu'une seule fois.
Épuisé, les seuls signes de vie du blond étaient ses quintes de toux.
Newt
Je savais que ce con était passé pour la sixième fois cette semaine, quand j'ai entendu ses pas s'arrêter juste devant moi, puis repartir quelques secondes après avoir déposé quelque chose. Encore un sandwich? J'avais tellement mal à la gorge et si peu de force que je ne pouvais plus les manger, ils finissaient tous dans l'estomac de Ben ou George, les deux autres SDF vivants à côté de moi.
Pris d'un élan de force, je me relevais doucement, et par miracle, je vis ce que j'attendais depuis des jours. Un Starbucks, et j'étais à peu près sûr que c'était du chocolat chaud. Je portais la boisson à mes lèvres, ce goût m'avait tellement manqué. J'étais si heureux que j'avais envie de danser et de crier sur tous les toits que je buvais du chocolat chaud, mais ma jambe boiteuse et ma gorge ne me le permettraient pas. Et puis les gens s'en foutaient.
J'étais également à peu près sûr qu'il ne l'avait pas déposé par hasard, tout comme la première fois. Et je ne m'étais pas trompé. En tournant le gobelet chaud dans mes mains, je tombais sur un message au feutre noir.
5 Northumberland Avenue, Trafalgar Square. 4th floor, Door 26. T.
Une adresse? Je n'avais jamais entendu parler de cette rue bien que je connaisse Trafalgar, mais de toute façon je ne bougerai pas de mon trou à rats. J'ai fini le chocolat chaud avant qu'il ne refroidisse, et je me suis à nouveau emmitouflé dans mes couvertures.
Pourquoi est-ce qu'il m'avait noté cette adresse? Pour que tu y ailles, débile. Pourquoi est-ce que j'irai chez ce Thiago? Je ne le connais pas après tout, si ça se trouve, c'est un malade mental qui compte me séquestrer. Un tueur qui t'a presque sauvé la vie plus d'une fois? De toute façon, Trafalgar est loin et ma jambe me fait un mal de chien. C'est à deux rues d'ici, tu ne perdras rien à jeter un oeil.
Conscience de merde.
J'ai attendu que la nuit commence à tomber pour me diriger vers Trafalgar Square, on me remarquerait moins qu'en plein jour. Et de toute façon, le brun devait sûrement travailler, je n'allais pas me pointer à l'adresse s'il n'y avait personne. J'avais enfoncé ma capuche sur ma tête histoire qu'on ne voit pas à quel point j'étais misérable, et marchais en boitant.
Je venais d'arriver à Trafalgar, et cherchais cette fichue avenue. Je ne pouvais pas demander à un passant, il serait partit en courant. Après plus d'une demie-heure à tourner en rond, j'ai fini par m'arrêter devant un plan, et trouver la rue, mon gobelet de Starbucks à la main.
J'ai traversé la place, admirant au passage les énormes statues de lions, et j'ai boité jusqu'au numéro 5 de la Northumberland Avenue. C'était un immeuble plutôt ancien, aux briques rouges foncées, un peu comme le 12 square Grimmaud d'Harry Potter, typiquement anglais. C'était étrange de trouver un immeuble si banal dans un quartier chic. Je poussais finalement la porte, appréhendant ce que j'allais trouver derrière. Le brun m'aurait-il donné l'adresse de chez lui? Perspicace, dis donc ! Evidemment, il n'y avait pas d'ascenseur. Je devais monter quatre étages avec ma jambe boiteuse.
J'arrivais enfin sur le quatrième palier, essoufflé et crispé de douleur, et avançais jusqu'à la porte 26. C'était celle au bout du couloir à droite. Un nom était marqué dessus. Sanders. Ça me faisait déjà deux informations sur lui, son prénom commençait par un T, et son nom était Sanders.
