Chapitre 8 - Partie 3

- Euh... Non merci, ça va aller, dis-je le visage froncé.

- Eh bien, je vois que l'audace t'a quittée durant la journée, plaisante-t-il, tout en reprenant une bouffée de fumée.

Je fronce les sourcils instantanément face à sa réplique. Penchant lentement mon visage sur le côté, je dévisage son expression devenir une sorte de provocation hautaine ; je le savais quelque part. Le jeune adulte dru et moqueur refait surface. Il fallait bien que ce caractère acide revienne prendre son lot d'airs supérieurs, mais terriblement maladroit à la fois. Pourquoi faut-il obligatoirement avoir du courage pour embraser ses poumons ?

Nos pupilles se croisent furtivement. Les miennes ennuyées, les siennes fuyantes. Ace détourne le regard en direction de la piscine, laissant ses yeux couleur plomb percé l'horizon. Une légère brise balaye ses quelques mèches noires, pendant qu'un air étrange se dessine sur son visage. Une lueur mélancolique, aux traits faussement détendus. Son sourire s'est fendu aussi rapidement qu'il était arrivé ; à croire qu'il regrette, confus, sa remarque précédente. Un rictus ébranle mes lèvres, face à cette réaction. Peut-être suis-je parvenue à retirer davantage cette fichue carapace dont il semble se draper quotidiennement. Mes iris bleues suivent alors celles d'Ace, allant se poser sur la piscine aux faux-semblants de lave.

Je l'observe alors écraser le mégot de sa cigarette dans un des pots. Une légère poussière virevolte, pendant que les cendres se crispent contre la parois métallique du récipient. Le brun fait alors volte-face, se dirigeant vers la baie vitrée, les mains dans les poches. Il passe près de moi, laissant un léger sourire rieur arquer ses lèvres. Les miennes se pincent subtilement. Il cherchait donc à me faire taire, à avoir l'ascendant sur moi ; semblable à une sorte de course à celui qui gagnera sur l'autre. Un jeu auquel Ace apprécie de me faire tourner dans une valse à la fois brûlante et froide, tortueuse et douce. Cependant, au gré de ma respiration qui entame un rythme plus grave, ma tête de me hurle de l'affronter. Comme si je n'avais pas terminé cette conversation étrange. Comme si je n'avais pas dit mon dernier mot. Et, dans un élan indescriptible, je sens mon corps frappé par une terrible envie de lui retourner cette phrase agaçante. Je mords à l'hameçon qu'il me tend, indéniablement.

- Attend ! crié-je. Je n'ai pas terminé.

Dans un mouvement intéressé, Ace se retourne, le sourcil hausser dans une expression joueuse, au surplus d'un grain de supériorité, signant ce round de son nom. Les doigts encore emmitouflés dans ses poches, c'est avec une simple onomatopée qu'il me répond. Sans attendre davantage, je m'avance ; dans un premier temps lentement, pas à pas. Nos visages se détaillant, ses lèvres se détendent. Ce regard moqueur s'efface à mesure que mon corps se dirige vers le sien. Sa garde vient de s'évaporer, et la mienne redouble. Et, dans un élan qui fait pulser violemment mon cœur contre ma poitrine, je m'élance, les bras en avant.

Puis, tout s'enchaîne comme le script inventé rapidement au creux de ma tête. Mes mains parviennent à atteindre son torse, et, grâce au mélange maladroit de sa surprise couplée à mon geste précipité, Ace bascule en arrière. Son équilibre secoué, ses talons décollent du plancher dans un crissement aigu. Des éclaboussures, des remous, et enfin, une chevelure charbon refaisant surface. Le clapotis de l'eau contre le rebord de la piscine m'arrache un sourire vainqueur. Des mèches rebelles cachent négligemment son visage, avant qu'il ne secoue sa tête vivement.

J'aperçois alors son t-shirt flotter légèrement, dévoilant à travers les quelques ondes régulières son ventre sculpté. Ace passe sa main au dessus de son front, ramenant ses cheveux en arrière. Des gouttelettes dévalent son visage, mettant délicieusement en valeur ses tâches de rousseur. Je m'amuse alors à détailler chaque parcelle de ce qu'y m'est dévoilé ; des bras fort, une carrure imposante tombant sur un torse aux détails floutés par les vaguelettes. Mes lèvres se pressent une nouvelle fois, pendant que je sens une chaleur entamer sa douce torture dans ma poitrine. Mes pupilles s'agrandissent, renvoyant un regard assombri d'une envie corrompue.

- Toujours aussi peu audacieuse ? lancé-je, une voix un peu plus rauque qu'à l'accoutumée.

Les yeux relevés en ma direction, je vois Ace s'approcher sur le rebord de la piscine. Les clapotis de l'eau s'entremêlant avec la mélodie de fond, alors que ses avant-bras se croisent sur les dalles âcres. Des gouttes longent son bras, formant des taches humides. Nos regards plongent dans celui de l'autre, parsemé d'un silence planant entre la tension et l'accalmie. Quelques secondes passent, ou bien quelques minutes, je n'arrive pas à le déterminer. Ce que je sais, en revanche, ce sont les lancés subtiles de nos pensées ouvertes seulement par le reflet de nos pupilles. Il ne semble ni agacé de mon geste, ni déçu de sa défaite. Mon sourire se noie dans cette ambiance particulière.

