Chapitre 11.

Externe

Newt était sortit de l'hôpital, et errait dans la rue avec son sac à dos depuis plusieurs jours. Il n'avait plus rien. Nulle part où dormir, où manger.
Il passa près d'un magasin d'électronique, où des télévisions diffusant les informations servaient de vitrines. La police a finalement réussi à arrêter l'un des plus gros trafic de stupéfiants de la capitale après des années de recherche. Newt connaissait les paroles de la présentatrice par coeur, ils ne parlaient plus que de ça depuis qu'il avait dénoncé Gally. Il avait été arrêté le soir même des aveux du blond.

Newt soupira et continua son chemin. La capitale était plongée dans la nuit hivernale qui la rendait magnifique. Newt savait pourquoi il aimait tant cette ville. Ces lumières, cette animation faisaient tout son charme. Ne sachant pas où dormir, et commençant à ne plus sentir ses jambes à force de marcher sans rien n'avoir dans le ventre, Newt s'assit sur le banc d'un petit parc face à Big Ben. Il admirait la vue, observait les passants. En essayant d'imaginer la vie des gens devant lui, il évitait de réfléchir à la sienne.

Il cru reconnaitre quelqu'un de l'autre côté de la rue, et malgré que ses souvenirs soient embués par l'alcool qu'il avait ingurgité ce jour là, il en était pratiquement sûr. C'était le brun qui l'avait aidé et ramené jusqu'à un banc en le retrouvant ivre mort sur le sol.
Il voulut se lever et aller le remercier, mais Newt s'arrêta dans son élan quand il vit le brun rejoindre une belle blonde de l'autre côté du trottoir. Il s'allongea finalement sur le banc, en fixant le ciel étoilé, ne voulant pas assister à cet élan d'amour du brun et de la blonde.
Etrangement, il en venait presque à détester cet endroit. Tout le monde était trop heureux, trop amoureux, trop tout, pour Newt qui n'avait plus rien. Personne ne l'aimait plus, le bonheur l'avait quitté il y a déjà quelques mois, et il se retrouvait plus seul qu'il ne l'avait jamais été. La haine grandissait en lui, contre tous les gens heureux qui se trouvaient sur cette planète. Même envers le brun qui l'avait aidé, car lui aussi, était heureux.

Plus les jours passaient, et plus l'état de Newt se dégradait. Il mangeait le reste des sandwichs au goût atroce que les gens importants jetaient, trop pressés pour avoir le temps de les finir, parvenait parfois à voler une bouteille dans un petit commerce pendant que le patron avait le dos tourné, se rendait dans des hôtels miteux non pas pour dormir, mais en se faisant passer pour un client et empruntait les douches communes. Mais cette technique ne marchait pas deux fois au même endroit, généralement les employés se rendaient vite compte qu'il ne logeait pas dans ce qu'ils appelaient un hôtel.

Un mois à passé.

Puis deux.

Six..

Huit mois après, Newt était méconnaissable. Ses cheveux avaient poussés d'une dizaine de centimètres et l'on pouvait distinguer une légère barbe derrière son écharpe. Par chance, une association faisait le tour de la ville une fois tous les deux mois pour aider les sans abris et leur permettre d'être plus présentables.
Newt avait fait tous les coins de Londres, n'ayant pas assez d'argent pour aller plus loin, avant d'atterrir dans une rue cachée des regards, mais aussi du vent. De temps en temps, des personnes déposaient quelques centimes dans un gobelet posé devant ses couvertures, mais les sommes récoltées en fin de journée ne lui permettaient pas de se payer un hotel. Il dépensait alors cet argent dans un sandwich, de l'alcool, et quand un dealer ne le reconnaissait pas comme celui qui a dénoncé Gally, il dépensait le peu qu'il lui restait dans de la drogue. Ça lui permettait de tenir le coup, comme il disait.
En se réveillant ce matin là, il vit un sandwich déposé sur sa couverture. Il savait qu'il ne devait pas être là depuis longtemps, sinon les autres lui auraient déjà volé. Newt regarda des deux cotés de la rue, quand il aperçu une silhouette qui ne lui était pas inconnue. Était-ce vraiment lui? Comment l'avait-il retrouvé après tout ce temps?

Il attrapa finalement le sandwich, et croqua un bout. Ce fut comme une explosion de saveurs. Rien à voir avec tous ces sandwichs les moins chers qu'il avait mangé pendant près d'un an.