Ça faisait déjà bien cinq minutes que j'étais devant cette porte, hésitant à frapper ou non. Tu n'as pas marché jusqu'ici pour rien, si? Pour une fois, ma conscience avait raison, et croyez-moi, ça me faisait particulièrement chier de l'avouer. Je pris mon courage à demain, et appuyais rapidement sur la sonnette. Rien. Peut-être qu'il n'avait pas entendu. Je sonnais à nouveau, mais toujours rien.
Il était près de 20h d'après ma montre -seul objet que j'ai pu garder-, il devait être rentré non? Les gens ont fini de travailler à cette heure là, n'est-ce pas? Rappelles-toi de tes parents, Newt. Mais eux, c'était différent. Je me suis laissé glisser contre le mur à côté de la porte, et j'ai attendu. J'ai entendu des pas dans la cage d'escaliers, un espoir s'est emparé de moi, jusqu'a ce que je découvre une grand-mère aussi essoufflée que moi en montant les escaliers. Elle m'a dévisagé, pensant sûrement qu'elle devrait bientôt déménager si des squatteurs commençaient à envahir son immeuble, puis elle est entrée dans son appartement.
Après près d'une heure, je me suis levé, décidé à m'en aller. Il s'était bien foutu de ma gueule, ce con. Déjà que je ne le portais pas dans mon coeur, alors après ça, qu'il ne me ramène plus un seul sandwich ou chocolat chaud pour se racheter. J'attrapais mon sac sur le sol, résigné, et en tournant les talons, j'ai vu le brun arriver en courant en haut des marches. Dieu qu'il était sexy. What the fuck, Newt? Qu'est-ce que tu racontes? Un an dehors, ça te réussi pas. Je secouais la tête, toujours énervé, et il posa ses yeux sur moi tout en enlevant ses écouteurs, avant qu'un sourire n'apparaisse sur son visage.
Il portait un t-shirt bordeaux, et ses cheveux étaient en bataille, et trempés. Il pleuvait? De la sueur, Newt, de la sueur. Oh.
- Salut. Fit le brun, me sortant de mes pensées.
Je ne répondis pas, il s'approcha de moi et comme un con, je reculais. Il n'allait pas venir te faire un câlin, débile. Juste ouvrir la porte. Il a inséré la clé dans la serrure et à ouvert la porte de son appartement avant d'entrer. Moi? Je ne bougeais pas. Je ne voulais pas qu'on m'aide, qu'on m'offre l'hospitalité. Je ne voulais pas déranger, et encore moins dégueulasser son bel appart. Il s'est tourné vers moi, toujours en souriant.
- Tu entres?
- Qu'est-ce que vous me voulez? Pourquoi est-ce que vous êtes gentil avec moi, alors que vous ne me connaissez pas ? Vous voulez vous donner bonne conscience c'est ça ?
Et là, il a rigolé.
- Thomas. A-t-il dit en tendant sa main.
Thomas, je n'y avais pas pensé à celui-là. Ça lui va mieux que Troy ou Trevor. J'ai regardé sa main de longues secondes mais je ne pouvais pas lui serrer. J'avais rompu tout contact humain depuis que je vivais dans la rue. Il a secoué sa main pour m'encourager à la lui serrer, j'avais tellement honte.
- Je... Je ne peux pas. J'ai bafouillé, et il a sourit à nouveau.
- Oh, désolé. Je suis plein de sueur, c'est vrai que c'est pas très agréable.
J'ai dégluti. Il disait ça pour ne pas me vexer, ou était-il sérieux?
Il a fait signe du bras pour me guider à l'intérieur, et poussé par ma conscience, je suis entré en prenant soin de ne rien toucher. L'appartement était aussi simple que l'immeuble, rien qui ne ressemblait à mon ancien chez-moi, et heureusement.
- Je vais prendre une douche, installes-toi.