Se laissant flotter dans le bassin, ses ondulations mi-sèches s'accentuent de part et d'autre de son visage. Ce dernier semble alors plus mature, pendant que les dernières gouttes longent sa mâchoire carrée somptueusement, stoppant ma respiration.

- Vient par ici, intime-t-il, pointant de façon réservé le pavé mouillé.

Comme un ordre qui longe mes articulations, mes pas se dirigent vers lui. Nos pupilles refusent de se lâcher, entamant davantage une étreinte étroite. Silencieusement, aux simples bruits de mes chaussures contre les dalles de pierres, je me rapproche du bord de la piscine. Mon menton penché vers le bas, je vois le sien se relever.

Machinalement, je remets une mèche de cheveux dorée derrière mon oreille. Puis, je commence à m'agenouiller, toujours baissée sur lui. Ses bras se redressent, s'appuyant la bordure séparant nos corps. Son visage se joint au mien, alors que ses cils mouillés se ferment doucement. Nos bouches se touchent, et s'enlacent pour la énième fois aujourd'hui. Ses lèvres sont humides, glissent contre les miennes alors qu'il entame des mouvements lents. Un léger goût pétillant passe contre ma langue et anime cette situation au tableau idyllique. Chaque détail vient renflouer un peu plus cet instant.

Ses dents se mettent à délicieusement mordiller ma lèvre supérieure. D'une main, ses doigts froids viennent soutenir ma nuque, approfondissant encore cet échange qui fait retenir notre respiration. Quelques gouttes se prolongent sur ma peau, me faisant frissonner agréablement. Je le sens se redresser encore, jusqu'à ce que ma tête se courbe vers le haut. Je le laisse surplomber et contrôler cet échange qui entame une approche dangereuse. Et, comme une douce caresse, la paume d'Ace se faufile sur mon épaule, mon bras, entourant de ses phalanges mon coude. Instinctivement, je mime son dernier geste, allant mordre de façon faible sa lèvre inférieure. Comprenant inéluctablement ses intentions, je romps notre baiser. Un sourire malin apparaît sur le visage d'Ace, pendant que je m'éloigne légèrement.

- N'y pense même pas, soufflé-je contre sa bouche.

Ses doigts se démêlent de mon bras. Notre proximité me permet de sentir son souffle contre mon nez, alors que son torse replonge dans l'eau. Je me relève, enjouée d'avoir esquiver son plan. Une sensation de fierté flotte dans mon inconscient, et, lui lançant un sourire vainqueur, je regagne le salon. Mes cheveux ondulent dans une légère brise, créant une atmosphère, dont je suis pour la première fois, actrice de nos actions.

Je referme la baie vitrée, laissant mon attention se porter sur Ace. Enfin en dehors de la piscine, je l'observe serrer son t-shirt afin d'essorer le surplus d'eau. Mes iris s'attardent sur son dos, longeant sa colonne vertébrale jusqu'à sa ceinture. Mon cœur rate un battement, provoquant un rythme distordu. Ma respiration, comme si je n'avais pu la reprendre depuis, devient plus puissante, essoufflée ; je baisse ma garde, laissant mes sentiments régir mon corps d'une façon incontrôlée.

- Les invités ne devraient pas tarder à arriver ! hurle alors Luffy de l'entrée, m'extirpant de mes pensées périlleuses.

Je sursaute, me tournant en direction du cri ; mes yeux lisent rapidement l'horloge accrochée contre le mur. D'ici dix minutes, le lycée remplira la maison. Et je ne suis toujours pas préparée. 

[ Bonjour tout le monde ! Comment allez-vous ? :) 

Voici la partie 3 du chapitre 8 ! Il 'y passe beaucoup plus de choses dans celui-ci, enfin... d'une certaine manière x) Le développement de Ren entame enfin la vision que je souhaitais ! Il aura fallu près de 8 chapitres et 75 pages :') J'espère qu'elle vous aura plu ? Qu'en pensez-vous ? 

D'ailleurs, je ne sais pas si vous l'aviez remarqué, mais chapitre titre de chapitre est une musique qui, selon moi, concorde avec l'esprit du chapitre en question. J'expliquerai chaque nom à partir de maintenant :) 

Le chapitre 1, appelé Never too Late, est un titre de Three Days Grace, un de mes groupes favoris ! Je l'ai principalement choisi car, à ce moment-là, je voulais le parallèle avec la situation amoureuse du père de Ren, puisqu'il n'est jamais trop tard pour se remarier et s'engager dans un renouveau. 

Pour le chapitre 2, Purple Lamborghini, je vous laisse me dire vos petites théories !

Je vous dis à la prochaine !]

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