Newt

Ça faisait longtemps que j'étais définitivement dans la merde jusqu'au cou, mais n'allez pas croire que je n'ai pas essayé de m'en sortir. J'ai frappé à plusieurs portes pour demander s'ils ne cherchaient pas un serveur, un vendeur ou un truc du genre. Mais qui voudrait d'un drogué, puant l'alcool à plein nez, qui n'a pas pris de douche depuis des semaines? Personne.
Alors j'avais continué à sombrer petit à petit. Ah, et n'allez pas croire non plus que, parce que je mange le sandwich fourni par ce brun, la haine que j'ai pour lui et son bonheur n'a pas disparu. En vivant dans la rue, je suis devenu le mec le plus solitaire que vous ne rencontrerez jamais. Pourquoi parlerai-je avec des gens qui n'en n'ont rien à foutre de moi? Qui me donne un ou deux centimes par-ci par-là, sans se soucier de savoir si je pourrai me nourrir avec ça.

J'ai décidé d'attendre, comme chaque jour depuis tous ces mois, de savoir si c'était bien ce brun là qui m'avait apporté un sandwich ce matin. Pour qui se prenait-il? Superman?
Alors je me suis correctement emmitouflé dans mon duvet et mes couvertures, et je me suis rendormie. Que voulez-vous que je fasse d'autre pendant mes journées?

Le lendemain, je me suis à nouveau réveillé trop tard. Cette fois, une part de gâteau au chocolat était déposé à la même place que la veille, mais lui, je l'avais raté de peu.

Tous les matins pendant une semaine j'ai lutté pour me réveiller plus tôt qu'avant, mais je le ratais à chaque fois. J'ai de nouveau eu le droit à un sandwich, puis un hamburger encore chaud venant du snack du coin, mais c'est au dernier jour que les choses ont changées. Au lieu de d'un hamburger ou d'un sandwich, j'ai trouvé un Starbuck avec du chocolat chaud, et à la place du nom était inscrit Hope you like chocolate. T.
Ce message aurait fait sourire n'importe qui, mais pas moi. Au contraire. Qu'essayait-il de faire? Se donner bonne conscience en aidant un pauvre clochard ayant mérité ce qui lui arrive?

Connard.

Et puis pourquoi signer T, et non son prénom? Ça m'aurait évité de passer plusieurs heures à essayer de le deviner. Theo? Trevor? Ou peut-être Tristan?

L'un des clochards qui vivait à côté de moi revint quelques heures après que je me sois réveillé avec un journal qu'il avait surement dû voler. Après lui avoir arraché des mains, j'ai longtemps regardé la page de couverture. Non pas que le sujet m'intéresse, au contraire. Je regardais surtout la date d'aujourd'hui. Cela faisait exactement un an que les huissiers avaient débarqués chez moi, et m'avaient tout prit. Un an que je m'étais retrouvé à la rue, seul, comme un con.
Un an que rien n'avait changé. Alors pourquoi continuer?

J'ai fini par lui rendre son journal après qu'il ait essayé de me mordre, et je me suis levé.

- Eh, tu vas où? me demanda-t-il.
- Ta gueule.

J'ai marché, longtemps. Tellement longtemps que je ne sentais même plus mes jambes. Et je suis arrivé devant mon ancienne maison. Elle avait été entièrement refaite, et une famille, une vraie famille y avait emménagée. Je mentirais si je disais que ça ne me faisait rien de revenir ici. Cette maison me rappelait ma vie d'avant, la fausse vie que je menais, me pensant aimé. Quel con.
Puis j'ai continué de marcher, jusqu'à mon ancienne FAC. En arrivant, quelques élèves sortaient des cours, mais personne que je ne connaissais. Étrangement, je n'ai ressenti que de la haine envers ce lieu. Encore plus que face à mon ancienne maison. Alors, avant de me mettre à insulter tout le monde, j'ai préféré m'en aller. Il commençait à faire nuit quand je suis arrivé à Trafalgar Square. Cette place où j'ai rencontré cet abruti de brun pour la première fois.
Je détestais le monde entier, et le monde entier me détestait.
Il n'y avait qu'une solution pour arrêter toute cette souffrance, mais j'étais bien trop lâche pour aller jusqu'au bout. Alors au lieu de me jeter d'un pont et finir ma vie dans le Tamise, j'ai rebroussé chemin et je suis retourné dans mon trou à rat sans dormir une seule seconde jusqu'au lendemain.

Et cette fois-ci, j'ai réussi. Je l'ai vu.

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