On aurait dit qu'il me connaissait depuis toujours, et pourtant, il ne connaissait même pas mon prénom. Il me laissa seul pour aller dans la salle de bain, et je me retrouvais comme un con, chez quelqu'un que je ne connaissais pas. Ne voulant pas tâcher son canapé, j'ai tiré une chaise et je me suis assis dessus. Je détaillais les murs, des photos étaient accrochées dessus. Il y en avait plusieurs de ce Thomas avec la blonde que j'avais aperçu il y a plusieurs mois. Je levais les yeux au ciel, tout cet amour me donnait la nausée. Il était près de 21h30 quand il est ressortit de la salle de bain, ne portant rien d'autre qu'un jean, un t-shirt dans les mains. J'ai dégluti.
- Tu aurais pu te mettre sur le canapé, tu sais? Les chaises ne sont pas très confortables... dit-il en s'affalant sur ce dernier.
- Ça va, merci.
- Tu as faim? J'ai commandé des pizzas.
- Ehm, Thomas? Dire son nom était plus étrange que je ne le pensais.
Il me regarda, toujours avec ce petit rictus sur les lèvres, m'encourageant à continuer.
- Tu n'as pas répondu à ma question.
- Je ne sais pas, à vrai dire. Je t'ai aidé il y a plus d'un an, et savoir que tu étais toujours dans la merde...
- Tu as eu pitié, c'est ça?!
J'avais haussé le ton, blessé. Je savais qu'il faisait ça pour se donner bonne conscience, mais de l'entendre faisait encore plus mal.
- Quoi? Non !
Lui aussi paraissait blessé que je pense ça.
- Je me suis seulement dit que si je pouvais aider, alors pourquoi pas ? Tu comprends? Ce n'était pas de la pitié, mais tu es jeune, et tu ne mérites pas de te retrouver seul à vivre dehors.
- Je ne suis pas le seul dans ce cas.
- Je sais, mais c'est toi que je voulais aider.
Un silence gênant s'installa entre nous, je n'aurai peut-être pas du demander ça tout de suite. Le brun secoua la tête, frappa doucement sur ses cuisses et se leva.
- Tu veux peut-être boire quelque chose? Prendre une douche?
- Je n'ai pas de vêtements de rechange.
- Je t'en prête si tu veux.
- Non, je ne veux pas abuser de..
- J'insiste.
Je me levais en acceptant finalement, Thomas revint quelques secondes après avec des habits propres et des affaires de toilettes, et me les tendit. Il m'indiqua la salle de bain, et j'allais enfin prendre une douche après des semaines.
Je fis couler l'eau sur moi, cette sensation m'avait tellement manquée. L'eau était brûlante, et je crois que c'était la meilleure douche de ma vie, sans déconner. Essayez de ne pas vous laver pendant plusieurs jours, vous allez vous dégouter. Alors imaginez des semaines!
En ressortant, j'enfilais les vêtements de Thomas, son jean noir et son t-shirt blanc. C'était assez bizarre de porter ses vêtements, alors que venais seulement de le rencontrer -officiellement- et qu'il ne connaissait rien de moi.
Je n'avais pas vu mes cheveux aussi propres depuis longtemps, ils étaient redevenu blonds. Je regagnais le salon avec mes affaires sales dans les mains, Thomas avait des pizzas dans les bras, et refermait la porte d'entrée toujours son sourire sur les lèvres.
Il m'indiqua le canapé d'un signe de tête tout en prenant mes habits sales, et cette fois, je m'y assis. Il me tendit une part après m'avoir rejoint sur le canapé, alluma la télé et croqua dans sa pizza quatre fromages.
Je le regardais, le détaillais plus exactement. Il était absorbé par sa pizza et la télé, et moi, par lui. Tu dérailles mon pauvre. Ce gars avait tout pour lui. Il était beau, incroyablement beau, gentil, il m'aidait depuis le début, et là, il m'offrait une pizza. Est-ce que vous pouvez imaginer le sentiment qu'on ressent quand on mange une pizza après un an à se nourrir dans les poubelles ? Le Saint Graal les gars, le paradis.
- Newt.
Il se tourna vers moi, plongeant son regard ambré dans le mien.
- Je m'appelle Newt.
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